Alors qu’elle vient d’enterrer sa grand-mère, une jeune fille rencontre Igor. Cet être sauvage et magnétique, presque animal, livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne, ultimes témoins d’une guerre qui, cinquante ans plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d’un monde que traversent les plus curieuses légendes. Au plus noir du conte, Laurine Roux dit dans ce premier roman le sublime d’une nature souveraine et le merveilleux d’une vie qu’illumine le côtoiement permanent de la mort et de l’amour.
Mes impressions de lecture :
J’ai découvert cette autrice en début d’année avec « Sanctuaire », puis elle fut invitée sur VLEEL et ses interviews en ligne, j’achetais alors « une immense sensation de calme » et enfin je lui ai brièvement parlé à la comédie du livre où m’a dédicacé « Une immense sensation de calme ». Nous avons parlé entre de son roman « l’autre moitié du monde » dont je n’étais pas prête à le lire à cause du sujet.
J’adore la couverture des éditions du sonneur, cette forêt dans la brume. On imagine le silence et l’isolement.
Cette histoire m’a fait penser à Carole Martinez. Cette façon ne mêler les «légendes » locales, la magie qui émane de la nature et l’influence sur l’avenir de ses personnages.
On note encore la forte présence de la nature et des forces qu’elle insuffle. Si les hommes en apparence détiennent la force physique ce sont les femmes qui ont le pouvoir de donner la vie et détiennent le pouvoir de guérison.
Il est question de premier amour qui tourne souvent au drame. Les êtres sont attirés l’un vers l’autre envers et contre tout. Chacun a un rôle à jouer dans la survie.
Il est beaucoup question de terre et d’eau… de cycles dictés par la nature, les saisons et la lune.
Avec la thématique de la vie et de la mort nous avons évidement le sang qui joue un rôle important.
La violence est omniprésente, ne serais-ce que la rudesse de la terre. L’animalité et la vie sauvage sont à fleur de terre, fleur de peau.
Nous sommes dans un pays de l’Est, j’ai pensé à la Sibérie par le froid extrême et tout ce qui touche au Grand oublie après la guerre.
Tout est économisé même les mots et gestes. J’ai eu tendance à appeler ce roman le grand silence. La sensation de calme est toute relative.
On retrouve la faune et la flore, la nature sous toutes ses formes réelles ou mythiques.
Un roman bref et intense.
Challenge VLEEL : Une autrice reçue à VLEEL,
Challenge 15 K #20.Premier baiser : un livre avec un premier amour
Lu dans le cadre du Cercle littéraire de la médiathèque
4e de couv.
Oconee, comté rural des Appalaches du Sud, début des années 1950. Une ancienne terre cherokee, en passe d’être à jamais enlevée à ses habitants : la compagnie d’électricité Carolina Power rachète peu à peu tous les terrains de la vallée afin de construire une retenue d’eau, immense lac qui va recouvrir fermes et champs. Holland Winchester est mort, sa mère en est sûre, qui ne l’a pas vu revenir à midi, mais a entendu le coup de feu chez le voisin. Ce drame de la jalousie et de la vengeance, noir et intense, prend la forme d’un récit à cinq voix : le shérif Alexander, le voisin, sa femme, leur fils et l’adjoint.
Mon avis :
J’ai connu ce roman par des libraires passionnés et des lectrices averties comme Maeve.
Dans un premier temps j’ai été surprise par le début de l’histoire, ensuite j’ai pris goût à l’écriture.
Nous sommes en 1952 à la frontière entre a Caroline du Nord et du Sud, une zone assez perdue. Il y a un contraste entre ses grandes étendues et ce monde replié sur sa communauté et son lopin de terre.
Ce roman est fait de terre et d’eau.
La terre est omniprésente sur une grande partie du roman. Une terre qui se dessèche qui perd sa fertilité. Les plantes meurent, les enfants meurent, les ventres de certaines femmes restent désespérément vides, les couples se délitent.
Les hommes ont les stigmates de la seconde guerre mondiale, de la guerre de Corée ou de la polio (pour celui qui n’a pas pu s’engager). Entre les traumatismes, paralysie, tous semblent bloqués dans cette poussière.
Dans un premier temps l’eau brille par son absence, mais elle n’est pas loin on sent l’orage qui va éclater, et en arrière plan on a le projet de construction du barrage de Caroline Power. Après le désastre de la sécheresse, c’est l(inondation par l’homme qui est annoncé et aura lieu 18 ans après).
On sent qu’une tragédie s’annonce, elle arrive avec une femme qui tombe enceinte. Ce désir d’enfant, avec toute la pression familiale et sociale va provoquer le destin funeste.
C’et un roman en 5 parties de longueur inégale avec un narrateur différent. La première partie pourrait être une nouvelle à elle seule, un mini polar. On suit les investigations du shérif, avec tous ses questionnements personnels. Il n’a pas encore la trentaine qu’il fait déjà un bilan de sa vie.. Il s’interroge sur le devenir de sa région. On pourrait s’arrêter là. Ce que je ne vous conseille pas. Car le roman va prendre un autre tournant avec l’apparition des autres narrateurs qui eux sont directement impliqués par le drame. On va découvrir avec la voix due « la femme » et « du mari » (c’est ainsi que son annoncées les parties, les tenants et les aboutissants de cette histoire. Plus que deux facettes d’une même histoire c’est d’autres pans de l’histoire qui nous sont dévoilés. La quatrième et cinquième parties se déroulent dix-huit après. Un autre drame se joue conséquence du premier. Ce qui n’avait pas été achevé va l’être.
La conclusion (dernier chapitre) est donnée à un personnage secondaire qui lui viendra clore une partie de l’histoire qui était en arrière plan.
Ce que j’ai aimé c’est l’ambiance de ces êtres vieux à 20 ans coincés dans leur terre, dans leur histoire familiale. Cette Amérique terrienne faite de sacrifice, de souffrance et de lutte.
Il y a de nombreuses références bibliques. Je ne sais pas si c’est dû à la communauté huguenote qui est venu s’installer en territoire indien au XVI e siècle.
Notamment :
C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. (Genèse 3:19).
On a la présence des serpents avec ce danger mortel qui n’est pas sans rappeler le péché originel et la tentation. On a l’aspect désertique lié au serpent. On a le barbelé qui se retrouve comme la couronne d’épine du christ. Il y a la blessure au cœur qui saigne et l’idée de crucifixion. On a l’image du fils prodigue.
Après l’aridité presque désertique, on a le déluge qui vient purifier en détruisant la vallée. Il y a aussi l’idée de rédemption.
Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre, pour la honte éternelle. (Daniel 12:2)
Car Toute chair est comme l’herbe, Et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe sèche, et la fleur tombe; mais la parole du Seigneur demeure éternellement. (1 Pierre 1:24)… la fleur s’appelle l’aconee bells , elle fait partie de la légende de ce lieu, découverte par un français, elle a disparu pendant 50 ans on l’a recherchée.
On a aussi l’ambivalence entre le feu (femmes de l’envers et commerce avec le diable) et la purification par le feu.
Les citations bibliques ne sont pas dans le roman mais elles illustrent ce sentiment qui ressort de ce roman. C’est mon interprétation…
La sorcellerie et autre diableries sont aussi présentes. Les protagonistes vont se raccrocher aux signes et superstitions.
Je ne sais pas si on met « un pied au paradis » j’y est vu l’enfer sur terre…
Je conseille ce livre à ceux qui aime les territoires où l’homme et la terre son intimement liés. Les amateurs de tragédies humaines.