La commissaire n’aime point les vers

Georges Flipo

Folio,  oct. 2021, 304 p., 8,10 €

Éditions de la Table Ronde, 2011, 300 p.

Dans ma médiathèque il y a…

Cercle littéraire médiathèque

4e de couv. :

Un clochard, sosie de Victor Hugo, assassiné devant l’Académie française ; un sonnet érotique attribué à Charles Baudelaire… comme si la commissaire Viviane Lancier n’avait pas assez de problèmes, entre son ex qui la persécute et ses régimes, qui la martyrisent, sans devoir en plus se soucier de littérature! Heureusement, son nouveau lieutenant, Augustin Monot, aussi ahuri et gaffeur que séduisant et cultivé, finira par motiver la commissaire dans une enquête corsée, pleine de meurtres et de rebondissements…

Mes impressions de lecture :

Je vous vois sourire ceux qui me suivaient. Il y a quelques semaines je vous présentais « La commissaire n’a point l’esprit club » qui était ressorti aussi chez folio. Je râlais un peu parce que j’aime lire les romans dans l’ordre de sortie car l’auteur glisse toujours des références aux tomes précédents. Maintenant que j’ai lu les deux seules enquêtes publiées je râle parce qu’il n’y en a pas d’autre prévue. Ce roman a 10 ans et à l’époque je suis passée à côté, alors merci pour cette réédition qui m’a fait connaître cette terrible commissaire.

J’avais remarqué que le tome précédent me faisait penser à deux romans récents que j’avais lu. Eh bien ce deuxième fait écho à une autre lecture de la rentrée « La muse ténébreuse de Charles Baudelaire ». Voilà que dans cette enquête il y aura des références aux poèmes sulfureux de Charles Baudelaire.

Cette première enquête d’Augustin Monot auprès de la commissaire Viviane Lancier ne va pas se déroulé comme prévue. Si le personnage principal c’est Viviane c’est pourtant Augustin qui sera le plus tenace.

Augustin Monot est un bleu, tout juste sorti de l’école de police il n’a aucune expérience et en plus c’est un littéraire. C’est lui qui va découvrir le clochard agressé et par son intervention va faire rentrer cette affaire dans l’équipe de Viviane. Mais celle-ci n’en veut pas, elle a d’autres chats à fouetter, alors elle le laisse se faire la main sur cette enquête. De temps en temps elle le recadre. Cependant Monot est idéaliste et il va ouvrir une véritable boîte de Pandore et ils vont vite être dépassés par les évènements.

On va avoir des scènes surréalistes, des rebondissements inattendus. Les journaux vont s’en mêler et donc les hauts gradés… jusqu’au ministre.

Augustin va se révélé très communiquant et il va se faire repérer par la « dircom » de la police. Il passe bien à la Tv et il pourrait donner une nouvelle image de la police. Une vrai peste cette Priscilia Smet, elle a les dents longues ! Je réalise que les noms et les prénoms ne sont pas anodins dans cette série. Il va être beaucoup question de communication et Georges Flipo va jouer avec les mots pour notre grand plaisir.

On a donc un contraste physique entre Viviane et Monot, mais aussi dans la façon de fonctionner, elle est négative alors qu’il est positif, elle se prend les pieds dans le tapis alors qui plane au-dessus de tout cela. On a le fameux duo l’expérimentée et le naïf.

On va avoir droit à tous les types de régimes alimentaires, qu’elle essai en vain car il y a toujours une contrariété, une catastrophe qui  la replonge dans les barres de mars. Une belle critique des journaux féminins et du diktat de la minceur.

Si je mets en avant le côté ironique, grotesque et drôle c’est parce que c’est ce qui m’attire dans ce genre d’enquête. L’intrigue policière est intéressante car elle se complexifie au fur et à mesure que les crimes et délits se multiplient. Il va y avoir danger et Viviane et Monot ne vont pas en sortir indemnes.

Ceux qui connaissent Paris vont se régaler à les voir déambuler que ce soit du côté des champs Elysées ou quai Conti, entre autre… Une balade qui n’est pas de tout repos !

Cher monsieur Flipo j’espère que vous allez nous raconter d’autres aventure de Viviane Lancier car j’ai passé un bon moment de détente…

Voir aussi

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

La muse ténébreuse de Charles Baudelaire

Raphaël Confiant

Éditions Mercure de France, 2 sept 2021, 266 p.

Mes lectures Mercure de France

4e de couv. :

Pour la postérité, le nom de Jeanne Duval reste lié à celui de Charles Baudelaire. Apprentie comédienne ou fille de joie, muse ou diablesse, qui était vraiment celle qui traversa la brève existence du poète, enchanta sa plume et le plongea dans les tourments de l’amour et de la passion ? Qui était Jeanne Duval, venue des îles d’Amérique ou de l’océan Indien, ou peut-être du pays des Maures, et qui fit découvrir à Baudelaire un monde insoupçonné de sensualité et d’exotisme ? Un monde encore plus singulier que celui offert par le chanvre indien et l’opium dont l’auteur des Fleurs du mal faisait une consommation déraisonnable…

Mes impressions de lecture :

Raphaël confiant est un auteur que je suis plus ou moins depuis longtemps. On ne sait jamais ce qu’il va nous faire découvrir. Il joue avec les registres de langue et les genres littéraires cependant une chose est sûre il sait raconter et accrocher son lecteur.

Lorsque j’ai vu que ce roman sortait à la rentrée j’ai eu envie de le lire pour plusieurs la première parce que j’aime ce qu’écrit Confiant, la seconde parce que je ne connaissais rien de Jeanne Duval. Je n’ai aucun souvenirs d’avoir appris cela lors que j’ai passé mon bac au siècle dernier (j’ai eu Baudelaire « petits poèmes en prose : Le joujou du pauvre » à l’oral et ça je m’en souviens !). Et pourtant, il semble qu’elle ai inspiré bien des artistes. Et elle ne passait pas inaperçu, car elle n’était pas très discrète, elle était très grande et métis, elle avait la langue bien pendue et ne s’en laissait pas compter.

Jeanne Duval est en couverture photographiée par Nadar en 1858, et il se  dégage de ce regard quelque chose d’étrange. Elle est là sans être là.

Raphaël Confiant a su transcrire dans ce roman la vie chaotique de Jeanne Duval, Charles Baudelaire et l’entourage artistique.

La temporalité est assez destructurée tantôt on a des souvenirs racontés, tantôt le passé et le présent qui semblent s’entremêler. Le livre est divisé en 5 cercles et cette idée de boucle on la ressent aussi dans la façon de raconter les choses.

Il donne la parle à Jeanne et à Charles. Ils semblent réinventer leur passé, leur vie. On dirait qu’à force de se raconter ils finissent par y croire eux-mêmes à leur version de leurs vies. C’est parfois déroutant à lire.

Il est beaucoup question d’identité, elle change plusieurs fois de nom au cours de sa vie mais c’est aussi sur « qui elle est » que l’accent est mis jusqu’à la fin.

Ce roman nous replonge dans la deuxième moitié du XIXe siècle avec toute l’effervescence qui régnait à Paris.

Raphaël Confiant donne la parole à Jeanne et Charles et ces voix différentes donnent des images différentes.

Je ne connaissais pas l’importance de Nadar dans la vie de Jeanne et Charles et leur petit groupe très bohème. On se rend compte de la grande variété d’artistes qui se côtoyaient peintres, poètes, écrivains et photographes… le théâtre et la musique aussi jouent un rôle dans cette mouvance.

Raphaël Confiant montre aussi le côté sombre de cette époque entre les conséquences de l’esclavage, la prostitution, l’état sanitaire, la politique et le fossé entre le Paris Haussmannien et le Paris des faubourgs.

Un texte très intéressant pour toutes ces facettes et bien d’autres que je vous laisse découvrir.

Je remercie les Éditions Mercure de France de leur confiance.