Intelligence à louer

Henri Roorda

Éditions de la Baconnière, mai 2021, 272 p., 20 €

Masse Critique Babelio / La Baconnière

4e de couv.

Chroniques inédites d’Henri Roorda

Choix et avant-propos de Jonathan Wenger

Henri Roorda 1870-1925, professeur de mathématiques, est sans doute le meilleur humoriste qu’ait connu la Suisse romande ainsi que son meilleur moraliste.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert cette maison d’édition suisse en début d’année et j’ai envie de continuer leur catalogue lorsque l’occasion s’en présente. J’ai saisie l’opportunité que m’offrait le Masse critique Babelio. Petite précision cette maison d’édition est diffusée en France alors on n’a pas de soucis pour ce procurer leurs ouvrages.

Le titre et la couverture on joué un rôle important dans mon envie de découvrir ces chroniques car je ne connaissais pas cet écrivain /humoriste suisse. Le fait qu’il s’agisse de chroniques est intéressant car on n’a pas forcément accès à de vieux journaux sauf si on est étudiant. Cette forme brève permet de lire par petites touches.

J’étais intriguée aussi par la période, en effet les chroniques ont été publiées de 1915 à 1925 comme indiqué dans le titre. Que ce soient des textes écrits et publiés à cette époque là permettent de se faire une image de ce que se disait et de ce qu’on pensait.

D’entrée, j’ai adoré la façon d’aborder les sujets. Sujets qui d’ailleurs m’ont surprise par leur « actualité » en transposant certains éléments on croirait qu’il parle de notre époque. Rien de nouveau sous le soleil ! A-t-on appris quelque chose du passé ? Ce que certains pensaient à l’époque est toujours valable aujourd’hui. Juste un exemple : on dit aujourd’hui que pour être caissière ou femme de ménage on nous demande d’avoir le bac, et bien déjà à l’époque pour être cantonnier on demandait un brevet…

J’ai beaucoup apprécié la diversité des sujets abordés. Il y a des faits de société, des sujets politique, scientifiques, la famille. Il y a un côté informatif sur cette époque.

Il est parfois sarcastique et ironique, pas tendre envers lui et ses contemporains. Il a un certain humour qui me plait bien. Il semble se moquer de tout. Il traite de sujets sérieux de manière réfléchie et logique.

Je voulais aussi lires les chroniques pour voir leur construction. Elles sont généralement pas trop longues alors les sujets ne pas trop développés. Finalement je me suis laissée emportée par les sujets et  j’ai oublié d’étudier la construction.

Un vrai régal, je les ai lues dans l’ordre chronologique pour être sûre de les avoir  toutes lues et voire la progression des sujets dans le temps mais on peu aussi piocher de ci-delà de temps d’un café comme si on lisait le journal..

Cette maison d’édition me correspond…

Je remercie Babelio et les Éditions de la Baconnière de m’avoir permis de découvrir cette plume.

Les grands écrivains publiés dans « Le Figaro », 1836-1941

Les grands écrivains publiés dans « Le Figaro », 1836-1941

Bertrand de Saint Vincent

4e de couv. :
Une anthologie littéraire et historique exceptionnelle issue des archives du quotidien Le Figaro, cent textes d’écrivains inédits ou méconnus.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me presse de rire de tout… de peur d’être obligé d’en pleurer ». Né sous le signe de Beaumarchais en 1826, le plus ancien quotidien français n’a cessé au fil de sa très longue histoire de faire appel dans ses colonnes aux plus belles plumes de son temps, en leur laissant toute liberté pour exprimer les sujets et les opinions de leur choix.
Qui se souvient que Jules Vallès, Rimbaud ou Marcel Proust firent leurs débuts dans les colonnes du Figaro, à qui ils doivent pour certains la subsistance et le début de notoriété, qui leur permit ensuite de se consacrer à leur œuvre ?
La plume de l’écrivain et l’encre de la presse furent intimement mêlées pendant au moins un siècle. Ce vent de liberté fut ainsi propice à la littérature…Et si ces archives recelaient des chefs-d’œuvre ?

Mon avis :

Ce livre offre une vue panoramique de ce qui pouvait être publié dans le Figaro, on a de l’histoire, de la politique, de la littérature, de la critique littéraire, on a des références théâtrales, musicales ou cinématographique et une image sociale. Nous avons onze auteurs du XIX e siècle et onze du XX e. Comme toute anthologie le choix des auteurs et des textes est subjectif. 

Avant de retranscrire les articles Bertrand de Saint Vincent présente l’auteur, il le remet dans leur contexte et aussi parfois dans quelle circonstance il est entré dans l’équipe du Figaro. Il y a un grand travail de recherche puisque certains articles ne sont pas signés ou avec des pseudos. Il y a aussi un travail pour donner une certaine cohérence à l’ensemble. Les portraits qui illustrent chaque auteur sont inédits et subtils.

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Théophile Gautier (lu « Zigzags en France » en 2010 où étaient compilés des articles sur des voyages en France. Lors de cette lecture je m’étais déjà interrogée sur les destinataires de tels textes. Ce sont des récits très littéraires, avec des références culturelles ou des subtilités dont je ne possède pas toutes les clés. parfois on a des indices dans l’introduction.

Pour qui écrire ce type d’anthologie ? Peut-être pour les curieux qui comme moi aiment découvrir autre choses que les grandes œuvres de ses grands auteurs qui peuvent impressionner. Cela peut être un tremplin pour découvrir ses auteurs. En tout cas on y voit la passion de Bertrand de Saint Vincent pour ces auteurs. J’ai apprécié le fait que les dates de vie et mort de l’auteur ainsi que la date de parution soit en entête, c’est un repère temporel non négligeable, car on a parfois des surprises.

L’image et la place de la femme sont très intéressant, vision peu flatteuse en général. Sans parler du fait qu’une seule auteur féminine soit présente : « Colette ».

Certains articles font penser à des tableaux représentant une époque, comme par exemple « le dimanche d’un jeune homme pauvre ou le septième jour d’un condamné… » de Jules Vallès.

J’ai été surprise par la modernité voire de sujets encore d’actualité. Tels que les problèmes de relation parents-enfants. Les parents voulant être les amis de leurs enfants et ayant des difficultés à assumer leur autorité parentale, avec Barbey d’Aurevilly. Octave Mirbeau et son article sur le comédien n’est pas sans rappeler les réflexions faites autour de la tv réalité par exemple (mutatis mutandis) .

Pierre Loti défendant les peuples envahis par les européens chrétiens avec leurs armes sophistiqués contre des armes rudimentaires. Les réflexions sur les armes destructrices à distance. Sa lutte pour la préservation de la forêt et sont côté « écologiste » avant l’heure. 

J’ai aimé l’article de Jules Vallès sur les victimes du livre. qui m’a fait penser à des réflexion actuelles sur les effets des jeux vidéos sur certains adolescents (mutatis mutandis).

J’ai apprécié dans le choix de Bertand de Saint Vincent les articles qui font penser à des effets de miroir, par exemple : nous avons d’un côté Barbey d’Aurevilly qui écrit puis plus tard être l’objet d’un article par Octave Mirbeau. Zola journaliste et Zola sujet d’Octave Mirbeau… ainsi que Marcel Proust auteur et Proust critiqué par André Gide. 

L’article de Zola (1881) sur la présentation de la loi pour le divorce et l’article de Maupassant (1884) sur cette même loi approuvée, s’interrogeant tous les deux sur les conséquences en littérature.

Bertrand de Saint Vincent a choisi des auteurs passionnés. Dans l’ensemble le terme « virulence » peut qualifier de nombreux articles.

Les auteurs pour la plupart font parti de notre culture générale et pourtant on les redécouvre et on redécouvre un passé pas si lointain.

Je n’ai pas été séduite par certains articles et certains auteurs mais c’est une question de goût.

Ce n’est pas un livre à lire d’une traite il faut se ménager des pauses car on passe d’un auteur à l’autre, d’un univers à un autre à 22 reprises.

C’est un ouvrage que j’aurais mis quelques semaines à lire et qui m’a fortement marqué et ont donné lieux à des extrapolations.

Je remercie les éditions  Acropole et Livraddict  pour ce partenariat passionnant.

Article précédemment publié sur Canalblog