Sable Bleu

Yves Grevet

Éditions Syros, Hors collection, 26 août 2021, 331 p., 16,95 €

Chronique jeunesse du mercredi

Rentrée littéraire 2021

4e de couv. :

Tess ose à peine y croire : le monde va mieux. La Terre respire depuis qu’une étrange bactérie a contaminé les gisements de pétrole. Et puis il y a ces médicaments, ces aliments nocifs qui disparaissent inexplicablement des magasins. Des hackers de génie à tendance écolo seraient-ils à l’origine de ces phénomènes ? À plusieurs reprises, Tess sent des présences autour d’elle, des frôlements, et se demande si la réponse n’est pas à chercher ailleurs. Alors que la police s’intéresse à son cas, des jeunes gens se mettent à disparaître eux aussi.

Mes impressions de lecture :

Yves Grevet nous présente à nouveau un personnage fort qui n’hésite pas à affronter les épreuves de la vie malgré son jeune âge (16 ans).

Je ne voudrais pas dévoiler l’intrigue mais on peut dire que Tess est le pivot de cette histoire. Il y a plusieurs trames et à chaque fois elle fait la jonction. D’ailleurs, elle se fait tout de suite repérer que ce soit au niveau politique, amoureux ou mystère.

On la découvre dans le cercle familial,  le cercle amical, le cercle intime, le cercle activiste et le cercle mystère. A chaque fois elle doit accepter sa différence et se dépasser et la revendiquer.

A chaque cercle un secret, un mystère… des non dits.

Tout s’enchaîne en fonction de ce qu’elle est, de qui elle est, que ce soit les choix de ses activités et de ses convictions… et on aura la solution qu’à la fin même si on en devine les grandes lignes avant.

Tess n’a pas choisi la voie la plus facile pour avancer dans la vie et devenir adulte. Mais a-t-elle vraiment choisi  ou est-ce que c’est son destin ?

J’ai associé le titre (exotique et intriguant) avec le personnage et je me suis demandé si Tess n’était pas le petit grain de sable qui allait tout en rayer.

Yves Grevet a su jouer avec les variations d’intensités dans une vaste palette d’émotions qui fait vibrer le lecteur.

Il est très difficile pour moi de parler de ce roman qu’on dévore, car je suis allée de surprise en surprises et je voudrai que vous aussi vous puissiez expérimenter cette sensation avec ce page turner qui enchaine les rebondissements.

Ce roman aborde de nombreux sujets très actuels avec des sujets qui n’auraient pas été abordé aussi clairement il y a une dizaine d’années en littérature jeunesse.

Il est beaucoup d’identité dans tous les sens du terme. Yves Grevet en explore plusieurs facettes de ce questionnement important à l’adolescence.

La partie « fantastique » ou futuriste explore plusieurs possibilités.

Je remercie les Éditions Syros de leur confiance

Qui en parle ?

Jangelis ?

NB :

un roman en appelle d’autres, j’ai pensé à plusieurs histoires, en voici quelques exemples

« TerreS » Carina Rozenfeld

« La fille du Futur » Nathalie Stragier

« La fille des manifs » isabelle Collombat

Parle tout bas

Elsa Fottorino

Mercure de France, 19 août 2021, 155 p., 15 €

Mes Lectures Mercure de France

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2021

4e de couv. :

En 2005, la narratrice a dix-neuf ans quand elle est victime d’un viol dans une forêt. Plainte, enquête, dépositions, interrogatoires : faute d’indices probants et de piste tangible, l’affaire est classée sans suite. Douze ans après les faits, à la faveur d’autres enquêtes, un suspect est identifié : cette fois, il y aura bien un procès.
Depuis, la narratrice a continué à vivre et à aimer : elle est mère d’une petite fille et attend un deuxième enfant.
Aujourd’hui, en se penchant sur son passé, elle comprend qu’elle tient enfin la possibilité de dépasser cette histoire et d’être en paix avec elle-même
Elsa Fottorino livre ici un roman sobre et bouleversant, intime et universel, qui dit sans fard le quotidien des victimes et la complexité de leurs sentiments.

Mes impressions de lecture :

Lorsque j’ai reçu ce livre, j’ai fait un pas en arrière. Le sujet est délicat, et je n’aime pas trop les « témoignages » sur ce thème là. Puis j’ai réfléchi qu’il s’agissait d’un roman de Mercure de France. Et effectivement on n’est pas dans le cru et la surenchère.

Il est marqué « roman » sur la couverture du livre, mais on ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre la narratrice et l’autrice. Je ne connais pas Elsa Fottorino, alors est-ce de l’auto-fiction ou de la fiction ?

La narratrice parle de « l’évènement » pour parler de ce viol, ce mot violent est utilisé pour parler d’autres victimes. Le sujet est traité avec délicatesse (je ne trouve pas de mot) comme pour les autres victimes  et elle même. Lorsqu’elle fini par évoquer l’acte elle dit juste ce qu’il faut pour qu’on comprenne sans heurter personne.

Ce qui m’a plu dans ce roman c’est qu’il ne suit pas une chronologie linéaire, on ne se perd pas dans les repères temporels. Il y a avant et il y a après… mais dans ces deux espaces il y a tellement de questionnements. Douze ans

Ce qui m’a marqué c’est ce temps qui rattrape la narratrice. Elle avait enfoui ce traumatisme et voilà qu’on lui demande de le faire resurgir. J’ai eu l’image d’un élastique, c’est comme si elle avait avancé en tirant sur cet élastique accroché à cet instant T et que d’un coup d’avoir trouvé le coupable coupait ce point de départ et que tout lui revenait à la fois en faisant des boucles.

On lui a appris depuis toujours à être discrète, se taire et ne pas faire de vague parce que c’est une fille et il y a aussi le milieu dans lequel elle évolue. Elle a continué à se forger la carapace qui la protège. Elle en deviendrait froide et « insensible ». On joue tous un rôle alors pourquoi pas celui-ci si ça lui évite les questions.

J’ai beaucoup aimé la délicatesse avec laquelle elle parle de toutes les victimes d’agression en ayant conscience que chaque une attitude différente en fonction de paramètres personnels, il n’y a pas une bonne ou une mauvaise façon de réagir et de survivre (ou pas).

J’ai aussi remarqué qu’il y a beaucoup de scènes présentes où la lumière est omniprésente, comme si elle voulait tendre vers plus de lumière dans sa vie, sortir de l’obscurité ce secret pour enfin vivre pleinement.

Ma crainte d’être dans la position du lecteur voyeuriste s’est vite évanouie pour mon grand soulagement.

Il me faudra lire d’autres romans d’Elsa Fottorino pour découvrir son univers littéraire.

Je remercie les Éditions Mercure de France de leur confiance.