Au cœur de la Folie

Luca d’Andrea

Trad. Anaïs Bouteille-Bokobza

Éditions Denoël, Coll. Sueurs Froides, oct. 2018, 444 p., 21,90 €

Mes lectures Denoël

4e de couv. : Italie, hiver 1974. À bord d’une Mercedes crème, Marlene fuit à travers le Sud-Tyrol. Elle laisse derrière elle son mari, Herr Wegener, et emporte les saphirs qui lui avaient été confiés par la puissante mafia locale. Alors que, devenu fou, il retourne la région pour la retrouver, Marlene prend un mauvais virage et perd connaissance dans l’accident. Simon Keller, un Bau’r, un homme des montagnes, la recueille et la soigne. Marlene se remet petit à petit dans un chalet isolé, hors de portée de poursuivants pourtant infatigables, et fait un jour la connaissance de Lissy, le grand amour de Simon Keller.

Entre huis clos des sommets et traque mafieuse en Italie, Au cœur de la folie nous entraîne dans une spirale de frayeur, à la suite de personnages d’une noirceur fascinante.

Anecdote de lectrice :

Si vous me suivez vous aurez remarqué que j’adore tout ce qui touche aux contes, alors vous imaginez bien que j’étais dans mon élément. Il se trouve qu’en se moment je suis en train de lire un recueil de contes « Rebelles »  et je suis dans ceux qui s’inspirent du conte de barbe bleue…

Ma chronique :

Je commencerais ma chronique par vous parler des couvertures des deux romans de Luca d’Andrea. Je les trouve sublimes et en parfaite adéquation avec ses romans. De plus, il y a  une cohérence entre les deux.  Luca d’Andrea nous plonge dans une région montagneuse où le froid et la neige jouent un rôle. En prenant un ou l’autre  de ses livres dans les mains on devine qu’il s’agit d’un roman de cet auteur.

C’est un roman que j’ai dévoré en un week-end, on tourne les pages, on passe d’un chapitre à l’autre en voulant savoir ce qui va se passer après…  l’inconvénient c’est que maintenant  il faut attendre le prochain roman ! 

C’est un roman qui fait froid dans le dos et il donne vraiment des « Sueurs Froides » comme le nom de la collection des Éditions Denoël !

Cette histoire va se dérouler en 1974 dans le Sud-Tyrol. C’est l’occasion de se remettre dans le contexte de l’époque. Luca d’Andrea explore cette zone de l’Italie très particulière. Cette région était autrichienne, donc de langue allemande avant de devenir italienne. Cela crée un lieu un peu à part entre les montagnes où la langue et les traditions germaniques sont plus présentes que le côté latin. On a aussi une scission entre les gens de la montagne et les gens de la ville. On est une fois de plus dans la confrontation entre deux mondes.

Marlène est une transfuge, elle a quitté son milieu d’origine pauvre, mais sous le vernis de la richesse il reste la culture des bau’rs, des paysans de la montagne. Elle va être un lien entre ses deux mondes. Elle ne sera pas dans le jugement, cela faussera son regard et elle ne verra que ce qu’elle a envie de voir, son passé va refaire surface. Il y a une sorte de retour aux sources, cette étape inattendue va lui permettre de retrouver son véritable moi. J’ai beaucoup aimé le paradoxe qui naît de cette erreur de route, cette idée de destin qui se joue des humains.

Ce qui est très intéressant dans ce roman c’est le travail sur le langage. Selon qui parle on va découvrir  codes sociaux  différents. Nous avons un narrateur à la troisième personne, mais d’un chapitre à l’autre on va suivre plus particulièrement un des personnages. Chaque personnage à un rapport à son lieu, à son milieu, à sa langue, à son traumatisme. Personne n’est indemne au départ. Le titre  trouve tout son sens, chacun est à la frontière de la folie. Ils sont tous proches du point de rupture, le monde rationnel ne peut que basculer vers celui de la folie. Marlène va être le grain de sable qui va créer le déséquilibre. L’apocalypse peut advenir.

Le sujet  de l’innocence est très présent. Sous les apparences, on va se rendre compte que tous ont de sombres secrets, des âmes torturées. J’ai bien aimé  comment est introduit,  entre autre,  le mythe d’Ulysse dans cette thématique. Un sujet sous-jacent est celui de la pureté, on a la neige immaculée et des paysages d’une blancheur virginale mais cela va se transformer en piège mortel.

Nous avons d’un côté la mythologie locale liée aux contes de Grimm et d’autre part le côté biblique. C’est surtout le côté obscure de ces histoires traditionnelles qui est mise en avant. Cela donne au thriller une dimension encore plus intense.  J’ai adoré comment il imbrique la fiction (légendes) avec la réalité des personnages et comment les chapitres qui semblent ne rien avoir en commun vont se retrouver liés. Il y a un véritable travail d’orfèvre.

Parmi les éléments liés aux thrillers on à la thématique de la traque, du traqueur, de la proie et du prédateur, mais on va voir que chacun peut se retrouver dans l’un ou l’autre camp, rien n’est figé.

J’ai beaucoup aimé le rôle joué par la nature et les éléments qui contribuent  à créer une ambiance anxiogène et létale. On va vers l’enfouissement, vers les profondeurs, comme si ce lieu devenait une tombe d’où personne ne sortira indemne…  AAAAh ! La fin est juste terrible et géniale.

Je ne veux rien dévoiler mais un des personnages est une maison… il y a un côté maléfique des contes et un côté à la Edgar Poe avec ses maisons vivantes.

Ce roman est un coup de cœur car j’ai été happée par cette histoire diabolique dont la richesse thématique déclenche des réactions chez le lecteur qui se retrouve dans des chemins tortueux, des forêts sans issu. J’avais adoré le premier roman de Luca d’Andrea, mais je trouve celui-ci plus peaufiné…  

Je remercie les Éditions Denoël pour leur confiance.

Denoel
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Article précedemment publié sur Canalblog

Une petite place sur terre

Hélène Montardre

Éditions Syros, coll. Tempo, sept.  2018, 220 p., 6,95€

Mes lectures Syros

4e de couv. :

L’hommage inoubliable d’ Hélène Montardre à ceux qui n’ont plus rien, sauf leur dignité d’être humain.

Rudi et sa maman sont étrangers. Ils n’ont pas de famille en France et nulle part où aller. Un jour, Rudi entend raconter ce mythe grec : Héra, la femme de Zeus, avait interdit à toutes les terres d’accueillir la déesse Léto. Et pourtant Léto a fini par se réfugier sur une île minuscule, à peine visible sur le bleu de la mer. Les mots résonnent dans la tête du garçon. Il y a forcément quelque part un petit bout de terre où Rudi et sa maman pourraient vivre. Et cet endroit, Rudi va le trouver

Ma chronique

J’avais une petite crainte avant de recevoir ce livre car les sans papiers c’est toujours un sujet délicat. Ce qui m’avait attiré c’est l’introduction de la mythologie Grecque. J’étais curieuse de voir comment cela allait se combiner. J’ai beaucoup aimé car c’est par une passeuse d’histoire…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce roman c’est l’aspect universel. On ne sait pas d’où ils viennent, on ne sait pas où cela se situe. Ce qui est prenant c’est ce lien qui relie cette mère à son fils et inversement, cela permet à beaucoup d’enfants de s’identifier. Ils vont tout faire l’un pour l’autre, ils sont un peuple à eux deux.

J’ai commencé ce livre et je l’ai lu d’un trait, j’ai oublié tout ce qui m’entourait, heureusement je l’ai terminé avant mon rendez-vous (que j’avais oublié !). Une magnifique parenthèse, j’étais dans ma bulle hors du temps.

Le sujet et difficile, mais il est abordé avec un regard si poétique que cela nous permet de prendre nos distance face à la dure réalité.

On va suivre Rudi dans son raisonnement, sa façon de voir la réalité. Rudy va grandir très vite. Entre deux nuits d’orage et de tempête.

Durant le premier, il va avoir une image choc et dans le deuxième il va à nouveau vivre un choc physique et psychologique. On a bien l’image de la boucle qui se ferme, et entre les deux, tout va s’accélérer et changer.

On peut lire ce roman comme un voyage initiatique. Avant le premier choc émotionnel, c’st un petit garçon, et même s’il avait vécu des choses plus dures que les enfants de son âge, il lui restait une part d’enfance. On s’en rendra compte lorsqu’il discutera avec Ionel et ses frères.

J’ai adoré cette rencontre nocturne presque surnaturelle, on voit bien comment un enfant peut être emporté par ses sens et son imagination. C’est très bien raconté.

A partir de là va s’en suivre une sorte de descente en enfer. Plus on avance, plus on les voit dégringoler. Heureusement, ils vont aussi faire de belles rencontres. A chaque étape Rudi va grandir et prendre de l’assurance. On voit aussi comment intérieurement ses sentiments vont changer, sa colère va s’apaiser.

Puis,  vient le point de bascule où c’est lui et son utopie qui vont prendre le dessus. Il va démontrer qu’il est fort, réfléchit et qu’il faut croire en son rêve.

Il va prendre sa mère par la main lorsqu’elle n’en peut plus. Il y a une inversion des rôles. Il a choisi l’amour à la haine. Il ne deviendra pas un délinquant, il choisi une autre voie. Sa mère avait choisi de créer un semblant de vie stable avec une bonne école et un lieu protégé. Cependant c’était une situation qui avait ses limites.

La partie paradis retrouvé est un beau moment qui permet à tous les protagonistes de reprendre son souffle, ainsi qu’au lecteur. C’est le petit moment « fantastique », la réalisation d’une utopie.

Quelques mois ont passé et pourtant on dirait une éternité tant leur vie a été bouleversée. C’est le moment de la renaissance dans ce paradis aquatique.

On se dit que ça ne peut pas durer et en effet une dernière étape est nécessaire …

Je ne vous en dis pas plus…

C’est un coup de cœur, car c’est une belle histoire bien menée.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

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 Qui en parle ?

Jangélis

Article précédemment publié sur Canalblog

Sheppard Lee, écrit par lui-même

Robert Montgomery  Bird

Trad. (USA) Antoine Traisnel

Éditions Aux Forges de Vulcain, 2017, 435 p., 22 €

Mes lectures Aux Forges de Vulcain

4e de couv. :

Qui n’a jamais rêvé d’être quelqu’un d’autre ? D’échanger sa place avec un autre ? Debut du XIXe siècle, Philadelphie : un jeune américain, Sheppard Lee, se découvre capable de migrer de corps en corps : il sera un riche, un pauvre, un fou, un esclave. et ses multiples réincarnations vont peu à peu dessiner le portrait de la société américaine, une société folle et cruelle.

Mon Billet :

Ce roman américain du XIX e  siècle (1836) qui vient d’être traduit pour les Éditions Aux Forges de Vulcain est une perle. D’entrée je vous le dis c’est un coup de cœur.

J’ai beaucoup rit car c’est un vrai roman picaresque où notre héros va faire des expériences extraordinaires, allant d’une catastrophe à l’autre, l’enseignement par la chair. Il n’a pas de maître, il doit apprendre par lui-même. Heureusement il trouvera un appui à chaque fois. Maltraitance mentale et physique jusqu’à ce qu’il soit près à rompre ce cycle infernal.

Il a l’art de se mettre dans des situations inextricables. Le côté fantastique et gothique emporte le lecteur dans un imaginaire sombre avec de nombreux rebondissements.

Notre héros va découvrir dans un moment critique que son esprit/âme peut intégrer le corps d’un homme qui vient de mourir. Le premier passage est inattendu, une fois la surprise passée il accepte ce fait ne sachant pas si cela est définitif. Il cherche un peu à comprendre le comment du pourquoi, mais très vite, il se laisse emporter par les événements…

Le récit est fait par l’auteur/héros comme l’indique le titre. Nous allons donc le vivre de l’intérieur. Avec toutes les réflexions et interrogations. J’ai bien aimé les raccourcis qu’il prend pour dire au lecteur que lui-même n’a pas tout compris pour ne pas donner d’explications. Ou pour dire bon ceci ou cela n’est pas important alors on ne va pas s’étendre sur le sujet. C’était aussi très intéressants ses questionnements intérieurs, certains au moment des faits d’autres à posteriori au moment de la retranscription.

Il y a dans tout cela le thème de la mélancolie et de la quête du bonheur. Des thèmes dans l’air du temps de cette époque là. Tantôt jeune et pauvre, tantôt vieux et riche, tantôt bien portant et pauvre, tantôt malade et riche… Jamais la bonne combinaison.

Aucune situation ne trouve grâce à ses yeux !

Toutes les considérations sur le corps, l’esprit, l’âme… sont  abordées sans prétention, car Sheppard Lee du départ est un jeune homme instruit mais sans plus. On retrouve le reflet des idées en cours à cette époque. On entrevoit aussi certaines pratiques médicales plutôt contestables aujourd’hui.

On découvre aussi diverses facettes de la société américaine.

Ce que je trouve significatif, c’est le fait qu’il va changer 7 fois de corps, ce qui n’est pas un chiffre anodin. Il va se former comme une boucle et la fin est une vraie fin. Un mélange de logique et de fantaisie comme on s’attend à trouver dans un roman de cette époque là.

On se demande parfois ce qu’il a retenu de son expérience précédente car il se laisse très vite déborder et suivre une pente naturelle vers le laisser aller, cependant on se rend compte à la fin qu’il en a retenu certaines choses.

J’ai adoré ce personnage gaffeur, avec son côté fanfaron dû à sa jeunesse et sa position sociale, avec cette façon d’être lucide sur son laisser aller.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain qui me font découvrir des auteurs que je ne connais pas.

vulcain
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Article Précédemment publié sur Canalblog

Ceux des Limbes

Camille Brissot

Editions Syros, 5 avril 2018, 484 p., 17,95 €

Mes lectures Syros

4e de couv :

Du haut du Mont-Survie, Oto admire chaque jour la forêt qui l’encercle à perte de vue. Elle est si belle qu’il en oublierait presque ce qui se tapit sous les arbres. Mais lorsque la montagne s’endort, que les lumières s’éteignent et que les voix s’effacent, le vent résonne d’un chant inhumain, effroyable : le gémissement des limbes, les victimes de l’épidémie. Bientôt, Naha devra passer plusieurs jours et plusieurs nuits dans la forêt. Oto refuse de rester cloîtré en espérant le retour de celle qu’il aime plus que tout. Quitte à être une proie de plus, il va sortir lui aussi.

Ma chronique :

J’ai découvert cette autrice avec « la maison des reflets » un livre très particulier qui j’avais adoré de par le fond et la forme. Alors je n’attendais qu’une occasion pour retenter l’expérience…

J’ai reçu ce roman en avant-première et je l’ai dévoré.

C’est un roman à la première personne. Les personnages principaux sont des adolescents de 15 ans.

C’est un roman post-apo. On découvre un monde aux ruines multiples. Une société à survécu à une terrible épidémie en s’isolant sur une montagne. Il reste très peu de gens qui ont connu le monde d’avant. C’est une société pyramidale. Ceux qui vivent tout en bas sont les plus mal lotis, ce sont les plus démunis et méprisés, plus on monte plus on va vers les privilégiés.

Notre narrateur a une position sociale à part. Il a commencé par le plus bas puis a été propulsé tout en haut malgré lui. Il a choisi une position intermédiaire pour essayer de trouver sa vraie place.. sa sensation de liberté qui entoure son cas est toute relative. Il y a la notion de rejet puisqu’il ne fait parti d’aucun clan et qu’il a refusé de rester en haut de la pyramide. Pour la plupart c’est le traitre, l’ingrat. C’est très intéressant de le suivre d’une part parce qu’on découvre cette hiérarchie qui permet de maintenir cette société. Nos n’avons pas à faire à la première génération, ces jeunes que l’on va suivre sont tributaire du savoir des adultes de la « montagne ». Difficile de se faire sa propre opinion sur le monde qui les entoure puisqu’ils n’y ont pas accès. Difficile de se révolter face à l’ordre établi.

Le lecteur a de quoi s’interroger. Les informations nous sont distillées petit à petit. Est-ce que les dirigeants cachent des choses à la majorité de la population ? Qu’en est-il réellement  de la vie à l’extérieur ? Y a-t il d’autres survivants ? Est-ce qu’on cherche à maintenir ce monde clos ? Si oui pourquoi ? Est-ce que la situation peut continuer ainsi ?

Après la vie à l’intérieur avec les antagonismes entre les dirigeants et entre adolescents. On va avoir la phase aventure à l’extérieur.

Il y a un rituel initiatique qui veut que tous les jeunes de 15 ans par petit groupe fassent une sortie dangereuse mais assez encadré et planifiée. Elle est potentiellement mortelle. Il y a peu de risque que ces jeunes « formatés » veuillent allez au-delà des limites autorisées.

Bien sûr cette fois-ci ne va pas être comme les autres. On interdit à notre héros d’y participer. Alors que son principal rival va partir avec son amoureuse. Je vous laisse découvrir les tensions qui entourent ses jeunes gens avant le départ. Démonstration de pouvoir,  de confiance…

Qui dit groupe dit organisation et interactions entre les participants. Ils viennent de toutes les strates de la société. Il y a ceux qui sont préparés et ceux qui  ne le sont pas, il y a ceux qui ont l’équipement adéquat et ceux qui ont du faire du recyclage.

Quitter la montagne protectrice c’est aussi révéler ce sont  capables ces jeunes gens. On va les voir agir en situation de stress extrême et affronter leurs peurs intérieures. C’est aussi l’occasion de règlements de comptes. Alors nous aurons de nombreux rebondissements et des surprises.

Dans ce roman Camille Brissot traite aussi de la mémoire, des séquelles, des absences. De ce qui est caché au fond de nous. Les rêves, les intuitions donnent un côté mystérieux à ce qui se passe à l’intérieur de la Montagne ou dans le monde qui entoure ce lieux protégé. C’est aussi un moyen de faire ressurgir le passé.

Il y a les vivants et les morts, entre les deux ceux des limbes. C’est assez mystérieux ce monde de morts-vivants. On a la sensation d’un monde de brume, comme si un écran de fumé nous masqué des choses.

On a une forte présence de l’élément terre. La Montagne, les caves et les souterrains, les ruines à l’extérieur formées de pierres et de béton, ces arbres aux racines potentiellement dangereuses. On a ces images de champignons, d’humus, de terre en décomposition, de mort latente. L’atmosphère est asphyxiante et oppressante par moment. La peur est palpable.

L’eau, on la retrouve avec la pluie, les ruisseaux, elle n’apporte rien de bon, elle apporte les sangsues ou éveille des sentiments négatifs (la nudité dans la scène du bain par exemple).

L’élément air, j’ai cru qu’il jouerait un rôle plus important avec la notion de sommet de la Montagne et la présente des oiseaux et oiseleurs. Sans parler de la présence du rêve et des odeurs. Finalement il a peut de chance de s’évader par le haut !

Dans l’ensemble les personnages sont assez malmenés par l’autrice, au point que le narrateur se fait souvent la réflexion « qu’est-ce qui va encore m’arriver ? » avec une énumération de toutes les catastrophes  qu’il a subit depuis dix ans. Quand à moi je n’ai pas arrêté d’écorcher son nom. « Otolan » est devenu « Ortolan », la faute à la volière !

La mémoire d’Oto va se débloquer par à-coups, on aura donc des passages en italiques pour bien marquer la frontière entre le passé et le présent. Il faudra attendre la fin pour avoir certaines réponses. Le chemin initiatique d’Oto avec ces différentes épreuves va l’aider à extraire de ces propres  « limbes » ce qui a causé ses blocages. On va découvrir sa vie d’avant.

Les interactions entre les personnages sont très intéressantes. Plus on avance, plus elles s’intensifient. On a des monté de tension. On attend la catastrophe. On sent l’électricité dans l’air. Les rivalités, les jalousies, les tensions cachées, la colère, la haine tout nous prépare à un drame.

On se demande si la révélation de certains secrets, les actes héroïques ou dramatiques vont être à la hauteur de l’attente…. Pour moi cela a fonctionné car j’ai été happée par cette histoire. J’ai eu du mal à lâcher les personnages.

J’ai été peinée par certaines pertes alors que d’autres… Cela fait partie des voyages initiatiques.

La thématique de l’amitié, de l’amour et des trahisons sont aussi bien entendu présente. L’idée de solidarité et d’entraide affrontent l’individualisme et la soif de pouvoir. C’est ce qui fait qu’on s’attache plus ou moins à certains personnages.

Je suis triste d’être arrivée à la fin, j’aurais aimé que l’histoire continue… ils ont mis en mouvement certaines choses alors ont voudrait voir comment tout va évoluer…

J’ai failli oublier l’effet traitre des chapitres courts. On se dit allez entre « un » et puis encore « un autre »… De quoi finir en nuit blanche ! Cela peut aider certains lecteurs qui auraient peur de lire presque 500 pages… moi je ne les ai pas vu passer…

J’arrête là car il ne faudrait pas dévoiler l’essentiel ! Tout ce qui touche à « ceux des limbes » etc.

J’ai été conquise par le rythme, la vivacité des répliques, les interactions entre les personnages, l’intérieur et l’extérieur, le haut et le bas ainsi que la construction de cet univers.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

kokeshi coup de coeur

Article précédemment publié sur Canalblog