Big Sister

Jérôme Leroy
2001, 126 p., Librio 393 (existe chez mille et une nuits)

big sister

4 e de couv. :

Sous l’invocation d’Orwell, un roman d’anticipation très noir : Big Sister, c’est une machine omnisciente, l’organe de contrôle d’une société où les pics de pollution et l’orthodoxie libérale sont devenus la règle.
Servi par des officiers impeccablement dociles, le super-ordinateur peu à peu s’autonomise, et prend seul les grandes décisions stratégiques. Céline Loup, gauchiste encore militante qu’ on a déjà essayé de supprimer, et le lieutenant François Kieffer,rongé par le doute et amoureux de la belle, tentent pourtant d’échapper à tout contrôle…
Pour combien de temps ?

Anecdote autour d’un livre :

Souvent je me pose la question : Pourquoi avoir choisi de lire ce livre plutôt qu’un autre ?

Il y a quelques temps j’ai appris la venue de Yasmina Khadra dans un village à 30 km de chez moi. Je ne pouvais pas laisser passer un tel événement… Mais au niveau info ce n’était pas très précis… Le jour de cette rencontre j’ai pianoté une fois de plus et là je trouve le programme de cette manifestation culturelle… Oh surprise il y aura une autre conférence : celle de Jérôme Leroy. Qui s’est celui-là ? Qu’est-ce qu’il écrit ? je trouve des renseignements dont un important… Jérôme Leroy a écrit un « Poulpe », personnage que j’adore et dont j’ai plusieurs titres dans les éditions « Librio » alors je vais voir sur l’étagère, et ho surprise je trouve un roman de Jérôme Leroy qui n’est pas un « poulpe »… Après coup, je me souviens que le titre « Big Sister » m’avait interpellé lorsque j’avais détaillé le carton de livres qu’on m’avait offert, mais j’avais plutôt imaginé une chanteuse noire un peu opulente !!!

Je suis donc allée à la rencontre des écrivains à Cabestany le 26 novembre 2011 avec le livre dans mon sac. J’étais bien embêtée avec mon livre que je n’avais pas lu. Alors, j’ai joué la carte de la franchise en lui disant que je ne connaissais pas son travail, ni son nom jusqu’à ce jour  et aimablement il m’a répondu qu’on ne pouvait connaître tous les auteurs. Lorsque je lui ai fait signer mon exemplaire il m’a dit « vous avez un collector » et il m’a montré la réédition et ses autres livres. Mon embarras était à son comble parce que je n’avais pas prévu d’acheter de livres (pas de sous !). Mais, il n’a pas insisté. Il y avait si peu de monde qu’il a eu le temps de profiter du soleil et de causeries autour d’une cigarette, mais là ma timidité ne m’a permis de m’approcher.

Ensuite, il y a eu une conférence/interview autour de son roman « le Bloc ». Il a parlé de son travail d’écriture et de ses idées. C’est quelqu’un de très abordable et sympathique. Par contre je ne me sens pas de lire son roman « Le Bloc » même si le travail littéraire est intéressant. Écriture à la première et deuxième personne du singulier, dans la peau de deux personnages aux idées politiques extrêmes, à l’opposé de ses propres convictions.

Je ne sais pas s’il gardera un bon souvenir des gens du coin. Pratiquement à  la fin de son intervention trois vieilles « toupies » sont venues saluer une de leur connaissance au premier rang, interrompant le dialogue entre l’auteur et son public. Il leur a dit  avec humour « c’est dommage que vous arriviez à la fin c’était intéressant » et l’une d’elle de répondre il n’est pas encore 16h30. Elles étaient en avance oui mais pour la conférence de Yasmina Khadra dans la grande salle. J’étais outrée ! Jérôme Leroy est resté courtois.

Je ne pouvais que lire son livre après l’avoir entendu défendre son travail !

Chronique :

« Big Sister » rien à voir avec une femme de forte corpulence ! Il s’agit d’un « Big Brother » au féminin. Et ça paraît encore plus terrible.
J’ai retrouvé l’univers littéraire que Jérôme Leroy nous avait exposé. Du néo-polar, une réalité légèrement décalée. C’est ce qui rend « terrifiant » la société qu’il nous décrit… la société qui nous attend ?
La couverture de cette collection (illustration de Thomas Ehretsmann) rappelle les romans d’espionnage.
La composition du roman rend l’intrigue dynamique. Les thèmes abordés ne laissent pas indifférent.
La place de la culture est mise en danger. Avoir un livre c’est subversif et contre nature de ne pas regarder la TV.
Tout est sous contrôle. Céline travaille à l’Université Elf-Voltaire (p.68) mais elle est fichée comme activiste.
« Il est vrai que l’époque de la médicalisation généralisée avait déjà commencé : la mélancolie, le goût pour la solitude, le fait d’écrire des poèmes plutôt que de participer à des « activités de groupe » étaient considérées comme autant de pathologies » (p.69).
J’ai noté quelques passages du même acabit.
La machine prend de plus en plus d’autonomie pendant que quelques électrons libres tentent d’enrailler la mécanique.
La fin donne envie d’une suite.
Je pense que je vais tenter de me procurer d’autres titres de cet auteur.

Nb : Big Brother, voilà encore une piqûre de rappel pour m’inciter à lire « 1984 » de Georges Orwell, que je n’ai jamais lu.

NB : Où sont passé mes brouillons ? j’ai écrit des chroniques à chaud, avec des réflexions intelligentes (je peux dire ça puisque vous ne les lirez jamais) et j’ai perdu les feuilles… qui a dit les paroles s’envolent et les écrits restent ? En cette fin d’année qui aurait des neurones en trop à me donner ?