la petite fille de M. Linh

Philippe Claudel

Le livre de poche, 2005, 162 p.

LU DANS LE CADRE DU CHALLENGE « UN MOT DES TITRES« 

LU DANS LE CADRE DU CLUB DE LECTURE D’AUF

4 e de couv :

Monsieur Linh est un vieil homme. Il a quitté son village dévasté par la guerre, n’emportant avec lui qu’une petite valise contenant quelques vêtements usagés, une photo jaunie, une poignée de terre de son pays. Dans ses bras, repose un nouveau-né. Les parents de l’enfant sont morts et Monsieur Linh a décidé de partir avec Sang Diû, sa petite fille. Après un long voyage en bateau, ils débarquent dans une ville froide et grise, avec des centaines de réfugiés.
Monsieur Linh a tout perdu. Il partage désormais un dortoir avec d’autres exilés qui se moquent de sa maladresse. Dans cette ville inconnue où les gens s’ignorent, il va pourtant se faire un ami, Monsieur Bark, un gros homme solitaire. Ils ne parlent pas la même langue, mais ils comprennent la musique des mots et la pudeur des gestes. Monsieur Linh est un cœur simple, brisé par les guerres et les deuils, qui ne vit plus que pour sa petite fille. Philippe Claudel accompagne ses personnages avec respect et délicatesse. Il célèbre les thèmes universels de l’amitié et de la compassion. Ce roman possède la grâce et la limpidité des grands classiques.

Mon billet :

Nous avons là une belle histoire, une histoire émouvante  qui m’a touchée.

J’avais bien aimé le phrasé de Phillipe Claudel dans « les âmes grises » et je voulais renouveler l’expérience. Ce roman bref est intense. On y retrouve les thèmes de l’amitié malgré la barrière de la langue, la solitude au milieu de multitude…

Jusqu’au bout, on espère (enfin les gens comme moi) que Mr Bark va recueillir M. Linh, mais je vous laisse découvrir se qu’il adviendra en réalité.

Mr Linh est un réfugié très âgé avec sa petite fille orpheline. Il est vieux et ne parle pas la langue du pays qui l’a recueilli. On ne luis laisse pas son libre arbitre, on ne lui laisse pas découvrir le pays en homme libre.

Heureusement, il croise la route d’un homme en deuil ; En fait, chacun a besoin de l’autre. Ce veuf de fraîche date va pouvoir épancher sa peine. Leur amitié s’installe à leur rythme et quand enfin deux hommes pourraient avoir un nouveau départ, une série de catastrophes chamboule tout. On se dit que ce n’est pas juste qu’on ne leur laisse pas une chance.

Un certain suspens redynamise une histoire trop idéaliste.

On retrouve le thème de la réparation des tors. L’auteur leur laisse une deuxième chance. Les noms des pays ne sont pas cités cela donne une valeur plus universelle.

J’ai bien fait  d’acheter d’autres romans, car j’ai bien envie de continuer à partager l’univers littéraire de Philippe Claudel et dans quelques temps je tenterais un autre titre.

Voilà un petit moment de poésie…

PROCHAINE SESSION DE « UN MOT, DES TITRES » :

Un-mot-des-titres

Article précédemment publié sur Canalblog

Personne

Gwenaëlle Aubry

Mercure de France, 2009, 156 p

Prix Femina 2009

Couv :

« Personne » est le portrait, en vingt-six angles et au centre absent, en vingt-six autres et au moi échappé, d’un mélancolique. Lettre après lettre, ce roman-abécédaire recompose la figure d’un disparu qui, de son vivant déjà, était étranger au monde et à lui-même. De  » A  » comme  » Antonin Artaud  » à  » Z  » comme  » Zelig  » en passant par  » B  » comme  » Bond (James Bond)  » ou  » S  » comme  » SDF « , défilent les doubles qu’il abritait, les rôles dans lesquels il se projetait. Personne, comme le nom de l’absence, personne comme l’identité d’un homme qui, pour n’avoir jamais fait bloc avec lui-même, a laissé place à tous les autres en lui, personne comme le masque, aussi, persona, que portent les vivants quand ils prêtent voix aux morts et la littérature quand elle prend le visage de la folie.

Avis :

Ce récit soulève le problème de la construction d’une enfant en femme. A travers les histoires du père, c’est l’histoire de la fille. Quand l’inversion des rôles se produit c’est assez perturbant. On a un père qui reste bloqué dans une enfance alors que sa fille (ses filles) elles grandissent. Comment construire un foyer stable quand on a connu l’instabilité avec un homme de référence : son père. La fille a soutenu les extravagances de son père maniaco-dépressif qui de professeur à la Sorbonne devient SDF, pour ensuite refaire surface etc.

C’est un livre intéressant car il permet de se poser des questions. Comment le comportement de nos parents nous a influencé pour notre vie d’adulte… et comment à notre tour dans le rôle de parents nous engendrons un futur comportement.

Il y a un travail entre ses souvenirs et ses sentiments à elle et les écrits de son père. Écrits qu’elle a retrouvé après sa mort sous le titre : « le mouton noir mélancolique ». Titre qui résumé tout. Mouton noir de sa famille bourgeoise, mélancolique comme son état d’âme.

Il a passé une partie de sa vie à se créer un personnage selon sa phase pour devenir « Personne ». Pour chaque personnage une souffrance l’accompagnait. En devenant personne il voulait retrouver « une grande joie »…

Voilà un « roman » que je n’aurais pas acheté ni lu s’il ne m’avait pas été offert. J’ai voulu à tout prix le lire avant qu’il ne se perde dans mes étagères mais ce n’était pas le moment pour moi de descendre dans les méandres de ses vies de souffrance morale. C’est une lecture qui m’a coûtée mais je ne regrette pas, car il est toujours bon de se poser des questions. Je n’ai pas connu de personne ayant vécu ce genre d’expérience, ce récit reste donc assez théorique.

Par contre j’ai du mal à le conseiller. Le travail d’écriture est très intéressant, une histoire à deux voix. La parole est donnée au sujet. Gwenaëlle Aubry parle de récit romancé. Sa formation de philosophe n’y est pas sans doute pour rien. Elle dit qu’elle n’a pas trouvé la solution ni toutes les réponses à ses interrogations.

Article précédemment publié sur Canalblog