Alice marche sur Fabrice

Rosalie Roy-Boucher

Éditions Bouclard, janv. 2023, 175 p., 16 €

Challenge d’Hiver VLEEL Catégorie « Autrice canadienne »

4e de couv. :

Elle est québécoise et elle s’appelle Alice, elle a 26 ans.
Elle est à terre après que son chum l’a quittée. Fucking Fabrice Picard de marde. Alors elle plaque tout, traverse l’Atlantique pour aller marcher vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Sans vraiment savoir pourquoi elle vient s’user les semelles sur ce chemin béni.
Elle prie pour que celle qui lui a volé son amoureux souffre.
Elle marche et marche encore, histoire de remplacer le mal de vivre par le mal de corps. Ultreïa Alice !

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert cette autrice l’autre soir le une rencontre organisée par le groupe VLEEL avec l’éditeur et l’autrice. Les deux ont su me convaincre, ainsi que l’avis positifs de certains lecteurs enthousiastes.

Je commencerai par un avertissement qui a son importance pour certains lecteurs. Ce roman est écrit par une québécoise avec des expressions et un lexique de là-bas, ainsi que quelques dialogues en anglais. La quatrième de couverture ci-dessus en est un exemple. Il n’y a ni glossaire ni notes en bas de page. C’est donc en connaissance de cause que j’ai décidé de lire ce roman et que j’ai pu apprécier cette particularité. Il faut s’immerger et se laisser porter.

Il y a ce côté « exotique » dans les jurons, ou dans les petites choses du quotidien qui rend le texte encore plus savoureux. Quand elle dit qu’elle a une vie de « marde » ça donne une autre dimension à ce qu’elle vit.

J’ai aimé ce personnage féminin à fleur de peau. Elle a été trompée et quittée après 5 ans d’amour. Elle a décidé de tout quitter avant d’entreprendre ce fameux Chemin de Compostelle. Alors je vous le dis tout de suite on n’est pas du feelgood et de bons sentiments. Elle hait Laure qui lui piqué son chum, elle en veut à Fabrice d’avoir piétiné son cœur. Si vous croyez que faire ce chemin c’est pour pardonner cette trahison vous vous égarez. Là, on est dans le concret, elle est en colère et elle le dit à qui veux l’entendre. La petite touche féministe vient donner un petit plus à cette narration…

Ce n’est pas non plus un guide pour pèlerin, elle met en avant certains points négatifs et positifs des rencontres et des effets de la marche. Elle ne fait pas dans la dentelle.

Quand elle ne va pas bien, elle en remet une couche. Elle dit qu’elle est dans l’apitoiement sur elle-même alors qu’elle va de l’avant et qu’elle fonce dans tout ce qui se met en travers de sa route.

J’ai aimé ses monologues intérieurs lorsqu’elle raconte certaines situations qu’elle vit mal, ou lorsqu’elle  dit le contraire de ce qu’elle pense parce qu’on lui a appris à faire attention aux sentiments des autres. Par moment elle se lâche comme si ouvrait des vannes.

Elle va nous raconter des rencontres plus ou moins agréables, elle va décrire des lieux et des scènes qui parlerons à ceux qui connaissent un peu ce chemin. J’ai cru qu’elle allait passer près de chez moi, mais ce n’est pas le chemin qu’elle a choisi. On a droit à des scènes très visuelles qui rappellent certaines anecdotes de pèlerins.

Sur ce parcours elle va rencontrer des personnes qui vont plus ou moins l’aider à avancer. Va-t-elle trouver le bon dérivatif pour oublier le couple maudit ?

J’ai passé un bon moment de lecture avec ses chapitres courts qui nous exposent une scène. L’autre parle de « tableaux » et c’est tout à fait cela. Les titres des chapitres son parfois amusants.

Je vous laisse découvrir toutes les aventures et mésaventure d’Alice et de ses compagnons de route.

Ce roman a confirmé que je ne suis pas prête de faire ce Chemin intérieur ou physique. Mais j’ai eu plaisir à me remémorer certains lieux cités que j’ai eu le plaisir de visiter.

Je remercie le groupe VLEEL pour cette découverte.

Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi

Jean-Christophe Rufin

Folio, 2014, 273 p.

Mes lectures Folio

4e de couv. :

«Chaque fois que l’on m’a posé la question “Pourquoi êtes-vous allé à Santiago?”, j’ai été bien en peine de répondre. Car le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s’y engager. On est parti, voilà tout.»

Jean-Christophe Rufin a suivi le «Chemin du Nord» jusqu’à Saint-Jacques : huit cents kilomètres le long des côtes basque et cantabrique, à travers les montagnes sauvages des Asturies et de Galice. Il s’est peu à peu transformé en clochard céleste, en routard de Compostelle. Il nous raconte, avec une délicieuse autodérision, ce parcours humain et spirituel.

Anecdote :

C’est avec curiosité que j’abordais la lecture de ce livre. Je n’ai jusqu’à maintenant lu que les écrits de fiction de Jean-Christophe Rufin.

Le Chemin de Compostelle est mythique pour moi, je sais que je ne le ferais jamais en tant que marcheur mais j’ai fait une partie en tant que touriste il y a longtemps et j’en ai gardé un excellent souvenir.

Ma Chronique :

Il ne s’agit pas d’un carnet de voyage à proprement parler car Jean-Christophe Rufin n’a pas voulu tenir de journal de route. Mais il a gardé suffisamment de souvenirs pour nous parler de nombreuses étapes.

Ce qui m’a plu d’emblée c’est le côté « naïf » qu’il se donne alors qu’il n’est pas un marcheur inexpérimenté. Pourtant il a été surpris par certaines de ses expériences et certains comportements. Il  y a une vraie démarche de réflexion personnelle.

Dans cet ouvrage Jean-Christophe Rufin raconte comment étape après étape, le pèlerin se transforme. Il nous parle de lui pour mieux nous parler des autres pèlerins croisés sur la route.

Ce n’est pas sans humour qu’il nous raconte ses illusions et se désillusions.

Il nous raconte son approche des paysages et de la découverte des différentes provinces espagnoles qu’il a traversées. On a l’impression que chaque province correspond à un changement dans les paysages et dans l’évolution de son état d’esprit.

Son chemin est aussi fait de rencontres insolites et incroyables.

Le marcheur fait le constat entre le chemin de Compostelle pour les pèlerins et les autochtones qui vivent pour la plupart sans plus y faire attention, sauf ceux qui en vivent.

On pourrait croire que ce haut lieu de la spiritualité pour certains rayonne autour des habitants mais ce n’est évidemment pas le cas.

L’arrivée à Saint Jacques n’est pas aussi idyllique que ce à quoi le pèlerin s’attend. Comme tous ces lieux qui accueillent des milliers de personne il faut que l’arrivant soit dans sa bulle pour occulter la réalité commerciale et toute la logistique.

C’est le chemin parcouru qui est important plutôt que le but même s’il est chargé de spiritualité.

Ce qui m’a plu dans ce récit c’est le sentiment de sincérité qui ressort des questionnements et des découvertes sur ses différents états d’esprit, de ses faiblesses et de ses doutes.

J’ai crains un instant que cela ne devienne trop répétitif et donc qu’il y a des longueurs mais finalement il se lit bien.

Je remercie les éditions Folio de m’avoir permis de découvrir une autre facette de Jean-Christophe Rufin.

100 livres 2014

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Article précédemment publié sur Canalblog