Mamen Sánchez
Trad. Judith Vernant
Folio, mars 2022, 373 p., 8,70 €
Mes lectures Folio

4e de couv. :
À Madrid, Soleá et ses collègues du magazine littéraire Librarte viennent d’apprendre une terrible nouvelle : Atticus Craftsman, le fils d’un riche éditeur londonien, débarque d’Angleterre pour fermer leurs bureaux, jugés trop peu rentables. Heureusement, les cinq salariées de la petite revue échafaudent une stratégie. Quand l’inspecteur Manchego, quelques semaines plus tard, est informé de la disparition du jeune et bel héritier, il ne peut imaginer l’affaire rocambolesque dans laquelle il met les pieds…
Mes impressions de Lecture :
Je n’avais pas entendu parler de ce livre lorsqu’il est paru en 2020 en grand format. Lorsque Folio me l’a proposé je n’ai pas pu résister d’autant que c’était pour le mois « mars au féminin » #marsaufeminin. J’ai supposé que le fait que l’autrice soit une journaliste de magazine poeple laissait présager que son histoire serait ancrée dans un présent féminin.
J’ai découvert que ce roman s’intitule « La felicidad es un té contigo » (Le bonheur c’est un thé avec toi) , un titre bien feel good… Alors que le titre français met l’accent sur la femme singulière qui va bouleverser la vie d’un anglais bien rangé. Qui dit Gitane de Granada pense à Carmen la séductrice, mais Solea a les yeux bleus, et ça change tout !
J’ai bien aimé la construction du roman. L’autrice joue avec deux temporalités. Nous débutons alors que Atticus a disparu, puis on aura une autre narration qui va se glisser dans cette enquête au présent. Le lecteur va connaître la vérité sur la disparition du jeune anglais.
Sous fond léger de feel good urbain on a des préoccupations socio-économiques qui touchent les femmes espagnoles. Le rôle de la famille, la jeune fille qui monte à la capitale pour aller de l’avant. Ce paradoxe entre modernité et tradition. La sororité et l’entraide féminine. Mamen Sánchez parle de « sorcière ».
« Ce dimanche matin, ce ne fut pas une réunion entre cinq femmes civilisées qui se tint dans les bureaux de Librarte, mais un sabbat entre cinq sorcières déchaînées usant de mauvais sorts et de magie noire pour tenter d’échapper à la malédiction qui s’abattait sur elles. »
On a une grande variété de personnages féminins, de tout âge et de tout milieu. Chacune avec ses préoccupations. On a entre autre la mère d’Atticus qui doit gérer son agenda « vie social » et son inquiétude face à la disparition de son fils. On a celle qui est mère et qui veut rester femme aussi. On a celle qui veut devenir mère. Cela va de la jeune fille à la veuve…
Il y a des moments tendres et touchants, voir révoltants mais l’humour n’est jamais très loin.
J’ai beaucoup rit avec cette caricature de policier, l’inspecteur qui essai de coller à l’image du policier américain et qui oblige son équipe à jouer au poker et boire du whisky. Pour lui c’est la classe. Et c’est touchant de voir son équipe faire semblant pour lui faire plaisir.
J’ai aussi rit en voyant Atticus demandant un sandwich Saumon-fromage frais dans le bistrot du coin et finir avec des gambas-bière et autres tapas.
Le choc des cultures entre les anglais avec une culture littéraire (familles d’éditeurs) faisant partie des nantis et dégageant une froideur so british et les espagnols issus du milieu populaire avec le cœur sur la main. Sans parler de la différence de langage.
L’autrice c’est beaucoup amusée avec les noms ou surnoms des personnages. Aller surnommer l’inspecteur « Manchego » et il en ait fier ! d’accord ça peut passer pour une référence à Don Quichotte. Et pour les noms anglais on a quand même un Bestman… Marlow Craftsman pour un éditeur qui ne fait rien avec ses mains, Marlow je pense au détective (rien à voir lol). Les personnages espagnols sont incapables de les prononcer comme il faut…
Une bonne lecture qui va vous entraîner dans le vieux quartier de l’Albaicin et des histoires rocambolesques.
Je vous souhaite une bonne lecture.