Histoires de sirènes illustrées

Susanna Davidson, Fiona Patchett, Rachel Firth et Lan Cook

Ill. Margarita Kukhtina

Trad. Virginie Clauzel et Caroline Slama

Éditions Usborne, fév 2022, 144 p, 14,95 €

Mes lectures Usborne

Mes chroniques jeunesse du mercredi

4e de couv. :

Plonge dans un monde aquatique grâce à ces neuf contes avec des sirènes et des tritons du monde entier.
Rencontre la solitaire princesse des mers d’Iran, la méchante Yara du Brésil et la courageuse petite sirène dans cette collection d’histoires joliment illustrées.

Mes impressions de lecture :

J’aime beaucoup cette collection. C’est un recueil de contes pour les 5 ans et plus, les histoires sont donc relativement courtes. Nous avons tantôt du texte sur fond blanc, d’autres pages avec le texte au milieu des illustrations ou des illustration avec légende en pleine page. Chaque histoire débute avec une double illustration, indication du lieu et de l’origine du conte. une illustration dans un médaillon clôt chaque aventure. Un signet en tissu et une couverture rigide viennent compléter l’objet livre. le format est agréable à tenir en main pour lire, les marges sont assez grandes pour avoir un confort de lecture. j’aime beaucoup les couleurs vives des illustrations.

Je ne connaissais pas les contes de ce recueil. Nous voyageons puisque chaque conte vient d’un pays. Ils ont chacun leur intérêt et abordent des sujets différents. J’ai bien aimé l’amitié entre Jing et Jiaoren et comment chacun va aider l’autre dans un moment important de leur vie, de plus c’est une histoire de triton, ce qui n’est pas courant.

On va y croiser des figures féminines fortes, astucieuses … Elles vont connaître des sentiments forts. Les contes parlent souvent de métamorphose, de révélation de la véritable nature, de relations familiales, amicales ou amoureuses. Leur vie n’est pas un fleuve tranquille, les personnages vont devoir faire des choix de vie, affronter des épreuves pour atteindre leur but et suivre leur destinée. les personnages masculins aussi sont mis à rude épreuve, je pense par exemple à Alonzo qui doit résister au chant et à la beauté de Yara… Un autre doit trouver dix mille perles pour pouvoir approcher celle dont il est tombé amoureux…

J’ai encore pris plaisir à me laisser emporter par ces contes intemporels ou l’imaginaire vient compléter la vie réelle.

La thématique de l’eau, sujet qui me passionne, m’a rendu la lecture encore plus intéressante.

Je remercie les Éditions Usborne de leur confiance.

Les abysses

Rivers Solomon

Trad. Francis Guévremont

Aux Forges de Vulcain, 2020, 200 p., 18 €

Mes lectures Aux Forges de Vulcain

4e de couv. :

Lors du commerce triangulaire des esclaves, quand une femme tombait enceinte sur un vaisseau négrier, elle était jetée à la mer. Mais en fait, toutes ces femmes ne mourraient pas. Certaines ont survécu, se sont transformées en sirènes et ont oublié cette histoire traumatique. Un jour, l’une d’entre elles, Yetu, va leur rappeler, dans ce roman d’émancipation, magique et réflexif, sur la condition noire et sur l’impossibilité d’une justice, en l’absence de vérité.

Mes impressions de lecture :

Je n’ai pas lu le premier roman de Rivers Solomon « Les incivilités fantômes » publié chez Aux Forges de Vulcain, car il me semblait trop difficile à chroniquer… ce qui ne veut pas dire qu’un jour je ne tenterai pas ! Il est dans ma wish list…

La couverture de ce roman nous plonge immerge immédiatement dans l’histoire de ce peuple issu du trafique d’esclave. Des femmes enceintes et des bébés qui ont muté, des sortes de sirènes. Un peuple qui  s’est crée tout seul par la volonté de certaines survivantes et qui s’est donné comme nom les « wajinrus ». Car pour exister il faut avoir un nom, pour survivre il ne faut pas être seul. La narratrice va comprendre l’importance des mots, du langage, des concepts plus abstraits.

Pour survivre il a fallu faire des concessions. Ces créatures ont mis en place un système de mémoire collective dont quelques porteurs appelés historiens sont les réceptacles. Les autres membres n’ont que qu’une mémoire partielle pour créer un peuple où le présent est  basé sur les bonnes choses. Une fois par an les historiens déversent cette histoire commune et se rajoutent des évènements de l’année.

Cette fable pose beaucoup de questions. Qu’est-ce qui est gardé pour être transmis d’une génération à l’autre ? L’art des historiens de réécrire pour que ce soit facilement compréhensible et transmissible n’est pas sans danger. Que ce passe t-il si un historien disparait ? S’il ne supporte plus le poids de la souffrance de ce lourd passé ? et de là on passe à l’idée de destinée, une fois désigné comme historien c’est à vie… Il faut de l’abnégation, s’efface pour le groupe.

Quel lien reste t-il entre ce peuple des abysses et ceux de la surface, les deux-jambes ? que ce passe t-il lorsque ces deux mondes se croisent ?

J’ai beaucoup aimé tout ce qui touche à la mémoire. Ajoutez à cela mon autre thématique de prédilection « l’eau » : mémoire, temps, régénérescence, naissance et renaissance… et vous avez une lectrice qui plonge dans cette histoire.

La mémoire collective, la mémoire dans les corps, la relation face à la société… cela donne une communauté où la narratrice utilise le « nous » car elle est elle et elle est son peuple. Au début c’est surprenant lorsque apparaît ce nous, mais on a vite compris le sens profond.

Nous avons donc une nouvelle forme de société qui a débuté par des femmes, elles n’ont pas rejeté les hommes, elles ont trouvé une façon de survivre, pour procréer. Elles sont beaucoup dans l’accueil des autres femmes / enfants venus d’en haut.

Pour ce qui est de la constitution d’une société elles n’ont aucune base venue de l’autre monde. On est dans l’idée de collectif, le tout est un et un est le tout. Elles vont mettre leur modèle de société propre.

On va suivre plusieurs « expériences » ce qui va nous permettre de se faire une idée de ce que vivre dans les abysses implique.

Il y a de nombreuses émotions fortes dans ce roman il est question de vie et de mort, de souffrance et de reconstruction, d’identité et de communauté, de force et de faiblesse… Elle ne montre pas une société idéale ou idéalisée, elle regarde les choses en face.

Ce roman parle aussi des différences, de la peur de l’autre, la crainte de l’inconnu… l’angoisse de la solitude. Et d’autres sujets qui nous concerne tous.

Il y a aussi de belles rencontres… et de bons moments…

Je vous laisse maintenant découvrir votre propre interprétation de ce qui est conté et ce qui n’est pas dit car c’est un roman qui fait appel à l’histoire personnelle de chaque lecteur.

Ce n’est pas un roman qui laisse indifférent chacun réagira en fonction de sa sensibilité.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain.de leur confiance.