Anne Fakhouri
Éditions Argyll, avril 2023, 373 p., 22,90 €
Mes lectures Argyll

4e de couv. : Difficile d’échapper à son héritage familial quand, comme Marco Delusi, on grandit au sein d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle être un homme signifie haïr les femmes. Seul son oncle Ray lui montre de l’affection et l’initie à la magie du monde et de celles et ceux qui le peuplent, habitants de l’ombre autant que de la lumière.
Après la mort de Ray, Marco vit à l’écart de la société. Celle-ci se rappelle toutefois à son bon souvenir quand son fils disparu huit ans plus tôt revient dans sa vie. Ce retour laisse alors surgir un passé qu’il préférait oublier.
Pour sauver son garçon, Marco sait qu’il lui faudra mettre fin à la malédiction qui pèse sur les hommes de sa famille et accorder son cœur au rythme des autres. Pourquoi pas à celui de Hannah, son premier amour…
Le temps, peut-être, de trois battements et d’un silence.
Mes impressions de lecture :
Je découvre malheureusement cette autrice après qu’elle nous ai quitté. Son nom me disait quelques choses et c’est quand j’ai vu la couverture de « American Fays » que je me suis souvenu de ce roman qui était dans ma wish list oui je sais cette liste est trop longue !
J’ai beaucoup aimé « Trois battements un silence » parce qu’il nous transporte dans différents univers avec des variation dans le langage. Lorsque j’ai lu l’explication sur le titre j’ai trouvé ça très beau. Le langage parfois « cru » surtout au début m’a un peu surprise mais il colle tellement aux personnages qui l’emploient que c’est très cohérent donc pas choquant.
C’est très intéressant l’usage fait des temporalités et sa relativité ! Par exemple le personnage est bloqué dans une apparence de gamin de 8 ans (humain) alors qu’on apprend qu’en réalité il a 40 ans… Après son placement on va le voir grandir. C’est juste un exemple car il y a d’autres moments où le temps ne s’écoule pas comme prévu.
J’ai remarqué qu’à l’arrivée de chaque personnage nouveau on découvre tout à coup des facettes de cet univers qu’on n’imaginait pas. Il faut dire que le monde féérique est vaste. On découvre des créatures singulières, je connaissais les changelins (récemment j’ai lu un livre où il y en avait). par contre les co-walkers c’est la première fois que j’en croise un…
La famille Lusignan est un poids pour tous ses descendants. Ancrer cette histoire en France avec ces descendants de Mélusine j’ai trouvé ça original. J’ai beaucoup aimé comment les enseignements de l’oncle Ray vont ressortir après sa disparition, au fur et à mesure que Marco évolue. Aux différentes étapes de sa vie il va s’en resservir. La parentalité est très présente.
La géographie parfois étrange dans ce roman fait partie de la narration, à commencer par l’utilisation d’un boussole magique qui lui indique la direction à prendre pour s’enfuir. Ils est aussi beaucoup question de monde de la surface et monde souterrain. Les distances sont comme le temps très relatives en partie à cause de la présence des univers magiques.
Le mouvement, l’action donnent un rythme qui varie et donne lieu à des découvertes et des scènes très visuelles. Les combats aussi contribuent à donner le tempo.
La musique et les sons viennent compléter l’aspect visuel du texte. On est comme dans une fuite en avant et ainsi on avance dans le texte presque par à-coups. L’expression tenir en haleine est à prendre dans le sens on court jusqu’à en perdre le souffle et puis le temps semble se suspendre avant de relancer les personnages et le lecteur. On retrouve bien l’idée de « Trois battements un silence ».
Un roman très dépaysant qui nous fait basculer dans un monde imaginaire.
Je remercie les Éditions Argyll pour leur confiance.