CornichonX

Yves Grevet

Editions Syros, Collection OZ, 25 juin 2020, 192 p., 9,95 €

Mes Lectures Syros

4e de couv. :

Et si un bocal de cornichons pouvait répondre à toutes vos questions ? Croquez et demandez ! 

Angélina a deux problèmes : 1- elle est la plus petite de sa classe ; 2- ses parents sont super sympas, mais ils passent leur temps à s’amuser et à rigoler. Une nuit, des voix mystérieuses attirent Angélina dans la cuisine. Il semblerait qu’un petit bocal de cornichons puisse l’aider… Enfin, de cornichonx !

Ma chronique :

Ah l’adolescence ! période de tous les questionnements, d’où je viens et vais-je ? Et mais c’est quoi ces parents ?!!!!

Yves Grevet nous emporte dans une histoire très touchante. Si de prime à bord on part sur du loufoque c’est quelque chose de plus profond qui fait réfléchir.

On va découvrir des parents très aimants que ce soit ceux de Angelina ou la maman de Martial, qui on essayé de créer un environnement tourné vers le bien être des enfants, et pourtant Angelina et M ne vont pas le vivre de la même façon.

Les adolescents portent un regard critique sur leurs parents jusqu’au moment où ils comprennent le pourquoi du comment. Action réaction les parents l’obligent pratiquement à ne manger que du sucré et quand on lui demande quel métier elle voudrait exercer plus tard, la première idée qui lui vient c’est dentiste !

Angelina est en sixième et elle se pose des questions d’adolescente que ce soit sur son corps ou sur ses émotions. La normalité… avec des parents qui semblent bloqué dans la pré-adolescence et elle qui veut grandir ce n’est pas très facile.

Heureusement il y a l’amitié que ce soit Sara ou celle de Claire. Claire la marraine l’amie de toujours de la maman d’Angelina qui connaît toute l’histoire, celle qui permet d’avoir un regard adulte sans avoir le rôle de mère, elle rééquilibre les choses.

L’importance de « la normalité » chez les collégiens. Angelina va réaliser grâce à des rencontres et à des conversations qu’elle n’est pas la seule à stresser et vivre avec des angoisses liées à tous ces changements ou prises de consciences face à l’avenir.

Le « ressort fantastique » des « cornichonX » va détendre l’atmosphère et dédramatiser tout cela grâce à l’amour et aux réponses découvertes. On va rire de la voir passer de la stupéfaction, au doute, et acceptation. Le côté drôle et rehaussé par le côté inquiétant des passages où les cornichons parlent et attirent leur proie ! (j’avoue que la lecture du « Matou Watson » juste avant m’a fait penser à autre chose !)

L’humour est important aborder des questionnements aussi importants.

Je remercie les Editions Syros de leur confiance

Article précédemment publié sur Canalblog

Qui en parle ?

Jangelis

Les rumeurs du Mississippi

Louise Caron

Éditions Aux Forges de Vulcain, 2017, 256 p.,  17€

Mes lectures aux Forges de Vulcain

4e de couv. :
Sara Kaplan, journaliste au New-York Times, reçoit la confession d’un ancien soldat, Barnes, vétéran de la guerre d’Irak. Barnes revendique le meurtre d’une tzigane de 17 ans. Meurtre pour lequel un Indien a été condamné cinq ans auparavant à la peine capitale. Sara Kaplan publie la lettre. L’affaire occupe d’un coup le paysage médiatique et divise l’Amérique. Sara est hantée depuis l’enfance par le suicide de son père, vétéran du Vietnam. En s’acharnant à vouloir montrer la responsabilité de l’armée dans la folie de Barnes, elle cherche à surmonter la tragédie qui a détruit sa famille. Dans sa quête, Sara nous entraîne de New-York à Hué en passant par le Sud désenchanté des Etats-Unis en crise. Elle dresse, au travers de ses personnages, un portrait de l’Amérique d’aujourd’hui, s’interrogeant sur le rôle de la presse, le racisme, la violence des conflits, et sur la malédiction qui condamne les gens sans mémoire à revivre sans fin leur passé.

Ma Chronique :

C’est le troisième roman de Louise Caron que je lis. C’est surprenant comme elle peu changer de registre. J’attendais le bon moment pour lire « les Rumeurs du Mississippi » et c’est donc avec un moment fort de lecture que je commence 2019.

C’est un roman noir, avec un certain regard sur les aspects sociaux très forts, un thriller politique. L’armée, les conflits armés et la suprématie américaine son au cœur de cette histoire. Information, désinformation, les médias et les instances politiques. Pression sur les médias. Les sujets ne manquent pas !

Sara Kaplan campe le rôle d’une femme volontaire, une journaliste d’investigation qui sait ce qu’elle veut et qui fait tout pour les informations nécessaires à faire éclater la vérité. C’est une femme intègre avec de l’honneur et une idée de l’éthique. Elle fait passer son travail d’investigation avant sa vie privée. J’avais envie qu’elle devienne une héroïne qui nous ferait vivre d’autres enquêtes… maintenant que j’ai fermé le livre je sais que ce n’est plus possible. Nous avons donc toute la thématique du monde du travail et de la place des femmes.

L’une des thématiques qui touche à tous les histoires, c’est celle de la famille. Elle a été façonnée par les familles de son père et de sa mère. Ils sont issus  de deux classes sociales différentes avec des courants de pensée opposés, à l’image de l’Amérique du Nord. Elle est façonnée par l’histoire du XXe siècle. Elle va dévoiler pourquoi l’histoire de Barnes la touche tant.

Ce roman nous parle des États-Unis avec ses contrastes, ses contradictions et leur rapport à l’histoire. Le patriotisme à outrance qui masque bien des choses. La diversité culturelle et ethnique est toujours rabaissée par  le racisme et le sectarisme.

L’affaire de départ à lieu  après 2008, aspect financier va jouer un rôle. Ainsi que les conflits au moyen orient.

J’ai bien aimé comment à travers l’enquête que mène Sara Kaplan on voit se dessiner le personnage de Nico Barnes. L’enquête sur Barnes révèle par exemple des problèmes relationnels avec les femmes. Une  mère dominatrice et une ex-femme exigeante. Rajoutez à cela les traumatismes liés  aux différentes campagnes militaires et vous avez un homme très perturbé.

On entre tout de suite au cœur de l’histoire. Les chapitres  portent comme intitulé les noms des personnes que Sara va rencontrer, la date et le lieu. On se repère donc instantanément. C’est très rythmé, ponctué par des déplacements. La narration est claire et va directement au but, cela dénote une grande rigueur et une recherche du contrôle dans la vie de la narratrice, la journaliste d’investigation du New York Times. On suit son parcours, comment elle mène son enquête comment elle intègre sa vie de couple.

Louise Caron aime les personnages forts et haut en couleur et elle adore leur faire des misères, alors elle n’hésite pas à les malmener. Ce qui donne une intensité eux narrations. Je mets narrations au pluriel car on va voir quelle va tisser des liens avec plusieurs vies. Sara Kaplan parle de puzzle en bois pour l’affaire Barnes, mais cela viennent se superposer d’autres d’histoires.

C’est un roman où les rebondissements ne manquent pas et gardent le lecteur en alerte. Il y a différents niveaux de lecture qui rendent ce roman très intéressant.

Je page turner que je vous recommande si vous aimez le milieu de la presse, les USA et les femmes fortes.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain pour leur confiance.

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jours de cendres

Article précédemment publié sur Canalblog

3 femmes et un fantôme

Roddy Doyle

trad. Marie Hermet

Flammarion 2013, 223 p., 11,50€

Je continue ma découverte des écrits de Roddy Doyle, après « Opération farceuses » un roman pour jeunes lecteurs, je vous présente maintenant un roman préconisé à partir de 13 ans…

3 femmes et un fantôme

4e de couv. :

Emer, la grand-mère de Mary est sur le point de mourir. Apparaît alors le fantôme de son arrière-grand-mère, morte dans les années 1920 : elle a un message à faire passer à Emer et souhaite la soutenir dans cette dernière épreuve. La mère de Mary va les aider. Toutes les quatre entament alors un road-trip délirant à travers l’Irlande vers la maison de famille abandonnée.

Ma chronique :

C’est un roman jeunesse. Est-ce parce que Mary à 12 ans ? Parce que le roman est court ? ou parce qu’il aborde la mort avec une part de fantastique, de réalité magique ? Je pense qu’il peut s’adresser à tous les publics. On remarquera qu’il y a des morts dont on ne parle pas…

C’est un roman qui aborde le thème de la mort, et  de la disparition d’un proche en particulier. Nous avons ici  Emer  la grand-mère  de 85 ans qui est hospitalisée, et plutôt sur le déclin, enfermée dans ses craintes. Comment gérer cette situation, ce départ imminent ?

C’est aussi un roman sur les femmes à des âges différents, à des époques différentes. Va apparaître le fantôme de la mer d’Emer, donc la quatrième génération. A travers sont personnage c’est une histoire de femme du début du XXe siècle en Irlande. La maison, la famille, la femme, la maternité, l’amour, la maladie… Tansey va entrer en contact avec le reste du clan par l’élément le plus jeune Mary 12 ans qui est réceptive et va faire le lien. Scarlett, la mère de Mary, la fille d’Emer, la petite fille de Tansey. Elle a le rôle de la femme active, elle a la place intermédiaire. Elle doit tout gérer, les problèmes de sa mère, son mari et ses garçons.

Les garçons ont du mal avec l’état de leur grand-mère qui empire, ils se réfugient dans leur monde d’ados.

Ce n’est pas traité comme une histoire triste même si le sujet est sérieux et si les personnages sont émus et touchants. Il y a de l’humour dans les situations. Le fantôme dédramatise , elle crée des scènes cocasses et insolites. Scarlett avec sa place intermédiaire doit rester raisonnable et forte, elle est malgré tout « paumée » dans une détresse contenue.

Mary la gamine qui n’est plus une enfant mais pas une femme non plus. Elle a aussi un langage « jeune », avec des formulations tel que « genre » dans toutes les phrases. Elle a aussi la langue bien pendue et essai de se rattraper avec des « ce n’est pas de l’insolence » « je ne suis pas insolente », ce qui n’est pas l’avis de tout le monde. Elle est attachante car avec chaque personnage elle a une complicité et une grande empathie.

C’est aussi un roman sur « l’entre deux ». Tansey est entre disparaître complètement et rester en attente là. Elle est entre deux époques. Emer est entre la vie et la mort. Scarlett est entre deux générations, entre sa mère et sa famille, entre le passé et le présent. Mary est entre l’enfance et l’adolescence, entre le présent et le futur (tu auras une fille à ton tour).

La composition du roman se fait à travers le regard de chaque personnage. Le chapitre porte le nom du personnage en question.

On va découvrir le passé de cette famille, le rôle, la place des femmes.

J’ai pris grand plaisir à lire ce roman… je vais continuer à explorer l’univers de cet auteur irlandais je crois que je suis en train de devenir fan.

opération farceuses

Article précédemment publié sur Canalblog

Une petite place sur terre

Hélène Montardre

Éditions Syros, coll. Tempo, sept.  2018, 220 p., 6,95€

Mes lectures Syros

4e de couv. :

L’hommage inoubliable d’ Hélène Montardre à ceux qui n’ont plus rien, sauf leur dignité d’être humain.

Rudi et sa maman sont étrangers. Ils n’ont pas de famille en France et nulle part où aller. Un jour, Rudi entend raconter ce mythe grec : Héra, la femme de Zeus, avait interdit à toutes les terres d’accueillir la déesse Léto. Et pourtant Léto a fini par se réfugier sur une île minuscule, à peine visible sur le bleu de la mer. Les mots résonnent dans la tête du garçon. Il y a forcément quelque part un petit bout de terre où Rudi et sa maman pourraient vivre. Et cet endroit, Rudi va le trouver

Ma chronique

J’avais une petite crainte avant de recevoir ce livre car les sans papiers c’est toujours un sujet délicat. Ce qui m’avait attiré c’est l’introduction de la mythologie Grecque. J’étais curieuse de voir comment cela allait se combiner. J’ai beaucoup aimé car c’est par une passeuse d’histoire…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce roman c’est l’aspect universel. On ne sait pas d’où ils viennent, on ne sait pas où cela se situe. Ce qui est prenant c’est ce lien qui relie cette mère à son fils et inversement, cela permet à beaucoup d’enfants de s’identifier. Ils vont tout faire l’un pour l’autre, ils sont un peuple à eux deux.

J’ai commencé ce livre et je l’ai lu d’un trait, j’ai oublié tout ce qui m’entourait, heureusement je l’ai terminé avant mon rendez-vous (que j’avais oublié !). Une magnifique parenthèse, j’étais dans ma bulle hors du temps.

Le sujet et difficile, mais il est abordé avec un regard si poétique que cela nous permet de prendre nos distance face à la dure réalité.

On va suivre Rudi dans son raisonnement, sa façon de voir la réalité. Rudy va grandir très vite. Entre deux nuits d’orage et de tempête.

Durant le premier, il va avoir une image choc et dans le deuxième il va à nouveau vivre un choc physique et psychologique. On a bien l’image de la boucle qui se ferme, et entre les deux, tout va s’accélérer et changer.

On peut lire ce roman comme un voyage initiatique. Avant le premier choc émotionnel, c’st un petit garçon, et même s’il avait vécu des choses plus dures que les enfants de son âge, il lui restait une part d’enfance. On s’en rendra compte lorsqu’il discutera avec Ionel et ses frères.

J’ai adoré cette rencontre nocturne presque surnaturelle, on voit bien comment un enfant peut être emporté par ses sens et son imagination. C’est très bien raconté.

A partir de là va s’en suivre une sorte de descente en enfer. Plus on avance, plus on les voit dégringoler. Heureusement, ils vont aussi faire de belles rencontres. A chaque étape Rudi va grandir et prendre de l’assurance. On voit aussi comment intérieurement ses sentiments vont changer, sa colère va s’apaiser.

Puis,  vient le point de bascule où c’est lui et son utopie qui vont prendre le dessus. Il va démontrer qu’il est fort, réfléchit et qu’il faut croire en son rêve.

Il va prendre sa mère par la main lorsqu’elle n’en peut plus. Il y a une inversion des rôles. Il a choisi l’amour à la haine. Il ne deviendra pas un délinquant, il choisi une autre voie. Sa mère avait choisi de créer un semblant de vie stable avec une bonne école et un lieu protégé. Cependant c’était une situation qui avait ses limites.

La partie paradis retrouvé est un beau moment qui permet à tous les protagonistes de reprendre son souffle, ainsi qu’au lecteur. C’est le petit moment « fantastique », la réalisation d’une utopie.

Quelques mois ont passé et pourtant on dirait une éternité tant leur vie a été bouleversée. C’est le moment de la renaissance dans ce paradis aquatique.

On se dit que ça ne peut pas durer et en effet une dernière étape est nécessaire …

Je ne vous en dis pas plus…

C’est un coup de cœur, car c’est une belle histoire bien menée.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

1% rentrée 18
kokeshi coup de coeur

 Qui en parle ?

Jangélis

Article précédemment publié sur Canalblog

Ma gorille et moi

Myriam Gallot

Éditions Syros, coll. Tempo, 2018, 156 p., 5,99€

Mes lectures Syros

4e de couv. :

La maison de Jeanne se trouve au cœur d’un zoo. Le zoo de ses parents ! Quand Jeanne était bébé, ils ont accueilli chez eux une petite gorille, Mona, que sa mère avait rejetée à la naissance. Mona et Jeanne ont grandi ensemble. Mais Mona, qui est maintenant adulte, doit être transférée au zoo de Milan. Alors qu’un groupe de jeunes militants s’insurge et manifeste devant le zoo, Jeanne découvre le discours des défenseurs de la liberté animale. Peut-elle aimer Mona et vouloir la garder auprès d’elle ?

Mon billet :

Ce roman peut intéresser les enfants qui ont des relations privilégiées  avec des animaux. Mais attention on n’est pas dans une aventure genre « grand galop », c’est beaucoup plus engagé.

Ce roman jeunesse traite de sujets que je ne maîtrise pas, et ne font pas vraiment partie de mes préoccupations, je me suis donc identifiée à Jeanne la gamine de 12 ans.

La narratrice « je », Jeanne est dans l’affect et ce sont donc toutes ses émotions contradictoires que l’on va suivre. En même temps elle a des préoccupations de son âge.

Le format court de ce roman ne permet pas de développer les sujets abordés, il y a donc certains « raccourcis », choix de l’autrice qui nous laissent pensif. Ce roman fait partie de ses histoires qui peuvent servir de point de départ de discussions plus « philosophiques ». C’est un roman qui ouvre à la discussion. Attention au risque de débordements enflammés…

Nous avons deux groupes diamétralement opposés, campés sur leurs  positions. En tant qu’adulte on sent qu’aucun des deux ne changera d’opinion. Entre les deux une gamine seule qui voit ses certitudes s’envoler. Du haut de ses douze ans elle ne peut imaginer à long terme les conséquences de ses actes. Elle est troublée et de bonne foi. Elle ne se rend pas compte qu’elle est fragile et donc facilement manipulable. Écartelée entre les deux façons d’aborder le problème, elle réagira en fonction de ses émotions.

Ce qui m’a gêné c’est le côté livrée à elle-même, les parents ne se rendent pas compte qu’elle est en pleine détresse, perdu et sans défense. Ils n’ont jamais abordé le sujet avant, cela allait de soi, c’était leur quotidien, convaincu du bien fondé de leur choix. Jeanne ne s’est jamais posé de questions, c’était une évidence. Et là tout à coup on vient lui montrer que non qu’il y a une autre façon de voir la chose.

Les parents vont être virulents face aux activistes mais ne chercheront pas ouvrir un dialogue avec leur fille. Ce qui tout bien réfléchit  est une bonne chose. Ils l’ont élevée avec leurs valeurs, en montrant l’exemple, le respect et la bienveillance, ils n’ont donc aucun doute sur ce que ce que pense leur fille (réaction normale des parents).  Il n’y a donc pas besoin de se justifier, ils n’imposent  pas leur point de vue par la théorie ni par le discours.

Ils ne réalisent pas dans qu’elle situation se trouve leur fille. Ils n’ont pas vu l’étendu de la souffrance dans laquelle est plongée Jeanne depuis la décision de la séparer d’avec « sa sœur de lait ». Ils sont scientifiques, pragmatiques, c’est la logique et c’est la loi.

Ce roman soulève des questions sur la question animale. Jeanne est désarmée face à la question.

Entre le début et la fin du roman cinq jours ont complètement chamboulé la vie de tous les participants.

Qui a tord qui a raison ? C’est l’aspect juridique qui tranchera. Certains chercheront d’autres stratégies pour défendre leur opinion.

J’ai bien aimé  au moment critique (vers la fin donc je n’en dirais pas plus) la réaction de chaque participant et l’ouverture plus large du cercle des intervenants. On voit alors d’autres aspects du problème, tout n’est pas noir ou blanc.

J’ai été émue par la relation entre Jeanne et Mona, c’est liens forts que tout le monde ne peut comprendre. C’est une situation trop particulière pour qu’elle se généralise. On voit comment l’enfant et l’animal ne grandissent pas à la même vitesse. Cette mésaventure va faire grandir Jeanne mais elle reste une adolescente.

J’ai trouvé terrible la facilité avec laquelle on peu embobiner des enfants qu’on croit réfléchis et à l’abri. Tout à coup, ces discours bien rodés peuvent enlever la confiance que vos enfants ont de vos valeurs sans qu’on s’en rende compte et les pousse à commettre des actes irréparables… Ceci est un autre sujet. Le dialogue reste très important.

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

syros

Sur ce blog du même auteur :

ma vie sans mes parents

Article précédemment publié sur canalblog

Le bonheur arrive toujours sur la pointe des pieds

Tiphaine Hadet

Éditions City, 2018, 238 p., 15,90 €

Mes lectures City

4e de couv. :

Traverser la France en covoiturage… Camille s’en souviendra longtemps ! Son chauffeur, un vrai goujat, l’a abandonnée comme une malpropre sur une aire d’autoroute. En plus, elle n’a vraiment pas envie de participer à la réunion familiale annuelle dans le Midi. Qui aurait envie d’entendre à nouveau la litanie : « Ah, toujours pas de bébé ? Même pas de fiancé ? » Mais pour le moment, elle doit attendre sagement au bord de l’autoroute que sa cousine vienne la chercher. Mais elle ne l’attend pas seule. À ses côtés, Julien, un inconnu qui lui a offert un café. Ils discutent toute la nuit, et au matin, chacun reprend sa route, sans échanger de nom ni d’adresse. Une fois de plus, Camille aurait-elle laissé filer sa chance ? Quand apprendra-t-elle à saisir le bonheur lorsqu’il se présente ? À moins qu’elle réussisse l’impossible et retrouve le bel inconnu…

Mon billet :

J’ai eu envie de découvrir cette jeune autrice qui avait été repérée par Agnès Martin-Lugand dont j’apprécie ses histoires. La synopsis laisse présager des scènes plutôt drôles. J’aime varier mes lectures. En ce moment  j’ai une tendance à choisir les lectures un peu légères et cette lecture correspond à mon humeur du moment. Me voilà partie pour une comédie romantique pleine de péripéties plus ou moins rocambolesques…

Une histoire d’amour n’en cacherait elle pas d’autres ?

Le hasard fait-il bien les choses ? Mais existe-t-il ?  Les expériences que Camille va vivre vont changer sa vie et celles d’autres personnes ?

Dans cette histoire ancrée dans notre époque nous allons avoir des références à de la musique, des films et autres qui touchent les trentenaires et plus. Il y a d’ailleurs une playlist à la fin du livre. C’était drôle de retrouver toutes ces références et les connotations qui y sont liées. Dans le premier chapitre on a même des paroles de chansons que je connaissais pour la plupart alors j’avais la bande son. J’ai cru à un moment donné qu’on allait avoir « les histoires d’amour finissent toujours mal » mais non…

Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est que je croyais être partie dans une histoire et puis l’autrice m’a emmener sur d’autres chemins de traverse. Ce fut une agréable surprise de voir les personnages faire l’école buissonnière et sortir hors de leur zone de confort.

J’ai  pris plaisir à suivre toute la thématique de la famille. Quelque soit le modèle on peut y trouver du très bon comme du très mauvais… Les non-dits, les secrets de famille finissent toujours par ressortir…

C’est un joli roman contemporain touchant par certains aspects car il y a le thème de la vieillesse, des amours contrariées, l’amitié…  le côté « fée marraine » qui essai de tout arranger …

Il y est question de choix de vie, d’assumer mais aussi de savoir changer de position, la vie me direz-vous… oui c’est cela…

Je ne voudrais pas trop en dire pour vous laisser emporter par les aventures et mésaventures des personnages.

Je suis curieuse de voir comment va évoluer cette jeune autrice.

Je remercie les Éditions City pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Nos âmes la nuit

Kent Haruf

Trad. Anouk  Neuhoff

Éditions Robert Laffont, 2016, 168 p., 18 €

coll. Pavillon poche, 2018,  192 p., 8 €

Cercles de lectures

Dans ma médiathèque il y a…

4e de couv. :

Dans la petite ville de Holt, Colorado, Addie, une septuagénaire veuve depuis des décennies, fait une étrange proposition à son voisin, Louis, également veuf : voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour parler, se tenir compagnie ? La solitude est parfois si dure… Bravant les commérages, Louis se rend donc régulièrement chez Addie. Ainsi commence une très belle histoire d’amour, lente et paisible, faite de confidences chuchotées dans la nuit, de mots de réconfort et d’encouragement. Une nouvelle vie apaisée, toute teintée du bonheur de vieillir à deux.
Hymne à la tendresse et à la liberté parcouru d’un grand vent d’humour, Nos âmes la nuit est l’œuvre qui a fait connaître Kent Haruf au grand public, quelques mois après sa mort.

Auteur et œuvres traduites :

Kent Haruf : Ecrivain américain,  1943-2014

Le Chant des plaines

Colorado blues

Les Gens de Holt County

Nos âmes la nuit

Ma chronique :

J’ai découvert ce roman grâce à des libraires enthousiastes. C’était à la rentrée littéraire 2016. J’avais gardé dans un coin de ma tête  ce titre. Je ne connaissais pas cet auteur américain décédé en 2014. Il aura fallu attendre qu’une copine m’en reparle pour son adaptation au cinéma (2017) et le passage dans Netflix pour qu’enfin je le lise. Les acteurs qui jouent les rôles principaux Robert Redford et Jane Fonda, c’est tout dire !

C’est un roman tendre et dur à la fois. Dès qu’on le commence on n’a qu’une hâte c’est de savoir ce qui va arriver à ces deux personnages très attachants.

Depuis quelques temps, il est souvent question de deuxième chance, de vivre pour soi etc. C’est aussi un des propos de ce livre. On peut peut-être s’affranchir du regard de l’autre, du qu’en dira t-on,  mais que faire du  chantage affectif de nos proches ? Peut-on couper tous les liens avec sa famille quand on un être innocent est en souffrance ?

CE roman assez bref traite de ce sujet et bien d’autres. Tout part de l’idée d’une veuve de 70 ans qui demande à son voisin lui-même veuf de conjuguer leur solitude pour retrouver un peu de tendresse et de compagnie surtout la nuit.

Ce qui commence presque comme une boutade va donner une belle histoire. Ensemble ils vont dépasser le qu’en dira t on et les rumeurs. On est dans les années 2000, on se dit que les mœurs ont évoluées, mais en fin de compte pas tant que cela.

Contrairement à ce qu’on  pourrait croire les réticences face à cette aventure ne viennent pas des personnes âgées bien au contraire cela émane des adultes « dans la force de l’âge ». Ils sont plus critiques et rétrograde.

On va découvrir petit à petit qui ils sont puisqu’ils se racontent l’un l’autre. Ils étaient voisins sans plus. Le passé s’invite parfois pour leur jouer des tours et ternis ces moments de bonheur inespéré. Doit-on payer toute sa vie des choix passés ?

Pendant un temps ils vont même reformer une petite famille et transmettre de l’amour et des connaissances. Mais le bonheur semble leur échapper, il aura été de courte durée. Un triste sire vient faire payer l’addition d’un passé mal vécu. Il a une arme pour se venger. Les gens malheureux ne supportent  pas le bonheur des autres.

Lorsqu’on ferme le livre, on espère qu’ils vivront assez longtemps pour que le bonheur mis entre parenthèse puisse s’épanouir.

Ce roman nous fait découvrir quelques facettes de la vie dans le Colorado. Les personnages découvrent qu’ils ont en eux beaucoup de trésors à partager. Il suffit de provoquer les choses ou de les saisir lorsqu’elles se présentent.

En tout cas en tant que lectrice cela ne laisse pas indifférent.

Faut-il être égoïste pour être heureux ? En tour cas je dis qu’il faut être égoïste pour faire du mal aux gens…

La vie est si courte pourquoi l’être humain a t il besoin de détruire les moments de bonheur simple.

 Bonne lecture et à bientôt !

Article précédemment publié sur canalblog

Minute, papillon !

Aurélie Valognes

Éditions Mazarine, 2017, 269 p., 17,90 €

Existe aussi le Livre de Poche

4e de couv. :

Rose, 36 ans, mère célibataire, est une femme dévouée qui a toujours fait passer les besoins des autres avant les siens. Après avoir perdu son père et son emploi, la jeune femme apprend que Baptiste, son fils unique de 18 ans, quitte la maison. Son monde s effondre.
Cette ex-nounou d enfer est alors contrainte d accepter de travailler comme dame de compagnie pour une vieille dame riche et toquée, Colette, et son insupportable fille, la despotique Véronique.
Et si, contre toute attente, cette rencontre atypique allait changer sa vie ?

Mon avis :

J’avais beaucoup apprécié « mémé dans les orties » alors je continue ma découverte des romans feelgood de cette jeune autrice.

On repère ses romans grâce aux titres tirés d’expressions populaires qui font sourire, c’est déjà très engageant !

Dans ce roman feelgood tout ne peut trouver une issue favorable mais presque… Tout évolue et change entre le début et la fin.

On va suivre ces modifications dans le comportement de certains personnages et les voir vivre leurs nouvelles expériences.

Il y est surtout question de relation mère/enfant.  Il manque une génération dans chaque cas soit il manque les grands-parents soit les petits-enfants. Il n’y a donc pas d’élément régulateur. Il faudra faire appel à l’extérieur. Il manque aussi de figures paternelles.

Bien entendu rien ne se passe comme prévu par les parents lorsque les enfants deviennent adultes.

Il y a des situations drôles, cocasses mais souvent derrière on retrouve de la souffrance et des blessures.

On frise le ridicule dans cet immeuble du XVIe dont le quiproquo de départ qui nous fait sourire en demi-teinte puisque derrière il y a un manque de considération pour les « petites  gens ». Cela deviendra grotesque et révoltant un peu plus tard.

Il y a des parallèles et des effets miroirs qui se mettent en place Rose/Baptiste, Colette/Véronique, parents de Jessica/Jessica.

Il a eu quelques situations qui m’ont agacée. Dans les deux principales familles les relations mère/enfant et inversement il y a presque des dysfonctionnements, relations fusionnelles ou presque haineuses.  Dans le cas de Colette et Baptiste on a d’un côté l’ingratitude et attentes de la jeunesse et d’autre part des prises de position fortes que Rose n’arrive plus à assumer.  Tout arrive trop vite… je n’arrive pas à l’expliquer sans trop dévoiler.  On arrive au point de rupture, mais cela semble trop abrupte.

J’ai beaucoup aimé le côté amitié et entraide que ce soit entre sœurs, ou avec le groupe qui s’élargit. Le fait que Rose s’ouvre aux autres  en même temps qu’elle coupe le cordon ombilical est très symbolique et logique.

Ce roman est dans la mouvance : «  on a tous droit à une deuxième chance dans la vie »…On a droit de changer de vie.  Ainsi Rose va se trouver une mère de substitution qui lui apprendra à près de 40 ans à cuisiner et à vivre sa vie de femme.

Je vous laisse découvrir les surprises que tout ce petit monde nous réserve.

Je conseille souvent ce genre de romans aux personnes qui s’intéressent aux histoires qui traitent de relations intergénérationnelle, il était donc logique que je le lise.

J’ai longtemps cherché ce qui m’avais dérangé dans cette histoire.. je crois que c’est le côté chantage affectif. mais ce n’est que mon ressenti.

Qui en parle ?

Jangelis

Article précédemment publié sur Canalblog

Comme du cristal

Cypora Petitjean-cerf

Éditions du Serpent à Plumes, 2018, 251 p., 18 €

Mes lectures du Serpent à plumes

4e de couv. :

Lisette et Ada sont deux cousines. Lisette aime lire et Ada a tout le temps mal quelque part. Lisette rédige des notices fleuries, pimpantes, pour des brochures commerciales, Ada travaille pour une grande surface et est amoureuse du pharmacien.
Elles s’entendent comme chien et chat, comme le chaud et le froid ; et entre elles, il y a Franz.
En août 1988, alors qu’ils écoutaient Powerslave d’Iron Maiden, Franz a embrassé sa cousine Ada sur la bouche. Si elle ne s’en souvient plus, lui ne l’a jamais oublié et l’aime encore de cet unique baiser partagé.

Mon billet :

Et puis il y a le canapé de leur enfance. Un matin il est posé devant chez Franz, quinze ans après sa disparition dans un camion-benne. Après quelques jours il disparaît à nouveau. Avant de réapparaître. Et encore.

Cypora Petitjean-Cerf évoque avec humour et précision tous ces doux rêves/fantasmes éveillés qui rythment les vies des gens normaux, qui font leurs courses le samedi matin.

Cypora Petitjean-Cerf est au sommet de son art dans ce roman minimaliste et tendre. La simplicité de ses personnages, de leur vie, de leur passé, de leurs espoirs se lie admirablement avec les enjeux éperdus de l’amour.

J’étais curieuse de découvrir ce roman. Cette histoire de canapé de l’enfance qui réapparaît à l’âge adulte au point d’envahir la couverture du livre cela intrigue.

Il faut dire aussi que je suis toujours très intéressée par les auteurs qui traitent du quotidien ordinaire. On a une part de nous qui s’identifie à une époque, un mobilier, des habitudes de vie, on se rend compte que finalement on a des points communs (ou pas !).

La thématique de la famille est un sujet qui m’intéresse.

Si vous cherchez l’action, les coucheries et les grands voyages passé votre chemin. Par contre si vous aimez les histoires où les petits détails, les petits « rien » viennent modifier le paysage de manière imperceptible, ce roman vous plaira.

J’ai eu l’image d’un vase qui se remplit goutte à goutte et j’attendais qu’il déborde ou se brise. C’est peut-être à cause du titre. Le cristal représente, la pureté et la fragilité, mais que cache sa transparence ?

J’ai aussi eu l’image de ces boules de neige qu’on secoue et qui semble s’animer pendant un temps jusqu’à ce que les paillettes retombent, et  entre les deux les scènes  ne sont plus tout à fait les même.

Les personnages semblent bloqués plus ou moins en 1988… l’adolescence, premier baiser et mort accidentelles des copains. L’histoire se déroule en 2013, ils ont une maison, du travail et vivent en vase clos comme dans une bulle de cristal qui empêche d’entrer en contact, une fragile barrière de protection.

Ce qui frappe dans ce roman, c’est l’absence de parents adultes de plus de 40 ans. Les parents d’Ada, Lisette et Franz sont morts du cancer. Ils sont omniprésents par l’éducation qu’ils ont donnée à  leurs enfants. C’est peut-être cela qui donne cette impression d’image figée. Plus de nouveaux conseils, pas d’évolutions. Leur mort n’a pas suffit à émanciper ces jeunes adultes (35-40 ans).

Ces trois cousins se sont fait une image du monde et ont continué à fantasmer sur des possibles sans arriver à surpasser certaines barrières jusqu’à ce printemps 2013.

On ne voit pas non plus les parents de Gretchen, Anne-Céline, Cyril, M. Paillet ou M. Christophe Renard…

Gretchen, elle aussi est bloquée dans une relation toxique, elle aussi va bénéficier de cet air printanier pour évoluer. Petit bémol il y a des petites incohérences autour d’Emile (vocabulaire et connaissances), comme pour montrer qu’il n’a pas une évolution normale.

J’ai adoré le personnage d’Anne-Céline, fille de la terre, avec son langage fleurie, qui ne s’embarrasse pas de considérations protocolaires.

Les personnages masculins sont très coincés dans leur quand à soi, ce sont les filles qui doivent avoir les initiatives et faire le premier pas. On notera qu’il y a un personnage qui n’apparaît qu’avec son prénom et un autre avec juste une initiale.

Il y a le petit côté de réalisme magique avec le canapé qui apparaît et disparaît, il y a toute la pensée magique des personnages qui cherchent des signes. On a par exemple Lisette qui se raccroche à son vieux maillot de bain anglais puis à la salopette de Anne-Céline, il y a la partie onirique (rêves nocturnes et rêves éveillés), il ya les messages subliminaux des publicités et autres.

Un autre détail a attiré mon attention celui du miel… j’ai bien sûr pensé à « on n’attrape pas les mouches  avec du vinaigre » non plus sérieusement, c’est l’histoire des tartines : tartines de miel, tartines de fromage, tartine de fromage au miel. Finalement petit à petit, on teste, on découvre et on apprend à aimer de nouveaux goûts… une jolie métaphore pour ce que vivent les personnages.

Il y a l’idée de constance. Dans un premier temps, on à l’impression que rien ne doit bouger pour être heureux. Et même lorsqu’ils constatent qu’ils ne sont pas heureux ils ont du mal à tourner la page.

Je n’ai pas spécialement aimé les personnages au début car ils ne sont pas présentés comme des personnes sympathiques  (la lectrice que je suis est difficile !). Ils se parlent mal à eux même et aux autres. Petit à petit mon ressenti à évolué en même temps que ce que je découvrais sur eux.

Leurs pensées intimes prêtent parfois à sourire, ils se retrouvent dans des situations drôles ou grotesques, et l’humour n’est pas le ton adopté pour raconté leurs aventures, il est juste là pour alléger certains sujets graves. Je n’ai noté aucune ironie dans le texte, quoique… que penser du nom du domaine du « grand gland »  ou d’autres patronymes?  J’ai eu l’impression  qu’il y avait  une certaine distance avec l’objet d’étude.

J’ai aussi aimé l’idée que tous les personnages se mettent à écrire au même moment des choses différentes mais avec le même but se faire du bien.

Les roman est divisé en  cinq parties et à l’intérieure de chacune les bouts d’histoires sont simplement séparés par un astérisque.

Une coïncidence veut qu’en ce moment je sois repartie sur « la poétique de l’espace » de Gaston Bachelard (suite à des émissions de radio) et j’ai tout de suite fait le lien avec ce roman. Dans « Comme le cristal » il y est question de maisons et Gaston Bachelard nous en parle aussi.

Il y a Ada avec sa maison en zone inondable, en face de l’Intermarché où elle travaille. A un certain moment elle va se mettre à nettoyer, ranger, explorer sa maison de l’entrée au grenier, le moindre placard, tiroir ou carton va y passer, pour son grand soulagement. Et pourtant elle ne connait pas le travail de Marie Kondo !

Il y a Franz qui a acheté il y a bien des années un pavillon dans le même domaine où il habitait avec ses parents. Il va aussi repenser de la cave au grenier la décoration et le rangement de sa maison.

Il y a lisette qui elle a acheté hors du village natal et qui a acheté une vieille bâtisse qu’elle a transformé en gîte  (famille de substitution ?). Elle c’est sa garde robe qu’elle a vidé et modifié (d’ailleurs elle passe sont temps dans sa piscine par tous les temps !)

Gretchen va rechercher dans sa cave une partie cachée de son passé, et quelle va partager  avec son fils puis avec les autres, ces tableaux, ses œuvres (là je le relierai à sa maternité très compliquée). Elle va pouvoir être fière de sa création : son fils. Elle sort beaucoup de choses de son four, de sa camionnette… L’état du pain et des pâtisseries sont des reflets de ce qu’elle vit.

Vous l’aurez compris ce roman très singulier m’a beaucoup plu car très travaillé et recherché malgré la simplicité apparente. Par delà les mots, je me suis laissée emportée  par ces vies plus complexes qu’on ne croit.

Je remercie les Éditions Le Serpent à Plumes pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Papa de papier

Nadia Coste

Éditions Syros, Coll. Tempo, janv. 2018, 123 p.,  6,95 €

Mes lectures Syros

4e de couv. :

Aujourd’hui, Ayrton a obtenu un 18 pour son dessin de chat au fusain. « Tu as un don ! » a écrit le professeur. Maintenant il faut rentrer à la maison… Son père ne sort plus de chez eux et s’en prend de plus en plus souvent à sa mère et à lui, avec des mots très durs et injustes. Alors quand Ayrton trouve sur son balcon un chat exactement identique à celui de son dessin, il commence à croire en son pouvoir et décide de l’utiliser pour créer un papa de papier…

Mon billet :

Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à « un lapin peut changer une vie ». Dans les deux cas on a un papa qui a perdu son travail et qui gère son chômage de façon diamétralement opposé, deux caractères différents.  Les deux autrices développent deux sujets distincts.

Dans ce court roman jeunesse, on voit la montée de la violence intérieure d’un père désespéré. Cette violence va se retourner ensuite vers sa famille. Face à elle nous avons une épouse et un enfant en détresse Nadia Coste nous montre en quelques scènes très significatives les mécanismes d’autodéfense que la mère et le fils mettent en place, ainsi que les non-dits. Une part de dénie, tout faire pour ne pas déclencher la colère, destruction de l’estime de soi, culpabilité et silence. Un cercle vicieux se met en place. On découvre que l’origine était là bien avant et que le chômage n’est que le déclencheur d’une réaction en chaîne incontrôlable pour les participants.

Ce roman laisse entrevoir aussi comment dans certains cas les victimes ne s’en sortent pas car elles sont seules et isolées et que la situation s’est trop « installée ».

L’enfant est prêt à croire à la magie comme moyen d’auto-défense.  J’ai aussi pensé à « l’ascenseur vers le futur » du même auteur histoire où elle  développe l’idée qu’on peut effacer certaines choses et  tout recommencer et réussir grâce à l’estime de soi. La rencontre avec la personne qui sait développer cette confiance en soi peu permettre de grandes et belles choses.

Le message de se roman, c’est « il faut trouver la bonne personne pour demander de l’aide et savoir prendre la main qu’on nous tend ».

L’enfant peut compter sur son meilleur ami mais encore faut-il pouvoir parler et trouver les mots pour le dire.

Nadia Coste nous montre avec qu’elle maladresse due au désespoir l’enfant va demander de l’aide.

On voit aussi la souffrance de l’enfant incapable de sauver sa mère et lui.  Il ne peut aider son père ni lui faire confiance. Il y a une certaine perte de l’innocence.

« Papa de papier »  est un roman émouvant et tendre. La violence du père ne fait que renforcer la tendresse qui lie la mère au fils et réciproquement.

La part de « fantastique » donne un roman moins « cru ». Il montre aussi comment l’esprit peut se protéger grâce au réel merveilleux de l’enfance.

« Papa de papier » est un roman à lire notamment dans le cadre de la protection de l’enfance ou dans le cadre de la journée des droits de l’enfant ou je ne sais qu’elle manifestation de prévention contre la violence familiale. Peut-être que cela donnera le déclic à certaines victimes pour parler.

Un roman à mettre entre toutes les mains, petites ou grandes.

Nadia Coste a su se mettre à hauteur de l’enfant. Ayrton ne peut  voir les événements qu’avec son regard de pré-ado.

La fin montre que ce n’était une vie acceptable ce qui s’était mis en place.

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog