Les évaporés

Isao Moutte

d’après le Roman de Thomas B. Reverdy

Éditions Sarbacane, sept 2023, 160 p., 25 €

Masse critique Babelio / Sarbacane

Challenge Vleel d’hiver 2023 Catégorie BD jeunesse

La chronique jeunesse du mercredi jeudi

4e de couv. :
Au Japon, lorsque quelqu’un disparaît, on dit simplement qu’il s’est évaporé ; personne ne le recherche, ni la police parce qu’il n’y a pas de crime, ni la famille parce qu’elle est déshonorée. Partir sans donner d’explication, c’est précisément ce que Kaze a fait cette nuit-là, après avoir été licencié du jour au lendemain. Sa fille, Yukiko, qui vit à Paris depuis de nombreuses années, revient au Japon
pour tenter de retrouver sa trace et de découvrir les raisons de sa disparition. Elle mènera l’enquête dans un Japon parallèle, celui du quartier des travailleurs pauvres de San’ya, à Tokyo, et des camps de réfugiés de la catastrophe nucléaire de Fukushima, autour de Sendai.
Mais faut-il vraiment rechercher celui qui a voulu disparaître ?

Mes impressions de lecture :

Le libraire BD, nous avait parlait de cette BD et j’avais noté le titre, alors vous imaginez bien que j’ai vite coché la case lors du dernier masse critique.

Je n’ai pas lu le roman de Thomas B. Reverdy, je ne peux donc pas comparer les deux versions de cette histoire. Cependant, j’ai très envie de découvrir le roman maintenant pour y lire certaines subtilités que donne le texte écrit.

J’ai beaucoup aimé la structure narrative avec d’un côté on a l’adulte « évaporé », de l’autre sa fille, et en effet miroir un adolescent et les Yakuzas, le tout va s’imbriquer avec l’intervention d’autres protagonistes. Au début on a l’impression qu’on va tourner autour d’un disparu volontaire et puis petit à petit c’est le Japon qui apparaît. le fait de passer d’un angle de vue à un autre cela donne un rythme soutenu.

Je découvre le crayonné de Isao Moutte qui est très précis autant dans les vastes paysages publics que dans l’intime.

Visuellement on se repère entre un passage d’un point de vue. Au début pour bien situer les personnages, on a une page complète qui montre le lieu de vie, la maison hors ville, Tokyo, France… la double page sur Miyama détruite est impressionnante. On a des scènes qui répondent à d’autres comme des effets miroir. C’est très impressionnant les liens qui se créent entre certaines cases.

La couverture est en couleur, alors qu’à l’intérieur on a des dessins au crayon/pointe noir. Des détails dans les objets qui constituent notre quotidien. Cela donne à l’ensemble une grande force d’attraction d’autant qu’on n’a pas forcément de dialogues et ce sont les dessins qui sont parlants. Les visages sont très expressifs et très détaillés. On peut s’attarder un moment sur certaines cases.

C’est un one shot et pourtant on a envie de connaître la suite de la vie des personnages auxquels on s’est attaché.

Les sujets évoqués sont multiples. On part du couple aux familles disparues pour aboutir… je vous laisse découvrir comment la boucle est bouclée.

On a le questionnement sur la place du travail dans la vie quotidienne. On a le personnage principal qui est viré du jour au lendemain, on a le gamin qui survie de petits boulots, les pauvres qui acceptent d’aller sur les zones contaminées à qui ont ment, on a le journaliste qu’on fait taire, le restaurateur qui exige des excuses de la serveuse… et je vous laisse découvrir tous les autres corps de métier.

Le tsunami de Fukushima a laissé une zone sinistrée et des gens à la rue… On découvre l’exploitation du drame par les financiers, les politiques et la mafia.

Une histoire très prenante.

Je remercie Babelio et les Éditions Sarbacane.