Septième fonction du langage

Xavier Betaucourt & Olivier Perret

Éditions Steinkis, nov 2022, 144 p., 23€

Dans ma médiathèque il y a…

#Challenged’hiverVleel catégorie maison d’édition reçu Chez VLEEL

4e de couv. :
25 février 1980. Roland Barthes est renversé par une camionnette. Et s’il s’agissait d’un assassinat ?
Jacques Bayard, commissaire de son état, et Simon Herzog, jeune sémiologue, mènent l’enquête. Une enquête de routine qui se transforme rapidement en polar saisissant.
Roland Barthes possédait en effet la septième fonction du langage, capable de convaincre n’importe qui de faire n’importe quoi dans n’importe quelle situation.
Attisant la convoitise des plus grands intellectuels et hommes politiques, la septième fonction sème les cadavres sur son chemin. Tout le monde est suspect…

Mes impressions de lecture :

Je lis moins de BD qu’avant et je me suis rendu compte que j’aime bien les adaptations de romans en BD. Pour avoir parlé avec un scénariste qui nous avait parlé du travail préparatoire autour de l’adaptation d’un roman, c’est une travail énorme.

Je n’ai pas lu le roman de Laurent Binet, petit pavé de 500 pages, il fait pourtant parti des livres que je veux lire. En voyant la BD je me suis dit que ce serait une bonne idée pour commencer. Et j’ai bien fait car elle est très agréable à lire.

J’étais très jeune lorsque Roland Barthes est décédé, mais j’ai connu son travail bien plus tard. Et j’ai entendu parler de sa mort à ce moment là. C’était étrange de voir les auteurs qui m’avaient révélé des choses et donné quelques cauchemars pendant mes études sous le crayon d’Olivier Perret.

J’ai aimé retrouver les figures emblématiques de l’époque, les graphismes sont très réalistes et bien fait. On a un concentré de personnalités qui ont continué à faire leur chemin bien après les événements. On retrouve aussi des éléments liés à cette période. J’ai remarqué que les personnages fictifs crées pour les besoins de la fiction ont des yeux en forme de point ou de tirés, alors que les personnages « réels » ont leur regard que l’on connait.

C’est un mélange de fait réels et de fiction, pas toujours évident de faire la part des choses. Certaines références aux travaux des différents théoriciens sont résumé afin que le lecteur non averti puisse comprendre sans se plonger dans toutes ses œuvres.

Il y a des scènes assez explicites et d’autres violentes qui mettent en avant les la partie « complot d’état » et actes de violence. Mais cette BD n’est pas dénuée d’humour. J’ai souris aux références que j’ai comprises.

Xavier Betaucourt et Olivier Perret, je suppose qu’ils ont travaillé ensemble ont su jouer avec différents rythmes.on a tantôt des scènes calmes et d’autres plus trépidantes. Action et réflexion. Sans parler de la place du sexe.

J’ai adoré l’intervention de Xavier le scénariste et Olivier le dessinateurs qui font des commentaires sur certaines scènes, du style on va perdre le lecteur si tu retranscris tous les débats etc.

Je ne sais pas si c’est le travail de Laurent Binet ou celui de Xavier Bétaucourt mais le lecteur est tenu en haleine par le suspens, c’est une vrai enquête ou quête.

J’ai toujours autant envie de lire le roman de Laurent Binet !!! et je pense que je relirais la BD car elle est recèle de nombreux détails que je suis sûre que j’ai raté.

J’ai beaucoup aimé la qualité de l’objet livre. C’est un BD assez volumineuse (144 p) mais très agréable à feuille et lire. J’ai aimé illustration de la couverture qui reprend les codes des films d’action. Ce qui fait aussi écho à cette époque.

La musique des âmes

Sylvie Allouche

Éditions Syros, coll. Tempo, janv 2021, 99 p., 6,95 €

Mes Lectures Syros

4e de couv. :

Avant, le père de Simon était un luthier renommé, son atelier ne désemplissait pas. Puis il y a eu la guerre, l’occupation et le mot juif placardé en travers de sa vitrine. Alors Simon s’est fait une promesse : il composera une œuvre avec le violon que son père lui fabrique, pour lui dire tout son amour et son admiration. Un après-midi, Matthias, son meilleur ami, trouve l’atelier vide : la famille de Simon a disparu.

Mes impressions de lecture :

Il se trouve qu’en décembre deux copines sont venues me voir pour me demander des livres sur la seconde guerre mondiale pour des ados. Qu’elle coïncidence !  

C’est le premier roman pour les 10 ans que je lis de Sylvie Allouche. Elle aborde toujours des sujets forts et la famille est au centre.

Le titre est très beau, il joue sur le double sens du mot « âme »… La musique du cœur.

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce roman, c’est qu’en peu de pages et s’adressant à des enfants de  fin de primaire, il aborde plusieurs sujets touchant à la Shoah.

Sylvie Allouche met en avant des situations que les enfants peuvent visualiser. Tout d’abord l’amitié entre deux garçons qui partagent tout. Deux familles avec leur univers propre avec des gestes du quotidien. Deux milieux celui de la musique et celui du journalisme. Chaque garçon est influencé par les parents. Je vous laisse découvrir les autres différences ou points communs.

Cela débute par de la musique et une certaine douceur. On ressent bien l’incompréhension des garçons et de certains voisins face à ce qui se met en place.

Les allemands sont dans Paris, on découvre les lois antisémites,  le couvre-feu, le rationnement, la faim, le manque, la souffrance, la collaboration, la résistance… Une tension palpable monte petit à petit. On la ressent fortement, cela va crescendo jusqu’à la rafle du Vel d’hiv. C’est expliqué simplement sans s’éterniser. Sylvie Allouche joue avec le suspens, pour accrocher le lecteur.

Je ne vais pas vous dévoiler ce qui va se passer, car il y a une belle intrigue. Dans ce roman, il est beaucoup question de choix, de décisions, de risques, ainsi que de rencontres décisives.

Au niveau émotionnel, Sylvie Allouche n’édulcore pas. Elle n’occulte pas la violence verbale ou physique mais c’est fait de manière brève, sans s’étaler, parfois juste suggérée.

C’est un roman qui est une première lecture, pour jeune lecteurs, qui préparera à des lectures plus « réelles » comme le journal d’Anne Frank.

Je remercie les Éditions Syros de leur confiance.

Silhouettes de mort sous la lune blanche

Kââ

Éditions de la Table Ronde, La Petite Vermillon, 21 janv. 2021, 296 p., 8,90 €

Mes lectures de la Table Ronde

Silhouettes de mort sous la lune blanche

4e de couv. :
«Silhouettes de mort sous la lune blanche est le premier roman de Kââ mettant en scène son narrateur sans nom, truand dandy, mercenaire sans scrupule et tueur sans pitié. Ce héros négatif apparu au mitan des années 80 est finalement le parfait reflet de l’époque dans laquelle il évolue, à cette différence qu’il n’a pas l’hypocrisie de masquer son cynisme et son hédonisme derrière les apparences de la respectabilité.
Cette histoire de cavale commence par un hold-up qui tourne mal où le narrateur est obligé d’abattre un de ses jeunes complices qui a tendance à tirer trop facilement dans le tas. Manque de chance, le gamin a deux frères pas commodes… Alors on peut commencer à fuir, à abattre d’autres copains et à s’enfuir avec leurs veuves aux mœurs plus que légères et à la gâchette facile. Autant dire qu’il règne dans ce roman, pour reprendre les mots de l’homme sans nom, « un froid exemplaire ».»
Jérôme Leroy.

Mes impressions de lectures :

On me demande parfois de définir mon genre de lectures et ce que mon Blog reflète. Je suis bien en peine de répondre car je peux passer du feel good au cosy mystery aux thrillers, par la littérature blanche à celle de l’imaginaire, et je ne parle pas de la jeunesse… Et puis de temps en temps je prend des chemins de traverse ceux qu’on dit « mauvais genre » comme les romans de Kââ.

Des morts que tu en veuilles ou pas tu vas les avoir à la pelle et on ne fait pas de la dentelle (même pas en sous-vêtements), cependant contrairement aux thrillers il y a une différence. Je n’ai pas compté les massacres et autres fusillades et pourtant ça ne rentre pas dans la catégorie serial killer, vous voyez la nuance ? en tout cas pour moi je la ressens. Ce qui ne signifie pas que j’en lirais souvent.

La couverture de ce roman ne laisse pas trop entrevoir l’époque où a lieu cette histoire, mais rappelle l’idée du règlement de compte (comme dans les westerns) et cela fait penser au héros seul face au monde… bon l’illustration nous indique qu’on est dans la campagne française. On va la voir en long, en large et en travers la campagne française !

Nous avons ici un roman qui se déroule début des années quatre-vingt et qui fut publié la première fois en 1985. Cette réédition est présentée par Jérôme Leroy. Il a passé le filtre des dernières décennies.

Lire ce roman en 2021,  cela fait un choc culturel. Non seulement ils vont manger au restaurant à point d’heure, mais ils fument à table et boivent comme des trous et prennent la route pour rouler à tombeau ouvert. Quant au sexe point de protection, ni de délicatesse. Quand aux gestes barrière vu qu’ils ne savent pas s’ils vont finir la journée, ce n’est à l’ordre du jour !

On parle de protection, vous avez là tout un arsenal phénoménal, à croire qu’il joue à celui qui aura le plu gros calibre. Les femmes elles sont plus fidèles à un type d’arme et je ne parle pas de séduction fatale.

La technologie faire ce retour en arrière c’est vraiment changer de millénaire, j’imagine les jeunes lecteurs s’interroger sur certains comportements. Par exemple on est encore avec les téléphones fixes  (dans tous les sens du terme) cabines et téléphones à fil. C’est aussi cartes routières. Et rendez-vous à heure fixe. Pas d’internet on cherche le numéro dans le bottin, on a son réseau d’information perso. Quand aux nouvelles nationales, il y a surtout la radio et les journaux…

Et je ne vous parle pas des  voitures, c’est comme pour les armes on est dans les gros moteurs thermiques et grosses caisses. C’est cependant important pour qui s’y connais car c’est le reflet du milieu social dans lequel ils évoluent. L’empreinte carbone on ne connaissait pas.

Il y a aussi un autre détail qui nous ramène à une autre époque. Les frontières entre France/Espagne et France/Italie. A un moment donné il va faire tamponner son faux passeport et cela va avoir des conséquences plus tard. Ce roman joue beaucoup sur la thématique de la frontière, que ce soit physique (entre deux pays) ou morale. On joue entre le bien et le mal, il faut choisir son camps, franchir des sortes de frontières. Cela va de pair avec les verbes basculer, passer et trépasser…

Et les femmes me direz-vous ? On va en rencontrer trois avec chaque sa part de misère et de caractère bien trempé. Mais je vous laisse les découvrir.

J’ai failli oublier de vous parler de la thématique de l’identité, pas seulement métaphysique, notre héros a des passeports avec plusieurs noms et différentes nationalités. Je suis incapable de dire le nom de notre narrateur. Il se défini par un lieu ou un acte, voir une période, mais point de nom….

L’histoire est presque anecdotique. Un braquage qui tourne mal  entre braqueurs. Le personnage principal a engendré par son acte une suite d’incidents. Effet dominos. Bien que tuant à tour de bras, il représente le gentil parmi la kyrielle de gangsters, truands et hommes de mains. On veut qu’il s’en sorte qu’il arrive à tuer le braqueur sadique. Il est très lucide sur la nature des relations dans le gangstérisme, il ne cesse de dire qu’il n’y a rien de romantique et pourtant… il va mettre à l’épreuve l’amitié et les renvois d’ascenseurs dans le milieu des truands français. Il y a aussi l’aspect politique avec la place des anars et des indépendantistes.

Ce roman est une vraie tragédie, avec des guerres de pouvoir, des affrontements de bandes rivales, « d’amours » impossibles, où la trahison et la loyauté vont jouer un rôle important. Quand aux dialogues ils tiennent une place importante entre deux scènes d’actions.

Mais que fait la police me demanderez-vous, et bien elle compte les morts dans le milieu du grand banditisme. Ils essaient bien de créer des barrages qui sont évidemment contournés. J’ai admiré le travail topographique de l’auteur, il devait avoir une sacrée collection de cartes Michelin. A oui point de gps et de google maps.

Je terminerai en disant que j’ai souri en voyant passer ces bandits en cabale autour de chez moi (virtuellement heureusement), c’était drôle de mettre des images sur les lieux cités.

Je vous laisse découvrir ce roman ou apparaît pour première fois ce personnage que j’avais  découvert avec « Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales ». Quels titres ! c’est un sujet que j’affectionne mais je ne vais pas développer ici, ma chronique est assez longue, merci d’être arrivé jusqu’ici.

Je vous souhaite une bonne lecture pleine de testostérone, d’alcool et de mets régionaux. Toute une époque.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance.

table ronde

Vivonne

Jérôme Leroy
Éditions de la Table Ronde, Vermillon, 7 janv 2021, 411 p., 22 €

Mes Lectures de la Table Ronde
Roman / rentrée hiver 2021

4e de couv. :

Alors qu’un typhon dévaste l’Île-de-France, l’éditeur Alexandre Garnier contemple le cataclysme meurtrier depuis son bureau, rue de l’Odéon  : une rivière de boue coule sous ses fenêtres, des rats surgissent des égouts. Le passé aussi remonte à la surface. Devant ce spectacle de fin du monde, Garnier se souvient de sa jeunesse et surtout de son ami, le poète Adrien Vivonne, auteur entre autres de Danser dans les ruines en évitant les balles. Garnier a publié ses livres avant que celui-ci ne disparaisse mystérieusement en 2008, il y a presque vingt ans.
Qu’est devenu Vivonne  ? Partout en Europe, la «  balkanisation climatique  » sévit et les milices s’affrontent tandis que la multiplication des cyberattaques fait craindre une Grande Panne. Lancé à la poursuite de Vivonne, Garnier essaie de le retrouver avant que tout ne s’effondre. Est-il possible, comme semblent le croire de plus en plus de lecteurs dans le chaos ambiant, que Vivonne ait trouvé un passage vers un monde plus apaisé et que la solution soit au cœur de ses poèmes  ?

Mes impressions de Lecture :

Jérôme Leroy est un auteur que je suis depuis quelques années autant dans la littérature jeunesse que la littérature adulte.
On peut parler d’œuvre dans le sens où tout converge et s’entremêle, du moins ceux que j’ai lu.
Jérôme Leroy s’intéresse à la société, à ses fonctionnement et se dysfonctionnement. Les sujets touchant aux dérives politiques et à l’abandon font qu’il pointe le doigt sur ce que les gens et notamment les laissez pour compte subissent. Il s’intéresse aussi aux dérives des états face aux enjeux climatiques. Des sujets actuels qui le conduisent à nous montrer une société en perdition, où les dirigeants politiques divisent pour mieux régner. Mais Il n’est pas juste dans un constat négatif de ce qui se passe. Il montre aussi qu’il y a des gens qui se battent pour une nouvelle, une renaissance. Il appelle cette nouvelle société « la douceur ». Il n’est pas dans un monde utopique fait de douceur, il raconte comment ces communautés prennent les armes pour se protéger et pouvoir créer ce monde, fait de diversité, de respect et de solidarité. Et ne nous parle pas d’une période lointaine, à peine quelques années … donc les références sont claires et de danger imminent.
Ce que j’aime dans l’œuvre de Jérôme Leroy c’est la place de la littérature et du savoir. C’est son côté professeur de français militant pour la culture pour tous. Nous avons ici comme personnage principal « Vivonne » un poète visionnaire dont les poèmes sont assez fort pour changer la réalité de certains et donner de l’espoir à d’autres.
Petit à petit on voit se dessiner un portrait aux multiples facettes. Du poète mythique dont on partage les textes même après la catastrophe climatique qui touche Paris et la France. Le poète dont les fans partagent leur expérience. Et d’autres dont je vous laisse découvrir leurs liens avec lui, car derrière le poète il y a l’homme.
Nous avons aussi son ami et éditeur qui part à sa recherche, cette quête est devenue vitale pour lui. Cette quête va ressembler à une biographie professionnelle et personnelle.
Jérôme Leroy c’est aussi « la Femme » sont sujet de prédilection ou plutôt les femmes. Des femmes de caractères, des femmes blessées, à fleur de peau…
Ce que j’aime dans les romans et nouvelles de Jérôme Leroy c’est sa passion des livres, des traces écrites, ces objets qu’il exhume des cendres et des gravats, dans les mains de mourants.
Cette uchronie donne la parole à plusieurs narrateurs, chacun à leur niveau nous sonne leur point de vue. Cela donne à la narration des temps différents.
Ce roman joue aussi sur différents temps du passé tantôt lointain, tantôt plus proche. Ces va et vient au gré des rencontres et des souvenirs de chacun on voit se dessiner un tableau d’ensemble de l’Histoire de la France. L’une des narratrice va développer par exemple son ressentie lorsqu’elle lit les écrits d’Adrien Vivonne justement sur le thème du temps.
C’est un roman où l’action est au cœur de la narration, il y a un temps pour penser mais il y a un temps pour agir ne serais-ce que pour sauver sa vie.
Je vous laisse découvrir cette France en pleine débâcle…
Je remercie les Éditions de La Table Ronde, Vermillon, de leur confiance.

Littérature Adulte :

Cimetière des plaisirs

Comme un fauteuil voltaire dans une bibliothèque

La minute prescrite pour l’assaut

Un peu tard dans la saison

Jugan

Big Brother

Littérature Jeunesse :

Norlande

Macha

Les sanglots de pierre

Dominique Faget

City Éditions, coll. Terre d’Histoires, avril 2018, 237 p., 16,90 €

Mes lectures City

sanglot de pierre

4e de couv. :

Hortense règne d’une main de maître sur le domaine de La Louvière. Cette femme indomptable et forte a connu des années difficiles. La Grande Guerre lui a volé son mari, le grand amour de sa vie, et son fils aîné est mort lors de la Seconde guerre mondiale. En cet été 1955, elle aurait mérité que sa vie soit enfin douce et tranquille… Mais tout est compliqué par les manigances de son petit-fils qui projette de transformer le domaine familial en maison d’hôtes. Sans compter également ces meurtres qui se produisent dans le voisinage. Est-ce un fou qui a décidé de semer la terreur dans la région ? À la Louvière, Hortense pressent qu’il s’agit d’autre chose et que certains secrets du passé risquent de remonter à la surface et de bouleverser de nombreuses existences…

Quand la vengeance attend son heure…

Mon billet :

J’ai eu envie de lire ce roman afin de découvrir l’écriture de Dominique Faget que je suis sur les réseaux. Je voulais aussi découvrir la collection « Terres d’Histoires » de cette maison d’édition. Il se trouve aussi que je suis bénévole dans une bibliothèque et que beaucoup de lecteurs sont friands de ce genre littéraire, alors autant savoir ce que je conseille. C’est un roman qui a tout pour leur plaire.

Le titre est très bien trouvé et il reflète bien l’histoire.

Ce roman est géographiquement bien déterminé : la Gironde entre Bordeaux et Libourne, dans les terres. On est dans un milieu rural mais du côté des propriétaires terriens. Des familles qui sont implantées là depuis des générations, qui ont pignon sur rue. Elles ont un certain pouvoir et une longue histoire. Qui dit longue histoire dit aussi parfois un passé sombre et mouvementé. Qui dit grand domaine dit aussi cohabitation entre différentes générations avec toutes les tensions et les secrets que cela implique malgré un décor idyllique. Moi qui aime les thématiques qui touchent à la famille je me suis régalée à lire les interactions entre chaque membre avec comme pivot la grand-mère Hortense veuve Laborde,  épouse Beaulieu de Chayssac, une maîtresse femme qui a tendance à tout gouverner.

Le côté historique lié au lieu, cela fait partie aussi de ce que les lecteurs recherchent. On sent qu’il y a eu un travail de documentation en amont. Cette histoire se déroule pendant l’été 1956. Ce qui signifie que les personnages adultes (la plus jeune à 17 ans) ont connu  une voire deux guerres, donc leur lot de souffrance et de deuils. L’autre partie de la narration nous renvoie à l’été 1942. On découvre deux histoires qui comme on se doute vont se retrouver imbriquées. De cette sombre période la région bordelaise semble avoir gardé beaucoup de cicatrices. 1956, c’est le début d’autres heures sombres de l’histoire de France, l’Algérie et ses conflits qui s’invite dans le récit avec le gendre qui est en poste là-bas. Ces menaces lointaines (la fille et la petite fille doivent partir à la fin de l’été), ses attentats viennent faire écho à l’horreur que vivent les habitants de cette petite campagne bordelaise. Point de guerre ici, mais une série de meurtres dans le voisinage proche de la famille Laborde- Beaulieu de Chayssac. L’intérêt de cette histoire c’est de découvrir les rapports qui existent et motivent ce qui semble être une vengeance.

Les mystères vont crescendo et les soupçons se portent sur plusieurs personnages avec ce passé qui fait resurgir, en mettant en évidence,des non-dits et des traumatismes. Ce qui est refoulé va refaire surface. Lorsqu’on découvre la vérité, on se dit que le destin (enfin l’autrice) a joué de drôles de tours à certains personnages.

Le rythme imposé par l’alternance 1942/1956, rend à la fois la narration plus dynamique car on est curieux de connaître les tenants et les aboutissants et en même temps se ralenti puisqu’il faut avancer pas à pas pour découvrir ses tragédies.

Au début je n’ai pas trouvé les histoires et la mise en place très originales mais la fluidité de la narration m’a maintenue attentive. S’il y a des choses que l’on soupçonne très vite, il y a plusieurs « twists » ver la fin qui font l’intérêt de ce roman et j’ai beaucoup apprécié le dernier tiers.

J’ai beaucoup aimé les citations en guise de titre de chapitre. Elles font réfléchir à la portée de ce que les personnages vont vivre. De plus il y a les repères temporels et géographiques qui permettent au lecteur de passer d’une époque à l’autre, d’une histoire à l’autre sans se perdre.

C’est un roman dans lequel, on vit une saga familiale locale avec des scènes qui nous rappellent ces époques là. C’est ce qui fait le charme des romans de terroir et les romans historiques.

Je sais déjà à qui je vais le faire découvrir…

Quand à moi j’ai bien envie de découvrir les autres romans de Dominique Faget.

Je remercie City Éditions pour leur confiance.

city éd

Qui en parle ?

L’atelier de Litote

C’est un roman qui va faire partie de mes livres « voyageur immobiles ». J’ai quitté ma garrigue pendant mes heures de lecture.

Bien que très différent je viens de lire un autre roman qui se situe dans cette région avec en toile de fond les fantômes de la deuxième guerre mondiale « A la place de l’Autre » de Guy Rechenmann.

Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales

Kââ

Éditions de la Table Ronde, La petite Vermillon, mars 2018, 286 p., 8,90 €

Mes lectures de la Table Ronde

il ne faut pas

4e de couv. :
«Kââ est de retour ! Et aussi, bien entendu, le héros qu’il avait mis en scène dans La Princesse de Crève. Rappelons que ce personnage des années 80, sans nom, sans attache sinon dans le milieu mortifère des voyous de tout acabit, traverse son époque dans une traînée sulfureuse et violente.
Dans Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales, ce cow-boy solitaire en Jaguar XJ6 Sovereign se rend en province à l’enterrement d’un truand et tombe sur un ami d’enfance devenu flic. Ce n’est pas de chance parce que le héros voit son bienheureux anonymat menacé…»
Jérôme Leroy.

Ma chronique :

La première éditions date de 1985.

Je vous parlais l’autre jour (cliquez) de mes motivations à lire les rééditions de certains titres des années 80. Je ne vais pas recommencer, je vous laisse aller voir.

Kââ est un auteur que je ne connaissais pas, je découvre son écriture et son univers, est-ce que le reste de son œuvre est à l’avenant, mystère…

Ce que je peux dire,  c’est que je me suis régalée avec ce roman. C’est très bizarre d’écrire cela quand l’histoire est truffée d’horreurs en tout genre… les amateurs de polars et autres livres policiers comprendrons. Ne connaissant pas l’auteur j’ai pris un risque…

Le narrateur est un gangster (braqueur) très recherché. Il a un côté touchant avec son code de l’honneur et une bonne dose d’autodérision. Il va à l’enterrement d’un vieux truand et tombe nez à nez avec un ancien copain d’école devenu flic et qui est d’humeur collante. D’autre part un autre bandit à assisté à cette rencontre. Pas bon pour sa réputation tout cela. De là vont découler une tonne d’em***** . On se dit immédiatement qu’il a la poisse et qu’il va se faire prendre dans les mailles du filet…

Après cet instant on va avoir un effet domino avec une escalade dans les degrés des catastrophes. Plus ça va et plus le narrateur va descendre en enfer. Comment tout cela va se terminer pour lui et les autres ? C’est tout l’intérêt de ce livre, savoir comment l’auteur va conclure…

Tout le long, il s’interroge sur ses motivations. Le truand devient enquêteur, c’est un comble ! et le chasseur devient le chassé… Mais que diable allait-il faire sur cette galère !

On va avoir droit à une galerie de portraits très pittoresques des gens du milieu, bandits, flic etc… sans parler des noms qu’ils portent.

Le narrateur n’a pas de nom, il joue avec des identités toutes plus fausses les unes que les autres, une seule fois son prénom apparaîtra. On devine un peu son pedigree, une aura de mystère l’entoure, ce qui augmente son charme…

Les rôles masculins ne sont pas très reluisants, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Quand aux femmes qui entourent ce n’est guère mieux…, la rivalité, la cruauté, la trahison,  l’honneur et l’amitié, peut de place pour l’amour…

Tout ce petit monde a plus ou moins des cadavres cachés dans les placards. Un personnage m’a étonné  quant à ses motivations, j’ai eu des doutes tout le long… une ambigüité plane… je n’en dis pas plus.

Il y a un côté film avec Belmondo, des courses poursuites sans cascadeurs, charmeur et grand seigneur les poches pleine de billets…

On est dans les années 80 pas de doute. Il écoute des cassettes de Renault, Léonard Cohen et quelques autres…

Dans les restaurants c’est fruits de mer, tournedos Rossini, crêpes flambées etc…  Vins, champagnes, Cognacs et bourbon pas de loi Evin. Quand au tabac c’est partout et part tous temps.

Le sexe, le sida n’a pas encore fait les ravages…

Quand à l’argent, on y retrouve les devises principales (Francs, francs suisses et dollars) et le vocabulaire inhérent.

Au niveau des véhicules, c’était très amusant de revoir toutes ses modèles et leur connotation. Sans parler des excès de vitesse point de radars fixes…

Pour les amateurs d’armes à feu, vous avez toute la panoplie  avec leurs caractéristiques et celles de leurs munitions.

J’ai eu du mal à lâcher cette histoire car je voulais  découvrir les tenants et les aboutissants de toutes ces situations rocambolesques. Il y a un suspens qui tiens le lecteur en haleine. On attend le feu d’artifice final avec curiosité. Ça canarde à tout va. L’intrigue est bien ficelé même si parfois cela frôle la caricature, c’est aussi le charme de ce genre littéraire.

La presse écrite et la radio se faisait l’écho de ces faits divers sanglants. La tv n’est pas présente.

Ce qui m’a marqué, c’est la présence de la beauté qui est mise en évidence par le narrateur. Cela fait face à toute la noirceur d’univers. Il confronte la beauté physique et la corruption de l’âme.

Paris et ses beaux quartiers avec derrière les façades des êtres abjects.

Le narrateur déteste Paris et il nous montre la déshumanisation de l’urbanisation.

La pureté côtoie la souillure. Cela concerne les décors, les situations ou les personnes.

Le narrateur est conscient de ce qu’il est de ce qu’est sa vie etc. mais ont sent au fur et à mesure qu’il perd des illusions.

L’idée de paradis perdu, de fin d’une époque m’a accompagné.

Nous sommes dans un polar des années 80, il y a donc des idées politiques, des attitudes qui marquent bien l’époque. Il y a aussi quelques références à la guerre d’Algérie et les horreurs qui y sont liées. Il y est question d’écoutes téléphoniques, de RG, de portraits-robots etc. On sent aussi dans les techniques policières ne sont pas aussi poussées qu’aujourd’hui. La technologie ne permet pas de recouper les renseignements.

Je vous disais en début de chronique que je prenais un risque, par exemple  celui de trouver le roman vieilli et daté. En fait tout le côté année 80 c’est plutôt un certain portrait (imaginé ?!) d’une époque. Est-ce dû à mon âge ? peut-être…

Je vous souhaite une bonne lecture.

Je remercie les Editions de la Table Ronde et La Petite Vermillon pour leur confiance.

table ronde

Le sang dans la tête

Gérard Guégan

Éditions de la Table Ronde, La Petite Vermillon, mars 2018, 205 p., 7,30 €

Mes lectures de la Table Ronde

4e de couv. :

«En racontant une semaine de la vie de l’inspecteur principal Ruggieri, chaque chapitre correspondant à une journée, Gérard Guégan superpose une enquête et un portrait. L’enquête, qui se déroule en 1980, c’est celle autour de l’assassinat d’un jeune boxeur noir dans les toilettes d’un bistrot, bientôt prolongée par la découverte de cadavres d’enfants vietnamiens dans la cuve de colle d’un atelier d’ameublement. Le portrait, c’est celui de son flic, veuf et joueur d’échecs, qui a des manières bien à lui de se consoler dans l’intimité de la mort de sa femme. Le Sang dans la tête est un roman de l’amour monstre et du racisme qui commence alors à devenir une donnée immédiate de la société française.»
Jérôme Leroy.

Anecdote de lectrice :

Au détour de certains romans, je découvre la France de mon enfance. Au temps de notre insouciance nous ne regardions pas la société dans son enfance. Le journal télévisé c’était pour les grands » et nous avions tôt fait de partir dans notre univers d’enfant. Alors parfois je tombe des nues comme si j’avais vécu ailleurs. Pour la lecture,  c’est pareil il y a des pans complet de la littérature que je n’ai découvert qu’à travers des émissions comme « mauvais genre » sur France culture et parce que je suis curieuse.

Lorsque « La Petite Vermillon » m’a annoncé et proposé de découvrir des rééditions de polars des années 80, je me suis dit que c’était une belle occasion  d’approfondir le sujet. Sans parler que c’est une sélection de Jérôme Leroy, je savais déjà que ce n’était pas de l’eau tiède qu’on allait boire !

Je ne sais pas si le fait de voir autant publication à chaque rentrée ou même mensuellement ne vous fait pas réfléchir sur le devenir de tous ses textes. Quel roman passera le cap des 5, 10 ? Qui sera là pour les défendre encore dans 20 ans et plus ?

Je trouve très intéressant que des livre soient republiés, re-traduits, remis en avant par des passionnés.

J’aime chiner et je pourrais retrouver des titres des années 70-80 mais qui choisir ?

Alors j’ai décidé de faire confiance aux éditeurs qui font le travail de fond avec une certaine cohérence ou ligne éditoriale.

Je me demande comment ceux qui n’ont pas connu ses années voient les choses.

Prochainement je vous parlerai de « il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales » de Kââ… tout un programme !

Après ces généralités passons au texte qui nous occupe …

Mon billet :

En débutant « le sang dans la tête » on fait un plongeon direct dans le passé. Du côté du sang, de la peur, du racisme, de la violence. Depuis des années l’immigration des anciennes colonies, l’immigration après guerre, l’immigration économique, la clandestinité tout cela avait créé des communautés. Et attisé la haine de certains.

On se dit que certaines choses ne disparaissent pas, sauf qu’aujourd’hui il est de bon ton de lisser tout cela avec le politiquement correct.

Les faits divers sont encore une source d’inspiration comme ici.

Gérard Guégan (que je découvre) n’y va pas avec le dos de la cuillère tout le monde en prend pour son grade. La police n’est pas épargnée bien au contraire.

Ça fume, ça boit, ça dégaine facilement, ça n’y va pas mollo avec les témoins ou pendant l’interrogatoire des suspects.

On est dans un polar alors les travers de la société sont exacerbés et le trait légèrement noircie (enfin j’espère).

Le proxénétisme « familial » et la pédophilie fond partie de la toile de fond. Cela se savait mais personne ne cherchait à enquêter à enrailler le problème.

Le monde du travail n’était guère plus tendre.

Le personnage de l’inspecteur divisionnaire Ruggieri, ne respire pas la joie de vivre, il vit mal son veuvage. Son franc parler ne plaît pas à tout le monde.

Les personnages que nous croisons en suivant Ruggieri sont hauts en couleur. On découvre des intérieurs à l’image de leurs habitants avec leurs manies, leurs obsessions, leur monde clos. Chacun cache ses démons derrière la porte de sa maison.

Ce qui est drôle aussi, c’est que l’informatique, le téléphone portable n’étaient pas là pour informer. C’était d’humain à humain. Chacun son mode de classement.  Alors il fallait savoir les bonnes questions aux bonnes personnes pour essayer de recouper toutes les informations. On tapait les rapports à la machine avec toutes les erreurs de frappe que cela impliquait…

Ce roman comporte deux (vois trois) enquêtes. On découvre la frustration de connaître les coupables et de ne pouvoir les appréhender ou remonter la filière plus que les hommes de main.

La deuxième enquête on suit plus les étapes. L’enquête de terrain, enquête de voisinage, la pêche aux infos, les indics, l’attente…

Et puis il y a les femmes… mais ça c’est un autre programme.

Le seul petit bémol c’est le dernier jour … c’était en trop pour moi… un dernier barouf d’honneur. Une autre facette de la criminalité.

J’ai aimé retrouver certaines expressions ou références qui passeront inaperçues aux plus jeunes. Ainsi que les références culinaires, bœuf carotte, blanquette, sole meunière, et terrine de poisson…

Un roman ou on n’a pas le temps de s’ennuyer et qui se lit d’un trait.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Jugan

Jérôme Leroy

Gallimard, Folio, 2017, 217 p., 6,60 €

Mes Lectures Folio/ Table Ronde

A79335

4e de couv. :

Enseignant au collège Barbey-d’Aurevilly de Noirbourg, «en plein Cotentin, au carrefour de trois routes à quatre voies», le narrateur y voit débarquer Joël Jugan, ancien leader du groupe d’extrême gauche Action Rouge. Ce dernier vient de purger une peine de dix-huit ans. En prison, il est «devenu un monstre, au physique comme au moral». Son ancienne complice Clotilde le recrute au sein d’une équipe d’aide aux devoirs pour les élèves de la Zone. Il y croise Assia, une étudiante en comptabilité. Très vite, Assia est envoûtée par l’homme au visage ravagé. Ensorcelée aussi, peut-être, par la Gitane en robe rouge, qui, surprise à voler dans les rayons de la supérette de son père, lui a craché au visage d’étranges imprécations.

Mon billet :

Je termine mon cycle des dernières parutions de Jérôme Leroy. Lire un écrivain engagé en cette année d’élection présidentielle cela donne une drôle d’impression. Pour chaque nouvelle ou roman le lecteur s’interroge sur ces positions politiques.

D’entrée de jeu on sait que ça finira mal …

Dans « Jugan »,  on revient en partie sur des périodes clés 82-84 / 2002 /2012.  Je me rends compte qu’à chaque fois qu’on aborde la violence de la fin des années 70 début 80, j’ai des lacunes car j’étais gamine. Je sais que je vois à travers le prisme de l’auteur mais après j’essaie de faire la part des choses entre réalité et fiction, entre opinion publique et privée.

Ce roman joue avec trois présents ou deux passés selon les moments. La narration débute avec les troubles du narrateur dont l’origine remonte à 2002, moment où il a vécu une expérience traumatisante. Quand on se trouve en 2002 il découvre le passé de Jugan et de Clotilde. Mais cela ne suffit pas à éviter le drame.

Jugan sort de prison après 18 ans, il est en liberté conditionnelle pour actes terroristes. Il sort le visage complètement  défiguré. Il revient avec un côté encore plus sombre et trouve que la société  va encore plus mal. On a avant, après et maintenant qui s’entremêlent, mais ce n’est pas gênant pour le lecteur. Il y a l’idée de boucle d’éternel recommencement.

****

Citation  qui résume l’état d’esprit du narrateur au temps présent :

 «  Je suis certain que le Palais d’Asie est agrandi par mon activité onirique, que certaines perspectives qui subissent d’étranges distorsions sont le signe d’un réveil imminent. Alors je me concentre, je veux rester en arrière, je veux en apprendre davantage. J’ai la certitude que le jour où mes rêves récurrents m’auront tout appris, je pourrai enfin me libérer de Jugan, d’Assia, des Gitans, de Clotilde, de Noirbourg. A supposer que je le veuille vraiment. » p.104

****

Le décor : Noirbourg qui tisse une toile entre Caen, Rouen (300 km) et Rennes. Milieu industriel  en friche, HLM, campement de gitans, terrain vagues, les Forges  en ruine. Entourée de lande, on est dans les tons gris avec le ciel en écho. Le nom de la ville est symboliquement très fort.

J’ai trouvé très pertinent d’utiliser l’activité onirique du narrateur ce qui permets l’introduction des superstitions (Djinn des maghrébins, mauvais œil des gitans, la possession pour les intégristes musulman) pour donner une dimension du « Mal » au personnage de Jugan. Il sali tout ce qu’il touche, il pervertie tous ceux qui s’approchent de lui. Le fait de passer par le rêve permet  aussi d’avoir plusieurs points de vue (une grande part d’interprétations), on évite l’écueil de la mémoire qui modifie le passé.

Il y est question de perversion et de dérives alors que « la cause » c’est sortir de la corruption (je ne parle pas des moyens employés !)

On retrouve dans ce roman tout l’univers de Jérôme Leroy, l’éducation nationale avec ses profs qui sont usés et ceux qui sont encore des battants qui veulent défendre les milieux défavoriser.  On retrouve le côté bourgeois vs laissés pour compte. Détention des pouvoirs et victimes du système.

Quand au sexe, il a comme souvent une grande importance puisque c’est la perversion et les dérives dans la sphère privée.

La femme tient comme d’habitude dans les écrits de Jérôme Leroy une place très importante, elle plie mais ne romps pas !

Le narrateur raconte cette histoire pour exorciser ses vieux démons et ne plus se sentir coupable d’avoir laissé faire. On fini par un regard tourné vers l’avenir.

Je remercie les Éditions Folio pour m’avoir permis de continuer mon cycle Jérôme Leroy, mais je ne suis toujours pas prête à lire « Le Bloc » et vous ?

folio bleu
jugan chro