Comme un poisson hors de l’eau

Singeon

Éditions Dargaud, Nov 2023, 72p., 15€

Tout public

Chronique Jeunesse du mercredi

Masse critique Babelio / Dargaud

4e de couv. :
Novembre 2022. Singeon, un auteur de bande dessinée, par définition « casanier », embarque dans une expédition scientifique de trois semaines à Madagascar, à la recherche d’un poisson d’eau douce, le Joba Mena, dont on a cru il y a une dizaine d’année qu’il était une espèce éteinte. Pendant trois semaines, en avion, en jeep ou à pied, Singeon va arpenter les routes malgaches, et nous raconter avec beaucoup d’humour, son aventure de « poisson hors de l’eau » et tout ce qu’il va découvrir sur les poissons de rivière et d’eau douce, les espèces en voie d’extinction et la mobilisation scientifique pour les préserver.

Mes impressions de lecture :

Lorsque j’ai choisi cette bande dessinée pour le masse critique, c’était évident qu’elle s’adressait à des adultes, mais une fois dans mes mains je me sui clairement senti jeune ados quand on lit des aventures au bout du monde. Voilà pourquoi je l’inclue dans mes chroniques jeunesse du mercredi. Chez Dargaud c’est spécifié « Tout public ». Donc les adultes prendrons grand plaisir à suivre cette expédition scientifique. On peut aussi classer cette BD Documentaires. J’ai souri en voyant le nom complet du dessinateur  » Singeon Waters.

Je me suis plongée dans cette aventure des les premières cases. Je ne connaissais pas cette expédition. À la maison on regarde beaucoup de reportages sur ce type d’expédition mais celle-ci n’a pas fait l’objet d’un reportage.

C’est très original d’avoir demandé à un dessinateur de BD non spécialiste du milieu de suivre l’équipe et de retranscrire ce qu’ils allaient faire. On a plus tendance à voir des carnets de voyages des scientifiques ou des reportages vidéos.

Cette BD a plusieurs niveaux de lecture. Nous avons le dessinateur avec son aventure personnelle. On a les scientifiques avec chacun sa spécialité. On découvre les « locaux » que ce soit des scientifiques ou de simples habitants et leur quotidien. Et on a tout ce qui touche à l’environnement, au dérèglement climatique et à la lutte pour la préservation des espèces endémiques.

Les différentes strates de les histoires sont bien imbriquées pour nous faire revivre leur quotidien, leurs questionnements. On suit au jour le jours leurs déplacements, leurs trouvailles, leurs déboires, leur espoirs.

Singeon est témoin de ce qui se passe et en même temps il est dans le rôle du débutant, comme le lecteur, les scientifiques vont lui expliquer ce qu’ils observent, ce qu’ils espèrent, ce qui déjà été fait. ainsi le lecteur comprend ce qu’ils font. Des conversations sont retranscrites pour nous mettre dans l’ambiance d’une telle expéditions. C’est sa première expédition à Madagascar alors il va avoir quelques déboires, en les racontant cela rajoute une dimension humaine qui crée un lien avec le lecteur.

Il y a de l’humour, les personnages (réels) se taquinent, il a su vraiment retranscrire des scènes du quotidien. Il se met lui même en scène, il fait partie intégrante du groupe donc il se dessine. On découvre ce qu’il leur arrive, mais en plus le dessinateur rajoute des astérisques pour ajouter des infos, ainsi que des petites flèches avec des commentaires. Ces petits compléments sont quelque chose que j’apprécie dans les BD cela crée une complicité entre le dessinateur et le lecteur.

Les dessins sont à la fois détaillés et à la fois vifs et on sent bien le mouvement grâce au trait. On différents paysages dont deux qui prennent la page. On a une carte pour nous indiquer où se situe l’action. les personnages sont très ressemblants, on a quelques photos et à la fin du volume, ainsi que quelques croquis préliminaires tracés par Singeon dans se carnets. Il y a aussi un message de Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée et de Charles-Edouard Fusari directeur de l’aquarium tropical.

L’aspect scientifique est passionnant que ce soit sur le financement, les actions politiques entre les pays, les différences culturelles, les actions pour informer et sensibiliser les populations locales, etc. La venue de ses scientifiques étrangers peut aussi redonner une valeur à la faune qui pour les gens n’est qu’un moyen de subsistance. Et montrer qu’un poisson n’en vaut pas un autre et que la disparition de l’un peu entrainer des déséquilibres et d’autres dégâts. On les voit utiliser les systèmes D pour récolter des données. Car il y a le travail de paperasserie, les analyses et il y a le travail de terrain… entre la théorie et la pratique il y a deux mondes, d’autant plus qu’entre l’Europe et l’Afrique il y a des contraintes économiques et sociales différentes.

Comment trouver les espèces recherchées ? on découvre la chaîne humaine qui leur permet de rentrer en contact avec les habitants et les pêcheurs. La récolte des informations sur les changements, il interviews différents protagonistes. Aller au plus près dans les zones où ces espèces ont été repérées en amont. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Ils ne décident pas d’aller patauger à tel endroit au petit bonheur la chance. Et ensuite comment capturer et emporter des spécimens ?

Grâce à cette BD j’ai fait un beau voyage à Madagascar, les différents paysages sont bien représentés et détaillés. C’est une BD qui parle de quotidien loin des hôtels touristiques, on découvre la cuisine locale avec les moyens du bord. C’était une bonne idée de choisir la BD pour communiquer sur le sujet.

Au delà de la disparition de certaines espèces animales locales, qui plus est des poissons, c’est tout le questionnement sur les changements climatiques et des drames qu’ils engendrent qui sont mis en évidence. Les populations locales sont démunies fasse au manque d’eau croissant et leur moyen de subsistance. Le poisson les nourrissait mais c’était aussi leur gagne pain.

Je ne vais pas vous refaire ici toute la chaîne des conséquences, cette BD le fait très bien. Vous pouvez en découvrir les premières pages sur le site des Éditions Dargaud ICI

Je remercie Babelio et les Éditions Dargaud de leur confiance.

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