Dopamine

Patrick Bard

Éditions Syros,  sept 2022, 215 p., 16,95€

Mes lectures Syros

Chronique Jeunesse du mercredi

Rentrée littéraire automne 2022

4e de couv. :

Février 2021 : le corps d’une jeune fille de quatorze ans est retrouvé dans la Marne. Ses meurtriers, identifiés très vite, sont deux camarades de classe. Une fille et un garçon qui ne semblent pas conscients de la gravité de leur acte et invoquent des mobiles inconsistants. Entre addiction aux écrans, haine déversée sur les réseaux sociaux, harcèlement et calomnie, le juge d’instruction chargé de l’affaire décide de décrypter coûte que coûte la mécanique de l’impensable.

Mes impressions de lecture :

« Qui aurait pu prévoir qu’ils étaient capables de tuer ? Le nouveau roman choc de Patrick Bard.  » Lorsque j’ai lu cette accroche sur le site des Éditions Syros je me suis demandé ce qui se cachait derrière. Ce n’est pas un effet marketing, c’est vraiment un choc. La violence chez les ados n’est pas d’aujourd’hui mais il y a depuis quelques années des dérives que la technologie permet/engendre.

La couverture est excellente que ce soit dans les couleurs ou la composition, elle reflète vraiment le contenu.

D’entrée on découvre la jeune fille morte et on sait qui a commis le crime atroce. Tout l’enjeu de l’intrigue c’est de comprendre le pourquoi ces deux ados de 15 ans étaient passés à l’acte. Dans un premier temps on va suivre le juge d’instruction qui malgré son expérience est dans l’incompréhension. Il faut qu’il détermine les différentes responsabilités et l’enchainement des événements.

On va suivre les auditions des acteurs du drame. Le couple diabolique ne parle pas, n’exprime aucun remord… ce manque de « sentiments » perturbe le juge d’instruction qui essai de les faire parler.

On va découvrir les tenants et les aboutissants en écoutant les protagonistes. Le lecteur aura en plus ce qui ne sera pas dit en audition. Le rythme de la narration va changer un peu avant de revenir à de nouvelles auditions. On est bien guidé par le titre des chapitres où on a le nom de celui qui raconte et la date. C’est important car avec cette structure on ne va pas découvrir l’histoire chronologiquement. Il n’y a pas de longueurs, le changement de focale tiens le lecteur en éveil. Dans qu’elle mesure l’auteur joue t-il avec la « dopamine » que diffuse son histoire ? À la fin on aura des explications d’un médecin, cela fait froid au dos.

À un moment donné madame le proviseur dit que ce n’est pas faute de faire de la prévention contre le harcèlement et les dérives liées à internet, et pourtant ils sont tous passés à cause de l’omerta qui règne chez les adolescents. Que ce soit en lycée public ou privé c’est pareil. Patrick Bard démonter les mécanismes pour mieux nous montrer les rouages.

On retrouve aussi les effets de groupe, les clans et les rivalités. Ce roman nous montre des ados d’aujourd’hui avec cette hypersexualisation. Malheureusement, on n’est pas dans l’exagération. Les deux confinements de 2020 n’ont rien arrangé ni pour les adultes, ni pour les ados qui vivaient sous le même toit. Les réseaux et internet ont pris encore plus de place.

On ressent bien dans ses fragments de vie les différents degrés de violence que ressentent les adolescents à cette période charnière de leur vie. Ils ne font pas dans a dentelle, aucune concession… ils ont des émotions à fleur de peau.

J’ai lu cette histoire avec un regard d’adulte et de mère d’un ado. Soyons honnêtes on a beau prévenir et accompagner on ne peut pas contrôler les dérives. Il faut rester vigilant et à l’écoute. Je suis curieuse de savoir comment un ado reçoit ce roman. Je pense que selon le vécu de chacun ils retiendront plus tel ou tel aspect.

La partie concernant Krystal m’a rappelé une autre lecture (dans un autre style) « E.V.E entité Vigilance Enquête » de Carine Rozenfeld, c’est un sujet qui va devenir de plus en plus présent.

Le roman est recommandé pour les 13 ans et +, ce qu’il relate (en dehors du crime) correspond à ce qui nos ados peuvent rencontrer au collège mais attention aux âmes sensibles.

Je sens que ce roman va rester gravé dans ma mémoire pendant un moment.

Je remercie les Éditions Syros de leur confiance.