Jean-Luc et Jean-Claude

Laurence Potte-Bonneville

Éditions Verdier, Août  2022, 160 p., 17 €

Rentrée Littéraire d’automne 2022

Dans ma médiathèque il y a… Cercle littéraire de janvier

Challenge d’hiver Vleel 2023 : Catégorie Tout Schuss

4e de couv :

Dans ce café d’un petit bourg où Jean-Luc et Jean-Claude ont la permission, tous les jeudis, de venir boire un verre (sans alcool), les choses prennent ce jeudi un tour inhabituel.
D’abord, il y a ce gars, ce jeune gars aux cheveux si blonds, qui émerveille les deux amis parce qu’il vient d’Abbeville. […]
Où vont-ils ? On ne sait pas très bien, au PMU peut-être. Et ce gars, que leur veut-il, à eux qui sont si vulnérables ?
Du souci, il en sera beaucoup question dans cette histoire dont une vieille dame et une phoque sont les témoins silencieux, et les collégiens d’une classe découverte des témoins beaucoup plus agités. Sur le parking d’Intermarché, ça ne se passe pas très bien. Faut-il partir encore plus loin, là où la virée pourrait devenir dangereuse ?

Cet ouvrage a reçu le prix Stanislas 2022 et le prix de la SGDL Révélation d’automne 2022 (dotation André-Dubreuil pour un premier roman).

Mes impressions de lecture :

C’est un livre qui m’a été conseillé par ma libraire, et généralement on a des goûts assez semblables alors je l’ai écoutée.

J’ai lu ce roman en une journée, c’est la consigne de la catégorie tout schuss. C’est tout naturellement qu’on ne pose pas ce livre avant la fin car on veut connaitre les tenants et les aboutissants.

C’est un roman avec des gens tous différents et chacun avec en tête des questionnements qui les font aller de l’avant.

Jean-Luc et Jean-Claude ce sont deux êtres qui se soutiennent l’un l’autre dans leurs difficultés psychologiques, leur léger décalage mental. De plus, Jean-Luc doit faire attention à l’addiction à l’alcool et Jean-Claude à son diabète. Ils prennent soin l’un de l’autre. Ils vivent dans une routine rassurante alors quand un grain de sable s’en mêle ça part en vrille.

Florent lui aussi a des soucis, d’argent et de cœur qui lui embrouillent un peu l’esprit, quand il croise la route du duo il ne va rien gérer. Il y a quelque chose de suicidaire dans son comportement.

La directrice, du Foyer pour personnes handicapées depuis quelques mois, se retrouve avec deux chambres vides on va la voir aussi se débattre avec sa conscience professionnelle.

On a une instit qui ne gère pas ses élèves et qui est complètement dépassée par les événements.

Il y a des gens biens intentionnés qui vont faire ce qu’ils peuvent… sans rien attendre en retour.

Cette histoire c’est un enchaînement d’événements qui fait penser aux dominos, l’un entrainant l’autre dans sa chute.

La tension dramatique est accentuée par la tempête de la veille et l’alerte orange qui est comme lei motiv. On sent le drame arriver, tout dans la narration nous y fait penser. La violence est en arrière plan, on sent que tout peut basculer… Je vous laisse le découvrir.

C’est un roman bref qui va à l’essentiel. Il a les bases pour un roman noir mais ce n’est pas ce que l’autre à choisi. Il a les ingrédients pour un feel-good et là non plus ce n’est pas la voie choisie par l’autrice. C’est un roman littéraire avec des ellipses qui laissent une place aux lecteurs.

« Jean-Luc et Jean-Claude » c’est une question de regard. Regard de la société sur les personnes en handicap mental, en personnes fragilisés par la vie, par la difficulté à communiquer ses sentiments.

La scène sur la plage est magnifique car on est dans l’affectif, l’empathie…

La fin est très belle.

Une très belle lecture.

Dans la luge d’Arthur Schopenhauer

Yasmina Reza 

Éditions Albin Michel, 2005, 112 p., 9 €

Dans ma médiathèque il y a…

Cercle littéraire

4e de couv. :

« Le maître de mon mari a étranglé sa femme, lui se contente de laisser sa main choir au bout de l’accoudoir, de façon lamentable et flétrie. Mon mari n’a pas de radicalité. C’est un disciple. La génération de mon mari a été écrasée par les maîtres. »

Mes impressions de lecture :

Yasmina Reza est connue entre autre comme dramaturge. J’ai lu et apprécier « Art » et d’autres textes. « Dans la luge d’Arthur Schopenhaueur » est dans la catégorie « roman » pourtant on sent la dramaturge derrière.

Quatre personnages, un couple, un ami et un psychiatre.

Découpé en parties plus ou moins longues qui sont à chaque fois un monologue.

J’ai beaucoup aimé les effets théâtraux dans ces monologue où elle joue avec les réactions des personnages. Dans la première partie on attend de voir se qui va se passer entre Nadine et Ariel. La scène inaugurale avec l’orange est si visuel qu’on s’y croirait.

Le lieux sont des lieux clos, ce qui fait qu’on se sent dans un huis clos, comme pour rappeler que tout est parti de ce qui se passe dans la tête d’Ariel.

Il est question de la dépression du mari Ariel Chipman, il était spécialiste de Spinoza mais là il a fait une glissade vers la façon de penser de Schopenhauer, d’où la luge du titre.

On se rend vite compte des répercussions. On note que le couple avait glissé vers une vie bien rangée loin du grand amour. Nadine jouait le rôle de l’épouse de l’ombre. Mais là elle craque devant le comportement de son mari.

On sent que le fait qu’on soit dans une milieu intellectuel juif a un rôle dans les états d’âmes des personnages.

Leur ami et témoin Serge Othon Weil est dans un autre secteur, autour de l’économie et le finance, un autre état d’esprit. Dans son genre il est aussi monomaniaque.

Et puis il y a le psychiatre qui joue un rôle extérieur.

C’est assez ironique et satirique. J’ai bien ri par moment alors que le sujet de la dépression n’est pas très gai. J’ai pris plaisir à lire quelques passages à haute voix. Ce qui était drôle c’était de voir comment chacun essayait de le faire réagir maladroitement. Le monologue sur le fauteuil en décomposition ou de la robe de chambre sont des scènes mémorables.

On retrouve la thématique du couple en crise noyés dans une certaine mélancolie.

J’ai pris grand plaisir à lire ce roman qui a été mis en scène en 2006, mais que je n’ai pas vu.

Heureux les heureux

Les durs à cuire

Charlye  Ménétrier McGrath

Fleuve Éditions, 2021, 352 p., 18,90 €

Cercle de lecture décembre 2021

Dans ma médiathèque il y a…

4e de couv. :
Sixtine, 40 ans, mariée, deux enfants et bourgeoise par excellence, est au bord de la crise de nerfs lorsqu’elle se retrouve contrainte d’héberger ses parents. Leurs rapports se limitent au strict nécessaire depuis qu’elle est adulte et pour cause, elle est la fille de deux ex-stars du punk. Grands-parents déjantés versus fille quadra bien rangée (et même un peu coincée), la maison est à deux doigts d’exploser.
Mais pour Constance et Clémence, les deux filles de Sixtine, cette cohabitation tombe du ciel…
Rébellion générationnelle à tous les étages !

Mes impressions de lecture :

Vous l’aurez compris si vous me suivez, j’aime bien les feel good et les romans où des « petits vieux » n’en font qu’à leur tête. Dans ce roman les deux sont réunis.

J’ai découvert Charlye Ménétrier Mc Grath avec  les « Sales gosses » et je voulais renouveler l’expérience.  J’ai  partagé avec vous quelques réflexions sur les titres, j’ai bien l’impression que les titres de cette autrice sont choisis pour créer une unité en prenant des expressions.

Je ne vais pas comparer les deux romans que j’ai lus de cette autrice mais j’ai noté que la musique fait parti de ses thèmes de prédilections… d’autres thèmes ressortent tels que : la famille, la vieillesse, la deuxième chance…

Ce roman m’a bien fait rire car Charlye Ménétier McGrath joue avec la surenchère de situations cocasses ou caricaturales. Mais comme souvent on rit pour ne pas pleurer, il y a des nombreux sujets graves qui sont abordés. On a tous un petit quelque chose des personnages dépeints avec tendresse car ils sont très proche de la réalité.

Ce que j’ai aimé c’est  qu’à la fin tout c’est pas résolu, mais en bonne voie.

Le roman se passe pour un peu plus des trois  quarts le te temps d’un week-end, c’est donc très intense.  Le passé va s’inviter dans scènes de souvenirs soit c’est un personnage qui se remémore des souvenirs heureux ou pas, d’autres souvenirs vont être partagés avec les personnages dans le présent.  Les secrets de famille ne sont pas tous dévoilés au reste des personnes présentes.

Famille je vous aime/ famille je vous hais, secrets de famille…

J’ai beaucoup aimé comment Charlye Ménétrier aborde le sujet de  la vie de femme au foyer  et le féminisme.

Ce roman aborde des sujets très actuels autour de « combats » menés par la jeunesse par exemple autour du climat. Au début de cette chronique je vous ai dit qu’il était question de « petits vieux » rock & roll mais on va vite se rendre compte qu’il est question aussi de la place de la jeunesse. Il y a des conflits intergénérationnels mais aussi des passerelles qui vont se former. Nous avons tous les âges donc des préoccupations très différentes qui en fin de compte vont se rejoindre. Je vous laisse découvrir les « combats » de chacun.

Un très bon roman qui aborde des sujets graves avec des notes d’humour pour faire avancer les choses dans une certaine positivité.

Pour ceux qui ratent les macarons, ce roman va vous agacer… Ahahah ! Pour ceux qui aiment en manger vous aller avoir envie d’en faire ou de vous en procurer !

Alignement des planètes !

A bientôt…

QUI EN PARLE ?

JANGELIS

La commissaire n’aime point les vers

Georges Flipo

Folio,  oct. 2021, 304 p., 8,10 €

Éditions de la Table Ronde, 2011, 300 p.

Dans ma médiathèque il y a…

Cercle littéraire médiathèque

4e de couv. :

Un clochard, sosie de Victor Hugo, assassiné devant l’Académie française ; un sonnet érotique attribué à Charles Baudelaire… comme si la commissaire Viviane Lancier n’avait pas assez de problèmes, entre son ex qui la persécute et ses régimes, qui la martyrisent, sans devoir en plus se soucier de littérature! Heureusement, son nouveau lieutenant, Augustin Monot, aussi ahuri et gaffeur que séduisant et cultivé, finira par motiver la commissaire dans une enquête corsée, pleine de meurtres et de rebondissements…

Mes impressions de lecture :

Je vous vois sourire ceux qui me suivaient. Il y a quelques semaines je vous présentais « La commissaire n’a point l’esprit club » qui était ressorti aussi chez folio. Je râlais un peu parce que j’aime lire les romans dans l’ordre de sortie car l’auteur glisse toujours des références aux tomes précédents. Maintenant que j’ai lu les deux seules enquêtes publiées je râle parce qu’il n’y en a pas d’autre prévue. Ce roman a 10 ans et à l’époque je suis passée à côté, alors merci pour cette réédition qui m’a fait connaître cette terrible commissaire.

J’avais remarqué que le tome précédent me faisait penser à deux romans récents que j’avais lu. Eh bien ce deuxième fait écho à une autre lecture de la rentrée « La muse ténébreuse de Charles Baudelaire ». Voilà que dans cette enquête il y aura des références aux poèmes sulfureux de Charles Baudelaire.

Cette première enquête d’Augustin Monot auprès de la commissaire Viviane Lancier ne va pas se déroulé comme prévue. Si le personnage principal c’est Viviane c’est pourtant Augustin qui sera le plus tenace.

Augustin Monot est un bleu, tout juste sorti de l’école de police il n’a aucune expérience et en plus c’est un littéraire. C’est lui qui va découvrir le clochard agressé et par son intervention va faire rentrer cette affaire dans l’équipe de Viviane. Mais celle-ci n’en veut pas, elle a d’autres chats à fouetter, alors elle le laisse se faire la main sur cette enquête. De temps en temps elle le recadre. Cependant Monot est idéaliste et il va ouvrir une véritable boîte de Pandore et ils vont vite être dépassés par les évènements.

On va avoir des scènes surréalistes, des rebondissements inattendus. Les journaux vont s’en mêler et donc les hauts gradés… jusqu’au ministre.

Augustin va se révélé très communiquant et il va se faire repérer par la « dircom » de la police. Il passe bien à la Tv et il pourrait donner une nouvelle image de la police. Une vrai peste cette Priscilia Smet, elle a les dents longues ! Je réalise que les noms et les prénoms ne sont pas anodins dans cette série. Il va être beaucoup question de communication et Georges Flipo va jouer avec les mots pour notre grand plaisir.

On a donc un contraste physique entre Viviane et Monot, mais aussi dans la façon de fonctionner, elle est négative alors qu’il est positif, elle se prend les pieds dans le tapis alors qui plane au-dessus de tout cela. On a le fameux duo l’expérimentée et le naïf.

On va avoir droit à tous les types de régimes alimentaires, qu’elle essai en vain car il y a toujours une contrariété, une catastrophe qui  la replonge dans les barres de mars. Une belle critique des journaux féminins et du diktat de la minceur.

Si je mets en avant le côté ironique, grotesque et drôle c’est parce que c’est ce qui m’attire dans ce genre d’enquête. L’intrigue policière est intéressante car elle se complexifie au fur et à mesure que les crimes et délits se multiplient. Il va y avoir danger et Viviane et Monot ne vont pas en sortir indemnes.

Ceux qui connaissent Paris vont se régaler à les voir déambuler que ce soit du côté des champs Elysées ou quai Conti, entre autre… Une balade qui n’est pas de tout repos !

Cher monsieur Flipo j’espère que vous allez nous raconter d’autres aventure de Viviane Lancier car j’ai passé un bon moment de détente…

Voir aussi

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

Une Partie de chasse

Agnès Desarthe

Éditions de l’Olivier, 2012, 156 p., 16,50 €

Existe chez points

Cercle Littéraire de la médiathèque

4e de couv. :
Au cours d’une partie de chasse, un homme tombe dans une galerie souterraine. Tristan est désigné pour rester sur les lieux tandis que les autres iront chercher du renfort. Mais les secours n’arrivent pas et la tempête se lève. Une longue attente commence. Tout en essayant de soutenir moralement celui qui s’est blessé en tombant (et dont il se sent si loin), Tristan se remémore la suite des événements. Il revit sa rencontre avec sa femme Emma, l’évolution de leur relation. C’est elle qui l’a convaincu de partir chasser, pour que les autres l’acceptent dans le cercle des hommes. Il repense aussi à sa mère malade dont l’image le hante encore aujourd’hui, au petit garçon docile qu’il était alors à son chevet. Et lui, qui a toujours plié sous la volonté des femmes, interroge enfin la place de son propre désir.

Anecdote de lecture :

Depuis des années j’achète des romans de cette autrice. Lorsqu’elle est venue près de chez moi je suis allée la rencontrer et je lui ai dit, ce qui l’a bien fait rire. Ce jour-là j’ai acheté et lu un de ses romans jeunesses « Frrrintek ». Il était temps que je livre un de ces romans adultes.

Je devais lire un roman pour le cercle littéraire de la médiathèque et j’ai oublié d’en emprunter un. Il me fallait donc trouver un roman qui soit chez moi et à la médiathèque.

Mes impressions de lecture :

Le roman débute par une scène surprenante qui peut déstabiliser le lecteur, mais on découvre que selon la focale les mots veulent dire une chose ou une autre.

On découvre ensuite un jeune homme qui  fait sa première partie de chasse avec trois voisins. Il n’est vraiment pas dans son élément. C’est sa femme qui désire qu’il s’intègre à la gente masculine du village. Son couple semble avoir perdu la passion et il veut tout faire pour reconquérir sa femme.

On sent la tension et la violence qui règne, l’appel du sang, j’avoue avoir pensé au film « délivrance » à ce moment là !  Il faudra attendre les trois quart du roman pour que le personnage principal comprenne. On sent que cela va mal finir.

Agnès Desarthe à tendu plusieurs fils de chaîne et en tissant la trame on aura une image plus claire de qui sont les personnages et ce qui est en jeu. Ainsi nous avons le présent avec cette partie de chasse, le passé avec les souvenirs des personnages et surtout ceux de Tristan, tantôt en monologue intérieur tantôt en racontant à l’autre, puis il y a un dialogue intérieur entre Tristan et le lapin de garenne. Et les trois fils se lient et se délient, parfois il  y a des nœuds.

Ces différentes trames narratives jouent une partition avec des contrepoints.

Ce que j’ai aimé ce sont les mots ou idées qui lient les différentes conversations. Par exemple il est question de boue dans le présent et bien lorsque cela renvoi aux souvenirs on parlera de boue au sens figuré. Ou encore il pleut et cela renvoi à un souvenir de pluie. Il ya ainsi des passerelles qui se créent entre toutes ces histoires.

Les dialogues intérieurs entre le lapin et Tristan traitent entre autre de vie et de mort, de sexualité et de reproduction, de sentiments et de consciences, animalité et d’humanité chacun a son ressenti et son point de vue en fonction de qui il est.

Un accident va se produire et faire basculer l’histoire. Les cartes vont être rebattues, le groupe va se scinder. Au niveau de l’espace on a un jeu entre intérieur et extérieur entre le lapin et Tristan, puis Tristan et un des personnages et les deux autres aussi intérieur et extérieur. L’intérieur/extérieur c’est aussi au niveau des conversations, tout n’est pas dit verbalement. Cela crée une certaine dynamique.

Un nouvel événement vient compliquer les choses. L’extérieur c’est aussi ce qui se déroule dans le village. Là aussi il y a une partie intérieure et une partie extérieure.

J’ai bien aimé le personnage de Tristan, il a un côté « lunaire » et naïf, avec ses pensées magiques « s’il vit tout va s’arranger »…

De nombreux rebondissements vont avoir lieu l’espace d’une journée. Et on a des surprises jusqu’à la fin.

Un roman que j’ai lu dans la même journée car je voulais savoir le fin mot de l’histoire.

Il me reste encore des romans à lire !

Vengeance Haute Couture

La vengeance secrète de Tilly

Rosalie Ham

HarperCollins, coll. Mosaïc, , 2016, 313 p., 18,90 €

Existe chez Pocket 7,50 €

Cercle littéraire de la médiathèque, Dans ma médiathèque il y a…

Club de lecture Auf

vengeance

4e de couv.

1951. Tilly Dunnage est de retour. Chassée de sa petite bourgade de l’outback australien lorsqu’elle était enfant, elle est devenue une élégante jeune femme et une couturière de génie, pour qui le style et le chic de Paris n’ont plus aucun secret.
Sa revanche, elle la tient. Elle suscite le désir des hommes et l’envie des femmes. Celles qui la méprisent, aujourd’hui encore, veulent à tout prix ses conseils et ses robes. Alors Tilly coud. Tilly coupe. Mais, en secret, Tilly prépare le grand finale qui vengera son enfance blessée et lui rendra sa dignité.

A chronique :

Le texte original date de 2000. L’histoire se déroule en 1951 (on parle de la publication de « L’attrape-cœur de Salinger ) en Australie, il est fait référence à une robe créée par YSL en 1957 (« lys noir » erreur de documentation ?). C’est un roman qui a eu des prix et dont on a tiré un film en 2015  « haute couture » avec Kate Winslet qui semble avoir une autre portée (plus punchy). Le titre original « The dressmaker » « la couturière » est plus près du texte. Ce roman porte aussi un autre nom « la vengeance secrète de Tilly ». Le mot vengeance  dans le titre français est de trop à mon avis, il donne un côté sensationnel.

Le personnage principal est une jeune femme d’une trentaine d’année qui revient dans son village où elle a vécu des choses douloureuses. Elle sait qu’elle n’aura pas un accueil chaleureux, alors pourquoi revenir ? Se venger comme le suggère le titre ou autre chose, il faut attendre pratiquement la fin du roman pour le découvrir…

On va la voir vivre des épreuves, elle fait tout pour se faire accepter… y arrivera t elle à travers ses talents de couturière.

Ce qui est intéressant dans ce roman c’est la satire sur ce microcosme reflet d’une société et la forte présence féminine. Il y a Elsbeth qui mène sa famille progressivement à la ruine depuis son domaine, Il y a l’épicier qui détient l’argent et les reconnaissances de dette de la grande famille, il y a le politicien qui abuse de son pouvoir pour avoir une emprise sur les femmes, le pharmacien qui détient des potions et connaît les secrets intimes de la population. Il y a la postière qui espionne tous les courriers, elle aussi détient des secrets. Il y a la famille pauvre que l’on méprise mais dont on a besoin, eux ne profitent pas du pouvoir qu’ils ont dans leur main. Tilly elle a le pouvoir entre les doigts celui de créer des vêtements qui peuvent sublimer les femmes et les connaître dans l’intimité.

Il y a tout le côté sexuel avec la thématique de la virilité, de la fidélité, des apparences. On est dans les années 50 dans un bled perdu de l’Australie on se doute que l’épanouissement sexuel n’est pas une priorité.

Le côté original c’est tout ce qui touche à la haute couture. Le roman se divise en plusieurs parties qui portent le nom d’un type de tissu avec une définition. Pour ceux qui aiment la couture vous allez être gâtés par tous les termes liées à la haute couture. Les vêtements créés sont détaillés avec des termes techniques et des références aux grands couturiers.

Nous avons un personnage atypique de cette époque. Le chef de la police confectionne ses vêtements et s’habille en femmes chez lui. Là on aborde le côté apparences et des non-dits.

Rosalie Ham va jouer avec les défauts majeurs des habitants et des femmes en particulier Méchanceté, hypocrisie, luxure, frustration,  orgueil, leur vanité vont le mener au ridicule, voire plus. Je crois qu’on retrouve tous les péchés capitaux et véniels.

Il est beaucoup question de corps, leurs imperfections, leur souffrance et leur sensualité… de corps qui porte la vie et corps qui va vers la mort.

On rit parfois car il y a des scènes et des situations cocasses et grotesques.

Il y a la thématique de l’identité on verra notamment deux personnages qui changent de nom comme pour changer de vie. Il y a des questions d’hérédité, de transmission…

Mon petit bémol c’est le rythme narratif qui n’est pas soutenu. La mise en place des personnages est un peu lente. Il y a des passages un peu « décousus » qui donne une impression de patchwork c’était peut-être volontaire mais cela m’a un peu perturbé au début. Il y a des bribes de souvenirs qui viennent s’insérer. Nous aurons des réponses au cours du roman, notamment en se qui concerne la folie de la mère.

Je vous laisse découvrir…

Dans la même thématique je vous conseille :

« Une robe couleur de vent » de Sophie Nicholls

Article précédemment sur Canalblog

Sucre noir

Miguel Bonnefoy

Éditions Rivage, août 2017, 19,50 €

Lu pour le club de lecture d’Auf et le cercle littéraire de la médiathèque.

sucre noir

4e de couv. :

Dans un village des Caraïbes, la légende d’un trésor disparu vient bouleverser l’existence de la famille Otero. À la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l’ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l’héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d’autres horizons.
 Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, et qu’elle distille alors à profusion le meilleur rhum de la région, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument. 

Mon billet :

Un roman surprenant qui débute par un événement presque surréaliste avec ce bateau posé sur la canopée amazonienne. De cet événement originel vont découler bien des folies. Cela m’a fait penser aux conquistadors du film  « Aguire la colère de Dieu ».

Un commandant qui devient et entraine dans sa chute son équipage. Ce trésor maudit va hanter bien des vies. Il s’en dégage une atmosphère létale. C’est comme si ce trésor faisait ressortir la cupidité cachée au fond du cœur de certains.

La folie de l’or va conduire certains vers la perte de leur âme. C’est presque comme une épreuve pour les cœurs purs. Qui va se laisser corrompre l’âme ? On a un parallèle qui est fait dans la recherche du bonheur dans ce cas aussi certains peuvent se perdre.

On va surtout suivre les parcours de Serena et  Severo. Elle, elle cherche l’éveil de l’esprit et du corps, lui, cherche ce trésor maudit mais chacun va dévier l’autre de sa quête, du moins momentanément.

Ce qui m’a frappé dans cette histoire c’est la notion (distorsion ?) du temps.

Le temps d’inaction sur le bateau. Ces hommes qui passent des mois sans tenter de partir comme si le trésor les aimantaient.

Trois cent ans séparent les deux périodes de cette narration.

Puis dans l’histoire des familles Otero-Brancamonte on a parfois des scènes ou le narrateur dit par exemple pendant 20 ans ils vont faire cela, puis on revient au présent alors on ne sait plus si des jours, des mois ou des années sont passés. On a des références tel que la TSF, le détecteur de métaux, la Ford T, la première guerre mondiale, la photographie,  la mise en place de la poste etc. et en même temps ce lieu semble coupé du monde et du temps.  L’Andalou et le photographe sont les seuls apports extérieurs. Ils ne vont jamais à la capitale et l’Etat ne vient pas à eux, pourtant ils tiennent leurs comptes et vivent dans une structure administrative.  En lisant ce roman je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour « le vieux qui lisait des romans d’amour » de Sepulveda.

Il faut attendre la génération suivante pour qu’Eva Fuego offre une horloge à la ville : « Ce fut à la même époque que l’on installa la première horloge sur le fronton de la mairie, afin que le temps ne soit le privilège de personne » p.185

Il y a une accélération du temps à partir du moment où apparaît Eva Fuego. C’est comme si les incendies  jouaient  un rôle d’accélérateur  qui met le feu aux poudres et se propagent et détruisent tout.

J’ai bien aimé le personnage de Serena dont on ne sait pas si elle vie dans sa bulle ou si elle passe à côté de sa vie ou si au contraire elle sait prendre les trains en marche.  Le fait qu’elle lise les livres sans en connaître la fin, et tout particulièrement celui de « Madame Bovary » je trouve cela très significatif.

Serena n’est pas aussi sereine que le laisse présager son prénom. Severo n’a rien de sévère. Il n’y a que Eva Fuego qui porte bien son prénom peut-être parce qu’il lui a été donné dans des circonstances particulières.

La fin nous laisse songeurs, le trésor ne se révèle qu’à certaines personnes. Il brûle les esprits si on ne sait en faire bon usage.

Ce roman me laisse un peu perplexe il y a un côté elliptique qui rend la lecture assez rapide et dynamique,  cependant on sent qu’il y a matière à un roman plus dense et plus étoffé, les personnages ne demandent qu’à être plus développés, les relations entre caractère et rôle en fonction du sexe sont au stade de l’ébauche.  Est-ce parce que « cent ans de Solitude » hante mon esprit ?

RL 2017

Article précédemment publié sur Canalblog