Le jardin des bonheurs égarés

Tor Udall

Traduit  de l’anglais par Claire Desserrey

Éditions Préludes, 2018,  411 p., 16,90 €

Mes lectures Préludes

jardin des bonheurs égarés

4e de couv. :

Audrey était l’épouse, l’amour et la meilleure amie de Jonah. Mais la jeune femme est brutalement décédée, et Jonah ignore comment vivre après ce drame. Il ne trouve de réconfort que dans les luxuriants et paisibles Kew Gardens, qu’Audrey adorait tant. Au fil des jours, Jonah y rencontre d’intrigants personnages : Chloe, une artiste passionnée hantée par un secret et par les gracieux oiseaux de papier qui naissent entre ses mains, Harry, intrépide jardinier chargé de prendre soin des plantes, et enfin Milly, une fillette de huit ans qui promène un peu partout sa bonne humeur.
Tandis que Jonah lutte contre ses démons, les mystères se multiplient. Où sont les parents de Milly ? Qui est réellement Harry ? Le journal intime d’Audrey, que Chloe découvre, pourrait les aider à dénouer les fils de l’écheveau qui s’est tissé dans les allées des jardins…
Un ballet de personnages d’une élégance rare, le décor splendide des parcs londoniens, la délicatesse des origamis…

Mon Billet :

J’ai eu très envie de lire ce roman dès que j’ai vu le sujet et qui le publiait. Les premiers avis étaient donnés par des lecteurs enthousiastes, alors je me suis dit qu’il fallait que je le lise. Le travail de communication avait fonctionné.

Ce que j’aime avec les éditions Préludes c’est qu’ils associent d’autres livres et créent des « passerelles ». Cela peut donner une indication, ici Virginia Woolf, Barbara Constantine et Yasunari Kawabata n’ont fait que confirmer que c’était une lecture pour moi.

Le titre français est bien choisi car en effet on va avoir à faire à des « bonheurs » et des âmes égarées. Dans le terme égaré il y a un côté perdu, mais aussi errance. Petit lapsus révélateur j’ai eu tendance à nommer ce livre « le jardin des cœurs perdus » !

Le titre anglais « A thousand paper birds »  est plus poétique, on verra que dans la définition de l’origami qui nous est donnée on retrouve la même idée qu’en français.

J’ai cependant été déroutée par la structure de la narration. C’est un roman à la troisième personne qui va donc nous faire aller d’un personnage à l’autre. Et c’est justement le fait de passer d’une focale à l’autre qui donne un sens à l’histoire. Les personnages sont singuliers et donc leurs relations ne peuvent être que particulières.

Certains jouent à cache-cache et sont passés maîtres dans l’art de l’esquive, alors que d’autres n’ont tout simplement conscience de tout ce qui les entourent.

Les rencontres vont se faire deux par deux à l’insu des autres, c’est tout l’intérêt de ce type de narration, car le lecteur à connaissance de tous les faits. Contrairement aux protagonistes. Mais, j’ai eu un moment de flottement car j’attendais des réponses (qui n’arriveront qu’à la fin) et j’ai failli décrocher.

Je lisais dernièrement « carnets d’Amérique du Sud » de John Hopkins où il disait :  « Ce qui m’intéresse à présent, c’est la logique, la logique des événements qui aboutit à une conclusion inévitable. La logique du personnage qui le mène de façon inéluctable… l’influence logique implacable du paysage et des autres forces sur le déroulement de l’intrigue. Cette logique ne sautera peut-être pas aux yeux au premier abord mais à la fin du livre, lorsqu’il y réfléchira, le lecteur devra conclure le livre dans lequel toutes les forces convergent pour aller dans le sens d’une destinée tracée dès la toute première page. » et c’est ce qui m’a stimulé à poursuivre ma lecture. (NB :  une autre interférence entre deux lectures, il y a un personnage dans «Le jardin des bonheurs égarés» qui s’appelle James Hopkins!)

L’auteur fait ses choix pour sa composition et nous en tant que lecteur on aurait suivi d’autres sentiers. Ma réaction et cette réflexion montre aussi que ce roman est fait de possibles, comme la vie. Et si à ce moment là j’avais dit/ fait ou pas telle ou telle chose, la suite aurait été différente.

Sans le faire exprès cette lecture est entrée en résonance avec une autre de mes lectures récentes « Guide de survie pour le voyageur dans le temps amateur » dans ce roman SF il est question de gens qui peuvent vivre dans des « boucles temporelles ». Ici la boucle est émotionnelle, le temps continue sa course et nos personnages semblent tous coincés dan une boucle qui les empêche psychologiquement d’avancer. Ils ont été propulsés sur une orbite et parfois ils se croisent au cours de leur cycle. Il faut une impulsion pour modifier cette trajectoire. La première à vivre cet instant c’est Audrey, elle va sortir de la galaxie ce qui va faire dériver légèrement la trajectoire d’autres personnages qui vont pouvoir se croiser. On retrouve cette idée de boucle jusqu’à ce que Chloé décide que cette boucle ne lui convient pas et met un coup de booster et progresser… les impulsions sont différentes dans les deux cas et donc les réactions en chaînes aussi. Chacun à son rythme va changer de voie car il n’y a pas d’aiguilleur pour vous mettre sur la bonne voie. Les réponses sont en nous.

Dans ce roman il est aussi question de libre arbitre. Chacun doit prendre ses décisions et ne pas répercuter son malheur sur les autres. La culpabilité aussi ronge de l’intérieur et crée un cercle vicieux.

J’ai beaucoup aimé le fait que le jardin de Kew soit un personnage) part entière avec son histoires, ses mouvements, ses différentes facettes, avec son côté sombre et son côté lumineux.

On croit connaître quelqu’un et finalement, on est si complexe que chacun voit en cette personne ce qu’il veut voir ou celle qu’elle veut montrer. Cette thématique est bien développée.

Quand au deuil, ce roman met en avant le fait que le deuil fait partie de la vie de chacun et cela ne concerne pas forcément la perte d’êtres chers / ou de chair. On fait le deuil de son enfance, de ses illusions, de certains de ses rêves…

Ce roman met aussi en évidence le problème de communications entre les gens, en partie à cause du parasitage causés par les sentiments, de là naissent des quiproquos et des imbroglios… A chacun son jardin secret !

J’étais partie plus sur un feel good qui nous parlerait d’entraide dans des moments délicats, avec l’idée de parler d’un être disparu,   j’ai abouti sur une lecture plus complexe car il y a plusieurs noyaux autour desquels s’interroger, tout ne tourne pas autour d’Audrey.

La carte qui représente  Kew Garden permet de se rendre compte de la variété de constructions et des plantations.

Ce roman donne aussi très envie de se mettre à l’origami, j’ai déjà testé et ce n’est pas toujours très évident !

Je remercie les Éditions  Préludes pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Jardin pour jour de pluie

Jean Zéboulon

Éditions de La Table Ronde, 2012, 216 p., 14 €

LU DANS LE CADRE D’UN PARTENARIAT MASSE CRITIQUE/ BABELIO/ LA TABLE RONDE.

4 e de couv :

Le jardin de ma voisine abrite une grande variété de fruits, de fleurs, de feuilles et de branches. Les légumes, les plantes médicinales et les essences aromatiques y poussent avec entrain. Dans le jardin de ma voisine, l’herbe est plus verte, le ciel plus bleu et les petits Poucets rêveurs y oublient souvent leurs pierres…
Même si ses habitants me parlent – et pas seulement de la pluie ou du beau temps –, le jardin de ma voisine garde encore, pour moi, quelques secrets. Ainsi, parmi ses parfums engageants, je m’épanouis…»

Ma chronique :

Décidément, j’ai le chic pour choisir un ouvrage inattendu.

On ne rit pas derrière son écran s’il vous plait ! C’est ce qui me plait dans les partenariats découvrir des auteurs.

Au vu du résumé, je croyais qu’il s’agissait d’un roman. Il n’en est rien.

Le hasard du tirage au sort m’a permis de découvrir un délicieux recueil : un dessin (page de gauche) et une pensée (page de droite). Le mot qui correspond au dessin est en couleur rouille. La phrase est en capitale d’imprimerie.

Il s’agit de réflexions poétiques non dénué d’humour, des phrases toutes faites détournées. (fig. 85) « LA CERISE RÉCLAME SA PART DU GÅTEAU. »

De remarquables dessins aux couleurs sur papier blanc épais dans un format atypique (14 x 16cm). La mise en page est bien centrée, cette sobriété accentue la douceur et l’élégance des 100 figures de cet artiste pluridisciplinaire.

Cela donne un travail  abouti.

En fait j’ai envie de faire des citations à tout mon entourage.

Je laisse la conclusion à l’auteur :

« MA VOISINE AFFIRME QUE CE LIVRE DEVRAIT FAIRE UN TABAC » (Fig.50)

C’est un joli cadeau des fêtes des mamans !

Je remercie  Babelio/Masse Critique  et les éditions de la Table Ronde pour ce partenariat très beau.

A bientôt pour d’autres aventures ou découvertes …

article précédemment publié sur Canalblog