Le crève-cœur

Maxence Fermine

Éditions Michel Lafon, 14 fév. 2021, 255 p., 16,95 €

Mes lectures Michel Lafon

4e de couv :

Un matin de mars 2020, un écrivain se réveille un poids bourdonnant sur la poitrine. Ce dont il souffre, c’est du crève-cœur, un virus mondial prenant les traits d’une guêpe qui entre par les voies respiratoires pour essaimer dans l’organisme et crever le cœur de son aiguillon dans les cas les plus graves. L’écrivain relate son calvaire, sa longue traversée en solitaire pour lutter contre les assauts d’un mal perfide aux mille visages.

Mes impressions de lecture :

J’étais  contente de savoir qu’un nouveau roman de Maxence Fermine sortait à la rentrée d’hiver 2021, c’est donc très enthousiaste que je me lançais dans cette lecture.

Maintenant que je l’ai terminé mon avis est plus mitigé. Ce n’est pas le premier roman qu’il écrit et que je lis sur la maladie mais le problème de celui-ci c’est qu’il traite d’un sujet qui nous touche encore. Et certains faits énoncés sont trop frais dans la mémoire (c’est peut-être quelque chose qui vous plaira à vous).

Ce roman joue avec la frontière de la vie et la mort, le personnage va être dans cette zone où l’on bascule d’un côté ou l’autre, parfois en avançant il fera un pas de côté, très périlleux.

C’est un roman qui parle de la pandémie et du travail du corps médical, oui celui qu’on a applaudit pendant le premier confinement et qu’on a oublié ou passé en arrière plan. La compagne du protagoniste est infirmière, on a donc un point de vue intérieur.

Ce qui m’a plu dans ce roman c’est lorsque c’est l’écrivain qui parle de son travail et ses réflexions par rapport au travail de création. Par exemple ce décalage que crée la transformation de la COVID en crève-cœur avec les guêpes qui vous rongent de l’intérieur. Cette création permet de donner un côté plus poétique et mettre une distance avec la réalité.

J’ai bien aimé aussi les références littéraires que ce soit dans les titres des chapitres, dans les infos, ou lorsqu’il parle de ses lectures, d’ailleurs il y a une liste d’auteur dans les remerciements.

L’auteur dit dans ses remerciements « À quelques nuances près, ce roman est une autofiction », c’est délicat d’écrire sur un sujet qui vous touche d’aussi près et d’actualité, tout est dans l’équilibre. C’est là que le côté poétique de l’auteur permet de mettre une certaine distance. Il va jouer avec les rebondissements et les différentes phases que le héros va vivre. La tension émotionnelle et dramatique n’est heureusement pas continue, comme la maladie l’écrivain va jouer avec des pauses en parlant d’autres choses.

En fermant ce livre je me suis demandé ce dont on se rappellerait de cette pandémie et comment ceux qui ne l’aurons pas connu verrons les choses au travers de ce roman.

C’est le genre de roman où chaque lecteur en fonction de son vécu aura une approche différente, cela plaira ou pas.

Je remercie les Éditions Michel Lafon de leur confiance.

Autres chroniques :

La petite marchande de rêves

Le syndrome du papillon

Zen

Chaman

La probabilité mathématique du bonheur

U4 Contagion #U4

Yves Grevet, Florence Hinckel, Carole Trébor, Villeminot etc…

Éditions Syros, nov 2016, 455 p., 16,95 €

Blog des Editions Syros

 Mes Lectures Syros

4e de couv. :

Le virus U4 a décimé 90% de la population mondiale, n’épargnant que les adolescents entre 15 et 18 ans et de rares adultes. Jules, Koridwen, Stéphane et Yannis font partie des survivants. Mais ils ne sont pas les seuls…« Je m’appelle Séverine, le monde est ravagé et je crois que je suis enceinte. Je m’appelle Philippe, moi, président de la République française, je n’ai pas pu sauver ma propre famille. Je m’appelle Nicolas, je suis bloqué en Espagne avec mes potes : tout le pays est mort sauf nous, touristes français. Je m’appelle François, c’est de la folie mais par amour, je suis prêt à redevenir un hors-la-loi. Je m’appelle Koridwen, j’ai l’impression d’avoir déjà vécu ça… »

Anecdote  de lectrice :

Je venais à peine de sortir de  .U4 lorsque j’ai reçu « contagion ». Je me suis dit « chouette je vais le lire dans la foulée », finalement ça n’a pas eu le résultat escompté. Je me suis essoufflée avant la fin et j’ai compris pourquoi.  Le rythme, la forme et le fond sont très différents des quatre romans. Je ne voulais pas passer à côté alors j’ai préféré le poser. Voilà pourquoi je n’ai pas fait partie de ceux qui en ont parlé avant le Salon du Livre Jeunesse et de l’euphorie de la sortie.

J’ai repris ma lecture à tête reposée et là je n’ai pas eu la même vision des choses. Et j’ai pu apprécier l’ampleur du  travail de tous les auteurs.

Ma chronique :

A la question : Puis-je lire ce livre avant les romans ? Je dis pourquoi pas les nouvelles qui spoilent sont signalées.  Cependant en lisant ma chronique vous verrez que ce serait dommage de ne pas avoir lu les romans d’abord. Après si vous aimez les nouvelles vous y trouverez votre plaisir. Je dis ça aussi pour ceux qui n’ont pas accroché à la structure des quatre romans.

Ce recueil de nouvelles des quatre auteurs, plus d’autres plumes professionnelles pour ce qui est des romans graphiques et illustrations, ajoutez à cela des fan fictions cela donne une somme de travail artistique très variée et importante. Je suis très impressionnée par le travail de composition d’un ensemble cohérent et hétérogène, un beau travail de coordination.

Je ne vais pas vous parler de chaque histoire pour vous les laisser découvrir et pour ne pas faire une chronique sans fin…  je m’attarde juste sur la première, celle qui va marquer les esprits.

On début le recueil avec une nouvelle de Vincent Villeminot qui donne le ton. On a un effet de propagation des ondes. L’aéroport, la gare, les hôpitaux, la rue, les individus dans leur famille, les écoles. Et en même temps on a la réaction des services médicaux, de la préfecture, de la mairie, la mise en place de l’armée etc. Hypothèses, suppositions selon qui pose la question. On sent la tension monter au fur et à mesure de l’étendue des dégâts. La parole est donnée à d’autres personnages nouveaux, mais ici nous retrouvons le docteur Certaldo/ Marco/ Philo/ Julien etc. Dans les quatre tomes de .U4, on voit moins le moment de la mort. Les membres d’une famille qu’on sépare sans pouvoir dire au revoir où se toucher. Les survivants  ont de quoi perdre la raison avec de telles douleurs psychologiques. On a une autre facette de cette tragédie.

Ce que j’ai retenu de toutes ses histoires, c’est que les auteurs ont exploré le début de l’épidémie et le post 24 décembre. Ils ont mis en avant des personnages secondaires  que l’on a plus ou moins croisés dans les romans. Ils ont joué avec les personnages et les décors des uns et des autres. Ce n’est pas évident de prendre le personnage d’un autre, ils l’avaient un peu fait lorsqu’ils intégraient les autres personnages dans les romans mais là il y a la ville aussi, je ne sais pas c’était différent, plus poussé comme travail d’écriture. Cela fait plaisir lorsqu’on a aimé des personnages de les voir encore alors qu’on a fermé le roman.

Les fan fictions donnent une touche supplémentaire et j’espère qu’on verra d’autre écrits de ses écrivains prometteurs.

Dans  les .U4, on avait ce délai d’à peu près un mois avant la date butoir annoncée par Khronos. On était dans une sorte de fuite en avant avec au premier plan un personnage, puis deux, puis quatre ou trois. Et comme à un moment les quatre romans se recoupaient on avait juste des points de vue différents d’une même situation. Cela ressemblait à un arbre avec des ramifications. C’était bien on avait atteint le but, mais une fois lu « contagion » on se rend compte que c’était un arbre avec des bourgeons. Ce dernier volume à ouvert les bourgeons et on a des feuilles qui sont venues développer l’arbre.  Et le lecteur a eu vue d’ensemble très étoffée,  en se mettant au pied de l’arbre il peut tourner son regard à 360° il y aura toujours quelque chose à observer.

Maintenant que j’ai terminé la lecture je peux dire que ce recueil de nouvelles n’est pas juste un coup marketing qui  surfe sur le succès de .U4.  Les quatre romans à eux seuls forment un tout, mais là c’est beaucoup plus complet.

Pour une fois je vous parle de la couverture à la fin… Pourtant c’est la première chose qui vous saute aux yeux ces quatre visages rassemblés qui rappellent toutes les facettes de cette histoire. Elle est magnifique !

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog