Un pique-nique au soleil

L’extraordinaire voyage de la bande à Bébert

Christine Duchesne et Jérôme Minière

Ill Marianne Ferrer

Éditions de la montagne secrète, 2019, 44 p., 19,50 € (livre +CD+code 3)

Mes Chroniques jeunesse du mercredi

Dans ma médiathèque il y a…

4e de couv. : Il était une fois quatre amis qui ne se quittaient jamais, ils avaient trop de plaisir ensemble. Or, depuis plusieurs semaines, la bande à Bébert s’ennuyait terriblement, car il pleuvait sans cesse. Heureusement, ils eurent la fabuleuse idée d’aller faire un pique-nique à l’abri de l’eau. Ils décidèrent alors de réparer un grand bateau pour franchir la rivière et aller vers la montagne Bleue. Accompagnés par plusieurs amis, dont une belette, un renard et un loup, ils partirent vers ce nouveau pays où ils seraient tous si merveilleusement, si magnifiquement, si formidablement bien ! Ce conte musical fera rire les enfants comme jamais. Le récit est porté par quelques chansons traditionnelles bien connues et une douzaine de compositions aussi tendres que drôles. Des illustrations d’une grande finesse accompagnent ce joyeux voyage totalement débridé.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert cette maison d’édition la semaine dernière au court d’une rencontre avec des éditeurs. Après avoir écouté un extrait et feuilleté l’album j’étais très curieuse de voir ce que cela donnait en entier.

J’ai d’abord lu l’album seule en chantonnant à ma façon. C’est le genre de livre que mon fils adorait petit car il était plus réceptif aux chansonnettes qu’aux histoires. C’était une belle histoire avec ce mouvement en avant puisque nos jeunes héros vos faire leur chemin en découvrant des lieux et de nouveaux amis. C’est un roman très positif puisque les héros partent avec un esprit ouvert, personne n’est laissé sur le bord du chemin. Cette nouvelle arche avec tous les animaux accompagnés par « au clair de la lune » c’est très mignon. J’aime l’idée de rajouter des éléments nouveaux comme dans les comptines.

Les illustrations sont « mates », cela crée une certaine douceurs, on dirait des aquarelles ce qui sur le thème de l’eau est bien vu ! Les images et les textes sont mêlés, comme s’ils faisaient partie intégrante de l’histoire, les couleurs claires ne gênent pas la lecture. Les chansons sont bien repérables dans illustrations plus marquées.

Les couleurs sont très présentes dans l’histoire autant dans le texte que dans les illustrations.

Le lendemain j’ai écouté le CD qui accompagne l’album. Sur le site vous trouverez des extraits pour vous faire une idée des musiques crées pour les chansons, il y a 20 morceaux textes et musique. J’ai la version CD, mais il y a moyen d’écouter en MP3 il y a un code, je n’ai pas testé car on ne peux l’utiliser que 3 fois, donc je ne sais pas si on peut le garder sur sa tablette ou pas. Lors de la présentation il n’était pas question de 3 fois, ce qui serait embêtant… il va falloir que je me renseigne. La chanson « générique » vous pouvez l’écouter sur Youtube ICI après c’est sûr vous l’aurez dans la tête ! Lorsque vous écouterez le CD attendez-vous à chantonner !

Revenons aux voix et aux musiques… elles sont très agréables, bien rythmée mais pas criardes.

En vous souhaitant de belles découvertes avec cette maison d’édition, vous avez leur site et leur chaîne youtube.

Vous connaissez ? N’hésitez pas à partager vos expériences.

Zazie dans le métro

Clément Oubrerie

d’après l’oeuvre de Raymond Queneau

Éditions Gallimard, Fetiche, 2008, 72 p., 15,25 €

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4e de couv. :
Zazie débarque à Paris pour la première fois chez son tonton Gabriel. Le Panthéon, les Invalides et le tombeau véritable du vrai Napoléon, elle s’en contrefiche. Mais kesski l’intéresse alors, Zazie, à part les bloudjinnzes ? Le métro. Et quand elle apprend que ses employés sont en grève, les injures fusent. C’est qu’il vaut mieux pas la contrarier, la mouflette !

Mes impressions de lecture :

J’ai lu cette BD après avoir lu « Les mercredis de Léo » de Yaël Hassan où son héroïne découvre l’œuvre de Queneau et cette BD. Tiens en cherchant sur mon ancien blog l’avis de lecture sur le roman de Queneau je viens de réaliser que j’ai lu en fait avant le blog ! et que le personnage de Zazie inspire beaucoup Yaël, elle en parle déjà dans « tranquille comme Baptiste ». Fermons la parenthèse et revenons à cette BD.

Zazie commence par la grève du métro… éternel recommencement ?

Cette BD est proposée en jeunesse. Il vaut mieux la lire ado ou adulte. C’est assez cru par moment.

Je me souvenais de certaines scènes de l’œuvre de Queneau de 1959, mais dans l’ensemble cette lecture est une redécouverte du roman. Les images donnent un plus , elles nous plongent dans le Paris de l’époque. Les voitures, les vêtements, les lieux emblématiques…

Zazie et sa gouaille nous perd parfois dans son argot, et justement les dessins viennent parfois à la rescousse.

Qui dit BD dit dialogues et l’auteur s’en donne à cœur joie avec la langue très fleurie de Queneau. Un langage très travaillé qui ne plaira pas à tout le monde.

Il y a beaucoup de mouvement dans cette histoire avec cette Zazie qui se faufile comme une anguille et qui sème la zizanie et la pagaille sur son passage. Clément Oubrerie joue avec les couleurs de fond des cases pour garder le lecteur dans les différentes scènes.

On joue sur les apparences qui est vraiment le tonton Gabriel, et d’autres personnages qu’on va croiser. Qui est qui ? qui est déguisé en citoyen modèle ? Qui a le mauvais rôle ?

Il y a des références au Paris pendant la guerre. ça parle d’antisémitisme, délation et collaboration, et du comportement de chacun avant, pendant et après. Ambiance pas très claire. On a les petits métiers avec les gens qui guettent les infos.

Et puis, il y a le Paris, les touristes, Paris by night et tout ce qui touche au sexe et autres plaisirs nocturnes. Violence et trafics.

Une adaptation bien rythmée qui emmène tambour battant dans une folle virée dans Paris.

J’ai pris grand plaisir à lire cette BD. J’ai même repris le roman pour relire la fin qui me semblait complétement loufoque et c’était pareil dans le roman !

Très belle adaptation que je vous conseille.

Le berger et l’assassin

Henri Meunier

Ill. Régis Lejonc

Little Urban, janv 2022, 40 p., 19,90 €

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#ChallengedhiverVleel

4e de couv. :

« — Dès que j’irai un peu mieux, tu me feras passer la montagne.
— Je ne sais pas. Je vais y réfléchir.
— Ce n’était pas une question.
— Pour moi, c’en est une. »
Le berger but un peu du lait de ses brebis à même le pot à traire.
Puis il tendit le pot à l’assassin.
« Qui que tu sois, la montagne est plus dangereuse que toi. »

Mes impressions de lecture :

Ce livre est dans la catégorie « Album grand format » (29,7 cm × 36,8 cm × 1,2 cm) donc jeunesse. Cependant pour moi, jeunes adultes et adultes seraient plus à même de comprendre la portée du texte.

L’assassin n’est pas n’importe qui. On va voir le berger prendre soin d’un homme blessé car la vie est plus importante que tout. On va découvrir jusqu’où les personnes avec des principes peuvent aller pour défendre ses valeurs. Le texte d’Henri Meunier nous renvoie aux heures sombres de l’Italie fasciste.

Cet album pour servir pour accompagner la thématique de la guerre. De l’Italie des chemises brunes aux guerres plus récentes. On y retrouve les exactions des milices et autres armées.

Il est aussi question de frontières, de respect, de vie et de mort… j’ai aimé comment certaines questions philosophiques étaient amenées. C’est un album qui permettrait d’ouvrir des discussions fort intéressantes.

Je suis le travail de Régis Lejonc depuis quelques années, il fait de superbes illustrations. Dans cet album les montagnes prennent toute leur ampleur en double page. Les couleurs suivent le changement de saison. Des couleurs de l’automne on passe à l’hiver (comme sur la couverture). On voit aussi de belles scènes nocturnes en contraste avec les scènes de jour.

Le grand format donne au texte une zone blanche autour ce qui permet au lecteur de se plonger dans l’image de la page tantôt à droite tantôt à gauche. Les grands décors donne au lecteur l’impression de s’immerger dans cet espace. On n’a que des scènes extérieures dans les illustrations.

Je vous laisse découvrir ce terrible et émouvant album.

Septième fonction du langage

Xavier Betaucourt & Olivier Perret

Éditions Steinkis, nov 2022, 144 p., 23€

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#Challenged’hiverVleel catégorie maison d’édition reçu Chez VLEEL

4e de couv. :
25 février 1980. Roland Barthes est renversé par une camionnette. Et s’il s’agissait d’un assassinat ?
Jacques Bayard, commissaire de son état, et Simon Herzog, jeune sémiologue, mènent l’enquête. Une enquête de routine qui se transforme rapidement en polar saisissant.
Roland Barthes possédait en effet la septième fonction du langage, capable de convaincre n’importe qui de faire n’importe quoi dans n’importe quelle situation.
Attisant la convoitise des plus grands intellectuels et hommes politiques, la septième fonction sème les cadavres sur son chemin. Tout le monde est suspect…

Mes impressions de lecture :

Je lis moins de BD qu’avant et je me suis rendu compte que j’aime bien les adaptations de romans en BD. Pour avoir parlé avec un scénariste qui nous avait parlé du travail préparatoire autour de l’adaptation d’un roman, c’est une travail énorme.

Je n’ai pas lu le roman de Laurent Binet, petit pavé de 500 pages, il fait pourtant parti des livres que je veux lire. En voyant la BD je me suis dit que ce serait une bonne idée pour commencer. Et j’ai bien fait car elle est très agréable à lire.

J’étais très jeune lorsque Roland Barthes est décédé, mais j’ai connu son travail bien plus tard. Et j’ai entendu parler de sa mort à ce moment là. C’était étrange de voir les auteurs qui m’avaient révélé des choses et donné quelques cauchemars pendant mes études sous le crayon d’Olivier Perret.

J’ai aimé retrouver les figures emblématiques de l’époque, les graphismes sont très réalistes et bien fait. On a un concentré de personnalités qui ont continué à faire leur chemin bien après les événements. On retrouve aussi des éléments liés à cette période. J’ai remarqué que les personnages fictifs crées pour les besoins de la fiction ont des yeux en forme de point ou de tirés, alors que les personnages « réels » ont leur regard que l’on connait.

C’est un mélange de fait réels et de fiction, pas toujours évident de faire la part des choses. Certaines références aux travaux des différents théoriciens sont résumé afin que le lecteur non averti puisse comprendre sans se plonger dans toutes ses œuvres.

Il y a des scènes assez explicites et d’autres violentes qui mettent en avant les la partie « complot d’état » et actes de violence. Mais cette BD n’est pas dénuée d’humour. J’ai souris aux références que j’ai comprises.

Xavier Betaucourt et Olivier Perret, je suppose qu’ils ont travaillé ensemble ont su jouer avec différents rythmes.on a tantôt des scènes calmes et d’autres plus trépidantes. Action et réflexion. Sans parler de la place du sexe.

J’ai adoré l’intervention de Xavier le scénariste et Olivier le dessinateurs qui font des commentaires sur certaines scènes, du style on va perdre le lecteur si tu retranscris tous les débats etc.

Je ne sais pas si c’est le travail de Laurent Binet ou celui de Xavier Bétaucourt mais le lecteur est tenu en haleine par le suspens, c’est une vrai enquête ou quête.

J’ai toujours autant envie de lire le roman de Laurent Binet !!! et je pense que je relirais la BD car elle est recèle de nombreux détails que je suis sûre que j’ai raté.

J’ai beaucoup aimé la qualité de l’objet livre. C’est un BD assez volumineuse (144 p) mais très agréable à feuille et lire. J’ai aimé illustration de la couverture qui reprend les codes des films d’action. Ce qui fait aussi écho à cette époque.

Le livre des sœurs

Amélie Nothomb

Éditions Albin Michel, 2022, 194 p., 18,90 €

Dans ma médiathèque il y a…

4 de couv. :

« Les mots ont le pouvoir qu’on leur donne »

Mes impressions de lecture :

J’ai commencé à lire Amélie Nothomb il y a fort longtemps à un moment particulier de ma vie alors elle a une place spéciale dans ma vie de lectrice.

J’avais pris de lire ses romans chaque année puis je ne sais pas je ne retrouvais pas ce qui me plaisais dans ses romans. L’autre jour,  une copine lectrice m’a dit : « tu as lu « les deux sœurs » ? Il est bien. »

Pour la petite anecdote, les personnages de Nora et Florent se marient le 26 février… et nous sommes le 26 février !

Alors j’ai tenté et c’est vrai qu’il est bien. On a plusieurs thématiques qui sont présentes : celle de la famille, de l’Amour (sous différentes facettes) et de l’estime de soi. Le pouvoir des mots que l’on vous dit ou pas. Le pouvoir des prénoms.

On découvre une histoire d’amour singulière entre un homme et une femme. Le poids de la société les a conduits à avoir une fille. Ils l’ont appelé Tristana et n’ont pas su l’aimer. C’est le point de départ. Amélie va développer son sujet en montrant comment une famille dysfonctionnelle va rendre malheureuse des enfants.

On a un comparatif entre deux sœurs devenues adultes et qui a leur tour vont avoir des enfants. Deux modes de fonctionnement différents, deux modes de vie opposés et aucune n’a la bonne manière d’élever ses enfants.

À son tour Tristana va avoir une cousine, une sœur et elle va essayer de donner tout son amour, tout en essayant de se construire avec une manque.

Ce qui m’a aussi intéressé dans ce roman c’est la place et la fonction de  l’habitat/ le foyer, et le rôle que cela va jouer sur le développement de l’individu. Je ne sais pas ce qui a attiré mon attention mais j’ai souris en découvrant la dernière partie de cette histoire. Je n’en dis pas plus.

Ce roman est émouvant. On sent la souffrance de certains personnages. L’exaltation et la joie de vivre d’autres, la colère et l’énergie qui en motivent d’autres.

On ressent fortement l’idée du serpent qui se mort la queue, du cercle vicieux qu’il faut rompre pour aller de l’avant.

J’ai bien aimé tout ce qui touchait aux moyens de communications l’histoire se déroule entre 1970 et 1995 (je ne sais plus si c’est indiqué).

J’ai souris lorsque j’ai vu Tristana en train de lire « le blé en herbe » de Colette car j’ai vu l’autre jour qu’Amélie Nothomb en parlait je ne sais plus sur quel plateau pour l’année Colette.

Ce roman m’a réconcilié avec les romans d’Amélie Nothomb et je vais lire ses romans que j’ai dans ma Pal !

Ce roman aurait pu faire partie du #challengedhivervleel dans la catégorie tout Schuss car je l’ai lu dans la journée.

Les aventures d’Alduin et Léna T2 La forêt sortilège

Estelle Faye

Ill Nancy Peña

Éditions Nathan, 2020, 141 p., 9,95 €

Série « Les aventures d’Alduin et Léna

4e de couv. :

Malgré la fin de la guerre, Sigmund, le soldat qu’Alduin a fait passer pour son frère, n’est pas revenu au village. Alors, quand Alduin fait un rêve dans lequel Sigmund l’appelle à l’aide, il part à sa recherche dans la vallée, accompagné de Léna. Mais de nombreux dangers attendent les deux amis : des brigands, des créatures fantastiques, des sources maudites et surtout, une mystérieuse forêt sur laquelle règne un terrifiant Roi Vert…

Mes impressions de lecture :

L’autre jour, je vous ai présenté le premier tome de cette série fantasy jeunesse, je vous ai fait remarquer la couverture et les illustrations qui forment un tout avec la narration. Ici l’histoire se passe en grande partie dans une forêt où sévit un roi vert, les couleurs tourne donc autour du vert et du noir, et le rouge pour les enfants. Léna est rousse, le rouge c’est aussi le cœur qui bat fort chez Alduin et Léna, c’est le sang et le feu… mais chut d’en disons pas trop !

Un conseil lisez les tomes dans l’ordre pour garder les effets de surprises.

Dans le tome précédent on été monté dans les hauteurs, puis descendu avant de retrouver la lumière et la liberté. L’eau c’était de la glace…

Dans ce deuxième tome, Estelle Faye nous entraine au fond d’une forêt ensorcelée où l’eau est un piège… Nos héros vont-ils sortir indemnes de cette nouvelle aventure ? Je vous le dis tout de suite procurez-vous le tome 3 ! Comment ont fait ceux qui ont dû attendre des mois entre deux épisodes ?

Ce nouveau tome2 joue avec une autre légende de ce monde. Une forêt maudite qu’il vaut mieux contourner. Nous allons découvrir des créatures fantastiques pas toujours bienveillantes. La part fantastique commence par les cauchemars que fait Alduin.

Une histoire de loyauté. Alduin perçoit des appels de Sigmund, le soldat balafré qu’il considère comme son frère et qui est parti aider les « victimes collatérales » de la guerre dans la vallée. Les personnages se sentent tous redevable de quelque chose et vont agir en conséquence.

Dans cette nouvelle aventure, Estelle crée une autre dynamique et elle entraine le jeune lecteur dans une autre sorte de quête. C’est un vrai renouvellement dans la narration. On sent que l’autrice prend plaisir à faire évoluer ses personnages et leur faire vivres d’autres types d’épreuves.

Je me suis régalé avec les thématiques autour de l’eau et de la forêt.

C’est donc avec empressement que je pars vers le 3 ème tome après les derniers rebondissements de cet épisode.

Bonne lecture aux 9 ans et plus. Amitié, magie et aventures…

NB : c’était étrange de lire ce roman après avoir lu « la cité diaphane » d’Anouk Faure un roman fantasy adulte… et « Grand-passage » de Stéphanie Leclerc…

Jean-Luc et Jean-Claude

Laurence Potte-Bonneville

Éditions Verdier, Août  2022, 160 p., 17 €

Rentrée Littéraire d’automne 2022

Dans ma médiathèque il y a… Cercle littéraire de janvier

Challenge d’hiver Vleel 2023 : Catégorie Tout Schuss

4e de couv :

Dans ce café d’un petit bourg où Jean-Luc et Jean-Claude ont la permission, tous les jeudis, de venir boire un verre (sans alcool), les choses prennent ce jeudi un tour inhabituel.
D’abord, il y a ce gars, ce jeune gars aux cheveux si blonds, qui émerveille les deux amis parce qu’il vient d’Abbeville. […]
Où vont-ils ? On ne sait pas très bien, au PMU peut-être. Et ce gars, que leur veut-il, à eux qui sont si vulnérables ?
Du souci, il en sera beaucoup question dans cette histoire dont une vieille dame et une phoque sont les témoins silencieux, et les collégiens d’une classe découverte des témoins beaucoup plus agités. Sur le parking d’Intermarché, ça ne se passe pas très bien. Faut-il partir encore plus loin, là où la virée pourrait devenir dangereuse ?

Cet ouvrage a reçu le prix Stanislas 2022 et le prix de la SGDL Révélation d’automne 2022 (dotation André-Dubreuil pour un premier roman).

Mes impressions de lecture :

C’est un livre qui m’a été conseillé par ma libraire, et généralement on a des goûts assez semblables alors je l’ai écoutée.

J’ai lu ce roman en une journée, c’est la consigne de la catégorie tout schuss. C’est tout naturellement qu’on ne pose pas ce livre avant la fin car on veut connaitre les tenants et les aboutissants.

C’est un roman avec des gens tous différents et chacun avec en tête des questionnements qui les font aller de l’avant.

Jean-Luc et Jean-Claude ce sont deux êtres qui se soutiennent l’un l’autre dans leurs difficultés psychologiques, leur léger décalage mental. De plus, Jean-Luc doit faire attention à l’addiction à l’alcool et Jean-Claude à son diabète. Ils prennent soin l’un de l’autre. Ils vivent dans une routine rassurante alors quand un grain de sable s’en mêle ça part en vrille.

Florent lui aussi a des soucis, d’argent et de cœur qui lui embrouillent un peu l’esprit, quand il croise la route du duo il ne va rien gérer. Il y a quelque chose de suicidaire dans son comportement.

La directrice, du Foyer pour personnes handicapées depuis quelques mois, se retrouve avec deux chambres vides on va la voir aussi se débattre avec sa conscience professionnelle.

On a une instit qui ne gère pas ses élèves et qui est complètement dépassée par les événements.

Il y a des gens biens intentionnés qui vont faire ce qu’ils peuvent… sans rien attendre en retour.

Cette histoire c’est un enchaînement d’événements qui fait penser aux dominos, l’un entrainant l’autre dans sa chute.

La tension dramatique est accentuée par la tempête de la veille et l’alerte orange qui est comme lei motiv. On sent le drame arriver, tout dans la narration nous y fait penser. La violence est en arrière plan, on sent que tout peut basculer… Je vous laisse le découvrir.

C’est un roman bref qui va à l’essentiel. Il a les bases pour un roman noir mais ce n’est pas ce que l’autre à choisi. Il a les ingrédients pour un feel-good et là non plus ce n’est pas la voie choisie par l’autrice. C’est un roman littéraire avec des ellipses qui laissent une place aux lecteurs.

« Jean-Luc et Jean-Claude » c’est une question de regard. Regard de la société sur les personnes en handicap mental, en personnes fragilisés par la vie, par la difficulté à communiquer ses sentiments.

La scène sur la plage est magnifique car on est dans l’affectif, l’empathie…

La fin est très belle.

Une très belle lecture.

L’anguille

Valentine Goby

Éditions Thierry Magnier, 2020, 144p. , 11,50 €

Dans ma médiathèque il y a…

4e de de couv. :

Camille est née sans bras. Avant son déménagement cela ne posait de problème à personne mais dans ce nouveau collège, le regard des autres ne la quitte plus. C’est vrai qu’elle impressionne
avec sa bouche et ses pieds d’une rare dextérité. Quand ils la voient nager comme un poisson, ses camarades n’en croient pas leurs yeux. Enfin, acceptée, l’enthousiasme de Camille l’anguille va gagner Halis, cet élève que l’on chahute à cause de son poids.

Mes impressions de lecture :

Quel plaisir de retrouver la délicatesse et la bienveillance de Valentine Goby. Dans chaque roman que je lis d’elle, que ce soit en adulte ou jeunesse, elle aborde des sujets forts qui font réagir le lecteur. Des sujets qui touchent au corps, à l’intégrité et à la fragilité. Mais corps et esprit se rejoignent lorsqu’il faut se protéger.

Ce qui m’a plu dans ce roman c’est qu’elle part d’un handicap physique vers le sujet de la situation de handicap. La souffrance dû au regard et au jugement de l’autre.

On découvre une adolescente comme les autres qui doit affronter un changement de vie et de collège. J’ai beaucoup aimé comment la romancière qui est la narratrice nous montre cette gamine avec des préoccupations qu’on peut comprendre. Puis petit à petit on va découvrir que son stress à une raison supplémentaire.

Nous allons surtout suivre deux personnages l’un avec « trop » et l’autre avec quelque chose en « moins ». Dans les deux cas le regard extérieur va influencer leur façon de réagir. Le regard pour certains s’arrête à la surface des choses. Elle va changer la focale.

Camille est lumineuse et elle va voir au-delà des apparences. Elle va aider par son comportement les autres collégiens à révéler ce qu’ils ont de beau en eux. Elle est dans une démarche positive et créatrice. L’émulation du groupe va leur permette de se surpasser.

La création est aussi au cœur de cette histoire, chacun est porteur d’une œuvre en devenir. L’adolescence peut être une période de construction et de mutation, mais pas toujours.

Ce roman permet de mettre en avant la beauté de la diversité et le potentiel de chacun, grâce à l’amitié, la bienveillance et le soutien. Tout n’est pas tout rose.

J’ai aimé la façon d’avancer étape après étape. Ils vont évoluer au fur et à mesure. Bien sûr tous ne sont pas dans cette dynamique.

C’était intéressant de voir les références du milieu sportif  de Camille.

Les personnages sont touchants. On les voit de la sphère familiale à la sphère sociale où le langage, la communication verbale et visuelle jouent un grand rôle.

Des personnages auxquels les adolescents peuvent s’identifier, des situations quotidiennes des collégiens avec leurs relations de groupe.

Je vous laisse découvrir cette histoire que vous soyez adolescent ou adulte vous y trouverez des questionnements. C’est un roman qui peut être le point de départ de discussion.

Dans la luge d’Arthur Schopenhauer

Yasmina Reza 

Éditions Albin Michel, 2005, 112 p., 9 €

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Cercle littéraire

4e de couv. :

« Le maître de mon mari a étranglé sa femme, lui se contente de laisser sa main choir au bout de l’accoudoir, de façon lamentable et flétrie. Mon mari n’a pas de radicalité. C’est un disciple. La génération de mon mari a été écrasée par les maîtres. »

Mes impressions de lecture :

Yasmina Reza est connue entre autre comme dramaturge. J’ai lu et apprécier « Art » et d’autres textes. « Dans la luge d’Arthur Schopenhaueur » est dans la catégorie « roman » pourtant on sent la dramaturge derrière.

Quatre personnages, un couple, un ami et un psychiatre.

Découpé en parties plus ou moins longues qui sont à chaque fois un monologue.

J’ai beaucoup aimé les effets théâtraux dans ces monologue où elle joue avec les réactions des personnages. Dans la première partie on attend de voir se qui va se passer entre Nadine et Ariel. La scène inaugurale avec l’orange est si visuel qu’on s’y croirait.

Le lieux sont des lieux clos, ce qui fait qu’on se sent dans un huis clos, comme pour rappeler que tout est parti de ce qui se passe dans la tête d’Ariel.

Il est question de la dépression du mari Ariel Chipman, il était spécialiste de Spinoza mais là il a fait une glissade vers la façon de penser de Schopenhauer, d’où la luge du titre.

On se rend vite compte des répercussions. On note que le couple avait glissé vers une vie bien rangée loin du grand amour. Nadine jouait le rôle de l’épouse de l’ombre. Mais là elle craque devant le comportement de son mari.

On sent que le fait qu’on soit dans une milieu intellectuel juif a un rôle dans les états d’âmes des personnages.

Leur ami et témoin Serge Othon Weil est dans un autre secteur, autour de l’économie et le finance, un autre état d’esprit. Dans son genre il est aussi monomaniaque.

Et puis il y a le psychiatre qui joue un rôle extérieur.

C’est assez ironique et satirique. J’ai bien ri par moment alors que le sujet de la dépression n’est pas très gai. J’ai pris plaisir à lire quelques passages à haute voix. Ce qui était drôle c’était de voir comment chacun essayait de le faire réagir maladroitement. Le monologue sur le fauteuil en décomposition ou de la robe de chambre sont des scènes mémorables.

On retrouve la thématique du couple en crise noyés dans une certaine mélancolie.

J’ai pris grand plaisir à lire ce roman qui a été mis en scène en 2006, mais que je n’ai pas vu.

Heureux les heureux

Le poids des secrets. T5. Horatu

Aki Shimazaki

Actes sud, Babel, 2009, 136 p., 7,10€

Dans ma médiathèque il y a…

4e de couv. :

4e de couv. :

L’étudiante en archéologie Tsubaki aime tendrement sa grand-mère Mariko, à qui elle a toujours confié ses tourments intimes et amoureux. Depuis une commotion cérébrale, la vieille dame désormais veuve semble victime d’hallucinations, et ses jours sont comptés. De la confusion de ses propos se détache pourtant une histoire d’innocence abusée qui concerne la jeune fille qu’elle était.

Mes impressions de lecture :

C’est avec autant de curiosité que j’ai lu ce cinquième est dernier tome du cycle « le poids des secrets ». J’attendais beaucoup de ce dernier volet j’imaginais une conclusion afin d’englober tous les sujets abordés par tous les protagonistes et une ouverture vers le futur. Qu’en est-il ? C’est un peu cela, mais comme dans la vraie vie les personnes ne connaissent que quelques fragments de l’histoire contrairement au lecteur qui a une vue d’ensemble.

Nous avons ici le Tsubaki, la petite dernière de Yukio, on l’avait croisé dans « Hamaguri » petite, ou allant à l’école avec Mariko dans « Tsubame ». C’est donc une jeune femme qui était très attachée à ses grands parents et ses parents qui débute sa vie d’adulte. Sans le savoir elle est la dernière (momentanément) à pouvoir faire le lien et recevoir les secrets de famille.

Le problème des secrets de famille c’est que si on ne brise pas le silence ils peuvent se perpétuer. Le serpent qui se mort la queue.

Ce cinquième volet est aussi chronologiquement le plus récent. Kenji est mort, Yukiko est morte, il reste Yukio et sa mère Mariko qui est très affaiblie… Nous avions déjà découvert les deux secrets de Mariko, on va voir ici qu’elle en détenait un poids supplémentaire. Au seuil de sa mort elle va le transmettre à Tsubaki et se libérer sa conscience. Il est à noter que Aki Shimazaki lui a attribué le rôle de l’étudiante en archéologie !

Cette fois-ci c’est à travers les « Hotaku/lucioles » on va repartir au temps de la jeunesse de Mariko jusqu’au  fameux jour où tout à basculé à Nagazaki. Encore la nature et sa symbolique.

La confession de sa grand-mère va lui permettre de faire un choix important dans sa vie de femme.

La composition de cette série est très surprenante avec ces différentes mises en avant de personnages et de leurs choix de vie avec ces chronologies décomposées entre souvenir (et tout ce que cela comporte de distanciation) et moments vécus en direct (sans recul). Parfois, on reprend un événement mais d’un autre point de vue, avec un temps de réflexion ou pas. Cela donne aussi l’image de cycle ou de cercle, on en revient toujours au même sans que ce soit tout à fait pareil.

J’ai bien envie de découvrir les romans de Aki Shimazaki qui forment des cycles de 5 tomes à chaque fois.

Voir sur ce blog :

« Tsubaki »

« Hamaguri »

« Tsubame »

« Wasurenagusa »

«