Trois battements un silence

Anne Fakhouri

Éditions Argyll, avril 2023, 373 p., 22,90 €

Mes lectures Argyll

4e de couv. : Difficile d’échapper à son héritage familial quand, comme Marco Delusi, on grandit au sein d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle être un homme signifie haïr les femmes. Seul son oncle Ray lui montre de l’affection et l’initie à la magie du monde et de celles et ceux qui le peuplent, habitants de l’ombre autant que de la lumière.
Après la mort de Ray, Marco vit à l’écart de la société. Celle-ci se rappelle toutefois à son bon souvenir quand son fils disparu huit ans plus tôt revient dans sa vie. Ce retour laisse alors surgir un passé qu’il préférait oublier.
Pour sauver son garçon, Marco sait qu’il lui faudra mettre fin à la malédiction qui pèse sur les hommes de sa famille et accorder son cœur au rythme des autres. Pourquoi pas à celui de Hannah, son premier amour…
Le temps, peut-être, de trois battements et d’un silence.

Mes impressions de lecture :

Je découvre malheureusement cette autrice après qu’elle nous ai quitté. Son nom me disait quelques choses et c’est quand j’ai vu la couverture de « American Fays » que je me suis souvenu de ce roman qui était dans ma wish list oui je sais cette liste est trop longue !

J’ai beaucoup aimé « Trois battements un silence » parce qu’il nous transporte dans différents univers avec des variation dans le langage. Lorsque j’ai lu l’explication sur le titre j’ai trouvé ça très beau. Le langage parfois « cru » surtout au début m’a un peu surprise mais il colle tellement aux personnages qui l’emploient que c’est très cohérent donc pas choquant.

C’est très intéressant l’usage fait des temporalités et sa relativité ! Par exemple le personnage est bloqué dans une apparence de gamin de 8 ans (humain) alors qu’on apprend qu’en réalité il a 40 ans… Après son placement on va le voir grandir. C’est juste un exemple car il y a d’autres moments où le temps ne s’écoule pas comme prévu.

J’ai remarqué qu’à l’arrivée de chaque personnage nouveau on découvre tout à coup des facettes de cet univers qu’on n’imaginait pas. Il faut dire que le monde féérique est vaste. On découvre des créatures singulières, je connaissais les changelins (récemment j’ai lu un livre où il y en avait). par contre les co-walkers c’est la première fois que j’en croise un…

La famille Lusignan est un poids pour tous ses descendants. Ancrer cette histoire en France avec ces descendants de Mélusine j’ai trouvé ça original. J’ai beaucoup aimé comment les enseignements de l’oncle Ray vont ressortir après sa disparition, au fur et à mesure que Marco évolue. Aux différentes étapes de sa vie il va s’en resservir. La parentalité est très présente.

La géographie parfois étrange dans ce roman fait partie de la narration, à commencer par l’utilisation d’un boussole magique qui lui indique la direction à prendre pour s’enfuir. Ils est aussi beaucoup question de monde de la surface et monde souterrain. Les distances sont comme le temps très relatives en partie à cause de la présence des univers magiques.

Le mouvement, l’action donnent un rythme qui varie et donne lieu à des découvertes et des scènes très visuelles. Les combats aussi contribuent à donner le tempo.

La musique et les sons viennent compléter l’aspect visuel du texte. On est comme dans une fuite en avant et ainsi on avance dans le texte presque par à-coups. L’expression tenir en haleine est à prendre dans le sens on court jusqu’à en perdre le souffle et puis le temps semble se suspendre avant de relancer les personnages et le lecteur. On retrouve bien l’idée de « Trois battements un silence ».

Un roman très dépaysant qui nous fait basculer dans un monde imaginaire.

Je remercie les Éditions Argyll pour leur confiance.

Ikiro

Benoît Marie Lecoin

Éditions Aux Forges de Vulcain, mai 2023, 173 p., 20 €

Mes lectures Aux Forges de Vulcain

4e de couv. :

Ikiro, jeune étudiant en architecture de l’université de Tokyo tombe follement amoureux de Midori, une jeune femme dont il sera passionnément épris, par-delà le temps et l’espace. Débute alors un voyage à la lisière entre deux mondes, guidé par le chat Pumpkin. Quotidien et merveilleux se mêleront dans cette histoire d’amour vertigineuse. Un hommage à un Japon magique, peuplé de yokaïs et d’animaux bavards. Est-ce que la passion des deux amoureux triomphera de la frontière entre le réel et le rêve ?

4e de couv. :

D’entrée je vous le dit c’est un coup de cœur !

C’est un peu court … Je suis entrée en résonance avec l’ambiance, les références littéraires et les aventures … mais encore ?

On passe par plusieurs stades pendant notre lecture, un peu comme le personnage principal « Ikiro ». On se croirait vraiment au Japon entre ce mélange de tradition et de modernité. J’ai eu comme des échos de mes lectures récentes Aki Shimazaki et Ito Ogawa ( La Papeterie Tsubaki). Cela se passe à notre époque mais il y a une grand-mère qui elle est garante des traditions. la famille en général est très importante.

J’étais bien avec Ikito pour la fête des sakuras. Benoît Marie Lecoin dans ce roman à la troisième personne, nous dépeint ce jeune homme sans histoire qui va quitter son village, sa grand-mère et ses amis pour aller faire ses études. Tout en insérant des petits dialogues en italique avec Midori l’amour de sa vie qu’il va rencontrer à l’université. Ces petits intermèdes titillent la curiosité du lecteur.

Ikiro essai de lire « La danseuse d’Izu » de Kawabata mais de nombreuses interruptions l’empêchent de terminer la lecture, c’était drôle de voir se livre tomber, être lu par Soke etc. Tout lecteur qui traine son livre un peu partout se reconnaîtra. J’ai eu ma période Kawabata alors cela à ajouter une petite touche affective à ma lecture. J’ai cru au tout début que les petites phrases en italiques pouvaient être des extraits de ce roman, mais on comprendra après le point de bascule de quoi il s’agit…

Dès le début on sent que le monde onirique à une grande importance pour Ikiro alors on n’est pas étonné de la tournure surprenante que l’histoire va prendre. Le personnage presque trop lisse qu’on nous dépeint au début va devenir plus complexe. Il va découvrir une part de lui même qu’il ne connaissait pas. Son obsession va lui faire franchir des barrières, mais heureusement il a encore la notion du bien et du mal qui ne le font pas totalement basculer. J’ai apprécié que les questions éthiques de ce que fait Ikiro soient abordées.

J’ai aimé la touche fantastique qui fait références à des « mythes » japonais ainsi que tout ce qui se rapporte à la « magie » et à l’onirisme. Le petit « tamago » m’a fait penser à une créature sortie des dessins animés des studios Ghibli.

Nous ressentons les différentes émotions d’Aïkido, de la plus tendre à la plus violente… mais l’humour est là aussi pour contre balancer l’aspect dramatique de cette passion dévorante.

Certains aspects de ce roman m’ont fait penser aux « embrouillaminis » de Pierre Raufast avec toutes ces vies possibles… je n’en dit pas plus…

Dans la série les livres en appelle d’autres… J’ai trouvé drôle de lire la scène de la mine alors que je venais de lire la BD sur les mineurs espagnols. « Le chant des asturies »

J’ai beaucoup aimé la façon dont Benoît Marie Lecoin raconte les aventures de Ikiro, en insérant quelques termes japonais qui ancre encore plus l’histoire au japon, les définitions sont subtilement données. Nul besoin d’un dictionnaire.

Ce roman est une jolie parenthèse dans notre vie cartésienne qui met en action l’imagination du lecteur. Laissez-vous emporter par cette grande histoire d’amour.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain de leur confiance.

« Le chant des Asturies. Tome 1. La balade del norte»

Alfonso Zapico

Trad. Charlotte Le Guen

Éditions Futuropolis, mai 2023, 224 p., 25 €

Masse Critique Babelio/ Éditions Futuropolis

4e de couv.

Madrid, 1933. Tristán Valdivia, journaliste sans journal, rédacteur en chef raté et amant sans espoir, qui la capitale pour retourner dans le nord de l’Espagne. Là, son père, le marquis de Montecorvo, l’attend.

Ce sont des temps difficiles pour le pays, plongé dans les soubresauts de la Seconde République, et le vieil aristocrate doit rester à la tête de sa compagnie minière.

Mes impressions de lecture :

Dès que j’ai vu la magnifique couverture j’ai eu envie de découvrir cet ouvrage. Les nombreux détails sur cette illustration nous donnent une idée de ce qu’on va retrouver à l’intérieur. En écrivant cette chronique j’ai vu que cette série est encensée sur les sites spécialisée.

Il s’agit d’un premier tome d’une fresque prévue en 4 volumes. La tétralogie est terminée en Espagnol. L’Histoire de l’Espagne est un sujet qui m’intéresse et j’ai aimé me replonger dans cette période qui fait écho à certains éléments de notre époque.

Je ne sais pas si on pourrait dire qu’il s’agit d’une Docu-BD ou une BD avec un sujet social et historique, Il est présenté comme un roman graphique. En tout cas cela rend compte d’une époque dans un lieu donné. On a l’aspect privé avec Tristan malade et Tristan dans sa famille. Tristan est le reflet d’une certaine jeunesse qui est en opposition avec son milieu social. Son père est un exploiteur, un noble qui vit sur la misère des ouvriers, alors que Tristan est du côté des contestataires… En même temps il a vécu avec l’argent de son père mais il publiait des poètes russes et aide ses amis journalistes qui dénoncent les conditions de vie des ouvriers. Il n’est pas très constant, un peu dilettante, va-t-il prendre les bonnes décisions ?

On retrouve bien les différentes facettes  de cette situation politique avec les différentes classes sociales et leurs buts. On voit les personnages pivots qui font le lien entre un groupe et un autre. Il est beaucoup de choix, choisir son camp, choisir sa lutte…

L’histoire est divisée en 11 chapitres. On a ainsi des pauses et une construction qui permet au lecteur d’avancer sans être noyé par trop d’information. Il y a une véritable histoire dans la grande Histoire. Le dessin est réaliste et on voit bien où se situent les scènes. On a même la une d’un journal.

Le fait que ce soit une bande dessinée en noir et blanc cela donne une certaine force et nous renvoi au passé. Il accentue le côté sombre de cette partie de l’Histoire espagnole. Il y a des pages plus claires et lumineuses

Les scènes qui ont lieu autour ou ans la mine sont entourées d’un fond noir. Mais lorsqu’un enterrement a lieu on est sur une pleine page. Le format des cases est variable. Il y a aussi des citations d’auteurs russes. Alfonso Zapico n’hésite pas à ne pas mettre de texte à certains moments où l’image se suffit à elle-même.

Tristan se sait condamné par la maladie et il brûle ses dernières cartouches en vivant une histoire d’amour hors de sa condition sociale.

Je remercie les éditions Futuropolis et Babelio de leur confiance.

La  maison des sables

Christian Artigau

Éditions Cairn, coll. Du noir au sud, avril 2023, 262 p., 11 €

Mes lectures Cairn

4e de couv. :

Alba Motril, jeune ornithologue née à Biarritz, attire les emmerdes comme le miel attire les frelons.
De Skellig Island, île sinistre perdue en mer d’Irlande, à la Maison des Sables sur la Côte basque en passant par le vertigineux sanctuaire de Gaztelugatxe sur la mer Cantabrique, Alba Motril est devenue la cible d’une traque menée par un Roumain, ancien commando des chiens de guerre de Bob Denard.
À ses trousses, les frelons sont d’intraitables trafiquants de cocaïne sans scrupules et sans état d’âme.
Dans l’ambiance si bucolique du Pays basque, l’auteur nous entraîne inexorablement vers la Maison des Sables, théâtre fantomatique d’un dénouement hallucinant.

Mes impressions de lecture :

Un roman où la nature sauvage sera un écho plus faible que la violence des hommes.

Avec la « maison de sable » je m’attendais à quelques chose de « fixe », « d’ancré » et en fait on va voyager avec Alba qui observe les oiseaux migrateurs. On va aller du pays basque français/espagnol à l’Irlande encore plus abrupte, poursuivie par un roumain. On bouge beaucoup et ça déménage !

La géographie dans ce roman tient un rôle important. On va découvrir ainsi des lieux culturels ou naturels emblématiques. On a la notion de sanctuaire et de profanation, de lieux de légendes qui influent sur l’intrigue et les personnages.

L’océan est très présent et il représente le mouvement ce qui contraste avec la « maison des sable » lieu fixe qui va être mis en avant de façon inattendue.

Certains personnages ne sont pas aussi lisses qu’on pourrait le croire, de mauvais réflexes vont faire surgir de nombreux problèmes. Le passé leur colle à la peau.

Des choix de chaque personnages vont découler une série d’agressions et de poursuites de la part des criminels.

Les morts violentes semblent jalonner les chemins qu’emprunte Alba.

Les oiseaux sont omniprésents du fait que le personnage principal soit ornithologue mais c’est aussi ce lien avec les hauteurs des lieux d’observation et le raz du sol ou de la mer. Cela donne un mouvement vertical qui rappelle les ascenseurs émotionnels que vivent les personnages.

C’est un roman noir, il n’y a pas d’enquête mais une « chasse » et Alba est la proie.

Christian Artigau nous réserve quelques rebondissements surprenants qui relancent l’intrigue.

Je remercie les éditions Cairn de leur confiance.

Paris-Berry

Frédéric Berthet

Éditions de la Table Ronde, Coll. Vermillon, avril 2023, 110 p., 6,60 €

Mes lectures de la Table Ronde

4e de couv. : Pourquoi s’installe-t-on à la campagne en hiver, dans une maison d’emprunt? «Pour écrire un roman, évidemment.» Hélas, le narrateur de Paris-Berry voit son attention sans cesse détournée de son objet. Chaque fois qu’il va se frotter à sa machine à écrire, un souvenir l’en éloigne – la vue sur le rocher de Vincennes depuis son balcon parisien –, ou une visite inopinée – la jeune héritière en route vers le Sud –, voire un accident domestique – la chambre bleue sous un torrent d’eau.
Puisque la voie du roman se dérobe devant lui, Frédéric Berthet se lance sur les chemins de traverse. Ses chroniques, d’une gravité enjouée ou d’une drôlerie éperdue, semblent en suspension.

Mes impressions de lecture :

Tout d’abord, je tiens à dire que j’adore cette couverture avec ses feuilles qui s’envolent au milieu des arbres dénudés.

J’avais déjà été sous le charme de « Simple journée d’été » de Frédéric Berthet et cet ouvrage confirme ce que j’ai ressenti à l’époque.

Cet ouvrage est une parenthèse dans nos vies à mille à l’heure, il change notre rythme de lecture. Cent pages c’est sensé être vite lu, si vous voulez vraiment vous laisser bercer par ces histoires du quotidien il faut le savourer, s’en délecter.

Ce n’est pas un journal, ce ne sont pas des nouvelles, c’est un entre deux ou tout autre chose. Cela m’a fait penser à des micro-nouvelles qui se dérouleraient dans un temps précis et un lieu précis dans la vie de Frédéric Berthet. On est parfois dans l’anecdotique, dans la réflexion et puis se dessine le portrait d’un homme avec toutes ses facettes. On aussi de belles description de personnes/personnages en quelques traits. il y a un côté croquis de paysage, d’instantanés de scènes de la vie quotidienne…

Des textes assez brefs qui peuvent parfois vous laissez songeur, vous amuser…. L’aspect nostalgique renvoie à vos propres souvenirs, ou sensations de déjà vu/ressenti mais dit avec des mots qui donnent un charme supplémentaire.

Certaines évocations sont plus touchantes comme le rêve de Michel Déon.

Le rêve tient une place importante. Et on a parfois l’impression que le narrateur-auteur est dans un état de rêve éveillé.

J’ai souri avec la scène de Barthes dans le restaurant. Cela m’a d’autant plus amusé que j’ai lu récemment une BD qui parlait de la mort de Roland Barthes et de la théorie du complot.

J’ai aussi beaucoup aimé la place du « mot » dans ses réflexions d’auteur. On sent que les mots et leurs significations ont une grande importance.

C’est un auteur qui doute de tout, alors il tâtonne, cherche la précision qui parfois semble lui échapper. Je n’ai pas eu la sensation qu’il affirme et impose bien au contraire il nous convainc par ses petites quêtes intimes.

Ces textes ont été écrits entre décembre 1991 et avril 1992 et nous renvoient parfois à des préoccupations de l’époque, mais il reste intemporel sur le fond.

Je remercie les Éditions de la Table ronde, La petite Vermillon de leur confiance.

qui en parle ?

Jérome

Zazie dans le métro

Clément Oubrerie

d’après l’oeuvre de Raymond Queneau

Éditions Gallimard, Fetiche, 2008, 72 p., 15,25 €

Dans ma médiathèque il y a…

4e de couv. :
Zazie débarque à Paris pour la première fois chez son tonton Gabriel. Le Panthéon, les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, elle s’en contrefiche. Mais kesski l’intéresse alors, Zazie, à part les bloudjinnzes ? Le métro. Et quand elle apprend que ses employés sont en grève, les injures fusent. C’est qu’il vaut mieux pas la contrarier, la mouflette !

Mes impressions de lecture :

J’ai lu cette BD après avoir lu « Les mercredis de Léo » de Yaël Hassan où son héroïne découvre l’œuvre de Queneau et cette BD. Tiens en cherchant sur mon ancien blog l’avis de lecture sur le roman de Queneau je viens de réaliser que j’ai lu en fait avant le blog ! et que le personnage de Zazie inspire beaucoup Yaël, elle en parle déjà dans « tranquille comme Baptiste ». Fermons la parenthèse et revenons à cette BD.

Zazie commence par la grève du métro… éternel recommencement ?

Cette BD est proposée en jeunesse. Il vaut mieux la lire ado ou adulte. C’est assez cru par moment.

Je me souvenais de certaines scènes de l’œuvre de Queneau de 1959, mais dans l’ensemble cette lecture est une redécouverte du roman. Les images donnent un plus , elles nous plongent dans le Paris de l’époque. Les voitures, les vêtements, les lieux emblématiques…

Zazie et sa gouaille nous perd parfois dans son argot, et justement les dessins viennent parfois à la rescousse.

Qui dit BD dit dialogues et l’auteur s’en donne à cœur joie avec la langue très fleurie de Queneau. Un langage très travaillé qui ne plaira pas à tout le monde.

Il y a beaucoup de mouvement dans cette histoire avec cette Zazie qui se faufile comme une anguille et qui sème la zizanie et la pagaille sur son passage. Clément Oubrerie joue avec les couleurs de fond des cases pour garder le lecteur dans les différentes scènes.

On joue sur les apparences qui est vraiment le tonton Gabriel, et d’autres personnages qu’on va croiser. Qui est qui ? qui est déguisé en citoyen modèle ? Qui a le mauvais rôle ?

Il y a des références au Paris pendant la guerre. ça parle d’antisémitisme, délation et collaboration, et du comportement de chacun avant, pendant et après. Ambiance pas très claire. On a les petits métiers avec les gens qui guettent les infos.

Et puis, il y a le Paris, les touristes, Paris by night et tout ce qui touche au sexe et autres plaisirs nocturnes. Violence et trafics.

Une adaptation bien rythmée qui emmène tambour battant dans une folle virée dans Paris.

J’ai pris grand plaisir à lire cette BD. J’ai même repris le roman pour relire la fin qui me semblait complétement loufoque et c’était pareil dans le roman !

Très belle adaptation que je vous conseille.

Camping-car

Sophie Brocas

Éditions Julliard 2016, éditions Gabelire 2016

Éditions J’ai lu, 2017

Dans ma médiathèque il y a…

Cercle littéraire mars 23

4e de couv. :

Trois sexagénaires décident de faire une virée en camping-car. Malgré une longue amitié et une confiance mutuelle indéfectible, des non-dits se sont installés entre eux. Au fil de la route et de quelques péripéties cocasses, les langues vont se délier et l’humour ramener chaque chose à sa juste place.Touchant, drôle et toujours profond, ce road trip à la française est une ode à l’amitié masculine.

Mes impressions de lecture :

J’ai beaucoup aimé « Le cercle de femmes » de Sophie Brocas alors quand j’ai vu ce roman je me suis dis que j’allais retenter l’expérience.

Ce qui m’a attiré dans ce roman c’est le fait que les personnages principaux étaient des hommes. Et que sur l’édition que j’avais il était noté « comédie ». Je me suis dit que que les feel good masculins étaient plutôt rares. On a trop tendance à associer sentiments avec femmes alors que les hommes sont conditionnés pour ne pas les exprimer. Sans parler des problèmes liés à l’âge, la soixantaine dans nos sociétés avec l’idée de fin de carrière sans être encore à la retraite… questionnement sur le futur travail, famille, couple, amis, santé…

C’est bien une comédie donc même les sujets graves sont dédramatisés. Trois amis de longue date, deux se connaissent depuis l’enfance, le troisième est venu se greffer à la vingtaine. Il connaissent donc plus ou moins les traumatismes fondateurs qu’ils ont vécu et qu’ils pensent être derrière eux.

Ils approchent de la soixantaine, d’une vie pépère, et tout semble refaire surface. Et l’impression de vie apaisée que l’on croit qu’ils ont, va voler en éclat. Adieu vie routinière et bien rodée. je ne peux en dire plus sans vous gâcher les effets de surprises et les multiples rebondissements.

Le lecteur va accompagner les personnages dans les aspects les plus tristes comme les plus loufoques.

Et ce camping-car c’est toute une aventure… symbole de liberté et de mobilité…

Très joli moment de lecture.

Une lecture bien différente de celle de « Le cercle de femme » qui joue sur d’autres registres.

Le vol du boomerang

Laurent Whale

Éditions Au Diable Vauvert, 2023,

Masse Critique Babelio / Au diable Vauvert

4e de couv. :

Australie, Bridgestone World Solar Challenge : la célèbre course de voitures propulsées à l’énergie solaire rassemble des équipes du monde entier.
Jeune aborigène tout juste promu docteur en physique des particules à la force de son travail, Jimmy Stonefire n’a qu’un rêve, remporter le trophée pour sensibiliser le monde entier à la cause de son peuple, bafoué et réduit à la misère.
Mais dans un pays ravagé par les incendies et les troubles sociaux, menaces et mouvements de solidarité vont se télescoper sur son passage.

UN SUSPENSE HALETANT PAR UN MAÎTRE DU ROMAN D’ACTION QUI NOUS IMMERGE AUX COTÉS DES ABORIGÈNES JUSQU’À LA LIGNE D’ARRIVÉE !

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert Laurent Whale grâce au duo de Book en stock avec sa trilogie des frères Costa, une dystopie très prenante. Puis sa série les rats de poussière. J’étais curieuse de découvrir son nouvel univers… Eh bien je n’ai pas été déçue du voyage !

Une des particularités des romans de Laurent Whale c’est que ses personnages sont dans le mouvement et pour cela la technologie est présente. Que ce soit dans les airs ou sur terre il faut que cela avance, et cela se répercute dans le reste de la narration.

Je ne suis pas une adepte de la mécanique dans la vie, mais Laurent Whale sait tellement bien transmettre la passion pour tous les types d’engins que je suis à chaque fois surprise de restée curieuse de ce qu’il va nous concocter. Il peut nous parler de road train c’est long camions qui sillonnent les routes australienne, mais aussi de véhicules solaires ou d’autres voitures plus conventionnelles…

Dans ce roman on est dans les contrastes entre les aborigènes et leur vie au plus près de la nature que la création d’un engin pour une course mythique, on ce chauffeur français au volant de ce gigantesque Mack, on a cette famille d’exilés économiques/climatiques, ou la prof d’art plastique face à l’université machiste… Chacun va être confronté à un type de violence qui montre la fragilité de la vie en cas extrême.

On dans des crescendo dans chaque situation qui nous tient en haleine, on reprend sa respiration à chaque chute.

Chaque début de chapitre nous indique la date et le lieu, et de là on déduit quel sera le personnage principal. Tout est à la troisième personne du singulier.

Ce que j’ai aimé c’est que même si d’un chapitre à l’autre on change d’histoire/de personnage, ce n’est pas une alternance systématique, il peut y avoir plusieurs chapitres avec le/les même(s) personnages jusqu’à aboutir au bout d’une étape.

Je vous laisse découvrir ce roman d’aventure et se multiples rebondissements.

J’ai dans mis dans ma wish list « Skeleton Coast » un autre titre aux éditions Au diable Vauvert.

Je remercie Babelio et les Éditions Au diable Vauvert de leur confiance

La cote 400

Sophie Divry

Éditions 10/18, 2013, 95 p,

Éditions les Allusifs, 2010

4e de couv. :
Elle rêve d’être professeur, mais échoue au certificat et se fait bibliothécaire. Bienvenue dans les névroses d’une femme invisible. Bienvenue à la bibliothèque municipale, temple du savoir où se croisent étudiants, chômeurs, retraités, chacun dans son univers. Jusqu’au jour où, pour cette quinquagénaire esseulée et soumise aux lois de la classification de Dewey, ce bel ordre finisse par se fissurer…
Sophie Divry signe avec un humour contagieux le monologue cinglant et fiévreux d’une femme « un peu » dérangée. Un premier roman jubilatoire.

Mes impressions de lecture :

Cela fait longtemps que je veux lire ce roman, en fait depuis que j’ai découvert Sophie Divry dans l’émission radio « des papous dans la tête ». Entre temps j’ai commencé à travailler en médiathèque alors ce roman signifie encore plus. J’ai déjà lu « quand le diable sort de la salle de bain » et « trois fois la fin du monde ».

Je vous ai partagé la couverture des Éditions Les Allusifs et celle chez 10/18, elles ne dégagent pas la même chose et c’est un peu ce qu’on retrouve dans ce roman. L’un des sujets abordé touche à la culture enrichissement personnel et consommation de bien culturel. Le monde des bibliothèques a changé. Dans couverture format poche l’humain a complètement disparu et c’est une avalanche de livres aux couvertures multicolore qui envahi l’espace.

Dans la couverture des Éditions des Allusifs ce qui m’a fait sourire c’est qu’on ne voit pas le visage de la bibliothécaire alors que dans certaines bibliothèques ce n’est que le visage que l’on voit. Quand aux bras et aux jambes c’est vrai qu’on croule parfois sous les charges de livres.

En tant qu’utilisatrice de bibliothèque dans plusieurs villes, j’ai vu évoluer ces lieux avec le temps. Depuis que j’ai commencé mes formations autour de la bibliothèque, je n’ai pas arrêté d’entendre parler de de troisième lieu, et étant dans un village on cultive ce lieu comme un lieu de rencontres et d’échanges sociaux et culturels. Notre narratrice, elle est formatée et elle a du mal à évoluer, elle est nostalgique des bibliothèques à l’ancienne.

Qu’est que « la côte 400 » dans une bibliothèque c’est le rayon autour de « la langue », c’est là par exemple que l’on trouve des dictionnaires et les livres de grammaire etc. Vous trouverez une forme abrégée de la classification Dewey sur Wikepedia. Mais les bibliothèques sont en train de modifier plus ou moins cette classification. La narratrice nous en parle dans le roman.

Ce roman est un long monologue et si parfois elle fait intervenir son interlocuteur, un pauvre lecteur qu’elle a trouvé endormi dans son secteur au sous-sol de la bibliothèque au rayon géographie dont elle a la charge, c’est de façon indirecte.

Il n’y a pas de chapitres, le lecteur peu s’arrêter après chaque développement d’un sujet. Cela va du monde du travail, à sa place dans la bibliothèque, de l’agencement des lieux, les différents usagers, des réflexions sur la vie en général, ses reproches faits aux instances dirigeantes…

Il y a des passages savoureux, Sophie Divry a un humour qui me plaît bien tout en dénonçant des dérives de notre époque. J’ai rit aussi en découvrant ses avis sur les auteurs et certaines œuvres.

Est-ce que je vous ai dit que cela parlait aussi d’amour des livres, mais aussi de l’Amour avec un grand A ?

Elle nous parle aussi de solitude et d’isolement, de pauvreté et pas simplement au sens premier.

J’ai pris grand plaisir à lire ce roman et en dehors des passages sur la Dewey tout le monde peut se sentir concerner que ce soit en ce qui concerne le travail, ses hiérarchies de valeur et parfois l’absurdité qui en découlent.

Je n’ai pas lu le livre d’une traite, ce qui est très tentant pour mieux savourer ce qui est une source de réflexions sur notre époque.

Bonne lecture à tous.

Juanita

Simone Gélin

Éditions Cairn, Du noir au Sud, février 2023, 471 p.

Mes lectures du Cairn

4e de couv. :
Juanita a vraiment existé. Ce livre retrace son parcours dans une société machiste (mais en pleine mutation, secouée par les mouvements contestataires de 68, et l’émergence d’un élan féministe), et son incroyable ascension dans le milieu de la prostitution de l’époque. Elle grandit aux capucins, quartier espagnol de Bordeaux. Passionnée de football, elle devient l’égérie des Girondins.
Pour échapper à la morosité de son existence, elle fréquente les bars mal famés de Bordeaux, où se rencontrent, la nuit, après les matchs, les joueurs, des prostituées de luxe, la police, et des personnalités du showbiz. Elle y retrouve l’ambiance des films de gangsters qui la passionnent.
Sa beauté, son tempérament, sa générosité, comme en témoignent ceux qui l’ont approchée, sa volonté de s’arracher à la pauvreté, de s’émanciper, sa rébellion contre l’ordre établi et la fatalité, son puissant goût de vivre, et sa quête éperdue de vérité et d’amour en faisaient une personne fascinante, qui ensorcelait tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin.

Mes impressions de lecture :

J’aime beaucoup cette collection « du noir au Sud » des éditions Cairn, c’est le premier roman de Simone Gélin que je lis, d’avoir lu les romans d’autres auteurs qui se déroulent à Bordeaux j’avais l’impression de connaître le coin.

Juanita est un personnage très intéressant. C’est un roman qui joue sur deux temps. Tantôt les années 60 et celles qui ont suivi et aujourd’hui, tantôt pendant la guerre en Serbie et aujourd’hui. Le lecteur en sait plus que Léa, la narratrice de la partie actuelle. Le lecteur fait donc le lien entre ses périodes passées avec le présent. On a des faits historiques qui viennent jouer un rôle dans ces histoires.

Avec la découverte d’un corps sous la terrasse en 2022, c’est comme si le passé s’invitait dans le présent. Cela va soulever de nombreuses questions.

On est sur le thème comment sortir de la pauvreté et de sa situation sociale. On va rencontrer des personnes qui ont réellement existé et qui ont choisi le grand banditisme et le proxénétisme. La Corse, Marseille et Bordeaux vont mêler leur route. L’autrice s’est très bien documentée et elle a su nous transmettre toutes ces tranches de vie.

C’était très intéressant les liens entre les chapitres à la troisième personne qui nous parlent du passé et à la première personne avec Léa. Il y avait comme des effets miroir, n’ont pas que ce que Juanita a vécu elle le vit… C’est plus une sorte de thématique. Il y a comme des échos, on par exemple la guerre, chacun choisissant son camps en son âme et conscience, les parents de Juanita et la guerre civile espagnole, Salim et les massacres entre croates et serbes, la seconde guerre mondiale entre maquisards et collabos. Savoir choisir son camp pour mieux s’en sortir ou par conviction personnelle, de cela dépendra votre avenir.

Je parle de faire des choix mais ce n’est pas toujours facile, comment par exemple sortir d’une lignée ? Comment faire lorsque la vie ne vous laisse pas trop de choix ? Comment faire lorsqu’on a mis le doigts dans l’engrenage ?

La famille est aussi une des thématiques de ce roman. De Juanita et sa mère veuve, de Luis et sa famille sans histoire à la famille de Toussaint, l’écart est grand.

Il est aussi question d’amour, tout dépend de quel amour on parle. Les personnages vont faire des choix… jusqu’où va t-on par amour ?

C’était très prenant de lire tous ces différents parcours de vie. L’autrice à su jouer avec les montées en intensités avec les conséquences de certains décisions.

Le jour et la nuit, lumière et obscurité deux univers avec toutes les variations, hommes d’affaire ayant pignon sur rue et belle villa et affaires louches et violence. Attirance et répugnance chacun en fonction de son point de vue va avoir des réactions différentes. Simone Gélin va nous montrer une société est corrompue à tous les niveaux sociaux.

Un roman noir avec une ambiance très polar dans la monde de la nuit et des trafiques en tout genre. Un roman très prenant avec ses différentes histoires et les interrogations de certains personnages.

Je pense que d’avoir lu « Nuit américaine » Pierre Réhov en début d’année cela a aussi fait écho à cette lecture.

Je remercie les Éditions Cairn de leur confiance.