Une évidence

Agnès Martin-Lugand

Éditions Michel Lafon, mars 2019, 381 p., 19,95 €

Mes lectures Michel Lafon

4e de couv. :

Reine mène une vie heureuse qu’elle partage entre son fils de dix-sept ans et un métier passionnant.

Une vie parfaite si elle n’était construite sur un mensonge qui, révélé, pourrait bien faire voler son bonheur en éclats…

Faut-il se délivrer du passé pour écrire l’avenir ?

Ma chronique :

Agnès Martin-Lugand nous trace le portrait d’une femme contemporaine, une femme forte qui mène sa vie tambour battant. Elle a fait des choix et elle assume les conséquences. Bons ou mauvais ils ont construit sa vie, tout en ayant aussi un côté auto-destructeurs.

On aune femme passionnée qui va au bout des ses choix quitte à se détruire et à les imposer à son entourage.

Elle est parfois dans la contradiction, tiraillée entre son rôle de mère et de femme célibataire. Qui est-elle vraiment ? Elle semble s’être oubliée pour jouer le rôle de mère.

Le sujet que je retiendrai c’est celui de la liberté et par contraste celui des murs de prison qu’on se construit pour se protéger. On fini par se prendre à son propre piège.

Elle a choisi une vie conformiste. Elle fait tout pour coller à cette image acceptable par la société.

En ce donnant corps et âme à son enfant, il se crée forcément une relation fusionnelle. Elle est à un moment clé, où son fils va se détacher d’elle, elle souffre par anticipation.

Lorsque j’ai commencé ce roman je venais de fermer « Phalène fantôme » de Michèle Forbes. Certains sujets se recoupaient comme la passion de jeunesse. Dans les deux cas le passé refaisait surface mais de façon bien différente. Elles avaient mis leur vie entre parenthèse pour continuer à vivre. La grande différence c’est que les conséquences des choix d’une femme des années 50 et des années 2000 sont bien différents.

Dans « une évidence » Saint Malo est comme un personnage de l’histoire. J’ai trouvé malin que Noé soit si attiré par cette ville à travers un roman … ça donne un côté prémonition. En même temps, on ne peut pas s’empêcher de penser à l’arche de Noé et de là faire le lien avec la mer. Eh oui de la mère à la mer il n’y a qu’un pas ! Prendre le large, couper les amarres, couper le cordon ombilical… renaître.

Je n’ai jamais lu « ses messieurs de Saint Malo » de Bernard Simiot  il me semble que je dois avoir un exemplaire perdu dans ma bibliothèque… un jour peut-être !

Un roman  qui se lit d’une traite un week-end dans mon cas … sans être larmoyant âmes sensibles prévoyez un kleenex car il y a des scènes touchantes.

Je remercie les Editions Michel Lafon pour leur confiance.

Qui en parle ?

Jangelis

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Article précédemment publié sur Canalblog

     

J’ai toujours cette musique dans la tête

Agnès Martin-Lugand

Éditions Michel Lafon, mars 2017, 360 p., 18,95 €

Mes lectures Michel Lafon

4e de couv. :

Yanis et Véra ont la petite quarantaine et tout pour être heureux. Ils s’aiment comme au premier jour et sont les parents de trois magnifiques enfants. Seulement voilà, Yanis, talentueux autodidacte dans le bâtiment, vit de plus en plus mal sa collaboration avec Luc, le frère architecte de Véra, qui est aussi pragmatique et prudent que lui est créatif et entreprenant. La rupture est consommée lorsque Luc refuse LE chantier que Yanis attendait. Poussé par sa femme et financé par Tristan, un client providentiel qui ne jure que par lui, Yanis se lance à son compte, enfin.

Mais la vie qui semblait devenir un rêve éveillé va soudain prendre une tournure plus sombre. Yanis saura-t-il échapper à une spirale infernale sans emporter Véra ? Son couple résistera-t-il aux ambitions de leur entourage ?

Mon Billet

C’est le premier roman d’Agnès Martin-Lugand que je lis. J’avais lu une nouvelle dans « 3 à table » et j’avais bien aimé son écriture et ce qui semble son milieu de prédilection (couples trentaine actifs et citadins). J’étais donc curieuse de découvrir un récit plus long. Ce que j’ai bien aimé dans ce roman, c’est  que les faits sont ancrés dans la réalité et le quotidien. Même si on n’est pas dans le même milieu on s’identifie facilement à l’un ou l’autre des personnages. C’est ce qui fait le charme de ses histoires. Nous avons dès la couverture l’image d’une femme « de tous les jours » sans apprêts, elle est représente bien Véra lorsqu’elle se débat  avec ses problèmes et ses doutes. Et cette main… !!!!

Le point fort c’est la place des personnages. Agnès Martin-Lugand cible plutôt leur aspect psychologique. On y voit leur force, leurs failles et faiblesses. Leur fantaisie ou originalité vient animer les discussions.. Ensuite ce que l’on remarque ce sont les relations entre eux. C’est un peu comme s’ils donnaient 100 % d’eux même que lorsqu’ils sont ensemble. Agnès Martin-Lugand emploi à plusieurs reprises le mot « transparent »pour parler d’un personnage isolé.

Au début, j’ai eu peur qu’on parte sur un triangle amoureux : une femme deux hommes, mais heureusement très vite on se rend compte qu’il s’agit d’autre chose.

J’ai bien aimé le fait que les narrateurs soient les trois protagonistes principaux et que l’ordre de prise de parole ne soit pas à tout de rôle, mais juste au moment où la narratrice principale qui est Véra soit au bout de ce qu’elle est sensée savoir et comprendre.

Agnès Martin-Lugand développe la stratégie de la manipulation par petite touches. On a parfois l’impression que cela dure pendant longtemps et puis on se rend compte que c’est bien plus rapide que cela. C’est dû à l’intensité des émotions et des bouleversements vécus par les personnages.

On voit aussi comment l’alcoolisme prend petit à petit de l’ampleur et détruit certaines choses importantes.Le tabagisme n’est pas non plus oublié. Le travail aussi est une drogue qui modifie la vie.

C’est un roman agréable à lire car il y a plusieurs stades dans la mise en place de la déstabilisation émotionnelle, on croit qu’on arrive au bout et puis c’est comme si les personnages faisaient un pas en arrière.

On dirait que les personnages évoluent  en fonction d’une chorégraphie bien organisée.

Contrairement aux thrillers, on n’est pas dans l’exagération entre la lutte du bien contre le mal et c’est ce qui rend la situation si plausible et  angoissante insidieuse. Le titre va prendre une autre dimension à al fin du roman.

Je remercie les Éditions Michal Lafon pour m’avoir envoyé un exemplaire dédicacé par l’auteure !

musique dans la tête chro

Qui en parle ?

Mabiblio1988

Article précédemment publié sur Canalblog

Rien ne s’oppose à la nuit

Delphine de Vigan

Éditions JC Lattès, 2011, 440 p., 20 €

4 ième de couv :

« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. 
La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. 
Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » 

Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

Chronique : 

On entre dans une écriture de l’intime, où certains aspects sont mis en lumière. La narratrice est bien consciente qu’elle écrit sur des personnes réelles qui deviennent  des personnages recréés.

On y retrouve le thème de la mémoire dans comme dit la narratrice « une construction narrative » (p. 151) avec toute la subjectivité que cela implique.

A travers la vie de Lucille, on a une vision de trois générations de femmes, entre force et fragilité. On assiste à des tableaux familiaux et à travers eux on a une vision de la France.

Ce roman est intéressant pour le travail sur l’écriture. Les questionnements sur les raisons qui poussent à écrire et à sa façon d’écrire.

L’acte de création fait partie intégrante du roman : l’origine du projet, la gestation, la maturation, la concrétisation avec ses qualités et ses défauts.

On a progressivement la narratrice qui entre dans l’histoire en tant que protagoniste. Puis peu à peu, elle s’interroge sur les conséquences sur son avenir. On se construit avec des failles et des fêlures qu’on comble mais qui parfois sont mises à jours par des circonstances inattendues.

La mère disparue  n’a pas résolu les problèmes existants.

A travers l’histoire de la mère, la narratrice voit son propre parcours.

J’ai bien aimé les références à ses lectures qui apportent de l’eau à son moulin, ou encore l’évocation d’un de ses romans dont elle dévoile la genèse.

Quant à la place des autres personnages, c’est-à-dire les autres membres de la famille et amis, la narratrice se préoccupe de ce qu’elle peut dire ou non et comment. Mais, chacun porte en lui sa vérité, sa vision des évènements. Comme il y a un avant et un après la vie de Lucile il y aura je pense pour chacun un avant et un après ce livre. Elle prend parfois des gants et semble prévenir les protestations. Quand est-il aujourd’hui ? il faudra que j’écoute les interviews de l’auteure.

Une question n’a pas été posée : la bipolarité est-elle héréditaire ? Je ne connais pas la réponse, mais deux femmes de la même famille ont été frappées par cette souffrance. A aucun moment Delphine ne se pose la question pour elle ou ses enfants.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui aborde des thèmes que j’affectionne, et qui nous mets face à des questions qu’on se pose tous quand on fait un travail sur soi.

Un roman émouvant qui interpelle le lecteur qui aime s’interroger sur son passé.

Lu grâce au concours du Lycée Arago de Perpignan.

Article précédemment publié sur Canalblog