L’invitée

Emma Cline

Trad. Jean Esch

Éditions de la Table Ronde, mai 2023, 320 p. ,23€

Mes lectures La Table Ronde

Challenge de l’été VLEEL catégorie « on the road »

4e de couv. :
L’été touche à sa fin à Long Island, et Alex n’est plus la bienvenue. Un faux pas lors d’un dîner et Simon lui paye un billet retour pour New York. Sans ressources, avec pour toute possession un téléphone qui a pris l’eau et ce don qu’elle a d’orienter à sa guise les désirs des autres, Alex décide de s’attarder dans les parages et se met à dériver tel un fantôme entre les avenues bordées de haies, les allées de garage protégées par des grilles et les dunes écrasées de soleil. Elle passe la semaine à errer, d’une rencontre à l’autre, refusant d’en rester là : Simon sera sûrement content de la voir arriver à sa fête du Labor Day.
Tendu, volcanique et impossible à lâcher, L’Invitée est une prouesse littéraire envoûtante

Mes impressions de Lecture :

Emma Cline est une autrice qui me fait à chaque fois explorer le côté obscure de l’âme humaine. Elle situe la plupart de ces romans dans un univers où les apparences sont trompeuses, en surface on est dans les paillettes…

Les personnages n’ont rien qui nous donne envie de les aimer. Ils ont tous une telle aura négative. Par contre, ils nous font réagir en tant que lecteurs. Ce que j’aime chez Emma Cline, c’est qu’elle ne cherche pas à leur trouver des excuses. Elle les montre dans leur humanité défaillante en pleine déliquescence. Il y a l’homme mûr qui veut bien d’une escorte de 22 ans qui se lâche dans l’alcôve, mais qui sache se tenir en société. Il y a le jeune riche dont l’instabilité émotionnelle demande beaucoup d’attention, mais dont on couvre les écarts.

Alcool, sexe et drogue, violence psychologique sont voilés dans la soie. Emma Cline ne nous parle pas des bas fonds, non ! Elle nous parle des somptueuses villas avec piscine d’eau salée et des tableaux de maîtres, de réceptions, de places privées et pool house, où on cultive l’entre-soi.Mais Voilà Alex n’est pas de ce milieu elle est entrée au bras d’un homme qui l’exhibe comme un nouveau jouet. Dans ce milieu où rien ne doit dépasser elle dépareille avec ses frasques.

Ce que j’ai aimé dans cette histoire c’est l’errance de cette jeune fille qui a vieilli avant l’âge, tout en gardant une part de rêve… Elle est persuadée qu’elle va reconquérir Simon qu’elle a déçu en arrivant lors de la fête qu’il va organiser le samedi. Elle ne veux pas lâcher l’affaire. Elle fait toujours le mauvais choix, elle pervertie tout ce qu’elle touche. Je ne dis pas qu’elle pervertie ceux qu’elle rencontre cependant elle révèle ce qu’il y a de pourri en eux.

Et ce téléphone qui s’allume le temps qu’elle voit un nouveau message de Dom. Que ce soit au téléphone ou en face, elle n’arrive pas à avoir une vraie conversation. Elle doit tout cloisonner, contrôler… la vérité et le mensonge semblent être les deux faces d’une même réalité.

Elle enchaîne les mauvais plans. Parfois, elle veut y croire tout en sachant au fond de soi que ça va déraper.

Elle n’a pas un mauvais fond, elle a juste appris à cerner les gens et leur donner ce qu’ils veulent et ce n’est pas forcément pour en obtenir de l’argent ou de l’affection. C’est comme si elle jouait un rôle… on attend d’elle qu’elle sourit et elle sourit, les hommes veulent entendre qu’ils sont merveilleux, alors elle leur montre à sa manière.

La vie lui a appris à prendre ce qui est à prendre tant que c’est possible, le tout c’est de ne pas franchir les limites, malheureusement elle se laisse parfois entrainer trop loin.

On va la voir tantôt marcher au bord de l’autoroute, puis à bord d’une limousine, avant de retrouver le sable de la plage à pied ou à un vélo… elle ne va pas arrêter de bouger dans ce petit périmètre de villa de luxe, de plages privées et publiques… comme si c’était vital de toujours être en mouvement…

L’eau joue un rôle dans la géographie de cette histoire. Tantôt douce, tantôt salée, tantôt régénératrice, tantôt négative et dangereuse…

L’histoire se déroule sur quelques jours et pourtant elle vit tant de choses qu’on a l’impression que plusieurs semaines ont passé.

On retrouve dans ce roman un sujet qui semble tenir à cœur Emma Cline. L’abus sexuel chez les jeunes… On a par exemple, Alex qui a 22 ans qui semble affranchie et connaître les rouages des relations sexuelles, en fait on comprend qu’elle est déjà pervertie depuis longtemps.

Je remercie les Éditions de La Table Ronde de leur confiance.

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Daddy

Los Angeles

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