Le dernier des siens

Sibylle Grimbert

Éditions Anne Carrière, 2022, 182 p., 18,90 €

Challenge VLEEL  d’Hiver Catégorie Auteur reçu, j’ai hésité avec éditeur reçu !

4e de couv. :
1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d’histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l’Europe. Lors d’une traversée, il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins et sauve l’un d’eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer le dernier spécimen sur terre de l’oiseau. Une relation bouleversante s’instaure entre l’homme et l’animal. La curiosité du chercheur et la méfiance du pingouin vont bientôt se muer en un attachement profond et réciproque.
Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers le Danemark. Gus prend progressivement conscience qu’il est peut-être le témoin d’une chose inconcevable à l’époque : l’extinction d’une espèce. Alors qu’il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : qu’est-ce que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?

À l’heure de la sixième extinction, Sibylle Grimbert interroge la relation homme-animal en convoquant un duo inoubliable. Elle réussit le tour de force de créer un personnage animal crédible, de nous faire sentir son intériorité, ses émotions, son intelligence, sans jamais verser dans l’anthropomorphisme ou la fable. Le Dernier des siens est un grand roman d’aventures autant qu’un bouleversant plaidoyer dans un des débats les plus essentiels de notre époque.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert ce roman lors d’une soirée interview réalisé sur Vleel de l’autrice et de son éditeur Stephen Carrière. Il y a une de leur réflexion « Prosp est le dernier des siens et Gus le premier des siens » qui a été l’élément déclencheur pour me donner envie de le lire. Prosp est le dernier grand pingouin et Gus et le premier à prendre conscience de ce fait. Je profite donc du challenge initié par le groupe Vleel pour me plonger dans les eaux froides de Grand Nord.

 J’avais lu un de ses romans il y a dix ans « le fils de Sam Green » et il m’avait laissé un goût étrange dû au sujet traité. Il fallait donc que je retente l’expérience et une fois de plus Sibylle Grimbert nous propose un sujet fort qui ne laisse pas indifférent. C’est semble t-il sa touche personnelle. J’ai beaucoup aimé « le dernier des siens.

La couverture de ce roman est très belle et le fait que la gravure soit divisée en trois parties, trois temps, donne une drôle de sensation. Est-ce parce que le roman se compose de trois parties ? Ou parce que cet animal on ne peut l’appréhender en une seule image ?

C’est un roman qui nous fait nous poser plusieurs questions  que ce soit au niveau psychologique, historique ou philosophique.

Ce roman est bon sujet de réflexion en ce qui concerne la géographie littéraire. Il y a les lieux et  les mouvements. Ce roman s’ancre dans des lieux réels géographiquement. Ces données sont un départ pour la construction romanesque. Cela m’a d’autant plus intéressée que ce sont des lieux qui m’intriguent à cause de leur situation géographique. En effet, selon qu’on regarde sur une mappemonde ou sur carte (aplatie) ils semblent tantôt éloignés, tantôt tout proches. Il est question de géographie à proprement parler avec les voyages et leur but scientifique. Il est question aussi de mer et de terre et des modes de vies que cela induit. Les habitats de l’animal sauvage et en captivité, les inter-actions  avec Gus ou les autres protagonistes qui en découlent. Les modes de vie des habitants de ces différentes contrées. Je ne vais pas me lancer dans une étude plus poussée, je vous laisse y réfléchir.

J’ai beaucoup aimé la progression dans la narration. Si la première partie est assez informative, les deux autres parties nous plongent dans des réflexions plus profondes. Au fur et à mesure Gus prend conscience de certains faits et effets, il  perd petit  à petit son innocence et sa naïveté. Cela le plonge dans des états proches  de la dépression.

Tout au long de ce roman, la mort est omniprésente,  l’extinction de cette espèce de pingouin aussi un sujet récurrent mais dans cette troisième partie les réflexions de Gus évoluent vers quelque chose de plus sombre. C’est un roman qui se déroule sur plus de quinze ans.

C’était très intéressant de voir comment Sibylle Grimbert fait évoluer les relations entre l’homme et le pingouin, pas seulement avec Gus. Mais c’est vrai qu’elle montre surtout  la transformation qui s’exerce entre Gus et Prosp. Lequel des deux à apprivoisé l’autre ?

J’ai aimé la confrontation de Gus avec ses congénères qui parfois sont si éloignés de sa conception de vie et Prosp face à d’autres variétés d’animaux. Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est que Sibylle Grimbert ne se met pas dans la tête de Prosp et ne lui fait pas dire ce qu’il ressent ou pense. Pour le ressenti on a certaines réactions et cela suffit.

Je m’inquiétais un peu de la fin de ce roman, allait-elle être à la hauteur de ce que j’avais ressenti dans ce crescendo ? Alors oui j’ai aimé cette fin d’histoire. Cette chronique d’une fin annoncée.

Je suis un peu triste de les quitter.

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