Son espionne royale (10) et le baron irlandais

Rhys Bowen

Trad. Blandine Longre

Éditions Robert Laffont, La bête Noire, oct 2022, 387 p., 14,90 €

Mes lectures Robert Laffont

4e de couv. :

Irlande, 1934.
Lady Georgie est sur un petit nuage : le beau Darcy O’Mara l’a finalement demandée en mariage. Mais rien n’est simple pour une princesse d’Angleterre… Georgie doit obtenir une autorisation de la reine pour épouser son fiancé.
Avant même que les tourtereaux puissent officialiser leur union, une nouvelle épreuve se dresse sur leur chemin : le père de Darcy est suspecté de meurtre. Il est impensable pour une héritière royale d’épouser le fils d’un criminel ! Prête à tout pour innocenter son beau-père, Georgie décide de rejoindre le château familial des O’Mara… au risque de déterrer des secrets de famille bien cachés.

Mes impressions de lecture :

Vous imaginez bien qu’à ce stade de la série (Tome 10) si je poursuis c’est que je suis fan !

Pour commencer un petit mot sur la couverture. J’avais eu du mal à me faire au changement graphique mais ça y est j’ai bien intégré ce nouveau design et la couleur est évidemment en accord avec le sujet de cet épisode !

La série nous entraîne à chaque fois sur un lieu emblématique. Cette fois-ci c’est dans le château familial de Darcy, enfin presque.

Nous avions laissé nos amoureux (tome 09) dans une voiture qui fonçait vers leur mariage en écosse à Gretna Green. On reprend les mésaventures de notre duo alors qu’ils roulent vers le nord. La question qui nous vient tout de suite à l’esprit qu’elle nouvelle catastrophe va leur tomber dessus… En fait on va avoir un enchainement de situations rocambolesques. Je n’avait pas souvenir que Georgie savait conduire, elle plus d’une corde à son arc cette lady.

Ce qui m’a frappé en lisant ce tome ci, et en y réfléchissant c’est dans chaque roman, c’est la force qui réside dans les personnages féminins alors qu’on a l’impression qu’on est dans un monde mené par les hommes. Darcy pourtant très entreprenant et intrépide se retrouve ici dans une position de faiblesse. Et heureusement ce sont les femmes qui l’aiment et qu’il aime qui vont faire avancer l’intrigue.

Darcy est dans une situation psychologiquement compliquée car le père et le fils ont une relation complexe puisque le père rejette la mort de son épouse sur son fils. Le baron est accusé de dopage et d’un meurtre, tout joue contre lui à commencer par lui-même. L’honneur de la Famille O’Mara est en jeu et donc Darcy voudrait croire son père innocent mais il n’arrive pas à trouver l’angle d’attaque. Heureusement deux anges gardiens vont venir bousculer ces deux mâles qui s’affrontent.

C’est un roman qui traite aussi de la filiation. Lady Georgina n’est pas seulement l’arrière petite fille de la reine Victoria, la fille du Duc de Ranoch, la sœur de Blincky etc… Cela peut jouer en sa faveur ou pas. En tout cas Georgie prend de plus en plus confiance en elle. Darcy est un O’Mara, une famille irlandaise reconnue, de part sa mère il est anglais. Il a un pied dans chaque île.

On va découvrir plusieurs personnages forts et on va retrouver avec plaisirs certains comme Belinda qui a pris des décisions importantes (on verra dans les prochains épisodes ce qu’il adviendra), Queenie qui va une nouvelle fois nous épater.

Il va falloir toute la ténacité féminine pour mener à bien la résolution du problème et pour que le père et le fils commencent à communiquer. Et à vouloir prendre leur destin en main.

Je m’arrête là pour vous laisser le plaisir de découvrir avec quel humour Rhys Bowen va jouer avec ses personnages et le lecteur.

Vivement le prochain épisode… il y a tant de sujets ouverts…

Je remercie les Éditions Robert Laffont, La bête noire de leur confiance.

Ps : j’ai lu un autre roman en même temps et hasard de la vie de lectrice dans les deux cas un fils allait rejoindre son père sur son île pour le sortir de prison ! Voir « nous ne nous n’allons pas nous réveiller ».

Edith & Oliver

Michèle Forbes

Trad. Anouk Neuhoff

 Editions de la Table Ronde, Quai Voltaire, 2019, 440 p, 23,50 €

Mes lectures de la Table Ronde

edith & oliver

4e de couv :

Belfast, 1906. Edith tombe follement amoureuse d’Oliver, un illusionniste ambitieux qu’elle croise un soir de fête trop arrosée et retrouve le lendemain sur scène, où elle doit l’accompagner au piano. Mais c’est sur la jetée de Dun Laoghaire, bien des années plus tard, que s ‘ouvre le roman. Edith y attend, avec sa fille, le bateau qui les emmènera en Angleterre et contemple à regret le pays où elle laisse son mari après avoir tout tenté pour le sauver de ses démons et le soutenir à une époque où le music-hall pâtit de l’arrivée du cinéma.

Ma chronique :

Je ne connaissais pas Michèle Forbes mais je me suis laissée tenter par la quatrième de couverture et ma curiosité.

Ce roman me permet de découvrir une écriture certes, mais aussi un univers celui des magiciens, du Music-Hall au début du XXe siècle en Irlande. Ma culture en ce qui concerne ce pays est assez réduite, je l’avoue, autant je visualise les côtes, la pêche, les vertes prairies et autre histoire terriennes et tout le folklore, autant je ne me suis jamais posé la question de l’Irlande Urbaine à cette époque là.

Ce roman débute en 1906, le siècle est jeune, Oliver aussi, il est plein d’énergie avec des rêves plein la tête, le monde de tous les possibles. Ce qu’il ne sait pas c’est que c’est pratiquement la fin d’une époque. Au fur et à mesure que les mois passent on découvre les avancées technologiques qui annoncent la fin de son monde. Ces nouveautés touchent le monde du spectacle avec l’arrivée du cinéma mais aussi d’autres moins ludiques, celles qui vont entourer la guerre de 14-18.

Ce roman qui se déroule dans le monde  de l’illusion est non seulement dans la narration des spectacles, avec des descriptions de créations et des mises en œuvre, mais aussi dans l’écriture. Michèle Forbes joue avec cette idée d’illusion, elle détourne l’attention du lecteur sur des problèmes pratiques et quotidien, alors que le fond du sujet est la société. Par petites touches on découvre les changements dans la société qui vont avoir des répercussions sur le climat  de tensions dans la société et dans leur microcosme familial. Elle fait des tours de passe-passe entre les scènes, ainsi qu’entre le passé et le présent. En effet les jeux de miroirs nous font voir des scènes qu’on ne devrait pas voir et les traumatismes du passé ressortent. L’alcoolisme et la violence voilent aussi des souffrances…

L’arrivée du cinéma, des syndicats, la précarité de ces métiers artistiques, la concurrence. Le temps de l’entraide entre gens du spectacle qui se délite.

Le regard des gens change, ils demandent de plus en plus de sensationnel, de spectaculaire. Des sujets qui nous touchent aujourd’hui encore et qui nous semble nouveaux. Le côté du pain et des jeux moderne. Mais la colère gronde et les ventres aussi. On sent le malaise social de ce pays divisé par la religion.

Ce qui m’a plu c’est toute la construction mentale autour de la famille. L’aspect psychologique. Comment du couple exubérant et libre, qui nous montre la joie de vivre du monde artistique. L’arrivée des enfants, le bonheur de construire une famille heureuse va coïncider avec  la chute dans le milieu du travail. Les failles du passé vont sortir de la zone où elles avaient été refoulées.

 On va découvrir le monde des femmes en parallèle du monde masculin. On remarquera que la aussi il y a des libertés qui se perdent et qu’une autre sorte de solidarité se met en place. Edith par exemple, va avoir une éducation pour être autre chose qu’une simple mère de famille. La thématique autour de la mère fait partie de la construction mentale des personnages… mais je vous laisse le découvrir.

Ce que j’ai particulièrement aimé c’est que chaque scène m’a fait penser à des « tableaux » comme au théâtre, dialogues et l’intensité narrative, le lecteur ressent une montée dans les émotions et reprend son souffle après chaque « chute ».

La couverture du roman nous montre ce monde où tout semble sens dessus-dessous, les serpents de la Méduse, et cette bouche qui essai de nous chanter les aventures ou mésaventures de « Edith & Oliver ». Michèle Forbes donne la parole à ces gens un peu à part… pas toujours compris par la société.

Je remercie les Éditions de La Table Ronde pour leur confiance.

table ronde

Qui en parle ?

MAEVE 

Article précédemment publié sur Canalblog

3 femmes et un fantôme

Roddy Doyle

trad. Marie Hermet

Flammarion 2013, 223 p., 11,50€

Je continue ma découverte des écrits de Roddy Doyle, après « Opération farceuses » un roman pour jeunes lecteurs, je vous présente maintenant un roman préconisé à partir de 13 ans…

3 femmes et un fantôme

4e de couv. :

Emer, la grand-mère de Mary est sur le point de mourir. Apparaît alors le fantôme de son arrière-grand-mère, morte dans les années 1920 : elle a un message à faire passer à Emer et souhaite la soutenir dans cette dernière épreuve. La mère de Mary va les aider. Toutes les quatre entament alors un road-trip délirant à travers l’Irlande vers la maison de famille abandonnée.

Ma chronique :

C’est un roman jeunesse. Est-ce parce que Mary à 12 ans ? Parce que le roman est court ? ou parce qu’il aborde la mort avec une part de fantastique, de réalité magique ? Je pense qu’il peut s’adresser à tous les publics. On remarquera qu’il y a des morts dont on ne parle pas…

C’est un roman qui aborde le thème de la mort, et  de la disparition d’un proche en particulier. Nous avons ici  Emer  la grand-mère  de 85 ans qui est hospitalisée, et plutôt sur le déclin, enfermée dans ses craintes. Comment gérer cette situation, ce départ imminent ?

C’est aussi un roman sur les femmes à des âges différents, à des époques différentes. Va apparaître le fantôme de la mer d’Emer, donc la quatrième génération. A travers sont personnage c’est une histoire de femme du début du XXe siècle en Irlande. La maison, la famille, la femme, la maternité, l’amour, la maladie… Tansey va entrer en contact avec le reste du clan par l’élément le plus jeune Mary 12 ans qui est réceptive et va faire le lien. Scarlett, la mère de Mary, la fille d’Emer, la petite fille de Tansey. Elle a le rôle de la femme active, elle a la place intermédiaire. Elle doit tout gérer, les problèmes de sa mère, son mari et ses garçons.

Les garçons ont du mal avec l’état de leur grand-mère qui empire, ils se réfugient dans leur monde d’ados.

Ce n’est pas traité comme une histoire triste même si le sujet est sérieux et si les personnages sont émus et touchants. Il y a de l’humour dans les situations. Le fantôme dédramatise , elle crée des scènes cocasses et insolites. Scarlett avec sa place intermédiaire doit rester raisonnable et forte, elle est malgré tout « paumée » dans une détresse contenue.

Mary la gamine qui n’est plus une enfant mais pas une femme non plus. Elle a aussi un langage « jeune », avec des formulations tel que « genre » dans toutes les phrases. Elle a aussi la langue bien pendue et essai de se rattraper avec des « ce n’est pas de l’insolence » « je ne suis pas insolente », ce qui n’est pas l’avis de tout le monde. Elle est attachante car avec chaque personnage elle a une complicité et une grande empathie.

C’est aussi un roman sur « l’entre deux ». Tansey est entre disparaître complètement et rester en attente là. Elle est entre deux époques. Emer est entre la vie et la mort. Scarlett est entre deux générations, entre sa mère et sa famille, entre le passé et le présent. Mary est entre l’enfance et l’adolescence, entre le présent et le futur (tu auras une fille à ton tour).

La composition du roman se fait à travers le regard de chaque personnage. Le chapitre porte le nom du personnage en question.

On va découvrir le passé de cette famille, le rôle, la place des femmes.

J’ai pris grand plaisir à lire ce roman… je vais continuer à explorer l’univers de cet auteur irlandais je crois que je suis en train de devenir fan.

opération farceuses

Article précédemment publié sur Canalblog

La fin d’une imposture

Kate O’Riordan

Trad. (anglais Irlande) Laetitia Devaux

Folio, 2016, 438p., 8,20 €

 Mes lectures FOLIO

fin imposture

4e de couv. :

La veille de Noël, deux policiers frappent à la porte d’une jolie maison située dans une banlieue cossue de Londres. Rosalie est déjà lancée dans les préparatifs de cette fête de famille, comme pour oublier que Luke l’a trompée, lorsque les policiers leur annoncent le décès de leur fils aîné. Des mois de descente aux enfers s’ensuivent pour les parents et Maddie, leur deuxième enfant en pleine adolescence. Une chute qui semble brusquement s’interrompre lorsque mère et fille rencontrent Jed dans un groupe de parole. Jeune homme au charme envoûtant, il sait vite se rendre indispensable à la famille. Mais la vulnérabilité qu’a créée ce deuil n’est-elle pas la porte ouverte à toute forme d’emprise?

Ma chronique :

Ce thriller nous entraîne dans les tourments d’une famille en deuil,  un huis clos à l’atmosphère létale. On suit  les personnages  sur une pente bien glissante jusqu’à s’enliser dans des sables mouvants.

C’est un roman à la troisième personne, mais c’est surtout sous la focale de la mère : Rosalie que l’on va découvrir les événements. La mort du fils va servir de déclencheur pour que les crises atteignent leurs paroxysmes. Le couple en crise sa se séparer, la fille une ados perturbée de 15 ans va partir complètement en vrille.

Puis apparaît un jeune homme trop beau et trop serviable pour être un ange. Il y a une part de mystère et d’ombre qui le rend inquiétant. Il m’a tout de suite fait penser au personnage de Ripley de Patricia Highsmith.

Les choses se font par petites touches. Luke (le père), Rosalie (la mère), Tom (le prêtre) se rendent compte que quelque chose de malsain est en train de se jouer mais c’est comme s’ils ne pouvaient rien faire pour l’en empêcher. Comme si c’était une pénitence après la mort du fils.

Kate O’Riordan a créé des personnages empêtrés dans la culpabilité, est-ce pour cela que la religion présente est le catholicisme ? Elle va jouer avec les divers aspects psychologiques pour les mener  à  leur perte ? à leur rédemption ? Vont-ils avoir la force de dépasser leurs faiblesses ?  Vont-ils succomber à la tentation ?

Des secrets, des non-dits ne font qu’augmenter  le sentiment de culpabilité. Et la religion va-t-elle leur être d’une quelconque utilité ?

Rosalie incarne la gardienne des traditions, de la maison et de la famille. La perte de son fils, puis la chute de sa fille vont dans un premier temps  déstabiliser sont univers parfait. Mais c’est justement dans son rôle de mère qu’elle retire sa force et qui la maintient en vie. Protéger les siens malgré ses souffrances. Elle semble suivre son propre chemin de croix.

Dans un premier temps, j’ai cru que cela tournerait autour de « l’accident » du fils en Thaïlande mais Kate O’Riodan a détourné notre attention par d’autres problématiques. Certaines interrogations de Rosalie sont restées longtemps  en arrière plan et au stade embryonnaire.

Comme un maître se l’illusion, Kate O’Riordan mets sous les feux de la rampe d’autres problèmes.

Les trois quarts du roman sont consacrés à la mise en place des personnages et des relations complexes qui s’installent. Il y a une certaine lenteur avec des soubresauts, des rebondissements plus ou moins forts.

« Rosalie l’observa pour jauger son sérieux. Il avait une expression enfiévrée. Elle ne connaissait pas ce Jed-là. Elle pris conscience qu’il «était un être multiple. Peut-être que les gens trouvaient en Jed ce qu’ils avaient besoin de trouver et qu’ils réagissaient à la manière d’un caméléon, parce que c’était son mode de survie. » (p.215)

Le thème de la sexualité est assez présent d’une part on a l’adolescente avec son éveil à la sexualité avec comme leit motiv « elle n’a pas l’âge légal ». D’autre part on à le père qui a eu une incartade avec la femme fatale, on a la femme blessée, trompée trahie … puis la tentation ! La sexualité est un thème récurrent  qui accompagne la mort, comme un besoin de jouer à recréer la vie pouvait équilibrer la perte d’un être cher.

Les femmes de caractère livrées à elles même peuvent être dangereuses !

J’ai bien aimé comment certaines scènes se répondent entre elles.  Le fils est parti en vacances loin des siens et meurt, le père part en Patagonie affronter des dangers climatiques (catastrophe aérienne, froid mortel). On souffle le chaud et le froid.

J’ai retenu un autre exemple d’effet miroir. D’une côté on a la perle de cristal qu’on offre à Rosalie et qui représente un moment d’égarement, tandis qu’au même instant Luke est en Patagonie dans un monde de cristal et de glace pure. Thème Impureté et pureté.

Il y a aussi tout un travail sur le passé et le présent, sur ce qui nous a construits. D’où nous venons a une influence sur où nous allons. La position sociale, le milieu de vie, la religion,  Kate O’Riodan donne à chacun de ses personnages un caractère lié à tout cela. L’argent fausse aussi les valeurs de vie et de mort…

Kate O’Riordan joue aussi entre Irlande et Angleterre, là encore cette idée d’effet miroir est renforcée par cette sorte de double vie.

Vous l’aurez compris ce thriller est riche en sujets de réflexion. Ma préférence va à l’image de « mère lionne » tu touches  à mes petits …

Je remercie Folio de m’avoir permis de passer le pas… Je vais certainement piocher dans d’autres romans de cette auteure irlandaise.

folio policier 16

Qui en parle ?

Mille et une lecture de Maeve

Livraddict

Babelio


Article précédemment publié sur Canalblog