Une immense sensation de calme

Laurine Roux

Éditions du sonneur, 2018, 121 p., 15 €

4e de couv. :

Alors qu’elle vient d’enterrer sa grand-mère, une jeune fille rencontre Igor. Cet être sauvage et magnétique, presque animal, livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne, ultimes témoins d’une guerre qui, cinquante ans plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d’un monde que traversent les plus curieuses légendes.
Au plus noir du conte, Laurine Roux dit dans ce premier roman le sublime d’une nature souveraine et le merveilleux d’une vie qu’illumine le côtoiement permanent de la mort et de l’amour.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert cette autrice en début d’année avec « Sanctuaire », puis elle fut invitée sur VLEEL et ses interviews en ligne, j’achetais alors « une immense sensation de calme » et enfin je lui ai brièvement parlé à la comédie du livre où m’a dédicacé « Une immense sensation de calme ». Nous avons parlé entre de son roman « l’autre moitié du monde » dont je n’étais pas prête à le lire à cause du sujet.

J’adore la couverture des éditions du sonneur, cette forêt dans la brume. On imagine le silence et l’isolement.

Cette histoire m’a fait penser à Carole Martinez. Cette façon ne mêler les «légendes » locales, la magie qui émane de la nature et l’influence sur l’avenir de ses personnages.

On note encore la forte présence de la nature et des forces qu’elle insuffle. Si les hommes en apparence détiennent la force physique ce sont les femmes qui ont le pouvoir de donner la vie et détiennent le pouvoir de guérison.

Il est question de premier amour qui tourne souvent au drame. Les êtres sont attirés l’un vers l’autre envers et contre tout. Chacun a un rôle à jouer dans la survie.

Il est beaucoup question de terre et d’eau… de cycles dictés par la nature, les saisons et la lune.

Avec la thématique de la vie et de la mort nous avons évidement le sang qui joue un rôle important.

La violence est omniprésente, ne serais-ce que la rudesse de la terre. L’animalité et la vie sauvage sont à fleur de terre, fleur de peau.

Nous sommes dans un pays de l’Est, j’ai pensé à la Sibérie par le froid extrême et tout ce qui touche au Grand oublie après la guerre.

Tout est économisé même les mots et gestes. J’ai eu tendance à appeler ce roman le grand silence. La sensation de calme est toute relative.

On retrouve la faune et la flore, la nature sous toutes ses formes réelles ou mythiques.

Un roman bref et intense.

Challenge VLEEL : Une autrice reçue à VLEEL,

Challenge 15 K #20.Premier baiser : un livre avec un premier amour

Encabanée

Gabrielle Filteau-Chiba

Folio, 6 janv 2022, 128 p., 7 €

Mes Lectures Folio

Rentrée Hiver 2022

En librairie le 6 janvier 2022

4e de couv. :

Lassée par un quotidien aliénant, Anouk quitte son appartement de Montréal pour une cabane abandonnée dans la région du Kamouraska, là où naissent les bélugas. « Encabanée » au milieu de l’hiver, elle apprend peu à peu les gestes pour subsister en pleine nature. La vie en autarcie à -40 °C est une aventure de tous les instants, un pari fou, un voyage intérieur aussi. Anouk se redécouvre. Mais sa solitude sera bientôt troublée par une rencontre inattendue…

Mes impressions de lecture :

L’histoire débute le 2 janvier alors j’ai eu envie de publier mon avis le 2 janvier… il sera en librairie le 6 janvier.

Ce roman m’a fait penser à certaines publications des Éditions de la Peuplade. Je ne connaissais pas cette autrice, ni la maison d’éditions « le mot et le reste » où le texte était publié auparavant, d’où l’intérêt de la réédition dans un petit format, folio permet une diffusion plus large.

La couverture de l’édition Folio nous mets tout de suite dans l’ambiance. C’est dépaysant !

Le froid ce n’est pas pour moi et j’étais bien contente de le lire au chaud par une belle journée ensoleillée de décembre. La narration débute le 2 janvier par -40 °c au nord du Canada.

Ce roman est un mélange de récit fictif entrecoupé  d’extraits de journal intime. On a l’impression que c’est Gabriel Filteau-Chiba qui a vécu cette expérience tellement on est dans l’ordre de l’intime.

On suit au plus près l’aventure d’ Anouk. Il n’y a pas de filtre. Cette jeune femme dit ce qu’elle fait et ce qu’elle ressent au quotidien. Petit à petit on découvre pourquoi elle est venue s’encabaner et vivre en ermite.

Il y a un paradoxe entre cet élan vital qui l’a mené  à quitter la grande ville et son travail et cette expérience où elle flirte avec la mort. On pourrait parler d’épreuve. Dans cette vie qu’elle a choisie la frontière entre la vie et la mort est ténue.

Elle est passée d’un extrême à l’autre, du bruit au silence, de la vie sociale à la solitude. Mais dans les deux cas elle était en danger.

La narratrice aborde des sujets actuels qui touchent le nord Canada mais aussi la planète. Des sables bitumeux au réchauffement climatique, de la surconsommation à l’activisme.

J’ai beaucoup aimé la progression dans ce qu’elle ressent au jour le jour, ses doutes, ses craintes, ses faiblesses et sa volonté.

Dans la narration il y a beaucoup de références culturelles, c’est le substrat qui lui permet de vivre, se rappeler de poèmes, de chansons, de textes etc.

J’ai aimé vivre les émotions fortes de cette narratrice, on se demande si on n’est pas dans la chronique d’une mort annoncée. Va-t-elle survivre ? S’en sortir indemne ?

Les derniers rebondissements relancent l’histoire…

Je remercie Folio pour cette découverte.