Anatomie d’un scandale

Sarah Vaughan

Éditions Préludes, janv 2019, 447 p., 16,90 €

Mes lectures Préludes

anatomie

4e de couv :

Kate vient de se voir confier l’affaire de sa vie, celle qui accuse l’un des hommes les plus proches du pouvoir d’un terrible crime. Kate doit faire condamner James Whitehouse. Sophie adore son mari, James. Elle est prête à tout pour l’aider et préserver sa famille. Sophie doit trouver la force de continuer comme avant.
Comme avant, vraiment ? Quels sombres secrets dissimule le scandale, et à quel jeu se livrent réellement ces deux femmes et cet homme.
ELLE VEUT LE DÉTRUIRE. ELLE VEUT LE SAUVER. LA VÉRITÉ EST UNE CHOSE DANGEREUSE.

Ma Chronique :

J’avais aimé « La ferme du bout du monde » son précédent roman. J’étais curieuse de lire son nouveau roman. Il semblerait que les secrets de famille sont une thématique qu’elle affectionne. Tout garder à l’intérieur de la maison, du couple, de la chambre, de la tête.

Anatomie,  du grec disséquer. Étude de la forme et de la structure et des êtres organisés et description des relations des organes entre eux, nous dit à peu près le dictionnaire. Et c’est de cela qu’il s’agit dans ce roman. Le corps est omniprésent. Mais voilà lorsque les sentiments, les émotions et l’aspect psychologiques interviennent sur les histoires du corps il se passe à alors un dérèglement.

Sarah dissèque cette société qui fait bien propre sur elle, qui représente l’élite de la nation. Belles façades et vie bien rangée en apparence, on se rendre pas à pas que ce n’est pas aussi idyllique. Ce n’est pas un simple constat ou étude de mœurs d’une société policée qui nous est proposé.

L’autre mot important du titre c’est « scandale » on sait dès le début qui est mis en cause, qui doit « tomber ». Donc ce n’est pas une enquête à proprement parler, c’est une autre quête … suspens maintenu jusqu’à la fin du procès… la fin du roman

Ce roman aborde les problèmes de rapport de force entre des êtres humains. On a l’impression qu’il questions de relations sexuelles non-consenties mais on se rend compte que cela va au-delà.

La structure narrative qui d’un chapitre à l’autre donne la parole à l’un ou à l’autre, qui convoque le passé et le présent. Permet au lecteur de voir plusieurs facettes de ces vies détruites. Ce que j’ai bien apprécié c’est qu’en titre de chapitre on a le nom du narrateur ou du personnage principal et la date, ce petit balisage permet de bien se repérer. On notera qu’il n’y a que les chapitres « Kate » ou la narratrice dit « je », les autres c’est il ou elle selon.

J’ai beaucoup aimé le côté crescendo. On part d’un adultère dans le milieu du travail à bien autre chose. L’origine du mal est plus profonde, plus lointain et plus tentaculaire. D’où l’intérêt d’avoir des scènes du passé et l’introspection de l’épouse.

Des rebondissements, des retournements de situations vont tenir en haleine le lecteur. Des femmes à bout ? Des femmes qui mènent le jeu ? Jusqu’où sont elles prêtes à aller ? L’intrigue est bien menée. Sarah Vaughan met l’accent sur le fait de garder le silence, et ses conséquences.

Ce qui est intéressant c’est de voir les différentes interprétations. J’ai trouvé très pertinent le fait que les deux parties adverses aient une avocate, on n’est pas dans la dualité homme femme. Sarah Vaughan joue avec les frontières désir, fantasme et conséquences.

Ce roman confirme que j’aime beaucoup les histoires de Sarah Vaughan que je compte suivre.

Cette collection donne des idées lectures, crée des passerelles entre des histoires, je n’ai lu aucun de ces romans, je note.

Je remercie les Éditions Préludes de leur confiance.

article précédemment publié sur Canalblog

Le bâtard de Kosigan. Tome 1 l’ombre du pouvoir

Fabien Cerutti

Éditions Mnémos, 2014, 355 p., 20 €

Le mois de Fabien Cerutti

Book en Stock / Mnémos

4e de couv. :

Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe.

En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis.

À l’évidence, un plan de grande envergure se dissimule derrière ces manigances. Mais bien malin qui pourra déterminer lequel…

Mon billet :

Et dire que j’ai failli renoncer à ce mois de car trop surbookée ! Je m’en serais mordu les doigts… maintenant il va falloir me procurer les trois autres tomes ! Cela faisait partie de mes hésitations car il y avait de grandes chances que je sois partie pour lire les quatre tomes…

Je trouve les couvertures des quatre tomes magnifique avec ce côté galerie de portrait des ancêtres.

J’ai beaucoup aimé le mélange roman historique et Fantasy. On a l’impression d’être vraiment en champagne en 1339 et en même temps, on nous parle d’elfes, de magie et autres sujets imaginaires.

L’écriture ne cherche pas à imiter celle de l’époque, elle n’est pas ampoulée ce qui ne signifie pas que l’auteur a fait attention à l’emploi de certaines expressions. L’emploi du mot « bâtard » n’est pas anodin, notre héros le revendique, le met en avant, cela a forgé sa personnalité.

Le Bâtard de Kosigan est à la tête d’un groupe de mercenaires qui est bien organisé. Il est le chef, le chef d’orchestre, et chacun à sa place et sa partition à jouer en fonction des ses spécificités. Il a une vue d’ensemble de son projet, c’est lui qui met en place le plan. C’est très un stratège. Le lecteur ne connaît pas les tenant et les aboutissants et ce n’est que petit à petit qu’on les découvre. Il y a bien des petites choses que l’on soupçonne mais on n’a pas tous les éléments. La diffusion partielle des informations au sein de son groupe fait partie de sa sécurité, si un grain de sable se prend dans les rouages il n’entraînera pas tous les autres.

C’est un milieu ou la force et la violence ne suffit pas pour jouer dans la cour des grands. Le Bâtard de Kosigan côtoie les grands de ce monde, en tant que fils illégitime reconnu, il a une place qui est claire pour lui mais pas pour les autres, il est rejeté par sa famille d’origine et en partie il est là parce qu’il est issu de cette famille Bourguignonne. Ils supposent qu’il est là pour l’argent et la vengeance, et pour cela il lui faut des appuis contre son oncle… il en joue, mais il recherche autre chose. C’est là tout l’intérêt de cette saga !

C’est un redoutable homme d’affaire et homme politique alors qu’il a en apparence une attitude désinvolte et impulsive. Il a une tendance à flirter avec les limites. On va le voir jongler avec plusieurs campas en faisant croire à chacun qu’il œuvre pour eux, mais en fait il œuvre pour lui-même. C’est ce qui le rend très intrigant et intéressant pour le lecteur et pour certains personnages qui ne sont pas dupes de son attitude.

Dans ce roman il y a un autre aspect qui vient donner une autre dimension à l’histoire. Nous suivons un de ses descendants en 1899 à travers sa correspondance. Il va entrer en possession directement d’un héritage qui provient du Bâtard Pierre Cordwain de Kosigan. Ce Kosigan (Kergaël)  là est aussi mystérieux et enquête aussi sur les secrets de sa famille. C’est une période que j’apprécie beaucoup et le fait que l’on suive cette partie de l’intrigue à travers ses lettres, c’est très intéressant car on n’a que les points essentiels. On sent la différence entre les deux types de textes, il y a une réelle recherche de l’auteur pour attiser la curiosité du lecteur, non seulement à travers deux époques mais aussi par les coupures que cela donne au texte de 1339 qui est à l’origine. Dans les deux cas on a des narrateurs « je » donc  on a leur regard.  Kergaël aussi a su s’entourer de quelques personnes de confiance, à qui il ne distille que certains éléments.

Dans ce roman un sujet qui m’a marqué c’est celui du sang. Cela commence par la filiation qui lui a donné le titre de bâtard, mais aussi une filiation plus mystérieuse que l’on découvre avec les propriétés magiques qu’il possède. A quelques siècles de là, Kergaël, son héritier aussi s’interroge sur sa filiation, les liens de sang, le pouvoir et la position sociale. Le sang est présent dans les potions magiques. Mais parfois le poison peut couler dans le sang. Et puis on découvre que le sang des Elfes et autres créatures peut avoir certaines propriétés, des pouvoirs magiques. Le sang coule à flot pendant les combats, la violence fait ressortit  la soif de sang. Le sang et la boue mêlés qui laissent des traces, on a aussi l’impression que la terre à droit à sa part de sang.

Quand est-il des autres personnages ? ils sont nombreux et regroupés en clans : les Anglais, les Français, les Bourguignons, les Champenois et quelques autres. On les découvre durant le tournois de Troyes, partie visible. Un concentré de pouvoir, de rivalités et d’intrigues sous-jacent. Pierre De Kosigan nous explique les alliances qui existent, celles qui sont momentanément possibles et celles impossible. Un concentré de testostérone.

Les femmes de pouvoir vont par deux que ce soit la princesse et son amante, ou la mère et la fille. Rapport de force et de pouvoir entre la plus âgée et la plus jeune dans les deux cas. Chacune va essayer de prendre Pierre de Kosigan à parti. Beaucoup de tensions sexuelles dans tous se rapports.

Ce premier tome est un épisode complet et une première étape dans une quête à long terme. On aperçoit  quelques facettes de nos personnages. Le héros Pierre Cordwain de Kosigan, n’est pas le preux chevalier à l’armure étincelante, il a un côté sombre et mystérieux qu’on a envie de découvrir.

Je vous laisse rechercher les autres thématiques qui sont présentes dans cette aventure où les manipulations et les manigances sont légion, puisqu’on est dans « l’ombre du pouvoir ».

Je remercie les Éditions Mnémos et Book en stock pour leur confiance.

cerutti

article précédemment publié sur Canalblog

NB


Les lumières de Cape Cod

Beatriz Williams

Trad. Julia Taylor

Éditions Belfond, coll. Cercle Belfond, juin 2017, 400 p.

Lu dans le cadre du Book Club le Cercle des lecteurs Belfond

4e de couv. :
Avec pour toile de fond la bonne société de l’Amérique des sixties, Beatriz Williams livre le magnifique et troublant portrait d’une femme prise au piège de la passion, du pouvoir et du mensonge.
Tiny Schuyler était prédestinée : une éducation dans les meilleures écoles de New York, des fiançailles de rêve avec un beau parti et, aujourd’hui, un chemin tout tracé vers la Maison-Blanche. Car rien ne semble pouvoir arrêter l’ascension fulgurante de son mari, Frank Hardcastle. Bientôt, c’est sûr, la douce et raffinée Tiny sera la nouvelle First Lady.
Mais une série d’événements va venir assombrir le ciel bleu de Cape Cod, où les Hardcastle ont établi leur QG. C’est d’abord l’arrivée de Pepper, la cadette des soeurs Schuyler, écervelée et insolente. Puis une lettre anonyme, accompagnée de photos qui pourraient menacer la réputation de Tiny et de son époux. Enfin, les retrouvailles inattendues avec le séduisant Caspian Harrison, le cousin de Frank. Un homme que Tiny a aimé autrefois…
Combien de temps avant que l’image de l’épouse modèle se fissure ? Dans la course au pouvoir suprême, les sentiments ont-ils une place ?

Mon billet :

Lorsque j’ai vu passer ce roman sur la page du cercle des Lecteurs Belfond, j’ai été attiré par la couverture et sur le fait qu’on avait une femme de la bonne société américaine des années 60 prise dans une spirale infernale. Et je n’ai pas été déçue par la description de cette société. On a forcément l’image de Jackie Kennedy qui nous vient à l’esprit, elle est d’ailleurs mentionnée… La place de la femme dans les imbroglios de la politique.

J’ai beaucoup aimé la structure utilisée pour nous faire vivre les tourments de Tiny.

Le présent est la conséquence du passé et cette manière de progresser dans la résolution de l’intrigue nécessitait plus que des flash back. On vit deux moments clés de la vie de Tiny. Quelques semaines de  1964 et quelques mois de 1966. 1964 le temps des rencontres et des choix. 1966 le temps de la vérité et des conclusions. C’est très bien balisé en début de chapitre. 1964 on est à la troisième personne du singulier.1966 c’est le « je » qui mène la danse.

Je n’ai pas compris à qui elle s’adressait dans la partie 1966, le lecteur ? un journaliste ? …Il ya des passages où elle évoque ses sentiments à un « vous » : « vous me connaissez » « vous croyez que… »

C’est un roman qui traite de la condition féminine dans un certain milieu. Des femmes dans l’ombre des hommes de pouvoir. Celle qui les élève, celles avec qui ils couchent et celles qu’ils épousent. Elles sont très peu solidaires entre elles que ce soit dans la sphère familiale, privée ou dans la sphère publique.

Tout est sous contrôle, Tiny joue le rôle qui lui est imparti, jusqu’au jour où des grains de sables viennent enrayer cette mécanique bien huilée.  Des erreurs de stratégie vont venir blesser une femme vulnérable. On la pousse à bout, on l’isole, on la manipule sauf qu’elle ne va pas réagir comme on s’y attendrait.  Elle a un jardin secret et des alliances inattendues qui vont venir compliquer les choses. On la prend pour un pion mais c’est une Reine !

Le lecteur se laisse capter par des détails que Beatriz Williams met en avant. Elle éclaire un aspect pour mieux nous emmener ailleurs. Prenons par exemple la situation de départ (comme ça je ne dévoile rien) On focalise notre attention sur la deuxième  fausse couche de Tiny (qui a eu lieu un mois avant le début du récit). Elle place le personnage principal dans le clan familial de son mari avec Constance qui fait de beaux enfants les uns après les autres. Elle nous parle de la grand-mère qui a la main mise sur tout. La belle-mère absente car bannie. Tout ça pour bien mettre la pression sur Tiny, la parfaite épouse qui échoue. Et une fois qu’on croit être sur une voie toute tracée Béatriz Williams va développer une intrigue.

Dans un premier temps on pense qu’il ne s’agit que d’une histoire de vernis social qui se craquelle. Puis petit à petit on se rend compte que c’est plus l’image de la chrysalide. Mais qu’abrite ce cocon ?

J’ai bien aimé Tiny car ce n’est pas une oie blanche, ce qui m’a plu c’est qu’elle savait ce qu’elle faisait à quoi elle s’engageait. Elle a un esprit critique qui lui permet d’analyser les événements, ses introspections sont intéressantes, c’est comme si elle faisait son auto-analyse.

Les personnages sont plus ou moins abjects et il faudra attendre la chute pour vraiment découvrir qui ils sont au fond d’eux même. Quand au personnage de Tiny il ne fait que s’étoffer au fur et à mesure qu’on découvre son passé et ces réactions face à l’adversité.

Il y a toute une thématique sur l’image de soi,  sur celle qu’on l’on projette, sur l’image que les autres perçoivent… à travers la presse, la photographie, les mondanités. Le monde des apparences.

Dans la même perspective on a le monde des sentiments. Ce milieu est régit par des codes et il ne faut surtout pas laisser transparaître ses sentiments au risque de se faire manipuler et dévorer.

Le dernier tiers du roman, il y a une accélération des événements. Plus Tiny perd le contrôle de la situation (du moins en apparence) plus elle se met en danger et les masques tombent. Les deux cent premières pages sont intéressantes et les tensions montent jusqu’au climax avant d’entraîner les personnages et le lecteur dans des rebondissements qui le tiennent en haleine. Les sujets sont classiques mais bien menés.

Je remercie Carine Vershaeve et les Éditions Belfond pour cette lecture.  C’est malin, maintenant j’ai bien envie de découvrir « La vie secrète de Violet Grant » !!!

N’oubliez pas il y a une discussion le 27 août sur la page facebook le Cercle des lecteurs Belfond

NB : Ce roman vient compléter mes dernières lectures de romans  sur les femmes américaines des années 50-70 :

vieilles filles
amie très chère

« Les vieilles filles » Pagan Kennedy

« Une amie très chère » Anton Disclafani

Article précédemment publié sur Canalblog