Silhouettes de mort sous la lune blanche

Kââ

Éditions de la Table Ronde, La Petite Vermillon, 21 janv. 2021, 296 p., 8,90 €

Mes lectures de la Table Ronde

Silhouettes de mort sous la lune blanche

4e de couv. :
«Silhouettes de mort sous la lune blanche est le premier roman de Kââ mettant en scène son narrateur sans nom, truand dandy, mercenaire sans scrupule et tueur sans pitié. Ce héros négatif apparu au mitan des années 80 est finalement le parfait reflet de l’époque dans laquelle il évolue, à cette différence qu’il n’a pas l’hypocrisie de masquer son cynisme et son hédonisme derrière les apparences de la respectabilité.
Cette histoire de cavale commence par un hold-up qui tourne mal où le narrateur est obligé d’abattre un de ses jeunes complices qui a tendance à tirer trop facilement dans le tas. Manque de chance, le gamin a deux frères pas commodes… Alors on peut commencer à fuir, à abattre d’autres copains et à s’enfuir avec leurs veuves aux mœurs plus que légères et à la gâchette facile. Autant dire qu’il règne dans ce roman, pour reprendre les mots de l’homme sans nom, « un froid exemplaire ».»
Jérôme Leroy.

Mes impressions de lectures :

On me demande parfois de définir mon genre de lectures et ce que mon Blog reflète. Je suis bien en peine de répondre car je peux passer du feel good au cosy mystery aux thrillers, par la littérature blanche à celle de l’imaginaire, et je ne parle pas de la jeunesse… Et puis de temps en temps je prend des chemins de traverse ceux qu’on dit « mauvais genre » comme les romans de Kââ.

Des morts que tu en veuilles ou pas tu vas les avoir à la pelle et on ne fait pas de la dentelle (même pas en sous-vêtements), cependant contrairement aux thrillers il y a une différence. Je n’ai pas compté les massacres et autres fusillades et pourtant ça ne rentre pas dans la catégorie serial killer, vous voyez la nuance ? en tout cas pour moi je la ressens. Ce qui ne signifie pas que j’en lirais souvent.

La couverture de ce roman ne laisse pas trop entrevoir l’époque où a lieu cette histoire, mais rappelle l’idée du règlement de compte (comme dans les westerns) et cela fait penser au héros seul face au monde… bon l’illustration nous indique qu’on est dans la campagne française. On va la voir en long, en large et en travers la campagne française !

Nous avons ici un roman qui se déroule début des années quatre-vingt et qui fut publié la première fois en 1985. Cette réédition est présentée par Jérôme Leroy. Il a passé le filtre des dernières décennies.

Lire ce roman en 2021,  cela fait un choc culturel. Non seulement ils vont manger au restaurant à point d’heure, mais ils fument à table et boivent comme des trous et prennent la route pour rouler à tombeau ouvert. Quant au sexe point de protection, ni de délicatesse. Quand aux gestes barrière vu qu’ils ne savent pas s’ils vont finir la journée, ce n’est à l’ordre du jour !

On parle de protection, vous avez là tout un arsenal phénoménal, à croire qu’il joue à celui qui aura le plu gros calibre. Les femmes elles sont plus fidèles à un type d’arme et je ne parle pas de séduction fatale.

La technologie faire ce retour en arrière c’est vraiment changer de millénaire, j’imagine les jeunes lecteurs s’interroger sur certains comportements. Par exemple on est encore avec les téléphones fixes  (dans tous les sens du terme) cabines et téléphones à fil. C’est aussi cartes routières. Et rendez-vous à heure fixe. Pas d’internet on cherche le numéro dans le bottin, on a son réseau d’information perso. Quand aux nouvelles nationales, il y a surtout la radio et les journaux…

Et je ne vous parle pas des  voitures, c’est comme pour les armes on est dans les gros moteurs thermiques et grosses caisses. C’est cependant important pour qui s’y connais car c’est le reflet du milieu social dans lequel ils évoluent. L’empreinte carbone on ne connaissait pas.

Il y a aussi un autre détail qui nous ramène à une autre époque. Les frontières entre France/Espagne et France/Italie. A un moment donné il va faire tamponner son faux passeport et cela va avoir des conséquences plus tard. Ce roman joue beaucoup sur la thématique de la frontière, que ce soit physique (entre deux pays) ou morale. On joue entre le bien et le mal, il faut choisir son camps, franchir des sortes de frontières. Cela va de pair avec les verbes basculer, passer et trépasser…

Et les femmes me direz-vous ? On va en rencontrer trois avec chaque sa part de misère et de caractère bien trempé. Mais je vous laisse les découvrir.

J’ai failli oublier de vous parler de la thématique de l’identité, pas seulement métaphysique, notre héros a des passeports avec plusieurs noms et différentes nationalités. Je suis incapable de dire le nom de notre narrateur. Il se défini par un lieu ou un acte, voir une période, mais point de nom….

L’histoire est presque anecdotique. Un braquage qui tourne mal  entre braqueurs. Le personnage principal a engendré par son acte une suite d’incidents. Effet dominos. Bien que tuant à tour de bras, il représente le gentil parmi la kyrielle de gangsters, truands et hommes de mains. On veut qu’il s’en sorte qu’il arrive à tuer le braqueur sadique. Il est très lucide sur la nature des relations dans le gangstérisme, il ne cesse de dire qu’il n’y a rien de romantique et pourtant… il va mettre à l’épreuve l’amitié et les renvois d’ascenseurs dans le milieu des truands français. Il y a aussi l’aspect politique avec la place des anars et des indépendantistes.

Ce roman est une vraie tragédie, avec des guerres de pouvoir, des affrontements de bandes rivales, « d’amours » impossibles, où la trahison et la loyauté vont jouer un rôle important. Quand aux dialogues ils tiennent une place importante entre deux scènes d’actions.

Mais que fait la police me demanderez-vous, et bien elle compte les morts dans le milieu du grand banditisme. Ils essaient bien de créer des barrages qui sont évidemment contournés. J’ai admiré le travail topographique de l’auteur, il devait avoir une sacrée collection de cartes Michelin. A oui point de gps et de google maps.

Je terminerai en disant que j’ai souri en voyant passer ces bandits en cabale autour de chez moi (virtuellement heureusement), c’était drôle de mettre des images sur les lieux cités.

Je vous laisse découvrir ce roman ou apparaît pour première fois ce personnage que j’avais  découvert avec « Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales ». Quels titres ! c’est un sujet que j’affectionne mais je ne vais pas développer ici, ma chronique est assez longue, merci d’être arrivé jusqu’ici.

Je vous souhaite une bonne lecture pleine de testostérone, d’alcool et de mets régionaux. Toute une époque.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance.

table ronde

Vivonne

Jérôme Leroy
Éditions de la Table Ronde, Vermillon, 7 janv 2021, 411 p., 22 €

Mes Lectures de la Table Ronde
Roman / rentrée hiver 2021

4e de couv. :

Alors qu’un typhon dévaste l’Île-de-France, l’éditeur Alexandre Garnier contemple le cataclysme meurtrier depuis son bureau, rue de l’Odéon  : une rivière de boue coule sous ses fenêtres, des rats surgissent des égouts. Le passé aussi remonte à la surface. Devant ce spectacle de fin du monde, Garnier se souvient de sa jeunesse et surtout de son ami, le poète Adrien Vivonne, auteur entre autres de Danser dans les ruines en évitant les balles. Garnier a publié ses livres avant que celui-ci ne disparaisse mystérieusement en 2008, il y a presque vingt ans.
Qu’est devenu Vivonne  ? Partout en Europe, la «  balkanisation climatique  » sévit et les milices s’affrontent tandis que la multiplication des cyberattaques fait craindre une Grande Panne. Lancé à la poursuite de Vivonne, Garnier essaie de le retrouver avant que tout ne s’effondre. Est-il possible, comme semblent le croire de plus en plus de lecteurs dans le chaos ambiant, que Vivonne ait trouvé un passage vers un monde plus apaisé et que la solution soit au cœur de ses poèmes  ?

Mes impressions de Lecture :

Jérôme Leroy est un auteur que je suis depuis quelques années autant dans la littérature jeunesse que la littérature adulte.
On peut parler d’œuvre dans le sens où tout converge et s’entremêle, du moins ceux que j’ai lu.
Jérôme Leroy s’intéresse à la société, à ses fonctionnement et se dysfonctionnement. Les sujets touchant aux dérives politiques et à l’abandon font qu’il pointe le doigt sur ce que les gens et notamment les laissez pour compte subissent. Il s’intéresse aussi aux dérives des états face aux enjeux climatiques. Des sujets actuels qui le conduisent à nous montrer une société en perdition, où les dirigeants politiques divisent pour mieux régner. Mais Il n’est pas juste dans un constat négatif de ce qui se passe. Il montre aussi qu’il y a des gens qui se battent pour une nouvelle, une renaissance. Il appelle cette nouvelle société « la douceur ». Il n’est pas dans un monde utopique fait de douceur, il raconte comment ces communautés prennent les armes pour se protéger et pouvoir créer ce monde, fait de diversité, de respect et de solidarité. Et ne nous parle pas d’une période lointaine, à peine quelques années … donc les références sont claires et de danger imminent.
Ce que j’aime dans l’œuvre de Jérôme Leroy c’est la place de la littérature et du savoir. C’est son côté professeur de français militant pour la culture pour tous. Nous avons ici comme personnage principal « Vivonne » un poète visionnaire dont les poèmes sont assez fort pour changer la réalité de certains et donner de l’espoir à d’autres.
Petit à petit on voit se dessiner un portrait aux multiples facettes. Du poète mythique dont on partage les textes même après la catastrophe climatique qui touche Paris et la France. Le poète dont les fans partagent leur expérience. Et d’autres dont je vous laisse découvrir leurs liens avec lui, car derrière le poète il y a l’homme.
Nous avons aussi son ami et éditeur qui part à sa recherche, cette quête est devenue vitale pour lui. Cette quête va ressembler à une biographie professionnelle et personnelle.
Jérôme Leroy c’est aussi « la Femme » sont sujet de prédilection ou plutôt les femmes. Des femmes de caractères, des femmes blessées, à fleur de peau…
Ce que j’aime dans les romans et nouvelles de Jérôme Leroy c’est sa passion des livres, des traces écrites, ces objets qu’il exhume des cendres et des gravats, dans les mains de mourants.
Cette uchronie donne la parole à plusieurs narrateurs, chacun à leur niveau nous sonne leur point de vue. Cela donne à la narration des temps différents.
Ce roman joue aussi sur différents temps du passé tantôt lointain, tantôt plus proche. Ces va et vient au gré des rencontres et des souvenirs de chacun on voit se dessiner un tableau d’ensemble de l’Histoire de la France. L’une des narratrice va développer par exemple son ressentie lorsqu’elle lit les écrits d’Adrien Vivonne justement sur le thème du temps.
C’est un roman où l’action est au cœur de la narration, il y a un temps pour penser mais il y a un temps pour agir ne serais-ce que pour sauver sa vie.
Je vous laisse découvrir cette France en pleine débâcle…
Je remercie les Éditions de La Table Ronde, Vermillon, de leur confiance.

Littérature Adulte :

Cimetière des plaisirs

Comme un fauteuil voltaire dans une bibliothèque

La minute prescrite pour l’assaut

Un peu tard dans la saison

Jugan

Big Brother

Littérature Jeunesse :

Norlande

Macha

Le cimetière des plaisirs

Jérôme Leroy

Éditions de la Table Ronde, La Petite Vermillon, mars 2019, 136 p., 7,30€

Mes lectures de la Table Ronde

cimetière

4e de couv. :

«Ce livre, qui est sans doute un roman, a été écrit il y a un quart de siècle. Le narrateur se retrouve au tout début des années 90 dans une grande ville en crise du nord de la France. Il a peut-être un peu trop tendance à confondre la fin de sa jeunesse et la fin du monde. Il semblerait néanmoins, avec le temps, que quelques-unes de ses intuitions sur les désastres en cours sous nos yeux se soient révélées justes ou tout au moins assez proches de la réalité.
Si le lecteur veut bien trouver ici, tant d’années après, un témoignage d’époque sur une certaine qualité de tristesse et de silence, alors l’auteur sera comblé.»
Jérôme Leroy.

Ma chronique :

Je ne vais pas trop insister sur le plaisir que j’ai à lire l’œuvre de Jérôme Leroy, je dis œuvre car il y a une certaine unité dans ce qu’il écrit même s’il explore plusieurs genres littéraires. Je mettrais les liens vers mes autres chroniques. Je dirais juste que le mois prochain sort le premier tome d’une trilogie jeunesse chez Syros que je vais lire « avant l’effondrement »…

« Le cimetière des plaisirs » est une réédition d’un roman de 1992-1994. C’est important de le dire car l’histoire se déroule dans un certain contexte socio-culturel qui a évolué depuis. Au détour d’une phrase vous aurez même un minitel qui joue un rôle ! J’ai à peu près l’âge de l’auteur alors il y a des éléments qui me sont familiers.

« Le cimetière des plaisirs » est un roman très particulier. Par certains aspects, je le trouve très poétique. Des paragraphes très travaillés qui nous parlent des femmes, de l’alcool et de la littérature entre autre choses. C’est comme si le narrateur cherchait l’étourdissement pour oublier le temps qui s’écoule inexorablement. On retrouve la mélancolie qui caractérise certains écrits de Jérôme Leroy.

Il cite des écrivains et des poètes qui sont le reflet de son état d’esprit du moment. Il cherche dans leurs écrits un réconfort ou une confirmation de ce qu’il ressent. Il complète ses lectures en lisant l’Équipe, toute une époque.

Les auteurs cités font parti du panorama de l’époque dans un certain milieu. Le narrateur est prof de français et il écrit… En voici quelques uns.

Georges Perros (1923-1978)

Emil Cioran (1911-1995)

Dominique De Roux (1935-1977)

Chamfort (1741-1794)

La Rochefoucauld (1613-1680)

Il nous parle de la puissance des formes brèves, de leur impact sur le lecteur. J’ai beaucoup aimé les passages qui traitent de l’écriture, des romans courts et des réflexions littéraires.

Le narrateur nous parle de la fin d’une époque, personnelle et sociale.

On a une certaine tendance à  voir dans le personnage du narrateur le double de Jérôme Leroy.

Le narrateur est professeur de Français dans le nord de la France, il nous parle de la forte population issue de l’immigration, c’est comme s’il faisait un voyage immobile en faisant l’appel ou en observant les visages. C’est aussi une de ses thématiques de prédilection. L’identité et la mixité à une époque où l’on cherche l’intégration à tout crin pour rendre tout uniforme.

On retrouve les thèmes récurrents dans l’œuvre de Jérôme Leroy qui touchent à l’authenticité, l’originalité, l’identité singulière.

La solitude, autre sujet de réflexion. Le narrateur est pourtant entouré, cependant il nous fait ressentir la solitude qui nous submerge. Un certain mal-être comme s’il était dans un autre espace temps émotionnel. Avec son cœur brisé tout le conduit au désenchantement.

« Le chagrin d’amour ne guérit pas avec le temps ».

Je ne lis pas la poésie, mais si c’est votre cas il y a plusieurs recueils publiés chez les Éditions de La Table Ronde, je suppose que vous retrouverez les mêmes impressions.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde pour leur confiance.

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Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales

Kââ

Éditions de la Table Ronde, La petite Vermillon, mars 2018, 286 p., 8,90 €

Mes lectures de la Table Ronde

il ne faut pas

4e de couv. :
«Kââ est de retour ! Et aussi, bien entendu, le héros qu’il avait mis en scène dans La Princesse de Crève. Rappelons que ce personnage des années 80, sans nom, sans attache sinon dans le milieu mortifère des voyous de tout acabit, traverse son époque dans une traînée sulfureuse et violente.
Dans Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales, ce cow-boy solitaire en Jaguar XJ6 Sovereign se rend en province à l’enterrement d’un truand et tombe sur un ami d’enfance devenu flic. Ce n’est pas de chance parce que le héros voit son bienheureux anonymat menacé…»
Jérôme Leroy.

Ma chronique :

La première éditions date de 1985.

Je vous parlais l’autre jour (cliquez) de mes motivations à lire les rééditions de certains titres des années 80. Je ne vais pas recommencer, je vous laisse aller voir.

Kââ est un auteur que je ne connaissais pas, je découvre son écriture et son univers, est-ce que le reste de son œuvre est à l’avenant, mystère…

Ce que je peux dire,  c’est que je me suis régalée avec ce roman. C’est très bizarre d’écrire cela quand l’histoire est truffée d’horreurs en tout genre… les amateurs de polars et autres livres policiers comprendrons. Ne connaissant pas l’auteur j’ai pris un risque…

Le narrateur est un gangster (braqueur) très recherché. Il a un côté touchant avec son code de l’honneur et une bonne dose d’autodérision. Il va à l’enterrement d’un vieux truand et tombe nez à nez avec un ancien copain d’école devenu flic et qui est d’humeur collante. D’autre part un autre bandit à assisté à cette rencontre. Pas bon pour sa réputation tout cela. De là vont découler une tonne d’em***** . On se dit immédiatement qu’il a la poisse et qu’il va se faire prendre dans les mailles du filet…

Après cet instant on va avoir un effet domino avec une escalade dans les degrés des catastrophes. Plus ça va et plus le narrateur va descendre en enfer. Comment tout cela va se terminer pour lui et les autres ? C’est tout l’intérêt de ce livre, savoir comment l’auteur va conclure…

Tout le long, il s’interroge sur ses motivations. Le truand devient enquêteur, c’est un comble ! et le chasseur devient le chassé… Mais que diable allait-il faire sur cette galère !

On va avoir droit à une galerie de portraits très pittoresques des gens du milieu, bandits, flic etc… sans parler des noms qu’ils portent.

Le narrateur n’a pas de nom, il joue avec des identités toutes plus fausses les unes que les autres, une seule fois son prénom apparaîtra. On devine un peu son pedigree, une aura de mystère l’entoure, ce qui augmente son charme…

Les rôles masculins ne sont pas très reluisants, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Quand aux femmes qui entourent ce n’est guère mieux…, la rivalité, la cruauté, la trahison,  l’honneur et l’amitié, peut de place pour l’amour…

Tout ce petit monde a plus ou moins des cadavres cachés dans les placards. Un personnage m’a étonné  quant à ses motivations, j’ai eu des doutes tout le long… une ambigüité plane… je n’en dis pas plus.

Il y a un côté film avec Belmondo, des courses poursuites sans cascadeurs, charmeur et grand seigneur les poches pleine de billets…

On est dans les années 80 pas de doute. Il écoute des cassettes de Renault, Léonard Cohen et quelques autres…

Dans les restaurants c’est fruits de mer, tournedos Rossini, crêpes flambées etc…  Vins, champagnes, Cognacs et bourbon pas de loi Evin. Quand au tabac c’est partout et part tous temps.

Le sexe, le sida n’a pas encore fait les ravages…

Quand à l’argent, on y retrouve les devises principales (Francs, francs suisses et dollars) et le vocabulaire inhérent.

Au niveau des véhicules, c’était très amusant de revoir toutes ses modèles et leur connotation. Sans parler des excès de vitesse point de radars fixes…

Pour les amateurs d’armes à feu, vous avez toute la panoplie  avec leurs caractéristiques et celles de leurs munitions.

J’ai eu du mal à lâcher cette histoire car je voulais  découvrir les tenants et les aboutissants de toutes ces situations rocambolesques. Il y a un suspens qui tiens le lecteur en haleine. On attend le feu d’artifice final avec curiosité. Ça canarde à tout va. L’intrigue est bien ficelé même si parfois cela frôle la caricature, c’est aussi le charme de ce genre littéraire.

La presse écrite et la radio se faisait l’écho de ces faits divers sanglants. La tv n’est pas présente.

Ce qui m’a marqué, c’est la présence de la beauté qui est mise en évidence par le narrateur. Cela fait face à toute la noirceur d’univers. Il confronte la beauté physique et la corruption de l’âme.

Paris et ses beaux quartiers avec derrière les façades des êtres abjects.

Le narrateur déteste Paris et il nous montre la déshumanisation de l’urbanisation.

La pureté côtoie la souillure. Cela concerne les décors, les situations ou les personnes.

Le narrateur est conscient de ce qu’il est de ce qu’est sa vie etc. mais ont sent au fur et à mesure qu’il perd des illusions.

L’idée de paradis perdu, de fin d’une époque m’a accompagné.

Nous sommes dans un polar des années 80, il y a donc des idées politiques, des attitudes qui marquent bien l’époque. Il y a aussi quelques références à la guerre d’Algérie et les horreurs qui y sont liées. Il y est question d’écoutes téléphoniques, de RG, de portraits-robots etc. On sent aussi dans les techniques policières ne sont pas aussi poussées qu’aujourd’hui. La technologie ne permet pas de recouper les renseignements.

Je vous disais en début de chronique que je prenais un risque, par exemple  celui de trouver le roman vieilli et daté. En fait tout le côté année 80 c’est plutôt un certain portrait (imaginé ?!) d’une époque. Est-ce dû à mon âge ? peut-être…

Je vous souhaite une bonne lecture.

Je remercie les Editions de la Table Ronde et La Petite Vermillon pour leur confiance.

table ronde

Jugan

Jérôme Leroy

Gallimard, Folio, 2017, 217 p., 6,60 €

Mes Lectures Folio/ Table Ronde

A79335

4e de couv. :

Enseignant au collège Barbey-d’Aurevilly de Noirbourg, «en plein Cotentin, au carrefour de trois routes à quatre voies», le narrateur y voit débarquer Joël Jugan, ancien leader du groupe d’extrême gauche Action Rouge. Ce dernier vient de purger une peine de dix-huit ans. En prison, il est «devenu un monstre, au physique comme au moral». Son ancienne complice Clotilde le recrute au sein d’une équipe d’aide aux devoirs pour les élèves de la Zone. Il y croise Assia, une étudiante en comptabilité. Très vite, Assia est envoûtée par l’homme au visage ravagé. Ensorcelée aussi, peut-être, par la Gitane en robe rouge, qui, surprise à voler dans les rayons de la supérette de son père, lui a craché au visage d’étranges imprécations.

Mon billet :

Je termine mon cycle des dernières parutions de Jérôme Leroy. Lire un écrivain engagé en cette année d’élection présidentielle cela donne une drôle d’impression. Pour chaque nouvelle ou roman le lecteur s’interroge sur ces positions politiques.

D’entrée de jeu on sait que ça finira mal …

Dans « Jugan »,  on revient en partie sur des périodes clés 82-84 / 2002 /2012.  Je me rends compte qu’à chaque fois qu’on aborde la violence de la fin des années 70 début 80, j’ai des lacunes car j’étais gamine. Je sais que je vois à travers le prisme de l’auteur mais après j’essaie de faire la part des choses entre réalité et fiction, entre opinion publique et privée.

Ce roman joue avec trois présents ou deux passés selon les moments. La narration débute avec les troubles du narrateur dont l’origine remonte à 2002, moment où il a vécu une expérience traumatisante. Quand on se trouve en 2002 il découvre le passé de Jugan et de Clotilde. Mais cela ne suffit pas à éviter le drame.

Jugan sort de prison après 18 ans, il est en liberté conditionnelle pour actes terroristes. Il sort le visage complètement  défiguré. Il revient avec un côté encore plus sombre et trouve que la société  va encore plus mal. On a avant, après et maintenant qui s’entremêlent, mais ce n’est pas gênant pour le lecteur. Il y a l’idée de boucle d’éternel recommencement.

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Citation  qui résume l’état d’esprit du narrateur au temps présent :

 «  Je suis certain que le Palais d’Asie est agrandi par mon activité onirique, que certaines perspectives qui subissent d’étranges distorsions sont le signe d’un réveil imminent. Alors je me concentre, je veux rester en arrière, je veux en apprendre davantage. J’ai la certitude que le jour où mes rêves récurrents m’auront tout appris, je pourrai enfin me libérer de Jugan, d’Assia, des Gitans, de Clotilde, de Noirbourg. A supposer que je le veuille vraiment. » p.104

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Le décor : Noirbourg qui tisse une toile entre Caen, Rouen (300 km) et Rennes. Milieu industriel  en friche, HLM, campement de gitans, terrain vagues, les Forges  en ruine. Entourée de lande, on est dans les tons gris avec le ciel en écho. Le nom de la ville est symboliquement très fort.

J’ai trouvé très pertinent d’utiliser l’activité onirique du narrateur ce qui permets l’introduction des superstitions (Djinn des maghrébins, mauvais œil des gitans, la possession pour les intégristes musulman) pour donner une dimension du « Mal » au personnage de Jugan. Il sali tout ce qu’il touche, il pervertie tous ceux qui s’approchent de lui. Le fait de passer par le rêve permet  aussi d’avoir plusieurs points de vue (une grande part d’interprétations), on évite l’écueil de la mémoire qui modifie le passé.

Il y est question de perversion et de dérives alors que « la cause » c’est sortir de la corruption (je ne parle pas des moyens employés !)

On retrouve dans ce roman tout l’univers de Jérôme Leroy, l’éducation nationale avec ses profs qui sont usés et ceux qui sont encore des battants qui veulent défendre les milieux défavoriser.  On retrouve le côté bourgeois vs laissés pour compte. Détention des pouvoirs et victimes du système.

Quand au sexe, il a comme souvent une grande importance puisque c’est la perversion et les dérives dans la sphère privée.

La femme tient comme d’habitude dans les écrits de Jérôme Leroy une place très importante, elle plie mais ne romps pas !

Le narrateur raconte cette histoire pour exorciser ses vieux démons et ne plus se sentir coupable d’avoir laissé faire. On fini par un regard tourné vers l’avenir.

Je remercie les Éditions Folio pour m’avoir permis de continuer mon cycle Jérôme Leroy, mais je ne suis toujours pas prête à lire « Le Bloc » et vous ?

folio bleu
jugan chro

Un peu tard dans la saison

Jérôme Leroy

Éditions de la table Ronde, janv. 2017, 254 p., 18 €

Mes lectures Éditions de La Table Ronde

tard dans la saison

4e de couv. :

C’est aux alentours de 2015 qu’un phénomène inexpliqué et encore tenu caché s’empare de la société et affole le pouvoir. On l’appelle, faute de mieux, l’Éclipse. Des milliers de personnes, du ministre à l’infirmière, de la mère de famille au grand patron, décident du jour au lendemain de tout abandonner, de lâcher prise, de laisser tomber, de disparaître. Guillaume Trimbert, la cinquantaine fatiguée, écrivain en bout de course, est-il lui aussi sans le savoir candidat à l’Éclipse alors que la France et l’Europe, entre terrorisme et révolte sociale, sombrent dans le chaos? C’est ce que pense Agnès Delvaux, jeune capitaine des services secrets. Mais est-ce seulement pour cette raison qu’elle espionne ainsi Trimbert, jusqu’au cœur de son intimité, en désobéissant à ses propres chefs?
Dix-sept ans plus tard, dans un recoin du Gers où règne une nouvelle civilisation, la Douceur, Agnès observe sa fille Ada et revient sur son histoire avec Trimbert qui a changé sa vie au moment où changeait le monde.

Mon billet :

Lorsque j’ai commencé à lire ce roman, j’ai eu des flashs de «Macha, ou l’évasion», un roman jeunesse de Jérôme Leroy et une de ses nouvelles «Comme un fauteuils dans une bibliothèque en ruine», d’un recueil précédemment commenté sur ce blog. Jérôme Leroy a des thématiques qu’il développe à chaque fois d’une façon différente. Jérôme Leroy semble vouloir développer un univers très particulier qui répond aux préoccupations actuelles.

Ce roman se compose de deux parties.

Dans un premier temps on a nous avons une alternance entre deux narrateurs.

Agnès qui surveille Guillaume Trimbert et qui nous parle un peu d’elle et de ses sentiments en particulier en ce qui concerne son travail d’espionne et ce qu’elle récent pour Guillaume Trimbert. On a parfois l’impression qu’elle lui parle de manière indirecte, elle finit par employer le « tu » dans son récit. Il y a un non-dit sur la « haine-pitié » qu’elle lui porte. Elle ne veut pas être admirative de ce qu’il est.

L’autre narrateur, c’est Guillaume qui se raconte, son parcours, ses choix et ses idéaux, il parle de politique, d’histoire et de littérature. C’est une sorte de monologue intérieur, comme s’il cherchait à comprendre ses positions actuelles.

Ces récits tiennent du journal, intime, de la confession ou de  la séance de psychanalyse. Le lecteur entre dans leurs intimités à tous les deux.

Certains chapitres semblent chacun suivre une idée des narrateurs. A d’autres moments, ils se répondent alors que les personnages ne se connaissaient pas. Chacun à une vision différente de la vie.

Il y a l’idée de bourreau et victime, mais c’est Agnès qui joue à ce jeu puisque Guillaume ne se sait pas surveillé. Parfois Agnès se fait piéger à son propre piège, car il y a une part d’ombre en elle.

Une grande partie du texte traite des éclipsés. Agnès est chargée d’empêcher cet acte, alors on suit le cheminement de Guillaume qui veut s’éclipser. Il nous raconte ce qui imperceptiblement le pousse dans cette voie.

Pour faire court, s’éclipser c’est sortir de tous les réseaux qu’ils soient mondains ou virtuels. Sortir de l’ultra-connexion se retrouver  dans un lieu qui vous est inconnu et que vous y soyez inconnu, vous fondre incognito. Sortir de la société de consommation à outrance, aller à l’essentiel et vous recentrer. La façon dont Guillaume et Agnès en parle c’est un acte politique et subversif, ce n’est pas la même approche que ceux qui prônent les théories de développement personnel  (vie plus saine, écologie, recherche de spiritualité, introspection, écoute de son corps et de la nature). Ils ont côté désabusé, Guillaume ne croit plus  que l’homme puisse se révolter pour changer les choses et Agnès est chargée de désamorcer ceux qui ont se genre d’idée.

Guillaume joue à l’épicurien, il boit, mange, fait l’amour à l’excès. Il perd le goût des mondanités et de toutes les exigences induites par une vie sociale. Il a quitté l’enseignement pour se dédier) l’écriture mais là aussi, il veut aller vers ce qui lui semble essentiel, la poésie.  Il ne chercher plus à refaire le monde autour d’un verre.

Agnès, elle est dans la maîtrise, la violence prend petit à petit le dessus. Plus, elle est troublée, plus elle découvre l’intime de Guillaume et plus elle se révolte dans l’autre sens. Elle est sur le fil du  rasoir, prête à basculer.

La deuxième partie, point de bascule vers autre chose, c’est une autre étape que je ne voudrais pas vous dévoiler… surtout si vous n’avez pas lu les livres que j’ai cité au début de cette chronique.

Ce roman a quelque chose de troublant car il y a des références à l’actualité (attentats et massacres) Il y a aussi des échos de questionnements qui me préoccupent. Ce qui est troublant c’est que le personnage masculin est un écrivain qui fait penser à Jérôme Leroy.

Les personnages ne sont pas franchement attachants car tous les deux sont tournés sur eux même. Quoique…

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ces récits c’est la thématique du chemin : suivre son chemin ou changer son chemin, chercher son chemin et créer son  chemin, etc.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde pour cette lecture très intéressante sur  la révolte et la douceur.

table ronde

Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine

Jérôme Leroy

Éditons de la Table Ronde, janv 2017, 240 p., 8,70 €

Mes lectures Éditions de la Table Ronde

fauteuil voltaire

4e de couv. :

«– Mais, vois-tu, il y a trente ans, quand j’étais petit garçon, si l’on m’avait dit que j’allais vivre dans un monde où l’on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l’amour, un monde où il faut accepter de porter des masques certains jours, où la fête est devenue
une obligation, un monde où l’on bombarde ses propres banlieues, où l’eau manque, où l’on ne peut plus jamais être seul sans avoir l’air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfant à une femme en entrant en elle est devenu obscène, alors, tu vois, j’aurais dit à ce type que j’aimais bien la science-fiction, mais que, là, il y allait tout de même un peu fort. Qu’il n’était pas crédible… On supporte tout ça parce que ce n’est pas arrivé d’un seul coup, mais à doses homéopathiques, mois après mois, année après année. En fait, la catastrophe
est lente, Agnès, terriblement lente. C’est une fin du monde au ralenti. Tu comprends?
– Je crois, oui. Hélas, je crois que je comprends.»

Mon billet

Jérôme Leroy est un auteur que je suis depuis quatre ans déjà. Je découvre avec ce recueil de nouvelles une autre  facettes de son écriture. Après la SF avec « Big Sister », la jeunesse avec « Norlande » et « Macha » voici donc des nouvelles.

Je n’ai pu résister à la tentation en voyant un titre pareil !

Chaque auteur à ses thèmes de prédilection et quel que  soit le genre littéraire dans lequel il sévit on les retrouve. Ce n’est pas  pour rien que j’ai choisi de lire ses titres.

Jérôme Leroy dénonce entre autre les dérives des états menés par le libéralisme, voire par l’extrême droite. C’est son cheval de bataille, il est pour que le citoyen reste vigilant et ne se laisse pas envahir par la technologie à outrance au service du pouvoir des dirigeants et des financiers. Les individus manipulés ne sont plus enclins à la solidarité, à l’humanisme et à la révolte.

Les familles s’entre-déchirent, les gens s’entre-tuent, la nature est aussi mise à mal. Ce sont des sujets pas très gais mais bien d’actualités.

Les différentes nouvelles entraînent dans des situations très particulières.

Une petite graine germe dans l’esprit de certains individus et ils vont commettre l’irréparable ou des choses inattendues.

A force de croire aux théories du complot on finit par voir surgir des cas extrêmes.

Parmi les histoires, il y a ce que l’on pourrait nommer des nouvelles policières qui ont un personnage récurrent : le commissaire Borgés.

On a aussi de l’anticipation avec  une nouvelle qui se déroule en 2093.

On retrouve aussi des personnages de « Big sister » là j’avoue avoir souri. Des séismes causés par des orgasmes entre deux corps… oui, parfois il n’y a plus de contact entre les humains, il y a plusieurs nouvelles qui nous parlent de la sexualité virtuelle. On sent à travers les nouvelles que  Jérôme Leroy préfère les corps à corps passionnés et les mélanges de fluides corporels plutôt que le succédanée des amours électroniques.

La thématique de la nostalgie de la vie avant l’avènement des temps nouveaux  est très bien illustré par le titre éponyme « Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque ».

Tout n’est pas noir, il y a du gris et de l’humour !

Il y a une grande variété dans les nouvelles que je ne vais pas vous détailler, je préfère que vous les découvriez par vous-même. J’ai beaucoup aimé le rythme des histoires.

J’ai pris grand plaisir à me plonger dans ses histoire parfois très sombres, voir horribles, glauques. Je ne pouvais m’empêcher de les enchaîner.  Je me suis surprise de certaines de mes réactions.

Je remercie les Éditions de la Table ronde qui m’ont gâtée avec les trois publications de Jérôme Leroy en janvier. Je vous dis donc à bientôt pour « Un peu  tard dans la saison ».

table ronde

Macha

Jérôme Leroy

Éditions Syros,  25 Août 2016, 341 p., 12,99 €

Mes lectures Syros

macha

4e de couv. :

Le monde de la Douceur vient d’entrer dans sa quatrième génération. Dans la Douceur, il n’y a plus de téléphones portables, plus de pollution, plus de cadences effrénées, l’idée même de profit a disparu. Macha-des-Oyats, qui a cent sept ans, est née au tout début du 21e siècle. Elle est l’une des dernières personnes à avoir connu l’époque ultraviolente et morose du monde de la Fin. Alors, pour les jeunes qui le lui demandent, Macha accepte de raconter sa jeunesse, son amour perdu, sa fuite vers un idéal…

Mon Billet :

Quel plaisir de retrouver la plume de Jérôme Leroy. C’est un auteur engagé que j’ai découvert au moment de la sortie de « le bloc » un roman adulte à partir duquel il va écrire d’autres histoires qui y fond plus ou moins référence. Aux éditions Syros vous avez « La grande môme » et  « Norlande » qui sont dans la même mouvance. Aujourd’hui « Macha » est une autre branche qui fait référence aux personnages des deux romans jeunesses que je viens de citer.  C’est un fil rouge, mais si vous ne les avez pas lu, cela ne gêne pas du tout la lecture de « Macha ».  Ce sont des romans engagés qui ne laissent pas indifférents qui appellent au questionnement sur ce que nous voulons et ce que nous sommes prêts à croire.

Jérôme Leroy mets en garde contre les dérives extrémistes. Il parle de la violence, des manipulations politiques. Du monde de l’argent qui dénature les relations humaines. Il nous parle de la société consumériste qui détruit la nature pour plus de profit et plus de besoins. Il nous parle de l’adolescence et de la prise de conscience citoyenne.

L’histoire débute en 2100. La France a bien changé. Adieu la convoitise et la guerre, qui a détruit une grande partie de la population,  place à la Douceur, aux cabanes dans les arbres. C’est  une génération qui n’a pas connu la violence de la révolte.  Ces petits jeunes veulent collecter les souvenirs des anciens pour essayer de comprendre ce qui pouvait motiver les gens à cette époque là pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Tiens voilà quelque chose qui me parle « plus jamais ça »  et pourtant on le vit ! Fin du petit aparté.

On vient chercher une vienne dame fatiguée, elle a 107 ans, elle veut oublier pour ne pas souffrir. Elle va accepter d’ouvrir les portes de sa mémoire et de partager son vécu du temps du monde de la Fin. Ce travail de mémoire va nous renvoyer  à notre époque. Macha, s’appelait Marie à l’époque. Elle vivait dans une famille bourgeoise d’une grande ville de Province. Elle vivait dans les non-dits dans un monde où les apparences étaient tout.

Petit à petit elle remonte jusqu’à l’adolescence de cette jeune fille. Elle avait accumulé de la haine et de la rage, elle va découvrir le véritable amour et une autre façon de penser.

L’adolescence et sa recherche de référence, une période de révolte et d’absolu. C’est le moment où l’amitié et l’amour vont se lier pour rejeter la famille et les institutions. Tous les carcans qui essaient d’étouffer sa véritable nature.

Marie va devenir Macha la fille d’immigrée libre qui refuse les violences policières et la politique d’exclusion. Elle va s’émanciper. Elle va faire ses propre choix. Revendiquer sa vraie nature.

Elle va connaître la souffrance de la perte des êtres chers. On va la suivre dans son voyage initiatique qui va la faire sortir assez violemment de l’enfance.

On va la suivre en cavale dans une France violente où il vaut mieux être clair de peau.

Jérôme Leroy noirci le trait de notre société pour mieux nous faire comprendre les dangers qui nous guettent si nous baissons la garde.

Les personnages qu’il nous décrit soit on les aime soient on les déteste.  Il n’y a qu’un personnage qui va nous surprendre.

Connaître la France de 2100 atténue le côté pessimiste du monde tel que nous le décrit Jérôme Leroy.

Je remercie les Editions Syros qui mon permis de lire ce roman en avant–première.

NB : j’ai récemment lu « la fête est finie d’Olivier Maulin qui traite aussi de ses dérives immobilières qui veulent dénaturer la campagne.

J’ai aussi retrouvé une idée ou deux croisées  dans « Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous » de Nathalie Stragier.

syros
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Norlande

Jérôme Leroy

Syros, coll. Rat noir, 14/03/2013, 155 p., 14 €

Lu dans le cadre du Prix Ados en colère / libfly

Salon du livre d’expression populaire du 30 avril au 1er mai 2015

norlande

4e de couv :

Jérôme Leroy transpose dans un pays imaginaire la tragédie qui a eu lieu le 22 juillet 2011 sur l’île d’Utoya, en Norvège, et donne la parole à une jeune rescapée. Magistral et bouleversant.
Dans un pays de Scandinavie qui ressemble presque trait pour trait à la Norvège, la jeune Clara Pitiksen est en convalescence depuis huit mois à la clinique de la Reine-Astrid, retirée tout au fond d’elle-même, de ce qu’il reste d’elle-même. Dans une longue lettre adressée à Émilie, sa correspondante française, elle raconte et se raconte par petites touches, avec une infinie pudeur, donnant à entrevoir comment l’horreur absolue a pu naître en Norlande, ce pays de contes de fées…

Auteur :

Né à Rouen en 1964, Jérôme Leroy vit à Lille. Professeur de lettres, il est un grand amateur de musique soul et grand lecteur. Il publie son premier roman en 1990. Outre des romans et des nouvelles où se mêlent souvent polar, science-fiction et fantastique, il a aussi écrit pour la radio et a réalisé de nombreux articles sur le roman noir. Incontournable aujourd’hui dans les salons polar les plus reconnus, Jérôme Leroy a le vent en poupe. Très bon orateur, ses projets personnels et ses activités sur la scène littéraire et dans le monde de l’édition le poussent sur le devant de la scène.

Anecdote :

J’ai rencontré cet auteur lors de la sortie de : « Le Bloc » dont le sujet ne me donnait pas envie mais j’ai découvert d’autres facettes de cet auteur… j’ai lu « Big Sister » … la discussion avait été très intéressante et il fut très sympathique lorsque je lui fit dédicacer un vieil exemplaire qu’il a qualifié de « collector » ! Aujourd’hui j’ai l’occasion de découvrir son côté « lecture jeunesse ».

Ma chronique :

Je ne vais pas commencer par le texte, mais par la couverture qui fait froid dans le dos. Cet arbre sans feuille déraciné (photo de don Farrall Getty) sur fond blanc laisse une impression de mort.

Je suis lectrice des éditions Syros mais je n’ai pas encore lu de roman de la collection « Rat Noir » mais cette lecture me donne envie d’en lire d’autres, notamment « La grande Môme » de Jérôme Leroy car ce précédent livre mettait déjà en scène Émilie et Clara.

Ce roman est écrit à la façon d’un journal intime que Clara adresse à sa meilleure amie Émilie qui vit à Rouen. Le fait qu’il s’adresse à quelqu’un en particulier cela lui donne un côté épistolaire très intéressant, car cela donne une narration qui n’est pas linéaire. Nous avons des éléments du présent, c’est-à-dire Clara dans une clinique où elle essais de surmonter le traumatisme de l’événement. Mais son récit est ponctué de souvenirs d’avant et pendant le massacre. Clara qui malgré elle se trouve impliquée de très près utilise l’écrit comme thérapie pour lui faire parler du drame. Elle parle elle-même de gestation jusqu’à faire sortir le monstre et affronter l’horreur. Émilie est très touchante rongée par la culpabilité.

Mais, au-delà de la part intime et du côté personnel, on a toute une réflexion sur la montée de l’extrême droite et de l’éveil de la conscience politique de la jeunesse. Clara est le reflet de d’une jeunesse qui vit au jour le jour sans vraiment réaliser les enjeux de la vie économique et politique dans les pays occidentaux et en particulier dans ce pays nordique, qui accueillent les défavorisés des pays du Sud. Émilie se croyait à l’abri dans un pays ouvert, elle n’imaginait même pas que cela puisse avoir lieu. Le côté naïf et innocent est si réaliste, on pense toujours que les attentats et tueries c’est ailleurs qu’ils se produisent.

Dans ce roman jeunesse Jérôme Leroy développe des thèmes qui lui tiennent à cœur. La vigilance en ce qui concerne la vie publique, la vie de la cité et les discours trompeurs. Les citoyens concernés qui veillent à ce que la haine raciale et sociale ne vienne pas détruire l’humain. L’invasion d’idées nauséabondes qui jouent avec la peur des gens.

Ce récit en prenant comme personnage central une jeune fille sans problème qui s’éveille à la conscience politique montre aux adolescents que la politique ne concerne pas les vieux dinosaures qui sont sur le devant de la scène. La vie de la cité est une affaire e tous et les jeunes sont tout aussi nécessaires pour avoir la parole. C’est une roman qui parle aux adolescents de ce qu’ils connaissent : les premières amours, l’amitié, l’identification à un groupe, la musique…

Ce livre à vraiment sa place dans la sélection « les ados en colère ».

Je remercie Libfly qui m’a permis de lire un des livres sélectionné par le Prix des ados, merci à l’association Colères du présent.

libfly
prix ados en colère
arras 2015

Big Sister

Jérôme Leroy
2001, 126 p., Librio 393 (existe chez mille et une nuits)

big sister

4 e de couv. :

Sous l’invocation d’Orwell, un roman d’anticipation très noir : Big Sister, c’est une machine omnisciente, l’organe de contrôle d’une société où les pics de pollution et l’orthodoxie libérale sont devenus la règle.
Servi par des officiers impeccablement dociles, le super-ordinateur peu à peu s’autonomise, et prend seul les grandes décisions stratégiques. Céline Loup, gauchiste encore militante qu’ on a déjà essayé de supprimer, et le lieutenant François Kieffer,rongé par le doute et amoureux de la belle, tentent pourtant d’échapper à tout contrôle…
Pour combien de temps ?

Anecdote autour d’un livre :

Souvent je me pose la question : Pourquoi avoir choisi de lire ce livre plutôt qu’un autre ?

Il y a quelques temps j’ai appris la venue de Yasmina Khadra dans un village à 30 km de chez moi. Je ne pouvais pas laisser passer un tel événement… Mais au niveau info ce n’était pas très précis… Le jour de cette rencontre j’ai pianoté une fois de plus et là je trouve le programme de cette manifestation culturelle… Oh surprise il y aura une autre conférence : celle de Jérôme Leroy. Qui s’est celui-là ? Qu’est-ce qu’il écrit ? je trouve des renseignements dont un important… Jérôme Leroy a écrit un « Poulpe », personnage que j’adore et dont j’ai plusieurs titres dans les éditions « Librio » alors je vais voir sur l’étagère, et ho surprise je trouve un roman de Jérôme Leroy qui n’est pas un « poulpe »… Après coup, je me souviens que le titre « Big Sister » m’avait interpellé lorsque j’avais détaillé le carton de livres qu’on m’avait offert, mais j’avais plutôt imaginé une chanteuse noire un peu opulente !!!

Je suis donc allée à la rencontre des écrivains à Cabestany le 26 novembre 2011 avec le livre dans mon sac. J’étais bien embêtée avec mon livre que je n’avais pas lu. Alors, j’ai joué la carte de la franchise en lui disant que je ne connaissais pas son travail, ni son nom jusqu’à ce jour  et aimablement il m’a répondu qu’on ne pouvait connaître tous les auteurs. Lorsque je lui ai fait signer mon exemplaire il m’a dit « vous avez un collector » et il m’a montré la réédition et ses autres livres. Mon embarras était à son comble parce que je n’avais pas prévu d’acheter de livres (pas de sous !). Mais, il n’a pas insisté. Il y avait si peu de monde qu’il a eu le temps de profiter du soleil et de causeries autour d’une cigarette, mais là ma timidité ne m’a permis de m’approcher.

Ensuite, il y a eu une conférence/interview autour de son roman « le Bloc ». Il a parlé de son travail d’écriture et de ses idées. C’est quelqu’un de très abordable et sympathique. Par contre je ne me sens pas de lire son roman « Le Bloc » même si le travail littéraire est intéressant. Écriture à la première et deuxième personne du singulier, dans la peau de deux personnages aux idées politiques extrêmes, à l’opposé de ses propres convictions.

Je ne sais pas s’il gardera un bon souvenir des gens du coin. Pratiquement à  la fin de son intervention trois vieilles « toupies » sont venues saluer une de leur connaissance au premier rang, interrompant le dialogue entre l’auteur et son public. Il leur a dit  avec humour « c’est dommage que vous arriviez à la fin c’était intéressant » et l’une d’elle de répondre il n’est pas encore 16h30. Elles étaient en avance oui mais pour la conférence de Yasmina Khadra dans la grande salle. J’étais outrée ! Jérôme Leroy est resté courtois.

Je ne pouvais que lire son livre après l’avoir entendu défendre son travail !

Chronique :

« Big Sister » rien à voir avec une femme de forte corpulence ! Il s’agit d’un « Big Brother » au féminin. Et ça paraît encore plus terrible.
J’ai retrouvé l’univers littéraire que Jérôme Leroy nous avait exposé. Du néo-polar, une réalité légèrement décalée. C’est ce qui rend « terrifiant » la société qu’il nous décrit… la société qui nous attend ?
La couverture de cette collection (illustration de Thomas Ehretsmann) rappelle les romans d’espionnage.
La composition du roman rend l’intrigue dynamique. Les thèmes abordés ne laissent pas indifférent.
La place de la culture est mise en danger. Avoir un livre c’est subversif et contre nature de ne pas regarder la TV.
Tout est sous contrôle. Céline travaille à l’Université Elf-Voltaire (p.68) mais elle est fichée comme activiste.
« Il est vrai que l’époque de la médicalisation généralisée avait déjà commencé : la mélancolie, le goût pour la solitude, le fait d’écrire des poèmes plutôt que de participer à des « activités de groupe » étaient considérées comme autant de pathologies » (p.69).
J’ai noté quelques passages du même acabit.
La machine prend de plus en plus d’autonomie pendant que quelques électrons libres tentent d’enrailler la mécanique.
La fin donne envie d’une suite.
Je pense que je vais tenter de me procurer d’autres titres de cet auteur.

Nb : Big Brother, voilà encore une piqûre de rappel pour m’inciter à lire « 1984 » de Georges Orwell, que je n’ai jamais lu.

NB : Où sont passé mes brouillons ? j’ai écrit des chroniques à chaud, avec des réflexions intelligentes (je peux dire ça puisque vous ne les lirez jamais) et j’ai perdu les feuilles… qui a dit les paroles s’envolent et les écrits restent ? En cette fin d’année qui aurait des neurones en trop à me donner ?