Deux hommes dans les confins

Robert Sheckley

Éditions Argyll, avril 2024, 195 p., 17,90 €

Mes lectures Argyll

4e de couv. :

Besoin d’une terraformation, d’une purification d’atmosphère, d’un assainissement d’écosphère ? Arnold et Gregor sont là pour résoudre les problèmes rencontrés par les nouveaux pionniers humains à travers la galaxie. Le premier est chimiste de formation, le second écologue. L’un est aussi extraverti et imprudent que l’autre est neurasthénique et précautionneux. Ensemble, ils ont fondé, avec plus de bonne volonté que de moyens, la société « AAA Les As de la Décontamination Planétaire ».
Esprit d’entreprise et caisses perpétuellement vides les poussent à accepter les missions les plus délicates, voire les plus impossibles. Rien ne saurait pourtant entamer l’ingéniosité et la débrouillardise des deux compères, qui devront redoubler de ruse et d’habileté pour se tirer de mésaventures dans lesquelles le cocasse le dispute au loufoque.

Mes impressions de lecture :

Je vous avait déjà parlé du recueil de nouvelles « Le temps des retrouvailles », il y a deux ans ! comme le temps passe vite! ou est-ce que la notion de temps avec la SF n’a pas la même valeur ? j’ai gardé de ce recueil une très bonne impression et quelques images drôles (dans tous les sens du terme). En commençant « deux hommes dans les confins » j’ai eu l’impression d’une continuité.

J’ai plongé directement dans les histoires et je me suis crue dans un roman avec à chaque chapitre une aventure de nos deux héros qui s’achève par une chute, c’est à dire qu’on finit avec avec une conclusion amusante, surprenante. Avant de comprendre qu’il s’agissait de nouvelles qui mettent en scène les aventures d’Arnold et Gregor. Tout est bien expliqué mais les histoires s’enchaînent tellement bien que cela crée un bel ensemble et j’aurais voulu que cela continue. Si je ne devais garder qu’une idée, c’est une belle histoire d’amitié entre deux hommes qui se complètent.

Cette jeune entreprise sans moyens va prendre souvent des contrats refusés par d’autres compagnies. Il y a un côté très américain dans cet entreprenariat, le côté tout est possible, on peut partir de rien. Ainsi que ce qui touche aux « contrats ». Financièrement ils retombent plus ou moins bien sur leurs pieds. Ils se laissent souvent entrainer par leur enthousiasme chacun avec une approche différente.

Dès la deuxième histoire on se dit « qu’est qui va leur arriver ? » , « dans quoi va les embarquer Arnold et ses contrats ? », « que va subir Gregor ? » Ils ont un côté « trop enthousiaste » qui frôle souvent la naïveté.

La dynamique de groupe est dans ce roman (lapsus révélateur) et cela depuis l’enfance des deux personnages (d’après ce que l’on en sait) Arnold a les idées et Gregor est sur le terrain et les exécute. Bien sûr Gregor prend des initiatives et résous les problèmes au fur et à mesure qu’ils lui tombent dessus, avec le soutien d’Arnold. On n’est pas avec la tête d’un côté et les jambes de l’autre, mais Arnold est le plus intrépide tout en laissant l’action à Gregor. Arnold n’abandonne jamais son ami même s’il le met dans des situations impossibles.

Ce que j’aime dans la façon de raconter de Robert Sheckley c’est qu’il ne se perd pas dans des descriptions et des créations d’univers avec des détails. On sait qu’il y a des planètes avec des configurations spécifiques, des créatures en tout genre, qu’on peut voyager de l’un à l’autre avec des engins. S’il donne des détails, c’est parce que c’est en rapport avec l’aventure. Je pars du principe que ce déplacer d’une planète A à une planète B prendra tant de temps, c’est comme une extension de notre vie. La vraisemblance est un accord tacite entre l’écrivain et le lecteur. On est dans l’aventure.

On va découvrir des planètes avec des particularités, des univers parallèles qui ont des interactions entre eux, des créatures bien singulière (notamment un chou qui communique par télépathie ! si si).

Un recueil de nouvelles sur l’amitié et la confiance en soi et en l’autre.

Ce livre n’est pas une simple compilation de nouvelles qui mettent en scènes les deux personnages. Il y a un beau travail éditorial pour retrouver dans l’œuvre de Robert Sheckley qui semble très éparpillée. Une préface de Philippe Curval, que j’ai lu après pour ne pas avoir de révélations et une postface de Leo Dhayer très instructives suivie d’ un entretien entre Robert Sheckley et Philippe Curval avec des références qui complètent les propos de l’auteur (certaines renvoient à des nouvelles que j’ai lu dans « Le temps des retrouvailles »). Et pour finir des notes de l’auteur. J’ai d’autant plus apprécié que mes connaissances en Sciences Fictions sont assez légères, c’est très enrichissant.

Je vous laisse découvrir ce que les personnages vont découvrir. En fermant ce livre j’ai un pincement au cœur car je n’aurais plus ma dose de bonne humeur ! Arnold et Gregor me manquent déjà !

Je remercie les Éditions Argyll de leur confiance.

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