Habemus Piratam

Pierre Raufast

Éditions Aux Forges de Vulcain, fév 2022, 229 p., 20 €

Mes lectures aux Forges de Vulcain

4e de couv. :

Francis mène une vie bien calme. Il faut dire qu’il est curé dans la vallée de Chantebrie et que ses paroissiens ont peu de péchés palpitants à lui confesser. Jusqu’au jour où un homme débarque dans son église pour s’accuser d’avoir enfreint chacun des dix commandements. Plaisir inattendu : l’homme est un hacker de génie et ses crimes sont pour le prêtre l’occasion de découvrir avec délice un monde dont il ne soupçonnait pas l’existence : le monde des pirates informatiques, de la cybersécurité et du dark web. Francis met alors le doigt dans un engrenage numérique qui va l’entraîner beaucoup plus loin que prévu.

Mes impressions de lecture :

C’est un roman que j’ai dévoré, je l’ai commencé en alternant avec un autre livre et puis j’ai été aspirée sur cette toile d’écrivain.

J’ai rit en lisant les aventures de ce pauvre curé qui entre deux confessions autour de tricheries aux scrabble écoute les confidences d’un hacker. On imagine les affres de celui qui essai de garder sa foi intacte.

Ce qui m’a plu c’est notamment le fait que le hacker se confesse en suivant les dix commandements, donc en classifiant ses crimes. D’autre part j’ai aimé les réactions du confesseur qui fait penser au lecteur qui reçoit les infos et doit faire le tri entre le vrai et le faux. On nous présente le curé comme un homme lambda qui se sert d’Internet pour chercher des infos. Comme un novice il a l’impression de maîtriser les choses et puis tout dérape.

J’ai aimé le twist (retournement de situation) et double twist (la fin). Mais chut !

J’ai adoré l’histoire des deux petites vieilles, qui  passent leur temps entre le scrabble et le confessionnal, comment elles cherchent des péchés à se faire pardonner.

Dans les romans de Pierre Raufast on a l’impression d’avoir des romans dans les romans, comme des poupées gigognes. On a l’impression que ça n’a rien à voir et dès qu’on a la conclusion ou la résolution du problème on a une vue d’ensemble qui vous laisse l’impression d’avoir été manipulé.

Depuis la lecture du deuxième roman je me suis rendu compte qu’il insérait des clins d’œil à ses autres romans. Il y a au moins le titre des romans précédents. Mais cela va parfois plus loin lorsqu’il s’agit de thématiques qui lui sont propres. La technologie et ses effets secondaires.  « La baleine Thébaïde » m’a beaucoup marqué et il y a comme un écho ici avec la résolution d’un crime grâce aux objets connectés. Il met cependant l’accent sur l’importance de d’interprétation de l’humain. Les données peuvent dire tout et son contraire, il faut donc rester vigilant. Cela rejoint une nouvelle fois l’impression de manipulation.

 Il y a aussi des références à d’autres auteurs (ou romans) des Forges pourtant la première version de ce texte date d’avant son entrée dans cette maison d’édition… voilà qui attise ma curiosité !

Je vous laisse donc découvrir cette œuvre de grand manipulateur ou prestidigitateur. Il attire le regard du lecteur que quelque chose pour mieux le surprendre.

Entre les sciences et les croyances, la frontière et parfois bien fine. On pourrait croire qu’on est sur un roman manichéen le bien/le mal, l’argent/le don de soi, la religion/le pragmatisme… mais vous allez voir que Pierre Raufast aime jouer avec nos nerfs et nos préjugés. Il est comme ces magiciens en close-up qui n’ont que leurs mains et des cartes et qui vous bluffent alors que vous avez l’impression d’avoir tout sous les yeux.

A vos rires, oups à vos livres !

Je remercie les éditions Aux Forges de Vulcain de leur confiance.

Sur ce blog : Pierre Raufast

La fractale des raviolis

La variante Chilienne

La baleine Thébaïde

Le Cerbère blanc

Les embrouillaminis

Embrouillaminis

Pierre Raufast

Éditions Aux Forges de Vulcain, 21 mai 2021, 351 p., 20 €

4e de couv. :

L’auteur de ce roman est né sous le signe de la Balance : il est incapable de choisir sa confiture au petit-déjeuner ni même le destin des héros de ses romans.
Est-ce que Lorenzo part au Mexique rejoindre une équipe d’effaroucheurs, disciples des dieux aztèques ? Ou alors, est-ce que Lorenzo reste dans la vallée de Chantebrie et devient cambrioleur par amour ?
José-Luis Borges parle d’une bibliothèque infinie dans laquelle se trouveraient toutes les histoires du monde. L’auteur de ce roman remercie l’écrivain argentin pour l’avoir invité dans ce lieu où l’indécision est heureuse.

Mes impressions de lectures :

Lorsque j’ai appris il y a quelques mois que Pierre Raufast entrait dans l’antre des Forges de Vulcain cela m’a semblé une évidence. Je ne parle pas des liens qu’il a avec d’autres membres du clan… Je parle de cette petite part de folie qui s’empare par moment des histoires publiées chez tous ces auteurs, ainsi que des thématiques que l’on retrouve dans le catalogue de cette maison d’édition. Sans parler du fait que j’étais fan de ce qu’il écrivait depuis son premier roman !

Dans l’œuvre de Pierre Raufast il y a des liens qui lient les histoires entre elles, un personnage qui fait une apparition, un lieu singulier la vallée de Chantebrie, ainsi que des thèmes comme la mémoire et effets et conséquences… On finit par avoir l’impression de faire partie des histoires et des lieux. Lorsqu’on lit les romans de Pierre Raufast on a vite une impression de déjà vu grâce aux clins d’œil. Cela fait partie du charme (magie) de ces histoires.

Si à première vue le texte semble « décomposé » il est maîtrisé et chaque pièce s’emboite. il a un esprit scientifique et mathématique très organisé. Donc n’ayez pas peur de vous perdre il a crée des passerelles pour les étourdis… Je vous en reparlerais plus tard.

Ce qui m’a attiré dans le concept de ce roman, c’est que le lecteur se fait son propre film lorsqu’il lit une histoire, et il se dit moi j’aurais choisi ce chemin là plutôt que celui-là. donc Pierre Raufast a exhaussé mon vœu et donc m’a offert d’autres voies possibles…

L’histoire débute et très vite il est donné trois choix au lecteur et un itinéraire à suivre pour développer une version de l’histoire. Est-ce que c’est trois choix reflètent votre caractère plus ou moins aventurier ? Quand à moi, j’ai été influencée par ma précédente lecture « le Cerbère Blanc » où un jeune coupe se retrouve à faire un choix de vie. Eh bien je n’ai pas été déçu du voyage ! C’était un leurre !!! L’auteur est le seul maître à bord et il manipule le lecteur, pour ma grande joie je précise. Donc première expérience et je me dis « je déteste le chapitre 54 » hihihi !

Bon on reprend l’aventure quelques choix avant et là de nouveau on a affaire à l’humour grinçant de notre auteur facétieux… « Lecteur si tu lis ce chapitre c’est que tu t’es trompé » (je cite de mémoire…

Je termine par l’aventure mexicaine, celle choisie par François Busnel dans la grande librairie. L’exotisme, l’ailleurs…

Ce n’est pas un roman qui laisse indifférent, il fait réagir le lecteur, en tout cas moi j’ai fait des commentaires à haute voix plus d’une fois. C’est un roman très travaillé, rien n’est laissé au hasard.

Si en temps normal le lecteur à parfois l’impression d’avoir lu un roman différent de son voisin en ayant le même texte, vous vous doutez bien qu’avec ce roman c’est plus que sûr, d’autant plus si vous ne lisez qu’une des variantes.

Ce que j’aime dans les romans de Pierre Raufast c’est le côté « réalisme merveilleux » et cette impression de destinée, ce qui arrive forme partie d’un tout, fait partie d’un tout.

En conclusion je vous direz :  » lisez pour le plaisir, laissez vous emporter par le jeu entre l’auteur et le lecteur et ne vous prenez pas au sérieux ».

J’ai grand plaisir à retrouver des références aux autres romans de Pierre Raufast mais aussi à ceux d’autres auteurs des Forges…

Bon il me reste un roman de Pierre Raufast dans ma wish list…

Je vous laisse découvrir ce roman singulier.

Sur ce blog :

La fractale des raviolis

La variante chilienne

La baleine Théabaïde

Le cerbère blanc

Le Cerbère blanc

Pierre Raufast

Éditions Stock, coll. Arpèges, mars 2020, 285 p., 19 €

4e de couv. :
Choyé par les siens, Mathieu vit une enfance idyllique dans la vallée de Chantebrie. Mais tout bascule le jour où il perd ses parents dans un accident tragique. C’est décidé, il consacrera sa vie à défier la mort. Il quitte sa vallée et Amandine, sa fiancée, pour suivre des études de médecine à Paris. Là, il travaillera pour un taxidermiste dont la plus belle pièce est un mystérieux cerbère blanc… Mais peut-on vraiment oublier son passé ?
Tiraillé par ses démons, ses regrets et son ambition, Mathieu ira d’aventure en aventure jusqu’à ce lieu ultime, interdit, duquel il reviendra transformé.

Mes impressions de lecture :

À chaque nouveau roman de Pierre Raufast on s’attend à des surprises, cette fois-ci ne fait pas exception. Cependant, il y a des éléments qu’on a plaisir à retrouver… des clins d’œil à ses autres romans ou (maintenant j’en repère certains) à ceux d’autres auteurs. C’est très drôle ce petit jeu de texte subliminal.

J’aime beaucoup les petites touches « scientifique »  ou « mathématiques ». Ici on aura droit entre autre aux théories des cordes ou à un peu de physique quantique. Voilà qui expliquerait bien des choses …

On retrouve dans la structure narrative la notion de temps. On a par moment une chronologie linéaire, avec quelques souvenirs ou résumés de vie, il faut parfois plusieurs chapitres pour parler de quelques semaines et d’un coup dans un chapitre les années s’écoulent et on retrouve l’autre narrateur qui va vivre les choses à un autre rythme, cela m’a fait penser à un élastique tantôt souple tantôt tendu à fond.

Si je vous dis qu’il a de l’humour vous allez croire que c’est une comédie, si je vous dis qu’il y a des drames que c’est une tragédie, si je vous dit qu’il est question de passion et d’amour vous allez croire que c’est une romance, si je vous dit qu’il est question d’argent que c’est un roman financier et si je vous dit qu’il y a la vallée vs le reste du monde vous aller croire que du chauvinisme rural… Mais en fait c’est tout cela et bien plus. Un peu comme dans la vie il y a toutes sortes de sentiments qui nous font vibrer.

C’est étrange en ce moment le thème de la vallée coupée de tout avec ses règles et ses qu’en dira-t-on j’ai le chic pour y tomber dessus. Cela renvoi à l’idée de frontière, d’île… soi et l’autre… rester ou partir… prisonnier ou libre…

L’idée de frontière est aussi présente dans l’idée de réalité cartésienne et la petite touche de fantastique (?) de réalisme magique?

« Le Cerbère blanc » va nous faire vivre deux parcours de vie à travers deux voix, il n’y a pas forcément d’alternance. Un personnage développe une partie de l’intrigue, le texte à la première personne nous fait vivre qu’un seul regard. Le féminin et le masculin, Mathieu et Amandine…

J’aime bien les arrangements avec la justice que nous propose à chaque fois Pierre Raufast. Ahahah !

Les personnages sont très attachants même si parfois ils sont agaçants. Pierre Raufast n’est pas tendres avec eux et il ne nous les montres pas toujours sous leur meilleur profil, comme des humains me direz-vous…

Ce que j’ai beaucoup aimé aussi dans ce roman ce sont les références à la mythologie greco-romaine, à commencer par le titre ! C’était très intéressant cette histoire de « cerbère blanc », plusieurs explications sont données en fonction de la personne ou du moment de la narration.

C’est dommage que ce roman soit sorti pratiquement au moment du premier confinement, en même temps qui aurait pu prévoir ? C’est un excellent roman qui mérite qu’on s’y intéresse de près car il y a plusieurs niveaux de lecture.

Je ne vais pas dire que c’est le  « roman de la maturité » car j’attends avec impatience la sortie la semaine prochaine de son nouveau roman, « Les embrouillamis » chez Aux Forges de Vulcain, qui va encore nous embarquer dans des aventures étranges ? Affaire à suivre … il faudra que j’ai le temps d’aller à la librairie… et que je le lise… et que j’écrive ma chronique…

Sur ce blog vous pourrez lire les chroniques de :

La Fractale des Raviolis

La variante Chilienne

La baleine Thébaïde

Prochain roman de Pierre Raufast (que je n’ai pas encore)

Les embrouillaminis

4e de couv. :
L’auteur de ce roman est né sous le signe de la Balance : il est incapable de choisir sa confiture au petit-déjeuner ni même le destin des héros de ses romans.
Est-ce que Lorenzo part au Mexique rejoindre une équipe d’effaroucheurs, disciples des dieux aztèques ? Ou alors, est-ce que Lorenzo reste dans la vallée de Chantebrie et devient cambrioleur par amour ?
José-Luis Borges parle d’une bibliothèque infinie dans laquelle se trouveraient toutes les histoires du monde. L’auteur de ce roman remercie l’écrivain argentin pour l’avoir invité dans ce lieu où l’indécision est heureuse.

La variante chilienne

Pierre Raufast

Alma Editeurs, 2015, 262 p., 18 €

Existe en Folio

A79344
variante chilienne

4e de couv. :

Il était une fois un homme qui rangeait ses souvenirs dans des bocaux.

Chaque caillou qu’il y dépose correspond à un évènement de sa vie. Deux vacanciers, réfugiés pour l’été au fond d’une vallée, le rencontrent  par hasard. Rapidement des liens d’amitiés se tissent au fur et à mesure que Florin puise ses petits cailloux dans les bocaux. À Margaux, l’adolescente éprise de poésie et à Pascal le professeur revenu de tout, il raconte. L’histoire du village noyé de pluie pendant des années, celle du potier qui voulait retrouver la voix de Clovis dans un vase, celle de la piscine transformée en potager ou encore des pieds nickelés qui se servaient d’un cimetière pour trafiquer.

Ma chronique :

Ce roman est le deuxième de Pierre Raufast (depuis il en a écrit bien d’autres). Ce n’est pas anodin quand on sait que son roman « La Fractale des raviolis » a marqué ses lecteurs. Il y a d’ailleurs des clins d’œil dans ce roman.

« La variante chilienne » je l’ai eu pour mon anniversaire et je l’ai dévoré tout de suite (oui il était temps que je publie cette chronique !)

Nous allons suivre trois personnages avec chacun sa singularité qu’on découvrira au fur à mesure à travers leurs discussions. Tantôt parlant de soi, tantôt convoquant les souvenirs et les absents.

La mémoire est l’un des fils conducteurs de ces histoires. Qu’on ait de la mémoire, ou qu’elle soit tronquée, elle reste une préoccupation.

Pascal a subit les conséquences du souvenir du premier amour… Florin a dû se créer une bibliothèque externe de souvenirs… Margaux vit aussi avec un souvenir traumatisant mais il faudra attendre certaines révélations pour qu’elle découvre qu’il ne s’agissait que de son point de vue…

Paradoxes…

L’absence est ici plus  présentent qu’on ne le croit. D’autant plus quand c’est le toucher qui ravive es souvenirs.

Absence de noms. Florin va nous raconter bien des vies mais les noms des personnes sont remplacés par des surnoms. Une identité différente du nom de naissance.

Des  histoires, drôles, rocambolesques ou émouvantes parfois choquantes. C’est un autre paradoxe avec manque d’émotions.

Toutes ses histoires vont former un tout et surtout établir un climat de confiance qui va permettre à Margaux de résoudre son problème existentiel.

J’avoue que les premières scènes du roman m’ont un peu inquiété sur la suite de ma lecture. Je me suis même demandé si je ne m’étais pas trompé de roman. Puis petite à petit j’ai pu me décontracter. Je n’en dis pas plus pour ne rien vous révéler et vous laisser la surprise. En tout cas d’un point de vu littéraire c’est un joli exercice de style, j’imagine que  l’auteur à dû bien s’amuser par anticipation en pensant aux réactions des lecteurs dans mon genre… En tout cas moi je me suis dis une fois que j’ai découvert le fin mot de l’histoire que j’étais tombée dans le panneau…

J’ai bien aimé tout ce qui touchait aux références littéraires ou culturelles et le côté épicurien.

Il ne me reste plus qu’à attendre de lire les autres romans que je n’ai pas encore…