N’habite plus à l’adresse indiquée

Nicolas Delesalle

Éditions Préludes, 2 oct 2019, 224 p., 15,90 €

Mes Lectures Préludes

nhabite pas à l'adresse

4e de couv. :

La première fois qu’elle reçoit une lettre d’amour anonyme, Sissi est furieuse. C’est quand même le comble, pour une factrice ! La cinquantaine bien sonnée, un physique loin de celui de Romy Schneider, divorcée et marquée par l’accident de son fils, elle voudrait bien savoir qui ose jouer avec ses sentiments. Heureusement, Sissi peut compter sur ses collègues pour l’aider, surtout Simon. C’est encore lui qui parle le mieux de Sissi, de leur quotidien au bureau de poste, de leur monde à eux avec Dine, qu’on distingue à peine derrière ses tatouages, Luc, à l’humour aussi noir que naze, Paulo, le boulanger écolo philosophe, Martin, le père de famille au bord de la crise de nerfs. Alors quand les lettres enflammées se multiplient, les amis s’organisent et décident de mener l’enquête. Jusqu’au bout, jusqu’à la révélation finale. Même s’ils auraient peut-être préféré ne rien savoir.

Ma chronique :

C’est le troisième roman de Nicolas Delesalle que je lis et c’est la troisième expérience lecture. On ne sait jamais où il va nous mener… on comprend d’entrée que ce sera  dans les failles humaines qui font que le cœur à parfois des ratés.

C’est un roman qu’on dévore car on veut avoir le fin mot de l’histoire et en même temps on ne veut pas aller trop vite car on sent que le drame va arriver. C’est un roman qu’on a envie de reprendre au début pour savourer pleinement après les découvertes de la fin comme si on pouvait changer le passé. Il y a des choses que l’on devine avant qu’elles soient dévoilées mais qu’importe… le but du voyage ce n’est pas l’arrivée, c’est le chemin qu’on parcoure.

L’originalité de ce roman tient en partie dans le fait que c’est un dialogue dont on n’entend qu’une voix. L’interlocutrice de notre héros apparaît que de manière indirecte. C’est Simon qui place les questions de la Demoiselle, et qui commente les réactions de la jeune femme. Nous avons donc la narration au présent Simon et la Demoiselle dans le bar avec leur limonade et le monde qui l’entoure… les lettres que Sissi a reçu et que ces amis ont vu… la narration du temps de Sissi et de ces fameuses lettres et les temps plus anciens de l’enfance de certains protagonistes.

Au début on découvre Simon un être solitaire qui semble être un SDF (qui se dénigre) et on va découvrir comment la vie va l’emmener là… On va le voir vivre au travail, dans un groupe, plus … avant…

En aucun cas il s’agit d’une histoire triste et nostalgique. Le Simon d’aujourd’hui porte un regard sur l’enchaînement des événements dramatiques.

La notion de temps et d’espace est toute relative puisqu’on est dans la narration. Les mouvements vont vers les gens qui vont mettre en œuvre tout ce qui est possible pour sauver leur amie et aussi se sauver moralement. On va découvrir les personnages grâce aux confidences recueillies par Simon qui à son tour les fait revivre pour cette demoiselle.

Je pensais que l’important c’était cette boîte aux lettres qui fait vivre Simon et non ce sont ces êtres qui ont partagé la vie de Simon avec leur fêlures.

J’ai bien apprécié tout ce qui concerne la météo avec la forte présence de l’eau. La pluie, les tempêtes, la plongée sous marine etc…

Je vous laisse découvrir les secrets et les mystères qui ont conduit Simon à parler…

La particularité des éditions préludes c’est qu’elles proposent des passerelles vers d’autres romans sur la même thématique. Ils proposent « La liste de mes envies » de Grégoire Delacourt, je n’aurais pas pensé à ce roman mais tout compte fait oui. « Les oubliés du dimanche » de Valerie Perrin je ne connais que de nom donc je ne peux pas trop dire, sauf que ce n’est pas la même période donc pas la même problématique me semble t-il… quant à «  Le facteur émotif » Denis Thériault je découvre ce titre et il me donne bien envie, là on est plus près du facteur en tant que personnage. C’est une bonne idée de ne pas laisser les lecteurs avec un livre fermé.

Il ne nous reste qu’à attendre le prochain roman de Nicolas Delesalle… et une nouvelle quête intérieure.

Je remercie les Éditions Préludes de leur confiance.

Du Même auteur sur ce blog :

Le goût du large

Mille Soleils

Article précédemment publié sur Canalblog

 

Mille Soleils

Nicolas Delesalle

Éditions Préludes, janv. 2018, 247 p., 15,60 €

Mes lectures Préludes

mille soleils

4e de couv. :

Ils sont quatre, réunis en Argentine par le travail et des passions communes. Vadim le taiseux aime la physique des particules, et le bel Alexandre a installé des panneaux solaires sur les 1 600 cuves de l’observatoire astronomique de Malargüe. Avec ses yeux clairs, Wolfgang est un astrophysicien rêveur, spécialiste des rayons cosmiques d’ultrahaute énergie. Quant au jeune Simon (qui consulte toujours Clint Eastwood avant de se décider), il doit écrire un article sur ces rayons pour le CNRS. Ils ont quelques heures pour parcourir 200 kilomètres de piste et prendre leur avion à Mendoza. Pourtant, en une seconde, leur existence va basculer.
Que faire quand le drame survient et que, du haut d’un volcan, seul le ciel immense de la pampa vous contemple ?

Mon billet :

Il y a un mois je lisais  « le goût du large » du même auteur. J’y découvrais l’auteur et son regard de reporter qui en a trop vu. J’avais aimé sa façon de raconter et de faire avancer sa mémoire et son présent. C’était un mélange de récit et de carnet de voyage.  Alors j’ai eu envie de le découvrir en romancier.

Aujourd’hui, j’ai lu « Mille soleil » et je retrouve ce goût d’ailleurs et de rencontres incroyables. D’hommes et de femmes qui  se surpasse dans des situations extrêmes. Nous avons quatre hommes dans une voiture et une femme sur un vélo qui vont en sens inverse… leur cheminement intérieur aussi est différent. Ils sont tous au milieu de la Pampa argentine. Où un drame les attend !

On a un effet de miroir entre l’espace qui est leur sujet de prédilection et cet espace terrien vaste et dépeuplé.

Chaque chapitre commence avec leur à la minute près ce qui donne d’une part un côté témoignage et d’autre part crée une ambiance anxiogène. Pourquoi cette précision ? Parce qu’il s’agit de scientifiques ? Par que tout est une question de temps ? A quel moment tout va basculer ? Mais sait-on à l’avance que cela va se produire… on guette les indices…

Le fait que l’histoire se déroule sur une journée donne envie de lire le roman d’une traite pour savoir comment tout va se terminer…

Nicolas Delesalle donne la parole à chaque personnage ce qui donne une vue d’ensemble de l’état d’esprit, du caractère de chacun.

Ils ont passé cinq jours ensemble, certains se connaissaient avant, d’autres pas. On ne sent pas une grande sympathie entre eux, chacun a hâte de retourner chez lui.

L’homme est si petit face à l’univers… la couverture nous montre un homme seul au bord du précipice face à l’infinité de la nature… on dirait presque un paysage lunaire.

Qu’est-ce que l’espace et le temps quand un drame survient et  qu’on sort meurtri, blessé ou mort ? Comment survivre ?

Est-ce vrai qu’avant de mourir on voit défiler sa vie ? C’est un peu la sensation qu’on a après l’accident, on entre dans leur tête dans leur intimité…

Ce que j’ai aimé ce sont les digressions de l’auteur qui nous parle des personnages en incluant d’autres comme l’histoire de  Henri Guillemet et St Exupéry, ou  Ernest Shackleton…

Les nombres  viennent parfois rassurer les personnages et donner un aspect concret (ex. p. 97-98).

Il y aura pour certain un avant et un après…  Je vous laisse découvrir la fin de cette longue journée en enfer.

Je remercie les Éditions Préludes pour leur confiance.

Du même auteur sur ce blog :

Le Goût du large

Article précédemment publié sur Canalblog

Le goût du large

Nicolas Delesalle

Éditions Préludes, 2017, 319 p, 14,20 €

Mes lectures Préludes

goût du large

4e de couv. :

«  Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J’allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l’ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j’allais devenir un milliardaire du temps, plonger les mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J’allais me gaver d’heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer.  »
 
De l’inaccessible Tombouctou à la mélancolique Tallinn, entre une partie d’échecs fatale dans un hôtel russe et un barbecue incongru à Kaboul, des clameurs de la place Tahrir au fin fond d’un trou, dans l’Aveyron… c’est le roman d’une vie et de notre monde que raconte Nicolas Delesalle, le temps d’une croisière en cargo.

Anecdote :

J’ai l’impression que mes lectures depuis quelques temps m’emmènent vers l’autre !

Mon billet :

On m’avait dit du bien de son premier roman «Un parfum d’herbe coupé » que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire. Lorsque j’ai l’opportunité de lire celui-ci j’avais donc un à priori positif.

Je suis tout de suite monté sur le cargo avec le narrateur. Ce roman se compose de plusieurs récits, le passé se mêle au présent. Au fil de l’eau le narrateur déroule sa mémoire. Voilà deux thèmes qui me sont chers l’eau et la mémoire.

Ce voyage en cargo avec tous ces containers mystérieux peuvent être vus comme une métaphore de l’esprit. C’est comme si le narrateur ouvrait des boîtes de souvenirs rangés dans sa mémoire. C’est comme s’il avait besoin d’ouvrir quelques boîtes à souvenirs pour mieux en engranger d’autres.  Ce sentiment m’est venu en cours de lecture et j’en ai eu confirmation vers la fin de son voyage… j’étais contente d’avoir saisi  cette idée.

On pourrait presque lire les histoires séparément. Je dis presque car il y a des liens qui se tissent entre ces contrées plus ou moins lointaines, ce qu’il y a vécu (dans l’espace et le temps) et ce voyage qu’il est en train de faire. Une image en appelle une autre. Les évènements  de la vie sur le bateau  sont des déclencheurs qui ouvrent les tiroirs émotionnels. C’est comme si le narrateur avait un trop plein d’images et d’émotions qu’il a besoin d’extérioriser. Son métier de reporter l’a mené sur divers lieux de la planète ou la paix et la tranquillité n’existe pas.

De magnifiques portraits de parfaits inconnus qui ont croisé sa route et qui l’on accompagné pendant ce voyage en cargo. Plus qu’une succession de rencontres, ce roman est pour le narrateur (auteur) comme un besoin impérieux de mettre en lumière ses êtres dont personne ne parle une fois le reportage terminé. Peut-être sont-ils morts d’ailleurs !

Ce roman fait appel à nos sens à travers ceux du narrateur. Les souvenirs sont aussi composés d’odeurs agréables ou nauséabondes, de goût (tiens on retrouve le titre), on en prend plein les mirettes (avec une aventure faite d’obscurité et une de cécité), le touché est moins évident à mettre en relief… quand à l’ouïe, on en prend plein les oreilles, que ce soit des cris, des explosions ou des rires… mais c’est la play list musicale que je veux retenir. En effet le narrateur se crée une bulle avec ses écouteurs et les chansons qu’il écoute, des chansons à texte et des chansons qui entrent en résonance avec ses souvenir. J’en ai écouté certaines que je ne connaissais pas. Dommage je n’ai pas pensé à les noter…

J’ai noté une récurrence dans presque tous les récits sont liés à des véhicules et surtout des 4×4, il y a aussi une prédominance de Toyota… quelle conclusion tirer de cette remarque ? C’est devenu un véhicule emblématique des pays aux nombreuses pistes ?

Les sujets sont assez lourds, cependant parfois les rires viennent ponctuer les récits… parfois doux et parfois pour ne pas pleurer.

Un roman très riche en sujets de réflexion mais qu’on peut simplement lire comme un carnet de voyage physique et intérieur.

Je remercie les Éditions Préludes pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog