La poupée qui fait oui

Agnès de Clairville

Éditions Harper Collins, Coll. Traversée, août 2022, 288 p., 18 €

Mes découvertes VLEEL

LIVRE LU EN 2022

4e de couv. :

Fin des années  1980. Une école d’ingénieurs bâtie dans une ville nouvelle à l’écart de tout. Un bizutage, des soirées, les premières fois. Arielle, seize ans, issue de la bonne société versaillaise, fantasme les garçons et l’amour physique. Alors qu’elle se laisse porter par cette vie loin des siens, Éric, un étudiant magnétique de six ans son aîné, va croiser son chemin.
Le départ de sa fille est l’occasion pour Inès de revivre sa propre histoire : la rupture avec un monde clos et pétri de traditions, la liberté d’une chambre seule, et puis, très vite, une grossesse, la solitude et le retour à la case départ.  
Alors qu’Arielle s’initie à l’amour et cherche son père biologique, les terreurs d’Inès se font de plus en plus prégnantes. Et si un pesant silence s’immisçait dans leur histoire de filles ? Et si la chair de sa chair entrait elle aussi en amour par sidération ?
 
Une violence qu’on ne nomme pas. Une réalité qui s’impose vingt ans après les faits. À partir d’une tragédie qui touche nombre de femmes, Agnès de Clairville a bâti un roman étincelant où se côtoient la stupeur, la colère, la tendresse et une implacable lucidité.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert ce roman à la rentrée littéraire,  grâce au groupe VLEEL. J’ai pu assister à  la rencontre sur zoom (replay sur Youtube). J’aime beaucoup la collection « Traversée » de chez Harper Collins qui publie des romans très contemporains.

J’ai un peu tardé à écrire cette chronique pour différentes raisons, et surtout parce que ce roman a eu un impact très personnel. Il m’a fallu le « digérer », laisser le temps au temps.

C’est un roman avec plusieurs entrées de lecture. Nous sommes fin des années des années 80. Mon adolescence, l’époque est importante en tant que fille, même si certaines choses n’ont pas tellement changées. Il est question de la découverte de la sexualité d’une jeune fille de 16 ans, ce qui implique des sujets comme le consentement et sur l’estime de soi, la volonté. Il est question de faire les bonnes ou mauvaises rencontres qui vont influencer votre avenir.

On peut aussi tirer un autre fil, celui de la famille avec ses secrets, ses non dits. Être une fille dans un milieu très codifié avec des règles sociales qui sont comme un carcan.

On va suivre la descente en enfer de cette gamine qui découvre sa féminité de façon assez frontalement. On n’est pas dans les clichés, on sent bien qu’il y a une base réelle.

Il est question aussi de réputation et de l’image de la jeune fille. On a aussi le regard sur les jeunes hommes.

Ce que j’ai aimé, c’est qu’on va suivre plusieurs voix qui ont des parcours intimes différents. Les personnages vont se raconter et raconter les rapports avec  Ariel notre héroïne. Ce que j’ai trouvé intéressant c’est que l’autrice n’a pas joué sur l’effet miroir entre l’histoire de la mère et de la fille. Ce sont vraiment deux histoires bien distinctes.

Agnès de Clairville dévoile petit à petit les événements qui ont forgé les vies de nos personnages.

C’est un roman sur les choix qui ne sont pas toujours les bons mais on n’est pas dans un récit manichéen, Agnès de Clairville joue avec les zones grises sans jouer sur le sensationnel ou le sordide bien au contraire il y a une certaine lucidité, un côté cash.

Les personnages sont bien différents et chaque lecteur va s’identifier à l’un ou à l’autre.

Ce qui est terrible, c’est que ce qui arrive à Ariel arrive fin des années 80 et arrive aujourd’hui à des jeunes filles. Avec les nouvelles technologies cela peut être encore plus terrible.

Un roman fort où Agnès de Clairville laisse le lecteur se poser des questions avec les différents points de vu sur le sujet.

Je vous laisse découvrir tous les questionnements que soulève ce roman.

Lulu

Léna Paul-Le Garrec

Éditions Bûchet-Chastel, sept 2022, 175 p., 16,50 €

Mes Lectures de la Rentrées 2022

4e de couv. :

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l’expérience de la nature jusqu’à faire corps avec elle.

Conte initiatique et poétique, Lulu, premier roman de Léna Paul-Le Garrec, interroge…

Mes impressions de lecture :

J’ai fait la découverte de ce premier roman de Léna Paul-Le Garec lors d’une soirée VLEEL sur le net. L’autrice nous en a parlé avec tant d’enthousiasme qu’elle a su me convaincre. Le fait que cela se passe sur les côtes bretonnes a aussi contribué à me tenter.

J’ai lu ce roman et lorsque je l’ai fini j’ai eu envie de relire le départ comme pour fermer une boucle.

D’entrée nous savons que le petit garçon a réussi une fois adulte. Je crois que cela m’a aidé émotionnellement car il était un enfant très particulier, en souffrance.

Lucien, est un enfant sans papa, avec une maman surprotectrice. On comprend petit à petit pourquoi ils ont cette relation. Et on a beau surprotéger son enfant arrive le moment ou l’enfant a besoin de déployer ses ailes.

Pour Lulu les relations avec ses congénères à l’école sont trop compliquées. Lulu n’est pas plus compris par les autres que lui ne les comprend. Et comme dans la vraie vie c’est la combinaison de rencontres et de découvertes de centres d’intérêt qui vont permettre des ouvertures. Lulu a commencé à ce construire une carapace de protection quand une institutrice a su s’intéresser à ce qui le passionnait.

L’enchaînement des passions est très logique, très bien trouvées. J’ai aimé cette recherche d’équilibre entre le monde intérieur de Lulu et celui de la société. Il y a mouvement entre intérieur et extérieur. Le flux et le reflux de la mer, marée basse et marée haute.

La place de la musique dans cette histoire, on en comprendra toute la portée vers la fin. Sa musique intérieure, sorte de vibration qui est le début de son langage. La musique c’est aussi les vinyles que sa mère écoute. On sent une certaine complicité entre ses deux personnages coupés du monde.

La construction du roman m’a tantôt fait penser à ces ronds dans l’eau qui se forment lorsqu’on lance un galet plat. Des petits rebonds qui donnent à chaque fois des cercle qui s’élargissent et tantôt j’avais l’impression d’un éventail qui s’ouvrait et se refermait et qui dévoilait dans ses plis des secrets et des mystères.

Si la mère parait hystérique et castratrice au début, on fini par comprendre son comportement et cet amour quelle ressent pour son enfant. On se rend compte qu’elle fait ce qu’elle peut avec sa propre histoire.

Ce que j’ai aimé c’est de voir que Lulu est considéré comme « étrange » parce qu’il n’est pas sur la même longueur d’onde que la société et puis on se rend compte chacun est porteur de singularité, la mère et cette fixette sur la musique, Félicie et son détecteur, Ferry et sa collection… Pas évident de ne pas rentrer dans le moule social et scolaire…

Nous avons donc un narrateur « je » qui va nous raconter son enfance et ce qui l’a amené à être qui il est. Les chapitres cours rappellent l’élocution de Lulu. Il est devenu un scientifique mais on réalise très vite que c’est sa nature profonde.

Je vous laisse découvrir ce beau roman dont la couverture est une belle entrée en matière. Je vous laisse découvrir, sur le replay Youtube de cette rencontre Vleel, la petite histoire derrière cette couverture.

Je remercie le groupe des VLEEL sans qui peut-être je n’aurais pas vu ce roman parmi la flopée de nouveautés. Il n’y a plus qu’à attendre le prochain…

Ce qu’il faut de nuit

Laurent Petitmangin

La manufacture du livre, 2020, 188 p.16,90 €

Challenge VLEEL de l’été catégorie « Un livre que je n’aurais jamais lu sans VLEEL »

4e de couv. :

C’est l’histoire d’un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l’importance à leurs yeux, ceux qu’ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir.

Mes impressions de lecture :

J’ai entendu parler de ce roman lors de sa sortie, puis lorsqu’il a eu un prix Femina des lycéens. Cependant l’aspect social/politique m’avait freiné. L’aspect trop « réaliste » de certains romans contemporains me dérange.

Lorsque Laurent Petitmangin a participé à une rencontre avec les lecteurs de VLEEL pour présenter son dernier roman paru « Ainsi Berlin », ils sont évidemment revenus sur le succès du premier. Et la ma curiosité a été titillée. Je n’aime pas rester un à-priori, alors j’ai acheté le roman.

Je ne connais pas la Lorraine malgré tout les problèmes économiques et politiques sont parfois abordés dans l’actualité. Le clivage cheminot de gauche et jeune qui est séduit par l’extrême droite est au cœur du sujet. Ce qui est intéressant dans ce roman c’est que c’est très contemporain puisqu’il parle des élections présidentielles de 2017 et des mois qui ont suivis.

Il aborde aussi la volonté de certains enfants d’ouvriers de vouloir sortir de leur condition et de la fracture sociale que cela peut engendrer (ex. Jérémy/Fus).

Ce qui m’a plu dans ce roman c’est que le narrateur est le père. Il utilise peu le « je », il raconte l’histoire de son fils, de sa famille, de son entourage. Il a la position de l’observateur qui se souvient qui reconstruit tout en étant au cœur du drame. On ne peut pas parler de mise à distance pour se protéger ou pour se trouver des excuses. On ne sait pas à qui il s’adresse, à lui-même peut-être. Il est question d’un homme qui est dépassé par toutes les épreuves de la vie, il ne minimise pas son rôle dans le drame qui va bouleverser sa famille.

Laurent Petitmangin joue avec les chapitres courts et les ellipses. Il y en a une qui m’a fait revenir à la page suivante (122-123) car il y a un tel reversement entre les deux situations que j’ai cru avoir sauté une page. C’est un roman très construit, pas après pas on voit les conséquences des situations ou des choix.

J’ai beaucoup aimé le jeu de miroir dans la narration. Le plus flagrant c’est « tous les dimanches ils allaient à l’hôpital » et puis ensuite les visites plus ou moins régulières au fils, avec le trajet et tout ce qui s’en suit.

C’est un beau et terriblement roman sur la paternité et les relations père/fils. Il y a un côté « chronique d’un drame annoncé ».

Je remercie le groupe de VLEEL pour ces rencontres en ligne et de m’avoir incité à lire ce roman.

Challenge #payetonslip 1/20

Challenge15 K 1/30 « #Olive et Tom »