Metamorphoz

Jérémy Behm,
Editions Syros, 10 oct  2020, 198 p., 9,95 €,
A partir de 8 ans

Mes lectures Syros

Chronique jeunesse du mercredi

metamorphoz

4e de couv. :
Une petite créature débarque… et la vie d’Arthur est bouleversée !
Depuis qu’Arthur a emménagé dans un pavillon tranquille, loin de ses copains, il se sent bien seul. Un soir, il surprend une étrange créature dans la maison d’en face. Ozzie a quatre bras, de grands yeux gris et un pelage chatoyant… Arthur est ravi, Ozzie pourrait bien devenir son ami ! Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

Mes impressions de lecture :

Chers parents et chers adolescents (en puissance) qui liraient ces quelques lignes je suis sûre que certains points vont vous interpeller.

Arthur finit sa primaire, c’est encore un gamin mais des changements dans sa vie et dans son corps vont venir bouleverser son quotidien.

Arthur est en colère, il a en lui trop d’émotions contenues.

Un bébé est né et cette petite créature accapare toute l’attention de ses parents. Il se sent exclu du cercle. Perte des repères dans le cercle familial.

Cette naissance implique un changement de maison d’où le déménagement. Perte des repères géographiques.

De là découle la perte des copains et changements d’école. Nouvelle perte des repères.

Il vit un enfer car il est harcelé par un trio.  Une parenthèse si c’est votre cas ne vous taisez pas, cherchez de l’aide !

C’est donc dans cet état de fragilité émotionnelle que nous découvrons notre jeune héros.

Dans ce contexte contemporain nous allons retrouver des éléments liés aux contes traditionnels. Nuit  extraordinaire où les astres et leur forces mystérieuses. Du danger de faire un vœu dans ces conditions émotionnelles et planétaires… le vœu va se réaliser mais notre héros ne contrôle plus rien…. Est-ce un vœu temporaire ou irréversible ? A vous de le découvrir.

On bascule un peu dans le roman fantastique avec les phénomènes extraordinaire et l’arrivée d’un « extraterrestre » le fameux « autre ».

Notre héros va subir des transformations qui ne sont pas sans faire penser aux bouleversements de l’adolescence mais de manière hyperbolique.

Apprendre à se connaître au milieu de tout ce chambardement. Ouvrir les yeux sur qui ont est. Affronter la peur de l’inconnu et de l’avenir. Découvrir la force de l’amitié. L’union fait la force. Sans parler des premiers émois amoureux.

On va voir nos personnages apprendre à affronter leur nouvelle vie.

Nous allons passer les différentes étapes du « conte » pour arriver à la conclusion « nos héros ne seront plus jamais les mêmes ». C’est le côté roman initiatique.

Au niveau de la structure et des thématiques abordées, je trouve que c’est un roman qui pourrait être étudié en sixième. Attention !!! Je ne dis pas que c’est un roman « scolaire ».

C’est un roman qui fait appel à la force onirique qui nous permet d’affronter des événements de notre vie quotidienne et grandir.

Dans cette histoire l’effet miroir est important. On a les deux personnages qui vont servir de regard l’un pour l’autre. On a l’idée de se regarder en face. La lune joue aussi dans cette histoire comme un miroir avec aussi l’idée de l’autre côté du miroir.

J’ai adoré le petit clin d’œil à cette nouvelle collection Syros « Oz ». Nous avons le titre « Métamorphoz » et Ozzie. On pense évidemment au magicien d’Oz. Le livre se termine avec une interview de Jéremy Behm qui vous explique tout ça…

NB : il est question aussi d’Halloween pour ceux qui préparent des thématiques pour cette période de l’année.

Je remercie les éditions Syros de leur confiance.

syros

 Qui en parle ?

Jangelis

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Attention pour des adolescents + 13 ans

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mon ami arnie

La reine des souris

Camilla Grudova
Trad. Nicolas Richard
Éditions de la Table Ronde, La Nonpareille, 8 octobre 2020, 45 p., 5 €

Mes Lectures La Table Ronde

reine des souris

4e de couv. :
Un récit, en fin de compte, d’une implacable simplicité : celui d’une femme aliénée par le couple, le travail et la maternité, de celle qui enfant se rêvait Reine des souris et qui, mariée à un «homme idéal» sentant les fleurs pourries et la pierre froide, est devenue mère, autant dire bête féroce aux désirs infanticides, loup-garou qui trouvera son salut, comme de juste, dans l’écriture.
On ressort avec un rire nerveux de ce court texte qui transforme le réel en fantastique, l’horrible en drôle, et vice-versa.

Mes impressions de lecture :

Je découvre Camille Grudova avec cette nouvelle où elle va explorer la part d’ombre qui se déploie lorsque son héroïne est confrontée à trop d’épreuves.

J’adore cette couverture avec une louve verte qui donne le ton de ce que l’on va lire. 

C’est une nouvelle à la première personne. La narratrice est attachante puisqu’on va avoir sa version des faits. On va la suivre et compatir.

On démarre sur une situation très réaliste  et banale. Un jeune couple d’étudiants latinistes vont se mettre en couple et une chose en entrainant une autre … elle va se retrouver seule face aux bouleversements hormonaux …jusqu’à ce qu’on bascule sur des scènes fantastiques.  Thèmes classiques de certains contes…

Elle va nous raconter les différentes étapes qui vont aboutir à sa métamorphose. Quoique de plus logiques pour une passionnée des « métamorphoses » d’Ovide et une férue de mythologie latine.

Les fameux changements du à la maternité sont ici poussés à l’extrême. C’est une façon de pouvoir survivre face à ce qu’elle vit.

J’ai adoré le petit détail de la fin…

Je me demande si d’autres nouvelles vont être traduites pour les éditions de la Table Ronde.

Décidement cette collection « la nonpareil » me fait découvrir des nouvelles surprenantes.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance

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Même les araignées ont une maman

Alain Gagnol
Éditions Syros, 8 octobre 2020, 464 p, 17,95 €

Mes lectures Syros

même les araignées

4e de couv. :
« Cette fille n’est pas seulement bizarre. Elle est un gros bloc de mystère enseveli sous une épaisse couche de secrets. » Depuis quelque temps, Thomas ne dort plus. Il a de quoi être inquiet : son chat a disparu alors qu’un tueur d’animaux sévit en ville… Une nuit, il distingue une silhouette dans son jardin. Malgré le masque d’opéra chinois qui cache son visage, Thomas reconnaît Emma, sa voisine. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’Emma est télépathe, et que ce don extraordinaire pourrait peut-être les mener jusqu’au tueur. Ou mener le tueur à eux.

Mes impressions de lecture :

Oh le nouveau Alain Gagnol !

J’avoue que le titre m’a un peu inquiété mais comme j’aime bien ce qu’écrit cet auteur je lai ai fait confiance. J’ai souris lorsque j’ai découvert la signification de cette pensée. Elle reflète bien ce qui se passe… A vous de le découvrir !

La couverture est magnifique, elle est très explicite une fois qu’on a commencé la lecture !

Une nouvelle fois Alain Gagnol nous présente une adolescente avec une particularité hors norme. J’avais adoré comment il avait démonté le côté tentant de devenir un super Héros dans la trilogie « Power Club ».  Il brise ici les clichés sur la télépathie,  le fait de lire dans les pensées ce n’est pas que ce qu’on pense à première vue.

J’ai noté trois fil rouges (vous en trouverez plus ou d’autres) le premier est celui du handicap, de comment vivre avec les autres, leur regard et leurs préjugés.

On peut parler de roman de formation, car on va découvrir comment une ado va affronter la vie et apprendre à vivre avec son « handicap ». Le père à essayé mais il a ses limites et ses barrières émotionnelles. Il faudra la rencontre avec un autre ado pour qu’elle prenne son problème sous un autre angle et du coup avancer malgré les risques mortels. Les ados ont plus de ressources qu’on ne croit.

Emma et son père vivaient en vase clos pour protéger Emma. Il n’a trouvé que cette solution. Mais Emma a 16 ans et elle est sortie de l’enfance. Elle apprend à vivre par elle-même  pour que tous les deux ne finissent par transformer ce lieu de protection en prison émotionnelle pour tous les deux.

Il va y avoir les premiers émois amoureux et cela va aussi jouer un rôle dans ce besoin d’aller de l’avant.

Mais ce roman est aussi un thriller, pas de doute, au niveau tensions émotionnelles ont va être servis et nos protagonistes aussi. La mort rode autour de leur quartier et à se mêler des affaires d’un tueur on prend de gros risques. Le final est terrible !

Emma va devoir apprendre à se protéger pour affronter les épreuves et les pensées perverses et négatives. C’est plusieurs degrés au-dessus de la vie quotidienne.

Actions et rebondissements vont vous faire bondir de votre fauteuil plus d’une fois.

Les deux personnages sont touchants et forment un duo positif. On entre facilement en empathie avec ce qu’ils ressentent. Il y a des moments très émouvants surtout lorsque Emma découvre certaines douleurs chez les gens qu’elle croise.

C’est un roman à la première personne tantôt Emma, tantôt Thomas nous permets de les suivre dans leur cheminement. Il y a bien sûr toutes les « je » que lis Emma dans les pensées des gens qu’elle croise, cela donne d’autres façons de dialoguer.

Alain Gagnol a trouvé une jolie façon de nous parler de la télépathie. Je remercie les Éditions Syros de leur confiance

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Qui en parle ?

Jangelis

L’Ado accro aux livres

power club
power club 2
power club 3

La fenêtre au sud

Gyrdir El­íasson

Trad. Catherine Eyjólfsson

Editions la peuplade, septembre 2020, 161 p., 18 €

Masse critique Babelio / éd. La Peuplade

Rentrée littéraire 2020

fenêtre au sud

4e de couv. :
Quelque part en Islande, au bord de la mer, un village de maisons noires fait face à l’infini de l’eau. Dans son repaire, un romancier peine, sur sa vieille Olivetti, à écrire la vérité d’un couple parti en vacances pour se retrouver. Qui s’amuse ? se demande-t-il, déposant les feuilles dactylographiées sous la fenêtre sud claire. La radio, pendant ce temps-là, donne des nouvelles d’un autre monde : le séisme de Fukushima, l’assassinat de Ben Laden, la guerre en Syrie. Au rythme des quatre saisons de l’année, comme un contrepoint nordique aux célèbres concertos de Vivaldi, La fenêtre au sud transforme cette histoire simple d’amour et de fantômes en un livre immense sur les crépuscules de la création. L’encre s’épuise, l’écrivain tapera bientôt blanc sur blanc, traversant la page comme on marche dans la neige.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert cet auteur cet été avec « Au bord de la Sandá » et ce fut un coup de foudre littéraire. J’étais en adéquation avec ce qu’il racontait et le personnage qu’il avait créé.

Cette fois-ci Gyrdir Eliasson met en scène un écrivain face à la mer. Un solitaire qui essai d’écrire dans un petit village de pêcheur islandais.

Mais voilà l’inspiration cela ne se commande pas. Il essai d’écrire le roman attendu par son éditeur et ce sont des poèmes qui lui viennent à l’esprit.

C’est un roman à la première personne alors on va avoir des monologues intérieurs et des scènes avec des interactions extérieures.

On va découvrir les petits parasitages qui font dériver ses pensées…

La famille, sa mère et sa sœur par téléphone interposé vont venir créer des interférences dans sa quête de tranquillité. Il y a une certaine régularité, surtout avec sa mère, une ponctuation temporelle.

D’autre part on a le propriétaire et ami qui lui prête la maison et son éditeur qui ponctuent leurs appels par des notions de temps… mais il arrive à repousser les dates butoirs.

Sa vieille machine à écrire qui s’emmêle les marteaux et le ruban qui s’abîme, ils rappellent l’usure du temps.

Les vacanciers qui viennent tous le week-end pendant la belle saison. Cela rythme ses semaines, car il perd la notion du temps à vivre ainsi en dehors de la vie sociale.

On lui prête gracieusement la maison, il y a donc un côté temporaire.

Ces lectures le plongent de plus en plus dans les souvenirs littéraires du passé, il retrouve des éditions qu’il avait étant plus jeune. Il en est de même pour le cinéma. C’est comme s’il se créait une bulle temporelle faite de bons souvenirs.

Les mauvaises nouvelles du monde lui parviennent par la radio, seul média qu’il s’autorise à petite dose. Nous sommes en 2011.

La musique tient une certaine place. Son ouïe est souvent sollicitée par la nature ce qui forme un contraste avec le glissement vers un certain mutisme, économie des mots.

Les rêves aussi faussent la relativité du temps. Il y a quelques scènes où la réalité est un peu irréelle.

J’aime beaucoup la composition du texte, qui ressemble à des réflexions dans un journal même s’il n’y a pas de date. On va avoir ainsi une alternance de tous les sujets dont j’ai parlé précédemment. On a aussi l’avancée (ou non-avancée) des scènes du roman en cours de création. Cela forme comme un tableau impressionniste. Il excelle dans l’art de l’ellipse.

Il y a beaucoup de références culturelles : littérature, cinématographiques, musicales, pictographiques…

Il partage ses réflexions autant sur ce qu’il écrit que sur ce qu’il lit.

Le narrateur à un côté désabusé, presque cynique. J’ai adoré ses réparties lorsqu’on lui dit qu’il est écrivain, ou sur son travail. Il y a de l’humour et de l’autodérision dans ce qu’il nous raconte, en contrepoint comme pour ne pas basculer dans la mélancolie totale.

Et l’amour dans tout ça me direz-vous ? il a un amour mystérieux, secret dont on ne saura pas grand-chose. Il y a une relation entre ce qu’il vit et ce qu’il arrive à écrire (ou plutôt ce qu’il n’arrive pas à écrire).

Au fur et à mesure on voit se dessiner le portrait du narrateur au fur et à mesure de l’avancée de la narration car toutes ses réflexions, introspections font avancer le récit de ces mois passés dans ce lieu isolé et magnifique.

J’ai adoré ses relations avec sa machine à écrire, les lettres qui s’emmêlent et l’encre qui s’épuise… Petit à petit on a l’impression que les mots qui resterons visibles seront les plus importants. Il brûle beaucoup de ses écrits, là aussi il ne restera que l’essentiel. On a presque l’impression de le voir et on sent que la fin sera sur la même idée…

Tout s’estompe au fil des mois qui passent. On le retrouve dans l’utilisation des couleurs si on retrouve des touches de vert, de jaune et de rouge. Il y a une prédominance de noir, de blanc et de gris…

D’avoir lu les deux romans à la suite, « Au bord de la Sánda » où l’on suit un peintre qui remets sa vie en cause et dans « Fenêtre au sud » avec cet écrivain qui se questionne aussi on a comme un diptyque. De la rivière à la mer… il sème des petits cailloux dans ces deux romans différents. Je n’ai pu m’empêcher de chercher un fil rouge… Par exemple cette femme mystérieuse sur la plage qui fait écho à la femme en rouge dans la forêt…  Est-ce que le prochain roman nous parlera d’un musicien ?

Ce roman est un coup de cœur pour sa poésie et une nouvelle fois il y a des échos personnels.

Je remercie Babelio et les éditions de la Peuplade de m’avoir permis de lire ce roman de la rentrée.

NB: Dans ma wish list de Noël il y a « Les excursions de l’écureuil » si je ne craqua pas avant !

peuplade
babelio 18
kokeshi coup de coeur
kokeshi rentree
au bord de la Sanda

Requiem pour une apache

Gilles Marchand
Éditions Aux Forges de Vulcain,  août 2020, 414 p., 20 €

Mes lectures Aux Forges de Vulcain
Rentrée Littéraire automne 2020

requiem

4e de couv.:
Jolene n’est pas la plus belle, ni forcément la plus commode. Mais lorsqu’elle arrive dans cet hôtel, elle est bien accueillie. Un hôtel ? Plutôt une pension qui aurait ouvert ses portes aux rebuts de la société : un couple d’anciens taulards qui n’a de cesse de ruminer ses exploits, un ancien catcheur qui n’a plus toute sa tête, un jeune homme simplet, une VRP qui pense que les encyclopédies sauveront le monde et un chanteur qui a glissé sur la voie savonneuse de la ringardisation.

Mes impressions de lecture :

Lorsqu’on débute une histoire de Gilles Marchand on se demande où il nous entrainera, dans quel confins de la littérature il nous emportera… On sent dans chaque histoire qu’il raconte un brin de nostalgie et de souvenirs, un soupçon de tendresse et de passion, quelques pincées de rêverie et de poésie, quelques notes de musique,  quelques gouttes de malice et d’humour, quelques rasades d’équité et de tolérance… mais d’un roman à l’autre et d’une nouvelle à l’autre le mélange épicé varie et les dosages aussi…

Nous allons faire un bond dans le temps et nous embarquer pour un voyage dans les années 60 jusqu’au début des années 80 à Paris. Bien entendu avec le voile narratif les teintes sont passées par le prisme de l’imagination de l’écrivain.

Des souvenirs d’enfance à ceux de l’âge adulte d’une ribambelle de personnages qui ont traversé ces années-là avec des difficultés émotionnelles.

L’écriture de Gilles Marchand est souvent qualifiée de « musicale » avec de nombreuses références musicales et une play-list qui identifie chaque personnage… A chaque pause lecture j’écoutais le morceau cité. Dans la composition du texte il y a des passages qui ressemblent à des ritournelles grâce à des répétitions, des anaphores (et autres variantes). Il y a aussi des passages qui font penser à des refrains où le narrateur reprend les idées déjà développées. Le fait que le narrateur soit un ancien chanteur et musicien explique aussi c’est jeux avec les sonorités dans la manière de raconter.

Je suis sûre qu’avec une lecture à haute voix on se rendrait encore plus compte de la rythmique. Une étude plus poussée mettrait en évidence d’autres procédés littéraires et rhétorique.

J’ai bien aimé retrouver le style qu’on retrouve dans l’écriture de Gilles Marchand, comme par exemple l’énumération. Par exemple on va passer de la présentation détaillée des personnages principaux à une liste de personnages à peine esquissés. Là aussi j’ai pensé à des chansons.

Les instruments de musique jouent un rôle dans la narration dans le passé ou le présent… de la guitare à l’harmonica… de la musique à la musique de film il n’y a qu’un pas pour les références cinématographiques qui sont très importantes pour la narration.

On comprend d’entrée que cela ne peut que mal finir. Il y a des tournures de phrases qui préparent le lecteur… Un exemple d’entrée le narrateur nous parle de « légende » et de la dimension « d’héroïne ». Il dit aussi « si nous avions su » « si nous avions fait ceci ou pas fait cela »…

Si l’idée d’un lieu qui accueille les éclopés de la vie pourraient faire penser à un roman feel good, oublié cette idée tout de suite. Ici cela va se compliquer dès l’arrivée d’un nouveau personnage qui porte en lui une colère qui n’est pas apaisée. Jolène va créer involontairement un déséquilibre dans cette stabilité précaire. Ils étaient dans le renoncement, la résignation face à la société. Pas dans la résilience juste l’acceptation et le besoin de devenir invisibles.

La vie des personnages principaux est introduite après une sorte de résumé de ce qui se passe au présent. On a ainsi des ruptures entre le passé et le présent.

Plus avant dans la narration, on verra à travers le récit du narrateur que les personnages vont se raconter entre eux. Entre ce que lui dit d’eux et ce qu’eux disent d’eux-même on sent la différence de perspective.

Le réel merveilleux fait aussi partie des histoires de Gilles Marchand, on a ici des « dérives » avec entre autre les personnages d’Alphonse et de Gérard. Cela ajoute à la poésie déjà présente dans la narration.

On retrouve aussi la thématique du handicap physique ou mental, celui qui isole ou met l’humain au ban de la société, c’est une thématique récurrente dans l’œuvre de Gilles Marchand. La « Dignité »  est une des préoccupations importantes dans ces écrits.

Il explore tout ce qui peut mettre l’Homme à part, que ce soit les différences au niveau économique, social ou culturel. Ajoutez à cela le passage par la case « prison ».

La situation «intellectuelle » explique que les personnages n’est pas pris la mesure du drame qui se joue autour d’eux. Ils ne se rendent pas compte de la portée de leurs paroles et de leurs actes. Ils vont être dépassés par les événements puisqu’il n’y a aucune stratégie, ils ont dans l’émotionnel.

Le personnage de Jolène prenant le leadership d’un groupe d’homme m’a fait penser Joanna de « Et j’abattrais l’arrogance des Tyrans » de Marie-Fleur Albeker avec toutes les différences que les deux héroïnes malgré présentent.

Que l’histoire se transforme en drame est compensé par l’idée qu’ils ont repris courage, qu’ils ont repris pendant quelques instant leur vie en main, ou comme dit Gilles Marchand « ils se sont rappelés qui pouvaient être debout».

Ce roman aborde de nombreux sujets comme par exemple celui de l’identité. Que ce soit dans le regard de l’autre que dans le nom que l’on porte.

J’ai aussi noté l’utilisation des sens pour exprimer des sentiments. L’odeur de « Suzanne » le côté tactile avec « Alfonse » l’ouïe avec la musique (entre autre) la vue avec le regard artistique, le regard intérieur et le regard que s’échangent les personnages…. cela donne « corps » à  quelque chose impalpable

Je vous en parlerai encore longtemps car c’est un roman très riche en thématiques mais je préfère vous laisser découvrir avec votre sensibilité.

A chaque fois que je lis un roman de Gilles Marchand je le trouve encore meilleur que le précédent mais ils ne sont pas comparables car ils sont différents chacun à sa singularité et son charme. A chaque fois c’est mon préféré !

Vous l’aurez compris c’est un coup de cœur, maintenant il me reste plus qu’à attendre le prochain roman.

Maintenant que je vous ai parlé du texte sans vous dévoiler les différents rebondissements et l’histoire je vais partager avec vous des histoires de lectrice…

NB : j’ai trouvé des clins d’œil à certains romans des éditions Aux Forges de Vulcain. Le plus évident grâce au poème de Louis Aragon « A crier dans les ruines » … J’ai fait le lien avec le roman d’Alexandra Koszelyk qui porte aussi ce nom.

J’ai aussi remarqué  le titre d’un autre roman que je n’ai pas lu « Incivilités fantômes » de Rivers Solomon.

Je vous souhaite une bonne lecture.

kokeshi coup de coeur
kokeshi rentree

Mes anecdotes de lectrice :

Un jour sur Facebook, je découvre que Gilles Marchand et son éditeur David Meulemans étaient invités à la librairie Torcatis à Perpignan le 25 septembre, à une heure de chez moi. Ni une ni deux je trouve quelqu’un pour me remplacer à la médiathèque. J’entoure la date sur le calendrier… partage l’info… une vrai fan ! une gamine…ce qui amuse mon entourage… J’assume

J’ai filé acheter le roman et le lire avant la rencontre !

Avec ma meilleure amie que j’ai embarquée dans l’aventure nous étions devant la librairie avant l’heure…  Bien sûr le train de Gilles Marchand à eu du retard à cause de perturbations climatiques… Comme pour donner à cette rencontre un côté « réalisme magique » comme pour marquer cette venue. un vent terrible a abîmé les caténaires.

J’avais écris le brouillon de ma chronique avant la rencontre pour ne pas me laisser influencer. Pendant cette rencontre où un médiateur nous a exposé l’histoire et a posé des questions pertinentes notre duo auteur-éditeur nous a livré quelques anecdotes et réflexions autours des sujets abordés dans le roman. Puis les lecteurs se sont aussi exprimés. C’était très intéressant d’entre ce que les autres lecteurs attentifs avaient à dire des romans de Gilles Marchand et les réponses des deux intervenants. Cela m’a paru court car les échanges étaient très agréables et drôles, et intéressants. Ce genre de rencontre permet de se poser des questions sur notre lecture et sur le travail d’écriture. Confronter son regard avec les acteurs du livre est enrichissant.

Il a été question de roman social ou/et politique, et de la place de l’humain au centre de l’histoire. C’est un aspect que je n’ai pas développé dans mes impressions de lecture car je ne suis pas trop calée sur ces sujets là.

Les lecteurs ont aussi fait référence à la musique et de poésie… entre autres sujets. Un autre roman de Gilles Marchand a fait forte impression «Une bouche sans personne ».

Une lectrice a fait mention du fait que les personnages bougent assez peu et restent dans cette pension. Je n’ai pu répondre car une autre lectrice a enchainée avec une autre question. Je voulais dire que pour moi le mouvement se fait entre le passé et le présent à travers leurs souvenirs et leurs déplacements plutôt passé vers l’a venue comme aboutissement. La pension est comme un cocon maternel. Ce qui aurait rejoint mon intervention sur la question d’identité et de renaissance.

Mon humble contribution à la discussion portait sur le fait que les personnages étaient présentés par des surnoms. Ces noms qui vous qualifient plus justement que les prénoms de naissance que nos parents nous donne avant de nous connaître. Comme une deuxième naissance à l’âge adulte. Gilles Marchand m’a fait remarquer que c’est le narrateur et sa subjectivité  qui nous parle des personnages et de leur surnom. «le nom est en rapport avec la sphère familiale et le surnom est en rapport avec la société»  «le surnom apparaît avec le collectif».

J’ai beau suivre Gilles Marchand et David Meulemans sur les réseaux sociaux et lors de  leurs d’interviews retransmises c’est autre chose d’être là, présente et à l’écoute. C’est comme pour ma chronique ci-dessus j’aurai aimé prolonger la discussion ! J’ai un partenariat informel depuis 7 ans avec les Forges de Vulcain cette rencontre est un prolongement de nos échanges.

C’est dans cet échange qu’on se rend compte qu’on ne parle pas tous de la même façon d’un même roman chacun va mettre en avance certaines sujets qui l’on marqué.

J’ai été heureuse de les voir en « vrai », c’était comme continuer une discussion commencée à l’écrit.

Gilles Marchand a même joué le jeu en se faisant photographier avec mon « avatar », ma kokeshi !

Je vous conseille donc si vous en avez la possibilité d’aller les rencontrer.

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Nos chevaliers masqués très attentifs …

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bouche sans personne
funambule
mirages plein les poches