Ma gorille et moi

Myriam Gallot

Éditions Syros, coll. Tempo, 2018, 156 p., 5,99€

Mes lectures Syros

4e de couv. :

La maison de Jeanne se trouve au cœur d’un zoo. Le zoo de ses parents ! Quand Jeanne était bébé, ils ont accueilli chez eux une petite gorille, Mona, que sa mère avait rejetée à la naissance. Mona et Jeanne ont grandi ensemble. Mais Mona, qui est maintenant adulte, doit être transférée au zoo de Milan. Alors qu’un groupe de jeunes militants s’insurge et manifeste devant le zoo, Jeanne découvre le discours des défenseurs de la liberté animale. Peut-elle aimer Mona et vouloir la garder auprès d’elle ?

Mon billet :

Ce roman peut intéresser les enfants qui ont des relations privilégiées  avec des animaux. Mais attention on n’est pas dans une aventure genre « grand galop », c’est beaucoup plus engagé.

Ce roman jeunesse traite de sujets que je ne maîtrise pas, et ne font pas vraiment partie de mes préoccupations, je me suis donc identifiée à Jeanne la gamine de 12 ans.

La narratrice « je », Jeanne est dans l’affect et ce sont donc toutes ses émotions contradictoires que l’on va suivre. En même temps elle a des préoccupations de son âge.

Le format court de ce roman ne permet pas de développer les sujets abordés, il y a donc certains « raccourcis », choix de l’autrice qui nous laissent pensif. Ce roman fait partie de ses histoires qui peuvent servir de point de départ de discussions plus « philosophiques ». C’est un roman qui ouvre à la discussion. Attention au risque de débordements enflammés…

Nous avons deux groupes diamétralement opposés, campés sur leurs  positions. En tant qu’adulte on sent qu’aucun des deux ne changera d’opinion. Entre les deux une gamine seule qui voit ses certitudes s’envoler. Du haut de ses douze ans elle ne peut imaginer à long terme les conséquences de ses actes. Elle est troublée et de bonne foi. Elle ne se rend pas compte qu’elle est fragile et donc facilement manipulable. Écartelée entre les deux façons d’aborder le problème, elle réagira en fonction de ses émotions.

Ce qui m’a gêné c’est le côté livrée à elle-même, les parents ne se rendent pas compte qu’elle est en pleine détresse, perdu et sans défense. Ils n’ont jamais abordé le sujet avant, cela allait de soi, c’était leur quotidien, convaincu du bien fondé de leur choix. Jeanne ne s’est jamais posé de questions, c’était une évidence. Et là tout à coup on vient lui montrer que non qu’il y a une autre façon de voir la chose.

Les parents vont être virulents face aux activistes mais ne chercheront pas ouvrir un dialogue avec leur fille. Ce qui tout bien réfléchit  est une bonne chose. Ils l’ont élevée avec leurs valeurs, en montrant l’exemple, le respect et la bienveillance, ils n’ont donc aucun doute sur ce que ce que pense leur fille (réaction normale des parents).  Il n’y a donc pas besoin de se justifier, ils n’imposent  pas leur point de vue par la théorie ni par le discours.

Ils ne réalisent pas dans qu’elle situation se trouve leur fille. Ils n’ont pas vu l’étendu de la souffrance dans laquelle est plongée Jeanne depuis la décision de la séparer d’avec « sa sœur de lait ». Ils sont scientifiques, pragmatiques, c’est la logique et c’est la loi.

Ce roman soulève des questions sur la question animale. Jeanne est désarmée face à la question.

Entre le début et la fin du roman cinq jours ont complètement chamboulé la vie de tous les participants.

Qui a tord qui a raison ? C’est l’aspect juridique qui tranchera. Certains chercheront d’autres stratégies pour défendre leur opinion.

J’ai bien aimé  au moment critique (vers la fin donc je n’en dirais pas plus) la réaction de chaque participant et l’ouverture plus large du cercle des intervenants. On voit alors d’autres aspects du problème, tout n’est pas noir ou blanc.

J’ai été émue par la relation entre Jeanne et Mona, c’est liens forts que tout le monde ne peut comprendre. C’est une situation trop particulière pour qu’elle se généralise. On voit comment l’enfant et l’animal ne grandissent pas à la même vitesse. Cette mésaventure va faire grandir Jeanne mais elle reste une adolescente.

J’ai trouvé terrible la facilité avec laquelle on peu embobiner des enfants qu’on croit réfléchis et à l’abri. Tout à coup, ces discours bien rodés peuvent enlever la confiance que vos enfants ont de vos valeurs sans qu’on s’en rende compte et les pousse à commettre des actes irréparables… Ceci est un autre sujet. Le dialogue reste très important.

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

syros

Sur ce blog du même auteur :

ma vie sans mes parents

Article précédemment publié sur canalblog