Carnets du Nil Blanc

John Hopkins

Trad. Jean Esch

Éditions de la Table Ronde, La Petite Vermillon, 3 juin 2021, 250 p., 8,20 €

Mes Lectures de la Table Ronde

4e de couv. :

Tous deux fraîchement diplômés de Princeton, John et Joe sont davantage affamés de littérature que de nourritures terrestres, et ils ont la ferme intention de tourner le dos à tout ce qu’on attend d’eux aux États-Unis : un mariage, un bon job, une visite hebdomadaire aux parents. Ainsi s’embarquent- ils pour un long voyage qui les mènera de Munich à Nairobi sur une moto BMW immaculée, baptisée en l’honneur du périple : le Nil Blanc.
Objet littéraire singulier, ces carnets de voyage constituent un roman de formation itinérant. En même temps qu’ils arpentent champs de ruines gréco-romaines, villages de Bédouins ou capitales du tiers-monde, les deux amis font l’apprentissage de l’altérité, de la solitude, et, aussi, des inévitables désillusions au détour du chemin. L’opulente nature africaine est ici magnifiée sous une plume d’une fougue et d’une franchise irrésistibles qui ont le charme de ses vingt ans.

Mes impressions de lecture :

Être en train de lire avec plaisir un livre  qui reprend les souvenirs de l’auteur en 1961, lorsqu’il avait 23 ans et apprendre son décès à 82 ans cela fait bizarre. John Hopkins est mort en avril mais je ne l’ai réalisé que maintenant.

Ce livre est un piège à lecteur. Et c’est une des choses qui me plaisent dans ce type d’ouvrages. C’est un mélange de journal et de carnet de voyage. L’auteur raconte les fait marquants de ces journées et il note tous les livres lus ou dont on lui a parlé pendant des conversations. Alors si vous voulez des titres cultes d’avant 1961 vous aller être gâtés. J’avais l’impression de voir ma Pal qui prend la poussière … « la Montagne magique » Thomas Mann, « Lord Jim » Joseph Conrad etc.

J’avais beaucoup aimé son « Carnet d’Amérique du Sud (1972-1973) » Les sujets sont plus adultes que dans « Carnets du Nil Blanc ». Ici nous découvrons John Hopkins au début de son parcours d’écrivain voyageur. Déjà les femmes et l’amour, la création et sa soif de voyage.

On découvre au début du livre une photo de Joe et John et la fameuse moto. On va partir avec eux dans ce périple qui va les faire grandir. Ces jeunes gens, leurs idéaux et leur parcours. Les choix tant au point de vu du cheminement sur terre que mental.

À travers leurs itinéraires et leurs questionnements on découvre une époque et des faits historiques.

Il y a des lettres, petites annonces, et une carte pour bien visualiser… et Loustal à fait la couverture et un dessin.

Nous avons donc une variété de textes. Les souvenirs du jeune homme, ses réflexions la famille, sur ce qu’il a déjà vécu et ce qu’il vit. Ainsi que les réflexions plus existentielles sur les projets de vie et sur son développement émotionnel, spirituel et intellectuel.

Je le demande dans quelle mesure l’auteur a retravaillé ses carnets avant de les publier la première fois en 2012. Ce  carnet se lit comme un roman, avec les dates en plus … le journal permet d’insérer des digressions et une chronologie plus précise qui rythme le texte.

Ce qui m’a beaucoup intéressé c’est tout ce qui concerne la création littéraire et l’influence du vécu comme base de travail.

A travers ce « road movie » avec les aventures et mésaventures on découvre une époque et une certaine vision de la vie et du monde. Il y a des choses que l’on n’écrirait plus de nos jours.

Je vous souhaite un bon voyage.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance.

Les Chroniques de Prydain T2 Le Chaudron noir

Lloyd Alexander

Trad. Marie de Prémonville
Editions Anne Carrière, 2020, 234 p., 15 €

Chronique jeunesse du mercredi
Mes Lectures « Les chroniques de Prydain »

chroniques de Prydain T2

4e de couv.

Taram a repris sa vie monotone d’apprenti porcher à Caer Dallben, lorsque le prince Gwydion vient demander de l’aide au maître du jeune garçon : il veut lever une armée pour s’introduire dans la forteresse d’Arawn, le Seigneur de la Mort, afin de s’emparer du maléfique Chaudron noir, duquel le roi maudit fait naître sa redoutable armée d’immortels. Mais lorsque les princes alliés atteignent Annuvin, ils constatent que l’objet a disparu et tombent dans une embuscade qui coûtera la vie à l’un des valeureux guerriers. Guidés par un précieux talisman, Taram et ses amis vont trouver les trois sorcières Orddu, Orwen et Orgoch, à qui le Chaudron appartenait jadis. À l’issue de cette rencontre, les compagnons devront déjouer les plans d’un traître et la folie d’un ancien allié prêt à tout pour accaparer le pouvoir du Chaudron. Aidé de ses fidèles compagnons, Taram devra bien choisir ses alliés dans cette bataille meurtrière et peser le poids du sacrifice.

Ma chronique :

Cette pentalogie se lit dans l’ordre puisque c’est pas à pas que nos jeunes héros font leur chemin.
Nous avions laissé nos jeunes héros reprendre leur souffle dans une paix toute relative. Ils ont repris plus ou moins le cours de leur vie. Quelques mois ont passé et les plaies ont été pansées. Leur besoin d’aventure ressemble à des braises sous la cendre qui n’attendent qu’à s’enflammer.
Survient alors un cavalier, puis un autre et nous apprenons (Taram, Ellowyn et le lecteur) qu’un conseil des rois et autres dirigeants.
C’est l’occasion de  réveiller les instincts guerriers le besoin de quête et de gloire.
C’est aussi le moment des retrouvailles et aussi d’introduire de nouveaux personnages avec leurs particularités et créer un déséquilibre dans le groupe et relance la dynamique.
La petite touche de magie sera apportée par Adaon qui fait des rêves porteurs de messages.
Un nouveau personnage viendra engendrer une certaine rivalité et compétition.
Tout le monde converge vers Caer Dallben  pour trouver une stratégie et mettre en place un plan d’attaque.
Ils partent tous en conquérants sûrs de leur droits et légitimité vers le château renfermant le fameux chaudron (voir tome1).
Si cela commence par un voyage vers un lieu précis on va vite bifurquer vers d’autres aventures.
De rebondissements en rebondissements les personnages vont continuer à évoluer et grandir. Apprendre en commettant des erreurs, en faisant des expériences parfois dramatiques.
Des duos vont se former tantôt pour créer des liens d’amitié tantôt pour se confronter.
Heureusement il y a de l’humour et des scènes cocasses pour dédramatiser et faire sourire ou rire. Je pense notamment à la scène des « grenouilles ou souris » (je n’en dis pas plus).
Chacun va pouvoir révéler ses vraies valeurs et se dépasser. On va vibrer avec les personnages.
Il ya  des thématiques qui correspondent au monde des contes et des légendes et autres romans de chevalerie. Par exemple les sorcières qui font penser aux Parques, sous des abords comiques.
Nos jeunes héros vont nous faire aussi réfléchir avec des dialogues philosophiques, chacun donnant son point de vue.  Par exemple, ils  vont aborder les thèmes liés aux Sacrifices, l’Honneur, le Bien et le Mal etc.
Cette pentalogie Fantasy Jeunesse est fort intéressante et où on n’a pas le temps de s’ennuyer. A mettre entre toutes mains des lecteurs de romans d’aventure et chevaleresques.
J’ai failli encore oublier de vous dire qu’en début de volume il y a une carte de ce pays imaginaire…. j’adore ça !
Il ne me reste plus qu’à me procurer les trois autres tomes (Tome 5 sortie cet automne).

Je remercie les éditions Anne Carrière de leur confiance.

anne carrière

Comme il pleut sur la ville

Mon Combat 5

Karl Ove Knausgård

Trad. Du Norvégien Marie-Pierre Fiquet

Éditions Denoël, 2019, 836 p., 26,90 €

Mes lectures Denoël

4e de couv. :

À vingt ans, Karl Ove s’installe à Bergen. Il est le plus jeune étudiant jamais accepté à la prestigieuse Académie d’écriture et arrive débordant d’enthousiasme et d’ambition littéraire.
Mais rapidement ses illusions volent en éclats. Son écriture se révèle puérile et pleine de clichés, et ses efforts de socialisation se soldent par des échecs cuisants. Maladroit avec les femmes et très timide en société, il noie son humiliation dans l’alcool et le rock.
Puis, petit à petit, l’horizon commence à s’éclaircir. Il tombe amoureux, renonce à l’écriture pour se consacrer à la critique littéraire, plus immédiatement gratifiante, et les premières pierres de sa vie d’adulte sont posées.

Ma chronique :

Je ne veux pas lire de livre de plus 500 pages, mais comment résister au dernier opus de Karl Ove Knausgård 837 pages ? J’ai bien fait de ne pas suivre une règle aussi absurde ! Je crois que je me transforme en fan de cet auteur. Je suis en train de voir pour m’acheter les trois premiers tomes de cette série.

L’autofiction est un genre littéraire particulier, chaque auteur l’aborde avec sa personnalité et un but plus ou avoué. Côté lectrice, j’ai toujours peur qu’on nous fasse jouer le rôle de voyeur. Le lecteur navigue entre la sensation d’être dans de la fiction, puisqu’il s’agit d’une vie recrée (l’auteur nous montre ce qu’il veut) et les points d’ancrage dans la réalité. Comme je ne connais Karl Ove Knausgård qu’à travers  ce type d’écrit  et de plus il est norvégien je ne cherche pas à savoir si c’est véridique. Par contre l’auteur à mon âge alors il y a des aspects de la vie en général qui me rappelle cette époque.

Ce que j’aime dans ce roman (et le précédent) c’est son écriture, l’impression d’écouter l’auteur se raconter, dérouler sa pensée avec une grande fluidité. C’est très structuré, il y a important travail d’écriture qui enrichi le contenu. Il dit lui-même qu’il a choisi un roman foisonnant, c’est tout à fait ça ! car c’est ce qui me plait aussi dans ce roman, c’est qu’il fait des commentaires sur son écriture sur les livres qu’il écrit.

Je ne vais pas vous faire des commentaires sur tout le roman… on y retrouve les questions liées à la culpabilité qu’engendrent par exemple : la peur, la colère, l’alcool (dépendance et destruction) et au sexe (pulsions et couple, fidélité)…

Ce qui m’a marqué c’est l’image d’une boucle qui se fermait. Karl Ove revient sur sa terre natale après un voyage en Europe et lorsqu’il va voir son père il n’est pas le bienvenu, vers la fin du roman c’est Karl Ove qui accompagne son père vers son dernier voyage, qui le met en terre. On laisse donc un jeune homme à un tournant de sa vie et on n’a qu’une envie c’est de lire la suite.

La famille avec ses liens complexes qui forgent un caractère et influence la vie est une thématique que Karl Ove développe à travers ses écrits, c’est intemporel…

Ce que j’aime chez cet écrivain, du moins de ce qu’il nous en dit dans ces romans, c’est qu’il avait cette conviction profonde qu’il voulait vivre de son écriture (dans le tome IV on le voyait écrire des poèmes et des nouvelles). On va donc le voir continuer à faire ses armes. Il a un côté jeune prétentieux au début et à la fin il a évolué.

Dans ce tome V, on retrouve certains personnages qu’on avait croisé dans le tome IV, mais ce n’est qu’au bout de quelques phrases qu’on les re-situe ou pas. J’ai toujours autant de mal entre les prénoms masculins et féminins nordiques. J’ai alors remarqué qu’après un an il me restait beaucoup d’images et de souvenirs du tome précédent. C’est donc comme si je continuais une conversation avec un « ami » de longue date qu’on n’a pas revu depuis longtemps. Le temps est une autre des thématiques importante. Étrange sensation, j’ai vraiment accroché à son univers.

A la question doit-on avoir lu les tomes précédents avant d’aborder cette phase de la vie de Karl Ove. Je ne crois pas, cela ne m’a pas manqué pour le précédent. Cependant le tome IV et V sont assez proche dans le temps. Ce sont tout de même des expériences de vies qui peuvent se découvrir de manière indépendante. Projet 2019 m’acheter les trois premiers tomes en édition Denoël  et les lire !

C’est un roman dont le sujet est l’écriture, entre fantasme d’un jeune homme qui se rêve d’écrivain, illusions et désillusions, quand la vie va le confronté à la réalité. Il a un regard sur le jeune auteur qu’il était, il n’hésite pas à parler de ses défauts. On va le voir passer du rôle de critique littéraire à l’écrivain interviewé, ce n’est pas pour autant que sa vie sera plus facile.

Si vous me suivez un peu vous savez que je suis très attachée aux thématiques liées aux éléments, je peux vous dire que ce roman est un régal, suivre ses images qui en découlent, les éléments combinés aux couleurs et à la lumière donne une force supplémentaire aux émotions. Il y a notamment un texte qui vient s’insérer dans la narration qui s’intitule « le feu ». Je pense que ce roman a un fort potentiel pour de la recherche. C’est un texte très travaillé qui donne l’impression qu’il s’agit d’un roman de formation qui aborde des sujets de réflexion autour de l’éducation, l’existence, la famille et la construction de sa vie, le tout avec un travail d’introspection sur ces réactions et les conséquences.

Dans ce roman le temps et la mémoire n’ont rien d’innocent, ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le Proust Norvégien et qu’il fait référence « à la Recherche ». On découvre ici la fin de la vie d’étudiant. Entrée dans la vie d’adulte qui s’accompagne de la perte du père, une certaine dualité s’arrête. J’ai beaucoup aimé comment il a traité  le passage autour de la préparation de l’enterrement, et le début du deuil. Il reste cependant des choses en suspend comme dans tout décès.

Je remercie les Éditions Denoël de m’avoir laissé le temps de lire ce roman… 

kokeshi coup de coeur

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Article précédemment publié sur Canalblog