En ce mois d’avril, tout allait bien pour Hugo, Vadim et leurs deux amis Léa et Rémi. Et voilà que, dans leur village paisible, quelqu’un est assassiné. Une personne qu’ils connaissaient bien. Or, très vite, les soupçons des gendarmes se portent sur l’un d’entre eux…
Leur amitié résistera-t-elle à la véritable tornade qui balaie ce printemps placé sous le signe de la mort et des mensonges ?
Mes impressions de lecture :
Je découvre la maison d’édition Le Muscadier. J’avais lu d’autres romans de Claire Gratias mais dans d’autres genre. La collection « rester vivant » propose des textes qui « parlent du monde d’aujourd’hui.. ».
La mise en page est surprenante et intéressante. Nous avons des fac-similés de pages d’un carnet d’écrivain avec des commentaires d’Hugo sur les événements qui donnent d’autres renseignements et nous avons la narration à proprement parler à la troisième personne, écrite par Hugo adulte, où l’on voit tous les personnages au moment des faits.
Autre chose à savoir, il ne s’agit pas d’une enquête menée par des ados, ce sont des ados qui se retrouvent mêlés à des événements tragiques.
J’ai trouvé la mise en place très bien menée pour que les regards se focalisent sur un personnage qui va devenir le coupable idéal…
On va avoir des fausses pistes et des révélations qui vont faire tenir le lecteur en haleine car il a des éléments il se pose lui aussi des questions… on a la manipulation du lecteur par l’auteur… jusqu’au bout on a des twists.
Si on se fixe sur l’idée de la retranscription de la mémoire on se dit que l’auteur connait toute l’histoire et donc sa conclusion. Il peut donc semer les indices qu’il veut en fonction d’où il veut mener le lecteur. Et puis il y a la déformation due au temps et autre…
Les commentaires de l’auteur dans son carnet son aussi des ressentis plus intimes et complètent les souvenirs. Et il explique aussi les choix d’écriture, mets en avant des phrases de la narration pour les expliquer. J’aime beaucoup lorsque l’auteur s’adresse au lecteur directement. On comprendra à la fin à quel lecteur en particulier il s’adresse. Mais que cherche t-il à réaliser en fait ?
Ce roman joue avec les « si », comme par exemple si je avais fait ou pas alors…
Ce que ce roman met aussi en avant ce sont les conséquences de nos émotions : amour, jalousie, colère, frustrations, amitié, loyauté… Tout ce bouillonnement pendant l’adolescence qui peut révéler le meilleur comme le pire.
C’est un roman très prenant avec des chapitres courts, ces fameuses insertions de textes « manuscrits ».
J’ai eu plaisir à lire ce nouveau roman de Claire Gratias qui nous plonge dans l’intimité des adolescents, leurs relations conflictuelles ou passionnelles dans la famille ou au collège.
Éditions Stock, coll. Arpèges, mars 2020, 285 p., 19 €
4e de couv. : Choyé par les siens, Mathieu vit une enfance idyllique dans la vallée de Chantebrie. Mais tout bascule le jour où il perd ses parents dans un accident tragique. C’est décidé, il consacrera sa vie à défier la mort. Il quitte sa vallée et Amandine, sa fiancée, pour suivre des études de médecine à Paris. Là, il travaillera pour un taxidermiste dont la plus belle pièce est un mystérieux cerbère blanc… Mais peut-on vraiment oublier son passé ? Tiraillé par ses démons, ses regrets et son ambition, Mathieu ira d’aventure en aventure jusqu’à ce lieu ultime, interdit, duquel il reviendra transformé.
Mes impressions de lecture :
À chaque nouveau roman de Pierre Raufast on s’attend à des surprises, cette fois-ci ne fait pas exception. Cependant, il y a des éléments qu’on a plaisir à retrouver… des clins d’œil à ses autres romans ou (maintenant j’en repère certains) à ceux d’autres auteurs. C’est très drôle ce petit jeu de texte subliminal.
J’aime beaucoup les petites touches « scientifique » ou « mathématiques ». Ici on aura droit entre autre aux théories des cordes ou à un peu de physique quantique. Voilà qui expliquerait bien des choses …
On retrouve dans la structure narrative la notion de temps. On a par moment une chronologie linéaire, avec quelques souvenirs ou résumés de vie, il faut parfois plusieurs chapitres pour parler de quelques semaines et d’un coup dans un chapitre les années s’écoulent et on retrouve l’autre narrateur qui va vivre les choses à un autre rythme, cela m’a fait penser à un élastique tantôt souple tantôt tendu à fond.
Si je vous dis qu’il a de l’humour vous allez croire que c’est une comédie, si je vous dis qu’il y a des drames que c’est une tragédie, si je vous dit qu’il est question de passion et d’amour vous allez croire que c’est une romance, si je vous dit qu’il est question d’argent que c’est un roman financier et si je vous dit qu’il y a la vallée vs le reste du monde vous aller croire que du chauvinisme rural… Mais en fait c’est tout cela et bien plus. Un peu comme dans la vie il y a toutes sortes de sentiments qui nous font vibrer.
C’est étrange en ce moment le thème de la vallée coupée de tout avec ses règles et ses qu’en dira-t-on j’ai le chic pour y tomber dessus. Cela renvoi à l’idée de frontière, d’île… soi et l’autre… rester ou partir… prisonnier ou libre…
L’idée de frontière est aussi présente dans l’idée de réalité cartésienne et la petite touche de fantastique (?) de réalisme magique?
« Le Cerbère blanc » va nous faire vivre deux parcours de vie à travers deux voix, il n’y a pas forcément d’alternance. Un personnage développe une partie de l’intrigue, le texte à la première personne nous fait vivre qu’un seul regard. Le féminin et le masculin, Mathieu et Amandine…
J’aime bien les arrangements avec la justice que nous propose à chaque fois Pierre Raufast. Ahahah !
Les personnages sont très attachants même si parfois ils sont agaçants. Pierre Raufast n’est pas tendres avec eux et il ne nous les montres pas toujours sous leur meilleur profil, comme des humains me direz-vous…
Ce que j’ai beaucoup aimé aussi dans ce roman ce sont les références à la mythologie greco-romaine, à commencer par le titre ! C’était très intéressant cette histoire de « cerbère blanc », plusieurs explications sont données en fonction de la personne ou du moment de la narration.
C’est dommage que ce roman soit sorti pratiquement au moment du premier confinement, en même temps qui aurait pu prévoir ? C’est un excellent roman qui mérite qu’on s’y intéresse de près car il y a plusieurs niveaux de lecture.
Je ne vais pas dire que c’est le « roman de la maturité » car j’attends avec impatience la sortie la semaine prochaine de son nouveau roman, « Les embrouillamis » chez Aux Forges de Vulcain, qui va encore nous embarquer dans des aventures étranges ? Affaire à suivre … il faudra que j’ai le temps d’aller à la librairie… et que je le lise… et que j’écrive ma chronique…
Prochain roman de Pierre Raufast (que je n’ai pas encore)
Les embrouillaminis
4e de couv. : L’auteur de ce roman est né sous le signe de la Balance : il est incapable de choisir sa confiture au petit-déjeuner ni même le destin des héros de ses romans. Est-ce que Lorenzo part au Mexique rejoindre une équipe d’effaroucheurs, disciples des dieux aztèques ? Ou alors, est-ce que Lorenzo reste dans la vallée de Chantebrie et devient cambrioleur par amour ? José-Luis Borges parle d’une bibliothèque infinie dans laquelle se trouveraient toutes les histoires du monde. L’auteur de ce roman remercie l’écrivain argentin pour l’avoir invité dans ce lieu où l’indécision est heureuse.
Au mois de mars-avril pendant le premier confinement David Meulemans, l’éditeur des Forges de Vulcain avait proposé des conversations téléphoniques avec ses auteurs et collaborateurs. J’avais apprécié la conversation qu’il avait eue avec cette autrice qui nous avait partagé ses lectures. J’avais découvert que nous avions des goûts communs en ce qui concerne la littérature.
Pour le moment pas de rencontre avec les auteurs mais dimanche 17 janvier une rencontre aura lieu sur zoom organisée par Serial Lecteur Nyctalope.
Ce roman a réveillé des souvenirs d’une autre rencontre celle de Geneviève Dormann qui été venue à Perpignan nous présenter son roman « la gourmandise de Guillaume Apollinaire » à sa sortie en 1994. J’ai ressorti le livre…
Mes impressions de lecture : Coup de Cœur
Il y a un an, je découvrais le premier roman d’Alexandra Koszelyk « A crier dans les ruines ». Ce fut un coup de cœur, allais-je en avoir un pour le deuxième roman ? Oui car j’ai à nouveau été emportée par l’histoire et l’écriture d’Alexandra Koszelyk et son érudition.
J’ai beaucoup aimé le fils rouge de « l’arbre » dont la fibre et la sève vont tisser des liens entre le tendre Florent et le grand Apollinaire, entre le présent et le passé.
Alexandra Koszelyk joue avec ce pauvre Florent, elle va lui ouvrir les portes d’un monde très éloigné de ce qu’il connait. Il nous apparait presque comme un être effacé, transparent et elle va lui donner la chance de vivre quelque chose d’unique et ainsi de donner un autre sens à sa vie. Cette petite touche de fantastique n’est pas sans rappeler Kafka. L’univers de Guillaume Apollinaire va dévorer celui de Florent qui arrive à douter de sa santé mentale.
On a l’impression que ces deux êtres n’ont rien de commun et petit à petit on se rend compte que si. Par exemple ce syndrome de l’abandon et le rapport aux femmes.
Le roman est composé de chapitres qui nous font vivre au présent avec Florent qui perd pied petit à petit. Le monde onirique vient créer des passerelles avec se que Florent va découvrir. D’autres chapitres donnent la parole aux muses, à l’entourage de Guillaume et au poète. Des lettres, des poèmes, des extraits de journal intime… Ce qui dessine pas à pas une sorte de biographie romancée d’Apollinaire.
On va revivre les 39 ans de Guillaume Apollinaire et sa soif de vie. A croire qu’il savait qu’il allait mourir jeune et qu’il lui fallait profiter de chaque plaisir que la vie lui offrait.
Ces muses ont chacune joué un rôle différent et ont contribué à créer des poèmes marquants. J’ai aimé comment Alexandra Koszelyk a su associer un poème à chaque moment clé qu’elle nous a raconté.
Elle utilise les rêves pour que Florent entre en communication avec ce passé, mais aussi les « signes magiques de la vie» qui vont créer des connexions. Ces synchronicités sont crées par exemple par une image, un nom de rue, un livre, un tableau, une photo, un parfum, une lumière…
Au fur et à mesure que Florent découvre des aspects de la vie d’Apollinaire il crée un déséquilibre dans sa vie cependant il n’y a pas que ces côtés négatifs à cela. Je vous laisse découvre ses changements, ses transformations… Après quels fantômes courent-ils tous ?
Alexandra Koszelyk a su créer une atmosphère très particulière où le réel magique, le pas de côté dans l’imaginaire réveille des images fantômes. Un mélange d’amour et de manque. Il y a beaucoup d’amour dans ce roman tout en parlant l’absence de l’être aimé.
J’ai pris grand plaisir à l’évocation de la période de la Belle Époque qui va se terminer avec la première guerre mondiale qui coïncide avec la mort de Guillaume Apollinaire. On voit comment la société était entrain de changer. J’ai souris au clin d’œil à la tapisserie signée William Morris dont l’œuvre est publiée Aux Forges de Vulcain.
Ce roman m’a donné envie de me replonger dans la poésie de Guillaume Apollinaire, j’avais « alcools » sous la main.
Je vous laisse découvrir les autres facettes de ce roman et toutes les figures majoritairement féminines.
Je vous laisse découvrir ce magnifique roman et la belle plume d’Alexandra Koszelyk.
4e de couv.: Jolene n’est pas la plus belle, ni forcément la plus commode. Mais lorsqu’elle arrive dans cet hôtel, elle est bien accueillie. Un hôtel ? Plutôt une pension qui aurait ouvert ses portes aux rebuts de la société : un couple d’anciens taulards qui n’a de cesse de ruminer ses exploits, un ancien catcheur qui n’a plus toute sa tête, un jeune homme simplet, une VRP qui pense que les encyclopédies sauveront le monde et un chanteur qui a glissé sur la voie savonneuse de la ringardisation.
Mes impressions de lecture :
Lorsqu’on débute une histoire de Gilles Marchand on se demande où il nous entrainera, dans quel confins de la littérature il nous emportera… On sent dans chaque histoire qu’il raconte un brin de nostalgie et de souvenirs, un soupçon de tendresse et de passion, quelques pincées de rêverie et de poésie, quelques notes de musique, quelques gouttes de malice et d’humour, quelques rasades d’équité et de tolérance… mais d’un roman à l’autre et d’une nouvelle à l’autre le mélange épicé varie et les dosages aussi…
Nous allons faire un bond dans le temps et nous embarquer pour un voyage dans les années 60 jusqu’au début des années 80 à Paris. Bien entendu avec le voile narratif les teintes sont passées par le prisme de l’imagination de l’écrivain.
Des souvenirs d’enfance à ceux de l’âge adulte d’une ribambelle de personnages qui ont traversé ces années-là avec des difficultés émotionnelles.
L’écriture de Gilles Marchand est souvent qualifiée de « musicale » avec de nombreuses références musicales et une play-list qui identifie chaque personnage… A chaque pause lecture j’écoutais le morceau cité. Dans la composition du texte il y a des passages qui ressemblent à des ritournelles grâce à des répétitions, des anaphores (et autres variantes). Il y a aussi des passages qui font penser à des refrains où le narrateur reprend les idées déjà développées. Le fait que le narrateur soit un ancien chanteur et musicien explique aussi c’est jeux avec les sonorités dans la manière de raconter.
Je suis sûre qu’avec une lecture à haute voix on se rendrait encore plus compte de la rythmique. Une étude plus poussée mettrait en évidence d’autres procédés littéraires et rhétorique.
J’ai bien aimé retrouver le style qu’on retrouve dans l’écriture de Gilles Marchand, comme par exemple l’énumération. Par exemple on va passer de la présentation détaillée des personnages principaux à une liste de personnages à peine esquissés. Là aussi j’ai pensé à des chansons.
Les instruments de musique jouent un rôle dans la narration dans le passé ou le présent… de la guitare à l’harmonica… de la musique à la musique de film il n’y a qu’un pas pour les références cinématographiques qui sont très importantes pour la narration.
On comprend d’entrée que cela ne peut que mal finir. Il y a des tournures de phrases qui préparent le lecteur… Un exemple d’entrée le narrateur nous parle de « légende » et de la dimension « d’héroïne ». Il dit aussi « si nous avions su » « si nous avions fait ceci ou pas fait cela »…
Si l’idée d’un lieu qui accueille les éclopés de la vie pourraient faire penser à un roman feel good, oublié cette idée tout de suite. Ici cela va se compliquer dès l’arrivée d’un nouveau personnage qui porte en lui une colère qui n’est pas apaisée. Jolène va créer involontairement un déséquilibre dans cette stabilité précaire. Ils étaient dans le renoncement, la résignation face à la société. Pas dans la résilience juste l’acceptation et le besoin de devenir invisibles.
La vie des personnages principaux est introduite après une sorte de résumé de ce qui se passe au présent. On a ainsi des ruptures entre le passé et le présent.
Plus avant dans la narration, on verra à travers le récit du narrateur que les personnages vont se raconter entre eux. Entre ce que lui dit d’eux et ce qu’eux disent d’eux-même on sent la différence de perspective.
Le réel merveilleux fait aussi partie des histoires de Gilles Marchand, on a ici des « dérives » avec entre autre les personnages d’Alphonse et de Gérard. Cela ajoute à la poésie déjà présente dans la narration.
On retrouve aussi la thématique du handicap physique ou mental, celui qui isole ou met l’humain au ban de la société, c’est une thématique récurrente dans l’œuvre de Gilles Marchand. La « Dignité » est une des préoccupations importantes dans ces écrits.
Il explore tout ce qui peut mettre l’Homme à part, que ce soit les différences au niveau économique, social ou culturel. Ajoutez à cela le passage par la case « prison ».
La situation «intellectuelle » explique que les personnages n’est pas pris la mesure du drame qui se joue autour d’eux. Ils ne se rendent pas compte de la portée de leurs paroles et de leurs actes. Ils vont être dépassés par les événements puisqu’il n’y a aucune stratégie, ils ont dans l’émotionnel.
Le personnage de Jolène prenant le leadership d’un groupe d’homme m’a fait penser Joanna de « Et j’abattrais l’arrogance des Tyrans » de Marie-Fleur Albeker avec toutes les différences que les deux héroïnes malgré présentent.
Que l’histoire se transforme en drame est compensé par l’idée qu’ils ont repris courage, qu’ils ont repris pendant quelques instant leur vie en main, ou comme dit Gilles Marchand « ils se sont rappelés qui pouvaient être debout».
Ce roman aborde de nombreux sujets comme par exemple celui de l’identité. Que ce soit dans le regard de l’autre que dans le nom que l’on porte.
J’ai aussi noté l’utilisation des sens pour exprimer des sentiments. L’odeur de « Suzanne » le côté tactile avec « Alfonse » l’ouïe avec la musique (entre autre) la vue avec le regard artistique, le regard intérieur et le regard que s’échangent les personnages…. cela donne « corps » à quelque chose impalpable
Je vous en parlerai encore longtemps car c’est un roman très riche en thématiques mais je préfère vous laisser découvrir avec votre sensibilité.
A chaque fois que je lis un roman de Gilles Marchand je le trouve encore meilleur que le précédent mais ils ne sont pas comparables car ils sont différents chacun à sa singularité et son charme. A chaque fois c’est mon préféré !
Vous l’aurez compris c’est un coup de cœur, maintenant il me reste plus qu’à attendre le prochain roman.
Maintenant que je vous ai parlé du texte sans vous dévoiler les différents rebondissements et l’histoire je vais partager avec vous des histoires de lectrice…
NB : j’ai trouvé des clins d’œil à certains romans des éditions Aux Forges de Vulcain. Le plus évident grâce au poème de Louis Aragon « A crier dans les ruines » … J’ai fait le lien avec le roman d’Alexandra Koszelyk qui porte aussi ce nom.
J’ai aussi remarqué le titre d’un autre roman que je n’ai pas lu « Incivilités fantômes » de Rivers Solomon.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Mes anecdotes de lectrice :
Un jour sur Facebook, je découvre que Gilles Marchand et son éditeur David Meulemans étaient invités à la librairie Torcatis à Perpignan le 25 septembre, à une heure de chez moi. Ni une ni deux je trouve quelqu’un pour me remplacer à la médiathèque. J’entoure la date sur le calendrier… partage l’info… une vrai fan ! une gamine…ce qui amuse mon entourage… J’assume
J’ai filé acheter le roman et le lire avant la rencontre !
Avec ma meilleure amie que j’ai embarquée dans l’aventure nous étions devant la librairie avant l’heure… Bien sûr le train de Gilles Marchand à eu du retard à cause de perturbations climatiques… Comme pour donner à cette rencontre un côté « réalisme magique » comme pour marquer cette venue. un vent terrible a abîmé les caténaires.
J’avais écris le brouillon de ma chronique avant la rencontre pour ne pas me laisser influencer. Pendant cette rencontre où un médiateur nous a exposé l’histoire et a posé des questions pertinentes notre duo auteur-éditeur nous a livré quelques anecdotes et réflexions autours des sujets abordés dans le roman. Puis les lecteurs se sont aussi exprimés. C’était très intéressant d’entre ce que les autres lecteurs attentifs avaient à dire des romans de Gilles Marchand et les réponses des deux intervenants. Cela m’a paru court car les échanges étaient très agréables et drôles, et intéressants. Ce genre de rencontre permet de se poser des questions sur notre lecture et sur le travail d’écriture. Confronter son regard avec les acteurs du livre est enrichissant.
Il a été question de roman social ou/et politique, et de la place de l’humain au centre de l’histoire. C’est un aspect que je n’ai pas développé dans mes impressions de lecture car je ne suis pas trop calée sur ces sujets là.
Les lecteurs ont aussi fait référence à la musique et de poésie… entre autres sujets. Un autre roman de Gilles Marchand a fait forte impression «Une bouche sans personne ».
Une lectrice a fait mention du fait que les personnages bougent assez peu et restent dans cette pension. Je n’ai pu répondre car une autre lectrice a enchainée avec une autre question. Je voulais dire que pour moi le mouvement se fait entre le passé et le présent à travers leurs souvenirs et leurs déplacements plutôt passé vers l’a venue comme aboutissement. La pension est comme un cocon maternel. Ce qui aurait rejoint mon intervention sur la question d’identité et de renaissance.
Mon humble contribution à la discussion portait sur le fait que les personnages étaient présentés par des surnoms. Ces noms qui vous qualifient plus justement que les prénoms de naissance que nos parents nous donne avant de nous connaître. Comme une deuxième naissance à l’âge adulte. Gilles Marchand m’a fait remarquer que c’est le narrateur et sa subjectivité qui nous parle des personnages et de leur surnom. «le nom est en rapport avec la sphère familiale et le surnom est en rapport avec la société» «le surnom apparaît avec le collectif».
J’ai beau suivre Gilles Marchand et David Meulemans sur les réseaux sociaux et lors de leurs d’interviews retransmises c’est autre chose d’être là, présente et à l’écoute. C’est comme pour ma chronique ci-dessus j’aurai aimé prolonger la discussion ! J’ai un partenariat informel depuis 7 ans avec les Forges de Vulcain cette rencontre est un prolongement de nos échanges.
C’est dans cet échange qu’on se rend compte qu’on ne parle pas tous de la même façon d’un même roman chacun va mettre en avance certaines sujets qui l’on marqué.
J’ai été heureuse de les voir en « vrai », c’était comme continuer une discussion commencée à l’écrit.
Gilles Marchand a même joué le jeu en se faisant photographier avec mon « avatar », ma kokeshi !
Je vous conseille donc si vous en avez la possibilité d’aller les rencontrer.
Chronique du mercredi (Ok on est vendredi !!) Rentrée Littéraire 2020
4e de couv :
Un roman drôle et tendre, qui déconstruit les stéréotypes les plus tenaces !
Grande nouvelle ! La maîtresse est enceinte. À propos, d’où viennent les bébés ? Lena, Luc et Sakina ont chacun leur idée. Anis, lui, en est certain : les spermatos de l’homme font la course, c’est le plus fort qui gagne ! La maîtresse devra rectifier de fausses croyances et leur donner les dernières infos de la science… Pour former le futur être humain, tous les spermatos doivent coopérer. Mais au fait, et si c’était l’ovule, la vraie vedette de cette histoire ?
Ma Chronique :
Cette histoire est racontée par une gamine, Léna, elle est en primaire. Elle est passionnée par les insectes et la nature. Elle est très observatrice et aime connaître le pourquoi du comment. Son esprit plutôt « scientifique » ne peut se contenter d’approximations. Ses parents sont présents et très ouverts et elle a un grand frère en CM2.
Elle est à un âge où on peut parler de tout, alors que son frère lui est déjà dans la phase « il y a des sujets tabous ». On va avoir droit à un renversement de situation ou la petite va apprendre des choses au grand frère malgré ses « chut ne parle pas si fort, des adultes pourraient t’entendre ».
Alors que personne ne s’intéressait à cette question existentielle, ils apprennent que la maîtresse est enceinte et cela va déclencher une avalanche de questions. Dans un premier temps on va avoir la discussion entre enfants du même âge, puis avec les adultes. C’est là qu’on va découvrir que parler « reproduction » chez les être humains peut poser des problèmes avec certains parents qui font un blocage avec le « sexe » en tant que pratique sexuelle.
A quel âge en parler ? Comment en parler ? La maîtresse va développer le sujet en se basant notamment sur un travail pédagogique, en faisant parler les enfants et en visionnant un documentaire. Puis par ses propres recherches.
A nouveau réaction négative d’un parent. Ce roman montre différentes réactions.
Là, les enfants vont se questionner sur les conséquences pour la maîtresse et sur l’enfant dont le parent est bloqué. Puis la réaction d’un enfant sur le sujet qui va apporter de nouveaux éléments.
Et c’est seulement après tout cela qu’on aura la vision dans une partie du monde animal avec la naissance d’un bébé requin…
Attention !!! Il s’agit bien d’un roman alors il y a une trame narrative qui aborde d’autres sujets que « la vérité sur la petite graine », il y a les familles et l’amitié et les chamailleries qui le sel de l’enfance.
J’ai bien aimé ce roman par sa liberté de ton sur un sujet délicat à aborder. Pour la maîtresse c’est un sujet comme un autre, en parler d’une manière décomplexée casse les barrières autour d’un sujet « tabou ». On nous montre aussi que l’école à évolué et que c’est bon de voir une équipe pédagogique soudée.
Les illustrations de Zelda Zonk sont tendres et humoristiques pour accompagner les différentes discussions. Pour certains enfants ce petit «complément » vient « détendre » l’atmosphère, car tous ne sont pas à l’aise avec le sujet.
Ce qui m’a plu dans ce roman c’est la clarté des explications de l’adulte et sur le travail d’écoute. A l’heure des infos sur le net c’est bon de se rappeler l’importance de l’accompagnement. Mais Claire Ubac ne fait pas l’impasse sur les à priori et sur les blocages culturels.
La curiosité n’est pas un vilain défaut si c’est pour ouvrir les esprits et aider à grandir.
Années 50. Dans un petit village des Abruzzes. La jeune Ada Maria est la fille d’un couple sans amour. Son père, Aniceto, passe le plus clair de son temps avec Teresina, sa maîtresse, ou enfermé dans son atelier de taxidermiste. Eufrasia se contente d’être mère et de noyer sa fragilité dans les soins qu’elle apporte à ses enfants. Lorsqu’elle meurt prématurément, Teresina prend peu à peu sa place dans la maison. La jeune Ada Maria s’occupe alors de son frère en s’efforçant d’ignorer Teresina. C’est pourtant dans ce quotidien en dehors du temps, rythmé par la couleur des frondaisons, la succession des naissances et des deuils, que l’Histoire fait un jour irruption. Dans un bois avoisinant le village, Ada Maria aperçoit un jour une ombre. Il s’agit d’un homme, hagard, désorienté, il n’a jamais quitté la cabane où il s’est réfugié à la fin de la guerre. Il est allemand. Les deux êtres vont se rapprocher. De cet amour naîtra une petite fille aux yeux clairs et à la peau diaphane, Magnifica, changeant à tout jamais le destin tranquille auquel Ada Maria se croyait cantonnée.
Ma chronique :
J’ai succombé au charme de ce livre dès que j’ai vu la couverture, » l’esprit de la rose » de John Waterhouse… le risque était que l’histoire ne suive pas… J’ai été surprise par la façon dont cette l’autrice a choisi de développer cette histoire. Positivement surprise car j’étais partie sur une belle histoire d’amour où Magnifica aurait eu toute la place, et ce fut une autre expérience littéraire.
Dans un premier temps mon esprit s’est concentré sur l’image des papillons qui sont très présents dans la vie d’Ada Maria. Je voyais la chenille qui se transforme en magnifique papillon qui déploie ses ailes pour s’envoler et fini par concevoir sa chrysalide si rien ne l’arrête en cours de route. Le côté butinage est aussi présent avec celle qui a des amants. Puis d’autres images ont émergé.
Magnifica va devenir l’élément central de l’histoire qu’assez tardivement. Comme pour mieux nous montrer sa place particulière, on a toute la genèse avant la conception. Avant même l’enfant rêvé nous avons la conjugaison de plusieurs vies.
Ce sont les histoires de personnes qui n’ont pas suivi le chemin qu’on leur avait tracé. Ils ont fait des choix sans tenir compte du qu’en dira t on. On est dans un petit village des Abruzzes quelques années après-guerre. Eufrasia a choisi de fuir la vie. Aniceto a préféré choisir les bras d’une autre femme. Ada Maria dans un premier temps se retrouve à jouer le rôle de mère de substitution et maîtresse de maison, mais la vie et l’amour ont eu le dessus.
Des vies vont se retrouver imbriquées les unes aux autres, naturellement. Il y a une grande logique dans l’enchaînement des circonstances et de liens qui vont se tisser.
Dans ce roman on retrouve l’image de la roue de la vie. De la naissance à la mort, dans ce cycle chaque personnage joue un rôle. Dans un premier temps on a surtout l’image de la mort. Petrino bébé souffreteux à l’image du couple au moment de la conception. Aniceto qui empaille les animaux, suivit d’Ada Maria qui collectionne les papillons, Eufrasia qui se laisse mourir, Petrino qui va se consacrer aux morts, les échos de la seconde guerre mondiale même des années après.
On dirait qu’à l’époque d’Eufrasia , on cultivait l’esprit de souffrance à l’image de cette terre aride.
Ce village semble, dans un premier temps, préservé. On y a pansé les plaies de la guerre (on est en 1956 lorsque Ada Maria est jeune fille). La religion n’est pas aussi présente que je l’aurais cru. On a la présence des crucifix, les autels, les bougies, le cimetière mais le prêtre ne vient pas se mêler des unions hors mariage, par exemple. On est dans la mémoire, le souvenir. La culpabilité chrétienne est moins présente que le laisserais supposer l’Italie catholique.
J’ai beaucoup aimé la place de l’écrit avec les lettres cachées dans le tiroir, la passion des stylos, les petits mots dans le bocal, ce récit écrit… comme pour contrebalancer le côté taiseux de ses gens, même le bébé est longtemps dans le silence.
Finalement, il n’y a que Ada Maria qui est une fille de la parole et jusqu’au bout elle sera la mémoire orale.
Dans ce village qui va se dépeupler dans les années 60, on a aussi un effet miroir de celles et ceux qui ne donneront pas la vie, tout en chérissant celle des autres. On sent que le monde est en train de changer en même temps que Magnifica grandit. Le livre débute et se termine sur un départ, comme si cette absence convoquait les autres absents.
J’ai beaucoup aimé dans ce roman les éveils amoureux des personnages chacun avec sa sensibilité et à son rythme, au moment où il est prêt. Ainsi que la franchise des personnages face à leurs décisions, pas d’hypocrisie autour des relations amoureuses, surtout avec les nouvelles générations.
C’est un roman qui nous raconte des choix de vie avec délicatesse dans la façon de le raconter mais pas de mièvrerie. Il reste une part de mystère pour le futur.
C’est aux alentours de 2015 qu’un phénomène inexpliqué et encore tenu caché s’empare de la société et affole le pouvoir. On l’appelle, faute de mieux, l’Éclipse. Des milliers de personnes, du ministre à l’infirmière, de la mère de famille au grand patron, décident du jour au lendemain de tout abandonner, de lâcher prise, de laisser tomber, de disparaître. Guillaume Trimbert, la cinquantaine fatiguée, écrivain en bout de course, est-il lui aussi sans le savoir candidat à l’Éclipse alors que la France et l’Europe, entre terrorisme et révolte sociale, sombrent dans le chaos? C’est ce que pense Agnès Delvaux, jeune capitaine des services secrets. Mais est-ce seulement pour cette raison qu’elle espionne ainsi Trimbert, jusqu’au cœur de son intimité, en désobéissant à ses propres chefs? Dix-sept ans plus tard, dans un recoin du Gers où règne une nouvelle civilisation, la Douceur, Agnès observe sa fille Ada et revient sur son histoire avec Trimbert qui a changé sa vie au moment où changeait le monde.
Mon billet :
Lorsque j’ai commencé à lire ce roman, j’ai eu des flashs de «Macha, ou l’évasion», un roman jeunesse de Jérôme Leroy et une de ses nouvelles «Comme un fauteuils dans une bibliothèque en ruine», d’un recueil précédemment commenté sur ce blog. Jérôme Leroy a des thématiques qu’il développe à chaque fois d’une façon différente. Jérôme Leroy semble vouloir développer un univers très particulier qui répond aux préoccupations actuelles.
Ce roman se compose de deux parties.
Dans un premier temps on a nous avons une alternance entre deux narrateurs.
Agnès qui surveille Guillaume Trimbert et qui nous parle un peu d’elle et de ses sentiments en particulier en ce qui concerne son travail d’espionne et ce qu’elle récent pour Guillaume Trimbert. On a parfois l’impression qu’elle lui parle de manière indirecte, elle finit par employer le « tu » dans son récit. Il y a un non-dit sur la « haine-pitié » qu’elle lui porte. Elle ne veut pas être admirative de ce qu’il est.
L’autre narrateur, c’est Guillaume qui se raconte, son parcours, ses choix et ses idéaux, il parle de politique, d’histoire et de littérature. C’est une sorte de monologue intérieur, comme s’il cherchait à comprendre ses positions actuelles.
Ces récits tiennent du journal, intime, de la confession ou de la séance de psychanalyse. Le lecteur entre dans leurs intimités à tous les deux.
Certains chapitres semblent chacun suivre une idée des narrateurs. A d’autres moments, ils se répondent alors que les personnages ne se connaissaient pas. Chacun à une vision différente de la vie.
Il y a l’idée de bourreau et victime, mais c’est Agnès qui joue à ce jeu puisque Guillaume ne se sait pas surveillé. Parfois Agnès se fait piéger à son propre piège, car il y a une part d’ombre en elle.
Une grande partie du texte traite des éclipsés. Agnès est chargée d’empêcher cet acte, alors on suit le cheminement de Guillaume qui veut s’éclipser. Il nous raconte ce qui imperceptiblement le pousse dans cette voie.
Pour faire court, s’éclipser c’est sortir de tous les réseaux qu’ils soient mondains ou virtuels. Sortir de l’ultra-connexion se retrouver dans un lieu qui vous est inconnu et que vous y soyez inconnu, vous fondre incognito. Sortir de la société de consommation à outrance, aller à l’essentiel et vous recentrer. La façon dont Guillaume et Agnès en parle c’est un acte politique et subversif, ce n’est pas la même approche que ceux qui prônent les théories de développement personnel (vie plus saine, écologie, recherche de spiritualité, introspection, écoute de son corps et de la nature). Ils ont côté désabusé, Guillaume ne croit plus que l’homme puisse se révolter pour changer les choses et Agnès est chargée de désamorcer ceux qui ont se genre d’idée.
Guillaume joue à l’épicurien, il boit, mange, fait l’amour à l’excès. Il perd le goût des mondanités et de toutes les exigences induites par une vie sociale. Il a quitté l’enseignement pour se dédier) l’écriture mais là aussi, il veut aller vers ce qui lui semble essentiel, la poésie. Il ne chercher plus à refaire le monde autour d’un verre.
Agnès, elle est dans la maîtrise, la violence prend petit à petit le dessus. Plus, elle est troublée, plus elle découvre l’intime de Guillaume et plus elle se révolte dans l’autre sens. Elle est sur le fil du rasoir, prête à basculer.
La deuxième partie, point de bascule vers autre chose, c’est une autre étape que je ne voudrais pas vous dévoiler… surtout si vous n’avez pas lu les livres que j’ai cité au début de cette chronique.
Ce roman a quelque chose de troublant car il y a des références à l’actualité (attentats et massacres) Il y a aussi des échos de questionnements qui me préoccupent. Ce qui est troublant c’est que le personnage masculin est un écrivain qui fait penser à Jérôme Leroy.
Les personnages ne sont pas franchement attachants car tous les deux sont tournés sur eux même. Quoique…
Ce que j’ai beaucoup aimé dans ces récits c’est la thématique du chemin : suivre son chemin ou changer son chemin, chercher son chemin et créer son chemin, etc.
Je remercie les Éditions de la Table Ronde pour cette lecture très intéressante sur la révolte et la douceur.
Dans cette farce burlesque, notre antihéros, qui restera sans nom, est l’archétype du loser moderne, vaincu par la société : alcoolique, sans emploi, en proie à la plus profonde misère sexuelle et amoureuse. Poussé par ses parents, il accepte un emploi d’homme à tout faire dans une riche fondation qui se révèle être une secte. Par une suite de quiproquos, il va se retrouver patron de cette secte, qui réunit principalement de riches bourgeois érotomanes. Mais ce jeu de masques, ce retournement subversif des valeurs et des positions, ne va pas le rassurer pour autant et, ainsi parvenu au sommet de la pyramide sociale et sexuelle, il va découvrir qu’il ne désire pas plus être maître qu’il ne désirait être esclave. Dans cette fable faussement innocente, mâtinée d’humour trash et de scènes rocambolesques, Romain Ternaux se livre à une destruction méthodique de tout ce qui fait une société : famille, travail, amour. Construit comme un vaudeville surréaliste, cette aventure piège son antihéros comme son lecteur dans une vertigineuse et folle escalade, dont rien ni personne ne sortira indemne. Lorgnant à la fois vers Gaston Lagaffe, vers les Deschiens, vers cette littérature américaine peuplée de vaincus magnifiques (Bukowski, Hunter S. Thompson), L’histoire du loser devenu gourou est un grand éclat de rire de la puissance de ceux qui font exploser nos contradictions et nos faux-semblants.
Anecdotes de lectrice :
J’ai découvert les Éditions Aux Forges de Vulcain en avril 2013 avec un roman au titre provocateur voire choquant pour certains. « Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent » de François Szabowski. Je découvrais alors un éditeur qui osait publier des romans loufoques à côté de livres très sérieux… Je trouvais que la maison d’édition s’était un peu assagit et voilà qu’on me propose de lire un roman un peu « trash »… Je n’ai hésité… là je reçois le livre je l’ouvre au hasard et tombe sur une phrase très « trash » mais qui me fait rire… comme quoi je suis capable de lire des livres pour les petits et des livres très décalés ! Cependant je tiens à préciser que les deux auteurs n’ont rien à voire…
Auteur :
Romain Ternaux est né en 1987. Il s’est enfermé plusieurs années chez lui pour écrire des romans. L’histoire du Loser devenu gourou est le deuxième roman qu’il publie. Une quinzaine d’autres devrait suivre, si tout se passe bien.
Ma chronique :
Je vous laisse admirer la subtilité de la couverture et apprécier le titre…
C’est le genre de roman qui ne laisse pas indifférent. On aime ou on n’aime pas. On ne parle pas de deuxième degré, ni de dixième ! C’est un roman qui m’a fait rire et qui m’a dérangé en même temps. J’irais plus loin cela m’a dérangé de rire à certains moment !
Le personnage est un anti-héros, il ne m’inspire ni la compassion ni la pitié. Je le trouve haïssable et antipathique et d’une grande mauvaise foi. Et c’est justement cela qui fait que cette histoire est possible et intéressante.
Il campe dans un premier temps le rôle du poète maudit, l’incompris aigri qui se complait dans cette image. Il boit pour atteindre un degré de conscience où lui viennent des idées qu’il trouve sublimes ou le plongent dans des abîmes… Cela donne lieu à des scènes grotesques. Et c’est là par exemple que je trouve dérangeant de rire alors qu’il se met en scène dans des positions avilissantes.
Il est l’artiste parasite qui mord la main qui le nourrit. Il finit tout de même par se présenter à un poste que ça mère lui a trouvé. Et c’est là que tout dérape… il n’avait déjà pas trop le contrôle mais là c’est tout se passe à l’insu de son plein gré !
Le lecteur passe son temps à croire que cet être va s’en sortir comme le laisse présager le titre…
L’enchaînement des catastrophes, des quiproquos, de rencontres improbables…
On va avoir droit à un festival de gags avec des allumés en tous genre.
J’avoue que ce roman ne m’a pas laissé indemne… Mes lectures suivantes ont été un peu « polluées » par des images hallucinantes… je ne peux plus penser à un immeuble gris sans que vienne se superposer des images … et des gloussements !
Ce que j’ai aimé au milieu de ce qui pourrait être un vaste délire c’est la satire de la société actuelle notamment autour de la manipulation et des croyances. Sans parler de la place de la sexualité nouvelle religion dans nos société. Le masque des apparences est ici présenté au sens propre et figuré !
La thématique sur la création littéraire il y a aussi quelques passages intéressants surtout dans la critique. Romain Ternaux utilise un langage cru ce qui accroît son côté provocateur. Je repense à la référence à Kérouac… hihihi…(gloussement !)
L’alcoolisme, la violence, la misogynie et misanthropie, des sujets qui sont aussi abordés sans complexes.
Sans parler de la place des animaux domestiques… Amis des chats ceci est une œuvre de fiction !
Un roman qui fait appel aux bas instincts … et qui m’a fait sourire, parfois un rire nerveux venait accompagner certaines scènes !
Ah l’amouuuuur ! Un sujet encore massacré ou un jeu de massacre au choix. On a même eu droit à quelques fantasmes masculins, malheureusement, mais comme les personnages se prennent les pieds dans le tapis ça donne autre chose à la sortie.
Une série de descentes en flamme… car il n’y va pas avec le dos de la cuillère !
Je vous laisse lire car il y a une intrigue tout de même dans tout ça avec des rebondissements surprenants, des gags…
Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain pour leur confiance, ce qui m’a permis de lire ce roman en avant première… j’ai hâte de voir la réaction des autres lecteurs… Continuez à nous surprendre et à jouer les affreux Jojo !
Une Fiat 500. Au volant, Marc. À côté de lui, sa plus jolie étudiante. C’est la nuit, ils foncent chez lui finir la soirée en beauté. Au petit matin, son goût prononcé pour les jeunes élèves de son cours d’écriture va soudain lui passer. À cause des routes de montagne ? Du néo-conservatisme ambiant ? Des crises de sa sœur ? Ou plutôt du charme des femmes mariées ? Marc ne saurait dire. Du moins, pour le moment…
Côté Anecdotique :
Tout d’abord merci à Folio de m’avoir permis de réaliser mon premier concours sur mon blog et en plus d’avoir comblé un retard … je n’avais pas encore lu ce roman de Philippe Djian, mon auteur chouchou depuis plus de vingt ans… un auteur qui fait parti de mon évolution de lectrice… Quelle claque ce fut pour moi de lire « Zone érogène » en 1988, j’ai enchaîné avec « 37°2 le matin », « Maudit manège »… Heureusement il me reste encore quelques titres à lire dont « Vengeance », « Impardonnable », « Lui », « Lorsque Lou », « Love Song »… Tout ça ? Encore des surprises en perspective !
J’espère que le concours aura permis à certains de découvrir Philippe Djian.
je n’ai pas encore été voir le film… et vous ?
Ma chronique :
Amateurs de roman policier ceci n’est pas une enquête à proprement parler… l’enquête porte sur qui est Marc ? pourquoi a-t-il se comportement envers les jeunes étudiantes et face aux situations extrêmes ?
Avertissement au lecteur… si vous être en plein sevrage de nicotine passez votre chemin. Car ça fume à tout va… notamment le personnage principal qui prend plaisir à chaque cigarette qu’il allume… ça doit venir de son côté autodestruction qui l’anime.
Lorsque l’on suit un auteur on finit par chercher des petites choses qui font parties de son univers… En l’occurrence dans les romans de Philippe Djian, les hommes sont faibles et les femmes fortes. Et bien il confirme ce point de vue !
Il y a un côté absurde dans la première réaction de Marc… mais petit à petit on comprend pourquoi il a réagit comme cela. Il n’est pas le « salaud » qu’il pourrait représenter à première vue. Le deuxième cas été de trop… sur enchère dans l’absurde.
On passe son temps à ce demander quand est-ce qu’il va craquer ou se faire piéger… les cigarettes pleines ADN, un témoin qui le prend presque la main dans la panier… Mais lorsque l’on connaît l’univers de Philippe Djian on sait que là n’est pas le but de l’histoire, ce n’est pas un roman policier. Ce qui compte ce sont les relations entre les gens, les non-dits, les ambiguïtés… les enjeux qui sont derrière chaque acte sexuel…
Ah oui le côté « sexe » de Philippe Djian on y a droit à la petite « chatte épilée » à la recherche du plaisir partagé… mais que voulez-vous cela fait boule de neige, une catastrophe en entraînant une autre. Il y a ce côté révélateur comme dans les photos « argentiques »… entre le négatif et la photo il y a des zones d’ombres qui apparaissent…
La jalousie, l’amour, la haine, la colère des sentiments forts, Philippe Djian nous transporte dans un univers borderline, sur le fil du rasoir… ponctué de musiques américaines.
Les personnages masculins sont sous l’influence des femmes, ils ne cherchent même pas à s’émanciper. Les personnages masculins n’arrivent pas à affronter lucidement les personnages féminins. On retrouve l’homme à la dérive…
Cette attirance pour la crevasse où il se sent bien est assez malsaine… On pourrait y voir la recherche du ventre maternel ou plutôt le sexe féminin.
De part tous ses non-dits et secrets on reste avec des questions… Le roman se termine avec des interrogations…
Les rôles donnés aux femmes m’ont beaucoup plu :
la sœur : on s’interroge sur ce qu’elle sait et ne sait pas, on a des doutes sur une possible intervention… les relations frère-soeur… tordus.
La maîtresse insatiable et inattendue… Liaison très malsaine…
La jeune étudiante … j’ai pensé à liaison fatale… C’est terrible une femme rejetée…
A quoi jouent t-elles ? Marc serait un jouet dans les mains des femmes ?
Rebondissement final… quand à la fin-fin elle était logique…
Ancienne couverture que je trouve très suggestive !