Saint Jacques

Bénédicte Belpois

Folio, mai 2022, 192 p., 7,60 €

Mes lectures Folio

4e de couv. :

« On ne perçoit pas consciemment comment certaines personnes vous manquent avant de les connaître, on devine juste, une fois qu’on les a rencontrées, qu’on ne pourra plus jamais vivre sans elles. »
À la mort de sa mère, Paloma hérite d’une maison abandonnée et chargée de secrets, au pied des Cévennes. D’abord décidée à s’en débarrasser, elle choisit sur un coup de tête de s’y installer et de la restaurer. C’est ainsi qu’elle rencontre Jacques, un charpentier de la région. Son attachement naissant pour lui réveille chez Paloma, qui n’attendait plus rien de l’existence, bien des fragilités et des espoirs.

Mes impressions :

J’ai choisi ce roman pour son décor, on est dans les Cévennes pas très loin d’Alès. C’est un une région qui me plaît. La quatrième de couverture laisse aussi présager que la thématique de « la maison » et celle du « deuil ».

Ce qui m’a tout de suite interpellé c’est la façon dont la narratrice s’adresse à un être absent. On comprend vite qu’elle s’adresse à ce fameux Saint Jacques. Mais qui est-il ?  que lui est-il arrivé ? On ne le découvrira que plus avant  donc je ne vous en dit pas plus.

D’entrée on découvre que Paloma a des relations négatives  avec sa mère décédée et par ricoché avec sa sœur. L’ouverture du testament va bouleverser la vie de Paloma. Elle hérite un cahier et une maison près d’Alès.

On va donc avoir les écrits de la mère qui vont s’intercaler avec la narration. On va découvrir le secret de famille. On va comprendre pourquoi ça se passait mal avec sa mère et sa sœur.

Ce secret s’accompagne aussi de toute la thématique sur la notion de la non-maternité, de la féminité. Sa mère va être être très honnête, c’est ce qui m’a plu. Elle ne va pas se chercher des excuses.

Paloma va devoir vivre avec ces découvertes. Et reconstruire sa vie intime. Le secret de famille n’est pas extraordinaire  mais il va expliquer certains comportements qui ont eu des conséquences sur l’éducation de Paloma.

J’ai beaucoup aimé la construction du roman et la voix de Paloma.

Paloma est un personnage très lumineux qui va savoir attirer des êtres isolés. J’aime beaucoup cette thématique de la famille-tribu.

Je ne connaissais pas l’autrice, la lecture de ce roman m’a donné envie de lire son précédent roman « Suiza ».

Avez-vous lu un de ces deux romans ? Qu’en avez-vous pensé ?

Je remercie Folio de leur confiance.

La gitane aux yeux bleus

Mamen Sánchez

Trad. Judith Vernant

Folio, mars 2022, 373 p., 8,70 €

Mes lectures Folio

4e de couv. :

À Madrid, Soleá et ses collègues du magazine littéraire Librarte viennent d’apprendre une terrible nouvelle : Atticus Craftsman, le fils d’un riche éditeur londonien, débarque d’Angleterre pour fermer leurs bureaux, jugés trop peu rentables. Heureusement, les cinq salariées de la petite revue échafaudent une stratégie. Quand l’inspecteur Manchego, quelques semaines plus tard, est informé de la disparition du jeune et bel héritier, il ne peut imaginer l’affaire rocambolesque dans laquelle il met les pieds…

Mes impressions de Lecture :

Je n’avais pas entendu parler de ce livre lorsqu’il est paru en 2020 en grand format. Lorsque Folio me l’a proposé je n’ai pas pu résister d’autant que c’était pour le mois « mars au féminin » #marsaufeminin. J’ai supposé que le fait que l’autrice soit une journaliste de magazine poeple laissait présager que son histoire serait ancrée dans un présent féminin.

J’ai découvert que ce roman s’intitule « La felicidad es un té contigo » (Le bonheur c’est un thé avec toi) , un titre bien feel good… Alors que le titre français met l’accent sur la femme singulière qui va bouleverser la vie d’un anglais bien rangé. Qui dit Gitane de Granada pense à Carmen la séductrice, mais Solea a les yeux bleus, et ça change tout !

J’ai bien aimé la construction du roman. L’autrice joue avec deux temporalités. Nous débutons alors que Atticus a disparu, puis on aura une autre narration qui va se glisser dans cette enquête au présent. Le lecteur va connaître la vérité sur la disparition du jeune anglais.

Sous fond léger de feel good urbain on a des préoccupations socio-économiques qui touchent les femmes espagnoles. Le rôle de la famille, la jeune fille qui monte à la capitale pour aller de l’avant. Ce paradoxe entre modernité et tradition. La sororité et l’entraide féminine. Mamen Sánchez parle de  « sorcière ».

 « Ce dimanche matin, ce ne fut pas une réunion entre cinq femmes civilisées qui se tint dans les bureaux de Librarte, mais un sabbat entre cinq sorcières déchaînées usant de mauvais sorts et de magie noire pour tenter d’échapper à la malédiction qui s’abattait sur elles. »

On a une grande variété de personnages féminins, de tout âge et de tout milieu. Chacune avec ses préoccupations. On a entre autre la mère d’Atticus qui doit gérer son agenda « vie social » et son inquiétude face à la disparition de son fils. On a celle qui est mère et qui veut rester femme aussi. On a celle qui veut devenir mère. Cela va de la jeune fille à la veuve…

Il y a des moments tendres et touchants, voir révoltants mais l’humour n’est jamais très loin.

J’ai beaucoup rit avec cette caricature de policier, l’inspecteur qui essai de coller à l’image du policier américain et qui oblige son équipe à jouer au poker et boire du whisky. Pour lui c’est la classe. Et c’est touchant de voir son équipe faire semblant pour lui faire plaisir.

J’ai aussi rit en voyant Atticus demandant un sandwich Saumon-fromage frais dans le bistrot du coin et finir avec des gambas-bière et autres tapas.

Le choc des cultures entre les anglais avec une culture littéraire (familles d’éditeurs) faisant partie des nantis et dégageant une froideur so british et les espagnols issus du milieu populaire avec le cœur sur la main. Sans parler de la différence de langage.

L’autrice c’est beaucoup amusée avec les noms ou surnoms des personnages. Aller surnommer l’inspecteur « Manchego » et il en ait fier ! d’accord ça peut passer pour une référence à Don Quichotte. Et pour les noms anglais on a quand même un Bestman… Marlow Craftsman pour un éditeur qui ne fait rien avec ses mains, Marlow je pense au détective (rien à voir lol). Les personnages espagnols sont incapables de les prononcer comme il faut…

Une bonne lecture qui va vous entraîner dans le vieux quartier de l’Albaicin et des histoires rocambolesques.

Je vous souhaite une bonne lecture.

Qui en parle ?

Des pages et des îles

Light and Smell

Le sanctuaire

Laurine Roux

Folio, 3 fév 2022, 143 p.,

Mes Lectures Folio

4e de couv. ;

« Chaque matin je me lève à l’aube, quand les brumes de la vallée trempent le pied de la montagne. La veille, Maman a allongé le fond de soupe laissé sur le poêle ; j’en remplis une gourde, puis me barbouille le visage de cendres et décroche mon arc. Avant de sortir, je pose un baiser sur son front. Des notes d’amande et de reine-des-prés s’échappent de ses cheveux. »

Gemma, sa sœur et leurs parents ont trouvé refuge dans un chalet de montagne isolé. La famille vit depuis des années à l’abri d’un virus qui a décimé la quasi-totalité de l’humanité. Gemma, née et élevée dans ce « Sanctuaire », obéit aux lois imposées par son père. Elle a apprivoisé chaque recoin de son territoire, devenant une chasseuse hors pair. Mais ces frontières imposées commencent à devenir trop étroites pour l’adolescente…

Mes impressions de lecture :

Je ne sais pas si c’est moi qui attire ce genre de lecture ou si ce genre de lecture m’attirent en ce moment. Ce n’est pas tant l’aspect « effondrement du monde » que les liens qui se tissent  dans la communauté qui m’intriguent.  Huis clos au milieu de la nature sauvage. On retrouve la notion d’île terrestre, protection ou prison. « les arbres sont nos barreaux » dit June. L’importance du titre, il évoque bien des choses, lieu sacré qu’il ne faut profaner, ni souiller…dans lequel on ne pénètre pas impunément…

C’est un sujet maintes fois traités, cependant je suis toujours curieuse de voir comment l’auteur va jouer sur le point de bascule. Ici le roman est bref donc on va aller direct au sujet. On sait juste qu’il faut exterminer les oiseaux qui sont porteur de la maladie. Les tuer et les brûler.

Dans ce roman on a l’opposition ville/ nature sauvage. Organisation calculée et orchestré. L’ordre pour éviter le désordre et le chaos. Tout est sous contrôle ou presque…

On n’est pas dans un post-apo à proprement parlé. On ne va pas partir sur comment la terre par en vrille et comment survivre. On est dans une famille au milieu des montagnes, le lieu importe peu. Cela fait une bonne douzaine d’année qu’ils ont trouvé leur rythme de vie. Ils sont arrivés là avec une petite fille et une autre est née sur place. C’est elle la narratrice.

Gemma n’a jamais connu la ville et la vie en société, elle ne connait que la loi de son père et la douceur de sa mère. La mère et la sœur ainée font des allusions au monde passé dans le dos du père.

La question qui nous vient tout de suite c’est : laquelle des deux filles va craquer avant ? La grande a la sexualité plus avancée ou la petite au caractère bien trempé.

Je ne vous le dirais pas laquelle, je vous laisse découvrir transgressera les limites établies.

Je vous dirais juste que j’ai aimé comment  Laurine Roux a amené l’élément déclencheur et ce que cela a engendré.

Certains moments font penser à des renaissances. Il y est questions de passages souterrains, sombres et humides où certains personnages voient leur vision de la vie changer.

Il  n’y a pas que pas de les chemins qui soient sombres, il y a aussi la violence qui couve sous la cendre et qui ne demande qu’à exploser.

Je vous souhaite une bonne lecture. J’ai beaucoup apprécié cette lecture pour les sujets abordés et pour la concision de l’écriture qui est censée représenter la parole et les pensées d’une adolescente coupée du monde.

Je remercie Folio de leur confiance.

Encabanée

Gabrielle Filteau-Chiba

Folio, 6 janv 2022, 128 p., 7 €

Mes Lectures Folio

Rentrée Hiver 2022

En librairie le 6 janvier 2022

4e de couv. :

Lassée par un quotidien aliénant, Anouk quitte son appartement de Montréal pour une cabane abandonnée dans la région du Kamouraska, là où naissent les bélugas. « Encabanée » au milieu de l’hiver, elle apprend peu à peu les gestes pour subsister en pleine nature. La vie en autarcie à -40 °C est une aventure de tous les instants, un pari fou, un voyage intérieur aussi. Anouk se redécouvre. Mais sa solitude sera bientôt troublée par une rencontre inattendue…

Mes impressions de lecture :

L’histoire débute le 2 janvier alors j’ai eu envie de publier mon avis le 2 janvier… il sera en librairie le 6 janvier.

Ce roman m’a fait penser à certaines publications des Éditions de la Peuplade. Je ne connaissais pas cette autrice, ni la maison d’éditions « le mot et le reste » où le texte était publié auparavant, d’où l’intérêt de la réédition dans un petit format, folio permet une diffusion plus large.

La couverture de l’édition Folio nous mets tout de suite dans l’ambiance. C’est dépaysant !

Le froid ce n’est pas pour moi et j’étais bien contente de le lire au chaud par une belle journée ensoleillée de décembre. La narration débute le 2 janvier par -40 °c au nord du Canada.

Ce roman est un mélange de récit fictif entrecoupé  d’extraits de journal intime. On a l’impression que c’est Gabriel Filteau-Chiba qui a vécu cette expérience tellement on est dans l’ordre de l’intime.

On suit au plus près l’aventure d’ Anouk. Il n’y a pas de filtre. Cette jeune femme dit ce qu’elle fait et ce qu’elle ressent au quotidien. Petit à petit on découvre pourquoi elle est venue s’encabaner et vivre en ermite.

Il y a un paradoxe entre cet élan vital qui l’a mené  à quitter la grande ville et son travail et cette expérience où elle flirte avec la mort. On pourrait parler d’épreuve. Dans cette vie qu’elle a choisie la frontière entre la vie et la mort est ténue.

Elle est passée d’un extrême à l’autre, du bruit au silence, de la vie sociale à la solitude. Mais dans les deux cas elle était en danger.

La narratrice aborde des sujets actuels qui touchent le nord Canada mais aussi la planète. Des sables bitumeux au réchauffement climatique, de la surconsommation à l’activisme.

J’ai beaucoup aimé la progression dans ce qu’elle ressent au jour le jour, ses doutes, ses craintes, ses faiblesses et sa volonté.

Dans la narration il y a beaucoup de références culturelles, c’est le substrat qui lui permet de vivre, se rappeler de poèmes, de chansons, de textes etc.

J’ai aimé vivre les émotions fortes de cette narratrice, on se demande si on n’est pas dans la chronique d’une mort annoncée. Va-t-elle survivre ? S’en sortir indemne ?

Les derniers rebondissements relancent l’histoire…

Je remercie Folio pour cette découverte.

Cycle de Syffe T3. Les chiens et la charrue

Patrick K.  Dewdney

Au Diable Vauvert, 9 sept 2021, 648 p.,23 €

Mes lectures Au Diable Vauvert

cycle de syffe 3 les chiens et la charrue

4e de couv. :

« C’est le moment de vous plonger avec délectation dans cet incroyable cycle multirécompensé et appelé à devenir un classique français du genre. » Sylvie Loriquer, Libraire L’Attrape-cœurs

Mes impressions de Lecture :

J’ai eu le plaisir de lire les trois tomes d’affilé et bien m’imprégner de l’univers du Cycle de Syffe. J’ai couru dans les forêts avec Syffe, plongé dans l’eau froide, aimé et souffert, reçu et donner des coups dans les rixes et les batailles… Heureusement que c’est virtuel car je ne suis pas taillée pour tout cela !

J’ai suivi une présentation de la rentrée sur VLEEL  très intéressante qui montre l’enthousiasme communicatif des éditeurs.

J’ai lu le tome 1 et 2 grâce à Folio la lecture a été agréable malgré le nombre de pages élevé, mais lire ce troisième tome chez Au diable Vauvert c’est autre chose. On retrouve les illustrations en début de chapitre. Les extraits de textes fictifs nous donnent des éléments dont Syffe n’a aucune connaissance au moment des faits. C’est aussi un moyen pour l’auteur de jouer avec d’autres types d’écriture.

Si vous avez lu  il y a fort longtemps les tomes 1 et 2 ou si vous entrez directement avec ce troisième tome les premiers chapitres vous donnent beaucoup d’information de ce qui l’a conduit là, on peut donc continuer la suite des aventures.

Nous avions laissé Syffe dans le tome 2 dans un état émotionnel qui pouvait laisser craindre le pire. C’est donc un jeune homme qui doit son existence qu’à l’instinct de survie.

Ce troisième tome se déroule de « début l’an 633 hiver Lune de taille » à « début de l’an 634 Printemps, Lune des pluies », on a donc une profusion de scènes et d’informations.

Syffe est toujours aussi tourmenté par ses fantômes du passé, il a vingt ans et semble avoir vécu mille vies. Je me suis attaché à ce personnage à ses questionnements. Il continue son apprentissage au milieu des intrigues politiques dont il ne maîtrise que peu de chose.

Nous allons découvrir de nouveaux personnages et en retrouver certains. L’histoire évolue et le personnage aussi.

Ce roman, la série,  à la première personne semble être des mémoires même si on est au présent et au cœur de l’action. On a donc beau savoir que le narrateur/héros fait partie de la longue série et donc ne peut mourir on est tout de même inquiet pour lui. Dans quel état va-t-il finir ?

J’ai pris plaisir à découvrir toutes les aventures que Syffe va vivre. D’autant que les thématiques des quatre éléments (mes thèmes de prédilection) sont très importantes dans le cadre dans lequel se déroule cette histoire. La nature a une place primordiale, ainsi que la nature humaine et autre.

C’est dans une série de longue haleine que Patrick K Dewdney nous entraine et il sait ménager des pauses et jouer avec les multiples rebondissements. Il joue sur les actions et batailles et sur l’aspect plus politique. La fin laisse présager d’autres découvertes.

C’est avec impatience qu’il me faudra attendre la suite des aventures dans un an ou deux !

Je remercie les Éditions Au Diable Vauvert pour ce partenariat.

A bientôt, je vous laisse découvrir…

Voir aussi sur ce blog

Cycle de Syffe T2. La peste et la vigne

Patrick K. Dewdney

Folio, 9 sept 2021, 707 p., 10,30€

Mes lectures Folio

syffe 2

4e de couv. :

Adolescent sans famille, Syffe est réduit à l’esclavage, dans une époque de tourments et de grandes épidémies. Lorsque la peste s’abat sur les mines où il est prisonnier, il trouve l’occasion de prendre la fuite. Une seule idée l’obnubile, retrouver Brindille, son amour d’enfance, captive des énigmatiques Feuillus. Son périple mouvementé au travers des Primeautés de Brune le conduira à se faire tour à tour instructeur, vagabond et mercenaire, tandis qu’il assiste, impuissant, aux tourments d’un pays déchiré par la guerre civile.

Mes impressions de lecture :

Cet été Folio et les éditions Au diable Vauvert m’ont permis de lire les deux premiers tomes sortis chez folio et le tome 3 en grand Format chez au Diable Vauvert. Quel plaisir d’enchaîner ainsi les trois premiers tomes.

Si vous avez lu le premier tome il y a quelques temps, pas de soucis le narrateur revient sur son passé dans les premiers chapitres. Pour ceux qui entrerons directement par ce tome ils pourront aisément commencer mais aurons des informations qui dévoileront les tenants et les aboutissants.

Nous retrouvons notre jeune Syffe 15 ans esclave, et en l’espace de quelques chapitres trois ans se seront déroulé. Le narrateur ne s’attarde pas sur ces années là. Il raconte les moments clés de ces années. Les rencontres éphémères. C’est un peu comme s’il ne voulait pas s’attacher à de nouveaux êtres voué à une mort rapide. Je ne vous dévoile rien dès les premières lignes on sait que c’est une vie inhumaine qu’il va connaître pendant ce temps. Il en dit suffisamment pour que l’on se rende compte qu’il a grandit et appris de ces expériences malheureuses.

Patrick K. Dewdney joue avec les notions de temps. On peut passer de trois passèrent à la description de journées avec des détails qui peuvent avoir leur importance. Par exemple il va nous détailler la progression de la maladie et ses effets, où comment Syffe va constituer son paquetage.

Le temps c’est aussi les fantômes du passé qui viennent hanter notre héros isolé et « sans passé ». il s’autocensure dans ce qu’il peut dire de sa vie.

La nature va avoir son importance. L’espace clos de ce qui semble à ne île (c’est ma sensation au début), de ce lieu presque coupé du monde. Viens s’ajouter les mines ou la forêt, les baraquements entourés de palissades. Montagnes et forêts on est plutôt dans le minéral et le végétal et donc les couleurs vont de paire. Cela pourrait paraître anodin mais cela crée une ambiance particulière d’être dans la terre et les racines.

Vous connaissais ma petite faiblesse pour l’eau… elle est présente dans la neige, les torrents, elle a le goût minéral des roches, même elle est liée au minéral.

Ce livre se divise en quatre parties, nommées livres, avec des extraits de textes, une carte. Puis une page titre aussi avec une illustration encre de chine. Les titres sont très évocateurs : Début de l’an 631, Printemps, Lune des Pluies ; Milieu de l’an 631, été, Lune tranquille ; Milieu de l’an 632, Printemps, lunes des feuilles ; Milieu de l’an 632 Été, Lune des Moissons.

C’est une série à la première personne, on a donc la version de Syffe et donc son ressenti et son point de vue. Ce personnage se donne des buts dans la vie pour « survivre » et retrouver ici Brindille. Durant une grande partie de ce tome on est dans cette quête intime. On se doute que le personnage va survivre mais les épreuves vont laisser des traces. Dans quel état va-t-il finir ce tome ?

Ah la fin !!!! je plains les lecteurs qui ont dû attendre la suite… j’ai la chance de pouvoir enchaîner mais qu’en sera-t-il après le troisième tome qui sort en grand format aujourd’hui aussi ?

A bientôt pour le troisième tome.

Je remercie Folio de leur confiance.

Cycle de Syffe T1. L’enfant de poussière

Patrick K. Dewdney

Folio, sept 2020, 800 p., 10,30 €

Mes lectures Folio

En librairie le 3 septembre 2021

4e de couv. :

La mort du roi et l’éclatement politique qui s’ensuit plongent les primeautés de Brune dans le chaos. Orphelin des rues qui ignore tout de ses origines, Syffe grandit à Corne-Brune, une ville isolée sur la frontière sauvage. Là, il survit librement de rapines et de corvées, jusqu’au jour où il est contraint d’entrer au service du seigneur local. Tour à tour serviteur, espion, apprenti d’un maître-chirurgien, son existence bascule lorsqu’il se voit accusé d’un meurtre. En fuite, il épouse le destin rude d’un enfant-soldat.

Mes impressions de lecture :

J’ai enfin lu l’enfant de poussière. J’avais remarqué sa sortie aux Éditions Au Diable Vauvert, mais il aura fallu attendre la sortie chez Folio et ce partenariat pour me plonger dans cet univers créé par Patrick K. Dewdney. Pour la petite info, le tome 2 sort le 9 septembre chez Folio, et le Tome 3 au Diable Vauvert aussi en septembre… et je suis en pleine lecture…

C’est un roman fantasy adulte surprenant car le héros est longtemps enfant. L’histoire débute avec cet enfant Syffe qui a 8 ans. On le voit évoluer lentement. Ce n’est pas un héros qui doit accomplir une quête.

D’entrée on se plonge dans le monde de Syffe orphelin et sang mêlé, débrouillard mais encore enfant. C’est lui le narrateur.

Au début, on le voit vivre avec ses compagnons orphelins avec ses compagnons orphelins dans la ferme de la Veuve Tarron, sorte de mini orphelinat. Ils sont livrés à eux même durant la journée, ils se débrouillent pour trouver à manger. Bien que la situation soit ‘triste », on est dans ce quotidien d’entraide, avec l’amitié, l’amour et les rivalités à la hauteur de ses 8 ans, de tous ces compagnons d’infortune. Que ne ferait-il pas pour l’amour de Brindille !

J’ai beaucoup aimé découvrir Corne brune et ses environs et leurs coutumes à travers leurs discussions.

Syffe est le personnage principal, il ne peut donc pas juste vivre dans les bois et les alentours en tant qu’orphelin chapardeur. On va le voir commettre des actes qui lui permettent de faire des rencontres. C’est ainsi qu’il devient informateur de Hesse… il apprendra des choses… et plus tard il avancera dans sa vie par étape.

J’ai aimé la notion de frontière ville/forêt, hauteur et cuvette. Syffe lui navigue entre tous les clans, il se fond dans les impasses sordides… partout le danger est présent.

Des enfants qui disparaissent, un mort que Syffe découvre et l’atmosphère s’alourdit, la suspicion, la méfiance et Syffe guette.

La description des différents lieux est faite grâce à des actions quotidienne alors on a quelque chose de très visuel.

Il ya beaucoup de mouvement mais avec des rythmes différents et Syffe avec son esprit vif tente de s’adapter pour passer inaperçu, et chemin faisant nous raconte tout cela.

J’ai beaucoup aimé les différents niveaux de langage pour bien nous situer dans les différents groupes sociaux, et la différence d’âge.

Le thème du tatouage est très intéressant. La scène du premier tatouage est très belle.

Je me suis demandé pourquoi Partick K. Dewdney approfondissait tant les détails, l’histoire est constituée de petites scènes qui donnent l’impression d’une vaste mise en place. J’ai appris qu’en fait cette série est prévue avec 7 tomes.

Je vous laisse découvrir les aventures et mésaventures de Syffe.

Je remercie Folio de leur confiance.

A bientôt pour le tome 2…

En librairie en Septembre 2021

Elmet

Fiona Mozley

Trad. Laetitia Devaux

Folio, 8 avril 2021, 320 p, 8,10€

Mes lectures Folio

4e de couv. :

« Le sol regorgeait d’histoires brisées qui tombaient en cascade, pourrissaient puis se reformaient dans les sous-bois de façon à mieux resurgir dans nos vies. »
John est venu s’installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans le Yorkshire rural où était née leur mère. Ils y construisent une petite maison, bordée par la forêt et la voie ferrée. Dans ces paysages tour à tour désolés et enchanteurs, les deux enfants grandissent en marge des hommes, chassant pour se nourrir et recevant, pour toute éducation, quelques leçons d’une voisine. Mais un gros propriétaire terrien, Mr Price, menace de les expulser si John refuse de passer à son service. Ravivant un passé trouble, ce chantage déclenche dans la région un crescendo de violence. Jusqu’où John ira-t-il pour protéger les siens ?

Mes impressions de lecture :

C’est un roman où les personnages sont étranges. Cette famille qui se coupe du monde et non pas au fin fond de l’Amérique, non une forêt anglaise, cette proximité géographique donne l’impression que c’est à côté de chez nous. On nous explique bien l’origine de cette mise à l’écart du reste du monde, on peut comprendre le père. L’autre fait troublant c’est la proximité temporelle c’est aujourd’hui.

On est loin de l’image de l’Angleterre touristique. C’est l’Angleterre des laissés pour compte.

C’est un roman à la première personne, c’est Daniel, 13 ans, qui raconte. Mais il y a souvent le « Cathy et moi », Cathy a 15 ans et c’est sa sœur. Il y a la présence imposante du père et l’absence totale de figure maternelle. Sauf si on considère Vivien comme la figure féminine.

Il y a  à la fois la quête de sécurité et le danger sous-jacent. Cette forêt joue presque le rôle de l’île celle qui protège en les coupants du monde ou qui devient le piège, une prison.

Le contraste aussi réside dans ce père qui par ses activités met en danger ses enfants alors qu’il veut les préserver.

On va découvrir en même temps que Daniel des personnages singuliers, inquiétants, des histoires entourées de violence. Cela crée une certaine ambiance étrange. Une histoire qui tient en haleine le lecteur.

Il est question de corps et de terre. C’est bien plus que le thème des racines. Le père est tout en muscle, Cathy devient femme, Vivien à des problèmes de hanches…

La thématique de la forêt est très importante non seulement comme environnement mais aussi comme symbole. D’autres éléments symboliques sont présents qui ajoutent à l’atmosphère de cette narration.

C’est un roman qu’on a du mal à poser. J’ai lu les 80 pages sans m’en rendre compte en me disant « waouh ». Après lecture il faut laisser décanter les idées de Fiona Mozley. Cela m’a rappelé ce que j’avais ressenti en lisant « Les enfants de l’eau noire » de Joe Lansdale ou « Mortes-Eaux » d’Andrew Michaël Hurley.

Je remercie Folio de leur confiance.

Bonne lecture !

Qui en parle ?

Maeve

La variante chilienne

Pierre Raufast

Alma Editeurs, 2015, 262 p., 18 €

Existe en Folio

A79344
variante chilienne

4e de couv. :

Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.

Chaque caillou qu’il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l’été au fond d’une vallée, le rencontrent  par hasard. Rapidement des liens d’amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l’adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L’histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d’un cimetière pour trafiquer.

Ma chronique :

Ce roman est le deuxième de Pierre Raufast (depuis il en a écrit bien d’autres). Ce n’est pas anodin quand on sait que son roman « La Fractale des raviolis » a marqué ses lecteurs. Il y a d’ailleurs des clins d’œil dans ce roman.

« La variante chilienne » je l’ai eu pour mon anniversaire et je l’ai dévoré tout de suite (oui il était temps que je publie cette chronique !)

Nous allons suivre trois personnages avec chacun sa singularité qu’on découvrira au fur à mesure à travers leurs discussions. Tantôt parlant de soi, tantôt convoquant les souvenirs et les absents.

La mémoire est l’un des fils conducteurs de ces histoires. Qu’on ait de la mémoire, ou qu’elle soit tronquée, elle reste une préoccupation.

Pascal a subit les conséquences du souvenir du premier amour… Florin a dû se créer une bibliothèque externe de souvenirs… Margaux vit aussi avec un souvenir traumatisant mais il faudra attendre certaines révélations pour qu’elle découvre qu’il ne s’agissait que de son point de vue…

Paradoxes…

L’absence est ici plus  présentent qu’on ne le croit. D’autant plus quand c’est le toucher qui ravive es souvenirs.

Absence de noms. Florin va nous raconter bien des vies mais les noms des personnes sont remplacés par des surnoms. Une identité différente du nom de naissance.

Des  histoires, drôles, rocambolesques ou émouvantes parfois choquantes. C’est un autre paradoxe avec manque d’émotions.

Toutes ses histoires vont former un tout et surtout établir un climat de confiance qui va permettre à Margaux de résoudre son problème existentiel.

J’avoue que les premières scènes du roman m’ont un peu inquiété sur la suite de ma lecture. Je me suis même demandé si je ne m’étais pas trompé de roman. Puis petite à petit j’ai pu me décontracter. Je n’en dis pas plus pour ne rien vous révéler et vous laisser la surprise. En tout cas d’un point de vu littéraire c’est un joli exercice de style, j’imagine que  l’auteur à dû bien s’amuser par anticipation en pensant aux réactions des lecteurs dans mon genre… En tout cas moi je me suis dis une fois que j’ai découvert le fin mot de l’histoire que j’étais tombée dans le panneau…

J’ai bien aimé tout ce qui touchait aux références littéraires ou culturelles et le côté épicurien.

Il ne me reste plus qu’à attendre de lire les autres romans que je n’ai pas encore…

L’usurpateur

Jørn Lier Horst

Folio, Folio Policier 903, 2020 (VO 2013), 445 p., 8,50 €

Mes Lectures Folio

4e de couv. :

Dans la petite ville de Larvik, à deux pas de la maison de l’inspecteur Wisting, un homme mort depuis quatre mois est retrouvé chez lui, devant sa télé allumée. La fille de l’enquêteur, Line, décide d’écrire un article sur ce voisin disparu dans l’indifférence générale en pleine période des fêtes. Pendant ce temps, Wisting apprend la découverte d’un autre cadavre dans une forêt de sapins avec, dans la poche, un papier portant les empreintes d’un tueur en série recherché par le FBI. À quelques jours de Noël, par moins quinze et sous la neige, s’engage une des plus incroyables chasses à l’homme que la Norvège ait connues…

Voici une petite carte pour se repérer. Larvik c’est le point vert !

larvik

Ma chronique :

Je découvre une enquête qui met en scène  William Wisting un policier norvégien d’une cinquantaine d’années. Série qu’il a commencé à publier en 2004. Cette enquête est la dernière traduite à ce jour.

L’enquête ou plutôt les enquêtes se déroulent en 2011 en Norvège près de Larvik (voir carte). Nous allons débuter une enquête qui tourne court, un homme seul est trouvé mort chez lui. Cette enquête close pour la police va intéresser Line Wisting jeune journaliste fille de notre enquêteur. En parallèle on va suivre une nouvelle enquête, celle d’un homme trouvé mort sous un sapin, dans une forêt, mais là pas de doute c’est un meurtre, c’est donc la police qui va mener les investigations.

Les deux « enquêteurs » ne vont pratiquement pas communiquer entre eux. Le lecteur va donc suivre ces deux affaires en parallèle et en tirer ses propres hypothèses et conclusions. C’est parfois un supplice pour le lecteur car il a envie de dire à l’un ou à l’autre « parle lui ».

Les deux affaires vont se développer à un rythme relativement lent, des détails vont venir petit former ce grand puzzle bien plus vaste que prévu.

On a le temps de découvrir des habitudes des gens. Le temps voilà qui va être omniprésent, que ce soit la météo avec les chutes de neige, le froid qui s’installe en ce mois de décembre, ou que ce soit l’espace temps.

Ces intrigues vont explorer le passé, aller aux sources du drame, que ce soit les années 60 ou années 80, on va avoir des liens qui vont se tisser. Mais c’est surtout quatre mois avant les découvertes, mois juillet-août, qu’il faut trouver le fait déclencheur des cet enchaînement.

Petit à petit le rythme va s’accélérer. Des découvertes vont venir augmenter la pression. Les petites questions touchant au passé vont déclencher des avalanches inattendues. La tension va en s’intensifiant jusqu’au moment crucial. Ce crescendo sur la dernière partie mets les nerfs en pelote !

La solitude tient une place importante dans les drames. C’est d’ailleurs ce qui a motivé l’article de Line Wisting.

La famille est aussi une thématique qui va jouer un rôle. La généalogie et les liens qui se tissent au niveau mondial, les névroses que cela peut engendrer ou au contraires les liens forts qui unissent, tout aura son importance.

J’ai découvert l’expression « l’homme des cavernes » qui n’a rien à voir avec les hommes préhistoriques… je vous laisse le découvrir dans cette enquête.

Il est beaucoup question de cavités dans cette histoire, c’est lieux profonds où l’on cache des secrets plus ou moins intimes, mais je ne peux vous en dire plus.

J’ai beaucoup aimé voir nos deux enquêteur aborder leurs investigations avec chacun une façon de faire, le policier et la journaliste ne vont pas suivre les mêmes méthodes. Il y aussi les relations police et journalistes que dire et que faire… le droit à l’information la course au scoops… mais pas entre père et fille. Respect mutuel.

C’est une jolie découverte, quoique macabre, et je pense lire d’autres romans de cette série.

Je remercie Folio de leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog