Padania blues

Nadia Busato

Trad. : Karine Degliame-O’Keeffe

Éditions de la Table Ronde, 2022, 269 p., 22 €

Mes Lectures de la Table Ronde

4e de couv. :

Barbie travaille au salon Hair&Beauty d’Ogno, petite ville de la vallée du Pô perdue au milieu des champs et des usines, où elle est née et a grandi.
Quand Barbie regarde sa mère, elle lui en veut de baisser la tête et d’accepter sans rien dire le retour de son mari après deux ans d’absence. Quand Barbie regarde son père, elle voit un raté scotché devant les interviews du président de la Ligue du Nord. Quand Barbie traverse la nationale perchée sur ses talons, elle s’imagine assistante d’un présentateur télé, ou mariée à un footballeur. Quand Barbie regarde le photographe avec qui elle a couché, elle voit son ticket d’entrée dans le milieu de la mode. Et quand elle se regarde dans le miroir, elle se rappelle ses ambitions. Elle sait se mettre en valeur et saura obtenir des hommes qu’ils l’amènent là où elle veut arriver : loin d’Ogno. Tout ce qui lui manque, c’est de quoi se payer une belle paire de seins.
Alors, quand Barbie regarde le bidon d’essence qu’elle a entre les mains, elle ne voit pas le drame qui approche : elle voit s’ouvrir la porte de sortie.

Nadia Busato, s’emparant d’un fait divers aussi tragique que déroutant, dresse le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui, dont la vision du bonheur se situe à l’exact opposé de sa réalité.

Mes impressions de lecture :

Nadia Busato nous parle de l’Italie d’aujourd’hui mais on pourrait y voir des jeunes gens de n’importe quel pays du moment qu’ils sont en province et qui rêve d’une autre vie que celle de leur lieu de naissance.

L’aspect politico-économique est très intéressant par que cela met en place la toile de fond de cette région de ltalie.

Il y a Barbie et il y a Maicol, le choix des prénoms est déjà un reflet de l’importance de la TV dans la vie des gens. Le culte de la célébrité…

Le culte du corps aussi lorsque c’est le seul atout qu’ils ont. La quête de la perfection esthétique, le corps comme dont on sert pour atteindre son but, le corps dont se servent les autres… pour assouvir des désirs et comme marche pied vers un autre univers.

Ce roman qui se déroule en 2011 avec l’avènement de la TV réalité en plein marasme économique… On n’est pas encore dans le monde des influenceurs (et écoles d’influenceurs… si si ça existe).

Nadia Busato joue avec l’idée de naïveté, quelque soit leur âge, ses personnages qui connaissent pourtant la triste réalité sont suffisamment naïf pour avoir encore des illusions.

En parlant d’illusion, on est dans le monde des apparences, des trompes l’œil et des faux espoirs. Comme s’il suffisait par exemple qu’on ne nomme pas certains actes de prostitution pour que ce soit moins sordide.

Ce qui m’a attiré mon attention dans ce roman c’est la place des « portes », par exemple les portes que l’on ferme pour que les drames familiaux restent dans la sphère privée alors qu’on sait que c’est déjà sur la place publique, par exemple Thérésa et Fausto. C’est la porte que l’ex-amant claque pour fermer le clapé de l’amant quitté. C’est le portail fermé pour bien marquer les territoires. C’est la porte de la réserve du salon de coiffure que Barbie ferme sur son agresseur, C’est la porte du salon que Maicol ouvre pour découvrir le carnage… c’est la porte que l’on ferme pour simuler une effraction etc.

J’ai bien aimé comment Nadia joue avec le temps. Il y a bien sûr cette sorte de compte à rebours avec un an avant »  « un mois avant » «  une semaine avant », mais il y a aussi dans la construction de la narration. Elle raconte un évènement  en quelques paragraphes, puis elle raconte la suite. Quand elle finit de tricoter son récit hop elle défait tout et reprend en allant chercher plus profondément les tenants et les aboutissants de ce qui s’est passé. C’est surprenant parce qu’on se dit «elle a déjà raconté de truc » à oui mais là c’est plus complexe.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance.

Challenge #payetonslip

Challenge 15 K #22.Deux papas

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