T1 Eustache et Hilda
L. P. Hartley
Trad. : Corine Derblum
Éditions de la Table Ronde, coll. petit Quai Voltaire, fév 2020, 325 p., 14 €
Mes Lectures de la Table Ronde

4e de couv :
Au début du XXe siècle, dans une petite ville anglaise bourgeoise et puritaine du bord de mer, Eustache et Hilda s’abandonnent aux plaisirs des jeux de plage. Eustache, délicat et sensible, est totalement dominé par sa sœur aînée Hilda, maternelle et passionnée. Un jour, Hilda pousse Eustache à aborder l’étrange Miss Fothergill, vieille et défigurée, qui se promène le long de la falaise. Eustache, qui vit dans une sorte de cocon où rien de ce qui est laid n’a sa place, est terrifié à l’idée de cette rencontre. Pourtant, il y sera contraint, et sa vie ainsi que celle de sa famille en seront bouleversées.
Ma chronique :
Je commencerai par vous parler de l’objet livre. J’aime beaucoup cette collection en partie pour son côté esthétique. Les couvertures sur fond blanc avec des illustrations dont on retrouve une déclinaison dans les pages de garde à l’intérieur du livre. Le premier paragraphe d’un chapitre commence par une mini illustration sur le thème. Il y a une certaine souplesse dans le livre ce qui rend prise en main agréable (je déteste casser les livres).
C’est un roman publié la première fois en 1944, mais l’histoire se déroule au début du siècle. Je me suis amusée à chercher des indices pour connaître la date. Il y a ait question de « landau » tirés par des chevaux, et de premières automobiles, il est question de « l’homme de Bornéo » (attraction Barnum ? 1870-1901 ?) il n’y a pas de téléphone, aucune allusion à 14-18… aucune allusion à la royauté, ni aux affaires du pays.
La place des femmes dans cette histoire est un élément important de cette histoire. Nous avons la mère morte en couche. Viens ensuite la sœur du veuf, une demoiselle qui vit chez son frère et qui tiens le rôle de maîtresse de maison. C’est très représentatif d’une certaine époque. Nous avons ensuite Hilda qui se charge en partie de l’éducation morale de son jeune frère, une mère de substitution malgré son jeune âge. La nurse est là pour Barbara mais elle a toute la partie santé et hygiène. Melle Forthergill riche mais invalide, d’une autre génération. Et il y a Nancy, la jeune adolescente écervelée et manipulatrice, grande rivale d’Hilda… Et toute cette gent féminine est là pour « Eustache » chacune a d’une certaine façon la main mise sur ce garçon.
Les rôles masculins ont leur importance, mais leur influence est différente. Avec eux il y a l’aspect financier qui prime et le place dans la société. En bas de l’échelle on a le cocher, puis vient le père d’Eustache Alfred Cherrinton (expert comptable), puis M. Steptoe (riche sans précision) et son jeune fils et le jeune Dick Staveley dont la famille est très riche. Eustache est très impressionnable bien qu’il n’ait aucune notion de l’argent.
« La crevette et l’anémone » est un roman à la troisième personne mais c’est surtout Eustache que nous allons suivre sur un peu plus d’un an. On va voir évoluer de garçon de 9 ans à 10 ans ½, et sa sœur Hilda qui a trois de plus, le bébé « Barbara » est trop jeune pour faire partie du cercle fraternel.
Eustache est un garçon à la santé délicate, faiblesse au niveau du cœur, il va être maintenu dans une sorte de cocon et en même temps chacun essai de l’accaparer. On découvre que cet enfant à une imagination débordante qui lui cause bien des maux de tête. Il pèse le pour et le contre, imagine ce que chacun penserait de tel ou tel acte. Il réfléchit trop. Il s’emballe jusqu’à s’en rendre malheureux. J’ai adoré ses « scénarios» qu’il se fait. Il est touchant dans ses ratiocinations. Il y a toute la naïveté de l’enfance protégée.
J’ai bien aimé la langue, le côté un peu suranné, le choix des mots. Je ne saurais dire si c’est dû au travail de la traductrice mais en tout cas le résultat m’a plu.
Il y est beaucoup question de sentiments, de sa nature profonde et de tout ce qui vient l’influencer. Tout le monde n’est pas bien intentionné et il n’est pas toujours questions de bons sentiments, il y a des cruautés, rivalités et autres manipulations.
On sent dans les premières scènes d’enfance qu’on est sur la fin d’un cycle qu’un changement est en train d’amorcer un élan vers la sortie de l’enfance. On est au cœur de l’été cela contribue à installer cette atmosphère. Par moment on a des ascensions émotionnelles qui laissent présager qu’un drame se prépare. Lequel on ne sait pas. Cela crée un certain suspens et des tensions palpables.
J’espère que les deux autres tomes de la trilogie sont en cours d’impression car j’ai hâte de voir ce que les personnages vont devenir.
Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance.

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