La Monture

Carol Emshwiller

Éditions Argyll, octobre 2021, 216 p., 19,90 €

Mes Lectures Argyll

4e de couv. :

Charley est un humain, mais Charley est surtout un animal apprivoisé.
Sur une Terre devenue leur monde d’accueil, les Hoots, des extraterrestres herbivores, ont transformé les humains en montures. Charley, jeune garçon sélectionné pour ses mensurations et ses capacités reproductives, est destiné à devenir l’une d’entre elles ; mieux encore, il est entraîné quotidiennement car promis à un futur dirigeant hoot, celui qu’il appelle Petit-Maître.
Cependant, sa rencontre avec Heron, son père libre et réfugié dans les montagnes, va chambouler son être, ses certitudes, sa destinée.

Mes impressions de lecture :

Je découvre avec les éditions Argyll des grands noms de la science fiction, les articles sur leur site sont très instructifs. Au-delà du texte on a un bel accompagnement. C’est ainsi que j’ai eu envie de découvrir ce roman.

Ce roman est un choc. On va découvrir un univers singulier. Des extra terrestres on asservi certains hommes pour s’en servir comme monture. Ils ont les mots pour convaincre pour endoctriner ou pour oppresser  les Seattle et les Tennessees. Le premier chapitre donne la voix à l’un de ces Hoots pour nous montrer leur façon de faire. Puis, le chapitre suivant c’est un Tennessee qui a la parole.  On se dit alors qu’on va être dans un système binaire avec  l’un qui a tort et l’autre raison, selon que l’on soit dans un camp ou dans l’autre. Puis vient la troisième voix et du coup la troisième voie : un adolescent (monture) et un jeune Hoot.

On a donc un roman avec des aspects  politiques et philosophiques. A travers des faits concrets et des  situations sur le terrain on va avoir des discussions par exemple autour de la notion de liberté, de choix de conditions sociales, d’appartenance à une communauté et à la défense des droits fondamentaux, la famille etc.

La révolte et la violence vont venir bouleverser la vie toute tracée de Charley et de Petit Maître. Charley est né en captivité. Pour lui le contrat qui lie la monture qu’il est à son hôte est gage d’une vie civilisée, avec une évolution de carrière. Cela ne vous rappelle rien ?  D’autant qu’il porte un futur dirigeant. Il a un toit, des vêtements, de la nourriture et une vie bien réglée.

Avec ces deux jeunes personnages le roman prend un tour initiatique. Une certaine intimité s’est crée et leur relation « maître-esclave » va se transformer en amitié. L’un va aider l’autre et vice versa, ils ne peuvent compter que l’un sur l’autre. J’ai aimé suivre ces deux personnages en particulier car Carol Emshwiller a su nous montrer les questionnements et les conflits intérieurs de ce jeune adolescent. Charley était en révolte contre son géniteur par envers la société. Charley va devoir grandir d’un coup, faire des choix et faire un apprentissage de la vie sauvage.

Héron est peut-être fort et un héros pour les montures libérées mais pas pour son fils. Il y a trop de violence et de non-dits.  Et puis, il y a la mère absente, la quête de la mère pour Charley.

Dans le camp des révoltés, des libérés tout n’est pas aussi simple qu’on pourrait croire. Il n’y a pas qu’une seule façon de penser.

J’ai beaucoup aimé ce roman pour tous les sujets traités, pour tous les questionnements qu’il a provoqué en moi.  Il est beaucoup question d’empathie. Le conditionnement, la rhétorique employée est transposable à tant d’autres situations.

Les personnages sont tous un mélange de fragilité et de force vu de l’extérieur on est encore plus partagés que ne le sont les protagonistes. Un roman qui nous emporte dans des quêtes personnelles et  universelles. On passe de l’individu au groupe et des individus aux groupes. À chacun ses rêves.

Ce roman se compose d’émotions fortes, d’actions et de réactions qui ne laissent pas indifférents. J’ai été troublée par l’association des humains avec l’image animale, la notion de sauvage et de civilisé.

Je remercie les Éditions Argyll de leur confiance et cette belle découverte.

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