1726, Godalming. John Howard, médecin et chirurgien, enseigne les vertus de la rationalité à son apprenti Zachary Walsh, le fils du pasteur. Son savoir est toutefois mis à rude épreuve le jour où la femme d’un paysan des environs donne naissance à un lapin, mort et démembré. Faut-il y voir une volonté divine ? Quand cet événement isolé devient chronique, John comprend que rien dans son expérience de médecin de campagne ne l’a préparé à résoudre une telle énigme. Il s’en remet aux meilleurs chirurgiens londoniens et, l’affaire étant parvenue aux oreilles du roi George, Mary est transportée à la capitale. Miracle, monstruosité, punition divine, malformation rarissime… ou supercherie ? Tout l’art de Dexter Palmer est de faire douter le lecteur du XXIe siècle, qui finit par attendre, lui aussi, un nouveau miracle.
Mes impressions de lecture :
Mes impressions de lecture :
Ce début de roman m’a fait penser que je dois lire « souviens-toi des Monstres » de Jean-Luc A d’Asciano et « Lilliputia » de Xavier Meauméjean… avec ces « freaks » qui sont exposés qui fascinent et font peur, pulsion et répulsion.
J’ai vu que Mary Toft a existé, son histoire est connue, j’ai découvert.
J’ai bien aimé comment le rationnel s’oppose à l’irrationnel jusqu’à un certain point. On a le docteur et son épouse qui sont des personnes qui se basent sur la science et ce qui est avéré, de l’autre le pasteur qui est dans les mystères de la religion, jusqu’au cas Mary Toft.
On a avec Zachary un regard moins formaté (même s’il est le fils du pasteur et l’apprenti du docteur). Il est témoin privilégié. C’est un personnage de roman de formation. On va avoir les interrogations d’un novice.
Ce roman montre la place de la femme dans la médecine, et dans la société de son époque. Les manuels médicaux qui sont commentés mettent en exergue les idées de l’époque. Le rôle de l’épouse, de la mère. L’enfantement est au cœur du problème. Mary Toft qui a perdu des enfants de maladie, ce besoin d’enfanter pour avoir une place dans la vie. On a la femme du médecin qui n’a pas d’enfant, alors que la femme du pasteur en a, Zachary qui va passer de l’une à l’autre. On a celle qui s’épanouie en s’occupant des bonnes œuvres sous la tutelle de son époux… la galerie de portrait est vaste.
Ce qui m’a intéressé c’est le rôle de l’écrit, des livres. On voir d’un côté le pasteur se référer à la bible et de l’autre le médecin qui lit Locke ou d’autres penseurs ou médecin.
Je me suis laissée emporter par la narration de Dexter Palmer, auteur que je ne connaissais pas. Il y a des crescendo dans ce qu’il raconte. Cela monte en intensité et en horreur. Un roman très prenant qui fait sourire et grincer des dents à la fois.
4e de couv. : Un récit, en fin de compte, d’une implacable simplicité : celui d’une femme aliénée par le couple, le travail et la maternité, de celle qui enfant se rêvait Reine des souris et qui, mariée à un «homme idéal» sentant les fleurs pourries et la pierre froide, est devenue mère, autant dire bête féroce aux désirs infanticides, loup-garou qui trouvera son salut, comme de juste, dans l’écriture. On ressort avec un rire nerveux de ce court texte qui transforme le réel en fantastique, l’horrible en drôle, et vice-versa.
Mes impressions de lecture :
Je découvre Camille Grudova avec cette nouvelle où elle va explorer la part d’ombre qui se déploie lorsque son héroïne est confrontée à trop d’épreuves.
J’adore cette couverture avec une louve verte qui donne le ton de ce que l’on va lire.
C’est une nouvelle à la première personne. La narratrice est attachante puisqu’on va avoir sa version des faits. On va la suivre et compatir.
On démarre sur une situation très réaliste et banale. Un jeune couple d’étudiants latinistes vont se mettre en couple et une chose en entrainant une autre … elle va se retrouver seule face aux bouleversements hormonaux …jusqu’à ce qu’on bascule sur des scènes fantastiques. Thèmes classiques de certains contes…
Elle va nous raconter les différentes étapes qui vont aboutir à sa métamorphose. Quoique de plus logiques pour une passionnée des « métamorphoses » d’Ovide et une férue de mythologie latine.
Les fameux changements du à la maternité sont ici poussés à l’extrême. C’est une façon de pouvoir survivre face à ce qu’elle vit.
J’ai adoré le petit détail de la fin…
Je me demande si d’autres nouvelles vont être traduites pour les éditions de la Table Ronde.
Décidement cette collection « la nonpareil » me fait découvrir des nouvelles surprenantes.
Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance
«J’éprouve la nécessité de repartir en Amérique du Sud, afin de renouer avec les planches», notait John Hopkins dans son journal en 1971. Ce retour sur «scène», il l’accomplira dès l’année suivante, et tout au long de 1973, avec Madeleine van Breugel, en descendant du Mexique vers le sud du continent. Exilé volontaire, voyageur, nomade, Hopkins ne s’en montre que plus écrivain, faisant œuvre de tout ce qui advient au cours du périple. Qu’il s’agisse des êtres, des lieux, des événements de hasard et de rencontre, ou de la lancinante imperfection de son amour pour sa compagne, c’est son regard unique, doux et mordant, qui fait la puissance de ces carnets, habités d’une irrésistible poésie.
Mon Billet :
Auteur né en 1938, à Orange aux États Unis. Je découvre John Hopkins, dont le nom ne m’est pas inconnu sans toute fois l’avoir encore lu.
Si vous me suivez, vous savez que j’aime lire les journaux intimes ou carnets d’écrivains. Alors que je suis lectrice de fiction j’aime aussi découvrir les origines des textes. Je suis gâtée avec les éditions de la Table Ronde et La Petite Vermillon pour la réédition en version poche. Même si je me doute que les textes sont retravaillés avant de paraître il y a un côté authentique de l’instant, à la différence de la biographie qui est un regard en arrière de l’auteur (quand c’est lui qui l’écrit).
Dans ces « Carnets d’Amérique », on est aussi dans l’intime qui peut influencer l’écriture et un témoignage d’un temps à l’instant T.
John Hopkins (34 ans) et sa compagne (31 ans) on quitté Marrakech où ils ont vécu les derniers 18 mois. Lorsque débute ce voyage en Amérique centrale, on sent l’influence de ce temps passé au Maroc. Il nous explique aussi dans quelle situation se trouve sa compagne avec le sentiment que « tout peut basculer » d’un moment à l’autre. Alors qu’il était dans ses intentions de se poser et retravailler un roman, le voilà parti pour se déplacer. Il est beaucoup question de mouvement et d’observations. Son nomadisme n’est pas un besoin d’aventure, c’est comme s’il était un éternel insatisfait.
p.29 « les émotions deviennent dangereuses lorsqu’on cherche à y échapper »
C’est un écrivain au regard aiguisé. D’entrée il détaille les pélicans ce qui n’est pas anodin car il va l’intégrer à l’un de ses romans, et ce n’est qu’un premier élément. Il y a une grande présence d’oiseaux dans ces carnet. Comme eux il est resté sur le qui-vive tout le long de ce voyage.
Ce que j’ai trouvé intéressant c’est que l’on suive jour après jour grâce aux dates et lieux indiqués mais aussi le prix des transports, des hôtels et des restaurants.
La question que je me suis posée en commençant cette lecture était « A qui s’adresse t-il ? », en effet il explique des choses sur ses différentes observations, il y a des références historiques, des méditations. Ce sont bien plus que des notes pour d’éventuels autres écrits. On a bien l’impression qu’il a toujours été dans son intention de le publier. Il dévoile des choses qui concerne sa compagne, je suppose qu’elle était consciente en vivant avec lui qu’elle allait perdre un peu de son intimité, je pense en particulier à sa fille dont elle a perdu la garde pour vivre avec John Hopkins… Il est respectueux, c’est vrai que c’est particulier ce côté « personnage publique ». L’épilogue répond un peu à mes interrogations.
p. 208 « Ce qui m’intéresse à présent, c’est la logique, la logique des événements qui aboutit à une conclusion inévitable. La logique du personnage qui le mène de façon inéluctable… l’influence logique implacable du paysage et des autres forces sur le déroulement de l’intrigue. Cette logique ne sautera peut-être pas aux yeux au premier abord mais à la fin du livre, lorsqu’il y réfléchira, le lecteur devra conclure le livre dans lequel toutes les forces convergent pour aller dans le sens d’une destinée tracée dès la toute première page. »
Je ne vais pas avoir l’outrecuidance de dire que j’aurais écrit cela mais ce que je ressens parfois lorsque je réfléchis sur un livre que je dois chroniquer. J’ai ressenti tout au long de ces carnets des correspondances avec mes propres pensées. A d’autres moments il m’a agacé en tant qu’homme écrivant en 1972-73.
Dans ce genre de récit c’est aussi un témoignage sur une époque, même si bien sûr il est subjectif. Il est conscient aussi de l’impact que produit le fait qu’il soit un touriste américain. Il vit avec son temps même s’il prend des chemins de traverse.
Ces écrits sont la somme de réflexions sur sa vie et celle de sa compagne mais aussi sur les pays qu’ils traversent, leurs rencontres et découvertes…
Le sous titre donné à cette version française donne à ces carnets un sens supplémentaires car en effet John et Madeleine vivent un amour imparfait.
Il y a des choses qui sont toujours d’actualité et d’autres qui sont propres à ces années là. Il parle du rôle de la CIA , des événements comme au Chili, ceux du Brésil, Nicaragua, il n’est pas forcément dans le pays en question mais il est à l’écoute des informations qui circulent.
p. 209 « 24 décembre, 10 heure du matin. / Abasourdi par les nouvelles à la radio qui annoncent qu’un tremblement de terre a dévasté le Nicaragua. Managua est détruite, en ruine. Le Gran Hôtel, où nous avons séjourné il y a deux mois presque jour pour jour, n’est plus qu’un tas de gravats. Les oiseaux perchés en attente sur la façade du teatro étaient donc au courant. Ils savaient qu’une catastrophe allait arriver Ils étaient prêts à déguerpir à tout moment. »
Ces carnets sont composés d’anecdotes, d’extraits d’articles, de certains passages de correspondance, des avis sur des films et des lectures en cours. Il y a des notes sur l’avancement de son travail et aussi pour garder des idées, des descriptions de personnages, de situations et de lieux.
Petite Digression avez-vous des livres que vous voulez lire et qui attendent leur tour qui se rappelle à votre bon souvenir ? Moi j’ai par exemple «Au dessous du Volcan » de Malcom Lowry !!!
Le texte est émaillé de mots locaux et leur traduction ou en espagnol, ce qui ancre encore plus le lecteur en Amérique Latine.
J’ai beaucoup aimé les parties du voyage où il est au contact de la nature et des hommes. Même si l’alcool est toujours présent il est moins dans la représentation et les mondanités. Il est plus authentique, il observe et absorbe les paysages et les traces laissées par l’histoire. On voit la diversité des modes de vie d’un pays à l’autre. Par exemple au Surinam on est aux antipodes de Veracruz. C’est incroyable comme certaines choses ont peu évolué.
J’ai noté quelques références à ces carnets … il y revient très souvent, en voici juste 3 qui sont assez proche. Je pense qu’en tant qu’écrivain il s’interroge beaucoup sur l’acte d’écrire… jusque dans l’épilogue. J’ai trouvé très significatif le fait de trimbaler le manuscrit d’un livre dans tout ce périple.
p. 64 « Ce journal m’aide, mais j’ai les nerfs en boule lorsque je ne travaille pas à un projet de grande envergure »
p.65 « Pour l’instant, ce journal est un tant soit peu banal »
p.66 « elle appelle ce journal « mon livre de mots ».
Ces carnets intimes dégagent un certain mal être, au sein de son couple, au niveau de sa santé, sa quête du lieu idéal pour écrire et se poser. Il a un côté « je brûle la chandelle par les deux bouts », ce qui mets en évidence un part d’autodestruction, autopunition.
C’est un écrivain que j’ai envie de découvrir dans son œuvre de fiction.