Uter Pandragon

Thomas Spok

Éditions Aux Forges de Vulcain, avril 2018, 408 p., 19 €

Mes Lectures Aux Forges de Vulcain

4e de couv. :

Deux frères, Uter et Pandragon, s’affrontent pour reconquérir
le trône de leur père.
Le roi Constant avait trois fils. L’un meurt, et les deux autres, Uter et Pandragon, vivent loin. En leur absence, Vortigern règne sur la Bretagne. Mais son pouvoir fatigue les barons – et les fils de Constant reviennent et tentent de reprendre le trône. Pandragon est un meneur d’hommes et croit en son bon droit. Uter est un aventurier, mû par la vengeance. Peu à peu s’enchaînent batailles et victoires, mais une ombre plane, celle de Merlin et d’une mystérieuse petite fille. Uter et Pandragon sont-ils maîtres d’eux-mêmes, ou les jouets de puissances obscures et merveilleuses ?

Ma chronique :

C’est une période de la « légende arthurienne » que je ne connaissais pas ou si peu.

J’ai été tout de suite séduite par l’écriture de Thomas Spok, assez poétique pour qu’on se retrouve dans ces aventures épiques mais sans être pour autant une parodie d’écrits anciens. Les chants de Mauregause viennent apporter une dimension plus « prophétique » comme les bardes et leur langage poétiques, cela renvoie à une certaines oralité. Les « visions » sont aussi des messages sibyllins mais cette fois-ci on est dans le monde intérieur. L’usage de l’italique pour bien mettre en avant ces passages met en condition le lecteur pour une autre sorte de texte. Le rythme de lecture est alors différent.

C’est un roman avec plusieurs niveaux de lecture. On peut y voir la légende qui a fait passer à la postérité ce nom. Mais bien d’autres histoires.

Prenons par exemple la thématique du voyage, de l’exil et du retour. Ce long cheminement avec ses épreuves et ses embûches, ses rencontres heureuses et malheureuses, c’est une partie plutôt initiatique. Cet ailleurs nécessaire pour mieux revenir avec de nouvelles idées, un nouveau savoir, une nouvelle génération et de nouvelles forces.

On va suivre différentes destinées. Chaque personnage à un rôle à jouer dans cette tragédie et on va les voir évoluer depuis le départ de Bretagne au retour sur les mêmes terres qui elles aussi ont changé.

J’ai beaucoup aimé une caractéristique de plusieurs personnages, celle de la modification pour certains cela va jusqu’à la métamorphose. Des travestissements les font apparaître de manière différente. Les princes et autres reines en guenille pour ne pas qu’on les reconnaisse ou du moins leur rang. Uter utilise plusieurs fois ce stratagème volontairement ou pas. Parfois ils jouent avec les noms aussi notamment comme Ulfin et Mauregause.

J’ai aussi apprécié la présence de la magie, des créatures légendaires qui viennent en contrepoint de la montée du christianisme. On retrouve l’idée d’équilibre des forces, du substrat culturel. Le passé et le présent… Croyances et superstitions qui ont forgé le caractère des peuples de Bretagne et des personnages. On a différentes images du héros en Uter et Pandragon deux facettes différentes de ces terres.

Ce qui pourrait dérouter certains lecteurs ce sont les distorsions du temps entre la chronologie des aventures, les scènes « oniriques » ou « magiques », les souvenirs du passé. Cela ne m’a pas déranger car cela a un sens. Nous avons aussi en quelques phrases des « espaces temps » plus ou moins longs, et des pages pour raconter un événement assez bref. C’est balisé par des séparations « * ».

J’ai aussi beaucoup aimé tout se qui touche à la place du père (ou du substitut) les relations et les interactions, la transmission ou la rivalité. Il y a confrontation entre les générations. Viennent ensuite les relations entre frères (ou sœurs) de sang ou pas. On a ainsi des duos qui s’opposent ou fusionnent pour ne former qu’un.

Les figures féminines sont fortes mais l’absence de figures maternelles ne fait qu’augmenter l’omniprésence du monde masculin combatif et physique.

Les thématiques liées à la chevalerie et autre sont aussi bien évidement présentes.

Si vous me suivez vous savez comme j’adore la thématique de l’eau, alors je peux vous dire que je n’ai pas été déçue. Entre la dame du lac et toutes les images autour des cours d’eau au sang qui coule à flot on va passer de la source de vie à celle de la mort et vice versa.

Dans ce roman on a une forte présence animale. Des animaux sauvages, des créatures magiques ou encore l’animalité (bestialité) humaine.

J’ai failli oublier de vous parler de la couverture. Elle concentre de nombreux éléments essentiels de ce roman. On retrouve notamment les deux frères liés à la manière du yin et du yang, complété par la présence du troisième pilier à savoir le merle qui représente Merlin. Les bannières et les armes on est bien dans l’idée des champs de bataille, avec des combats pour un nouveau règne.

Bon il faut que j’arrête de vous parler de ce roman pour vous laisser le découvrir avec votre sensibilité.

C’est un roman que j’ai lu à petit pas pour bien apprécier chaque moment. Je ne verrai plus de la même façon Merlin et les autres personnages de la légende arthurienne qui ont pris racine dans la période racontée dans ce roman.

Maintenant reste des questions importantes, à quand le prochain roman de Thomas Spok et dans quel univers nous emportera t-il ?

Je remercie les Editions Aux Forges de Vulcain de leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Une réflexion au sujet de « Uter Pandragon »

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