Avant la forêt

Julia Colin

Éditions Aux Forges de Vulcain, août 2023, 384 p., 21€

Mes lectures Aux Forges de Vulcain

Rentrée littéraire 2023

4e de couv. :
Dans un monde à bout de souffle, l’économie s’effondre et les grandes villes se vident, relâchant sur les routes des familles à la recherche de protection et de nourriture. Elie, ses parents et Calme, une amie d’enfance désormais orpheline, s’installent à Massat, au cœur d’une vallée des Pyrénées, protégée depuis longtemps de la folie du monde. Les gens y vivent d’entraide et de troc. Il y a un maire, de l’eau potable et un peu d’électricité.
Elie rejoint la Milice, le services d’ordre formé par les jeunes, tandis que Calme plonge dans la forêt. Et, peu à peu, deux mondes vont s’affronter : la Nature et les humains, incapables de se libérer de leur violence.

Mes impressions de lecture :

Ce roman est un coup de cœur, car il se dégage une vibration issue de toutes les contradictions de l’être humain au milieu de la nature. C’est un roman qui laisse une trace chez le lecteur et des questionnements.

J’avais très envie de lire ce roman car il se déroule dans une zone géographique où j’ai failli habiter il y a dix ans. Cela reste donc assez flou dans ma mémoire pour que je puisse situer ce lieu réinventé.

J’ai bien aimé le choix d’Elena Veillé pour le choix des vis au lieu des balles, elle a privilégié la construction à la destruction.

Ce lieu que nos familles errantes envisagent comme idyllique est bien différent. la menace plane. J’ai adoré comment le thème de la forêt est utilisée par l’autrice pour créer cette atmosphère de huis clos en pleine nature. Derrière chaque arbre peut se cacher un danger, derrière chaque humain peut se cacher un autre danger.

J’ai bien aimé le fait que nos exilés parisiens aient vécu des drames et des épreuves avant d’arrivé. On n’est pas dans la transposition du néo rural idéaliste. Cette forêt leur apparait comme un but ultime et une renaissance. La réalité va être autre. Ils arrivent à bout de force, ils survivent en essayant de se reconstruire.

Ce lieu n’est pas né des événements que vit la France dans cette histoire, il a été créé et structuré pendant que tout allait à peu près bien dans le reste du territoire. C’est important de le dire car cela explique pourquoi c’est si organisé et contrôlé. C’est ce qui rend ce roman post apo plus proche de nous.

J’ai adoré l’ambiance de conte de fée et l’utilisation du réalisme magique qui créent comme une bulle. Bulle qui va peut-être éclater puisque la pression extérieur devient explosive.

C’est un roman que j’ai lu petit à petit et j’avais hâte de m’y replonger chaque jour et l’histoire me poursuivait dans la journée. Tantôt c’est la construction de la maison avec tous les aléas, tantôt c’était la transformation de Calme, tantôt pour voir les contradictions chez Elie, tantôt c’était la vie de cette communauté… C’est un roman sur l’évolution. Nos jeunes héros vont sortir de l’adolescence de manière inattendue.

La vision du monde et de la communauté, est bien différentes selon qu’on l’appréhende à travers les yeux de Calme, d’Élie ou de Saule. Calme et Saules sont assez rigide et savent ce vers quoi elles tendent. Élie est entre les deux. C’est intéressant de voir le point de vue des deux filles qui foncent sans douter, mais c’est avec le narrateur Élie que j’ai eu le plus d’affinités parce qu’il tâtonne, il est tiraillé entre les deux extrêmes. Élie c’est le héros au « cœur pur » avec des valeurs de loyauté, d’amour et de vérité. Ils va parfois s’égarer dans cette quête « protéger Calme et les siens » et vivre en paix et harmonie. Entre la nature et les humains, entre sa famille et les autres…

Je vous laisse découvrir la kyrielle de rebondissement qui vont vous faire vibrer.

Ce roman m’a fait penser à certains romans des premières années des Forges, avec ces jeunes qui s’éveillent à la vie et à la conscience politique. Avec des bouleversements engendrés dans la violence pour trouver sa place dans la société. Le temps des choix sincères et profonds, et de l’idéalisme.

La forte présence de la forêt et de la force des légendes n’est pas sans me rappeler « Sorrowland » de River Solomon.

Certains aspects de ce roman m’ont fait penser à « Macha ou l’évasion » ou « Vivonne » de Jérôme Leroy et ma découverte de la « douceur » . Mais on retrouve aussi des éléments des romans post apo.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain de leur confiance.

4 réflexions au sujet de « Avant la forêt »

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