Qui touche à mon corps je le tue

Valentine Goby
Folio, 2010, 144 p.,

Parlons Livres 66

4ème de couv :
 « Marie G., faiseuse d’anges, dans sa cellule, condamnée à mort, l’une des dernières femmes guillotinées. 
Lucie L., femme avortée, dans l’obscurité de sa chambre.
Henri D., exécuteur des hautes œuvres, dans l’attente du jour qui se lève.
De l’aube à l’aube, trois corps en lutte pour la lumière, à la frontière de la vie et de la mort. »

Valentine Goby.

Ma Chronique

Le thème proposé en ce mois de mars 2015, n’est pas un thème inconnu pour moi. Il se trouve que depuis le début de l’année j’ai lu trois autres livres forts où l’état de femme est au centre de l’intrigue.(1)

« Qui touche à mon corps je le tue » avec un tel titre on entre déjà dans vif du sujet. Au fils des vies qui se dévoilent on va découvrir se qui se cache derrière ce titre.
La femme, son corps et son esprit, parfois on lui nie l’un ou l’autre voir les deux et plus encore.
La thématique de cette lecture commune était un titre avec un prénom ou que cela parle de la femme. J’ai choisi ce roman car c’est un livre que j’ai essayé de lire à plusieurs reprises et que j’ai du reposer car ce n’était pas le moment. Aujourd’hui, c’était le bon moment semble-t-il… ne vous y trompez pas il est assez bref, mais vous le reposerait de temps en temps car il est intense, il vous prend au ventre … Valentine nous emporte dans des émotions fortes.
Il ne s’agit pas d’un livre qui traite sur pour ou contre l’avortement, les deux positions seront présentes, Valentine Goby va au-delà de ce clivage.
On a trois personnages que rien ne laisse présager que leurs destins se croiseraient. On a Lucie L. celle qui veut avorter, Marie G. la faiseuse d’ange, et Henri D. l’exécuteur des Hautes Œuvres … et la mort qui rode dans ce Paris sous occupation Allemande.
Valentine Goby va nous raconter trois parcours différents mais où il est question de rapport à la mère et des conséquences sur leur avenir. Ils ont tous trois des failles et blessures émotionnelles et psychologiques.
Valentine Goby a choisi de montrer l’évolution et ne s’est pas contenté de dire « ils sont comme ça aujourd’hui parce qu’ils ont vécu ça durant leur enfance et jeunesse », c’est plus complexe.
Elle nous parle des meurs en France fin XIX début XX siècle. Elle nous remets dans le contexte… l’histoire se termine le 30 juillet 1943.
La notion de classe et position sociale a une grande importance. Par exemple :
La bonne à tout faire dit qu’elle est blanchisseuse.
Le bourreau crée une entreprise de cycle pour ne pas dire à son fils qu’il est exécuteur officiel.
Les thématiques touchant à la propreté et de la souillure sont omniprésentes.
Les trois personnages se voient comme des êtres transparents qui s’effacent…
La mère de Lucie L. tisse la laine.
Les parents d’Henri D. travaillent dans une usine de bonneterie, et tissage industriel.
Et Valentine Goby tisse des scènes qui racontent alternativement les souvenirs de chaque personnage.
Il est beaucoup question de couleur et de lumière dans ce roman.
L’écriture de Valentine Goby nous entraîne dans l’intimité de ses personnages qui ont plus ou moins existé dans la vraie vie.
Chacun à leur manière ont recherché que leur vrai Moi soit révélé pour se sentir exister. Valentine Goby leur donne corps, un corps, leur corps et leur âme vont rentrer en symbiose. 
(1) « La garçonnière » Hélène Gremillon (auteur de « le confident ») –  « Le gardien invisible »  Dolores Redondo – « Jeanne » Patrick Da Silva

Article précédemment publié sur le blog Parlons livres 66, mon ancien club de lecture.

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