Le soldat désaccordé

Gilles Marchand

Éditions Aux Forges de Vulcain, août 22, 208 p., 18€

Mes lectures Aux Forges de Vulcain

Rentrée littéraire automne 2022

4e de couv. :

Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.

Anecdote de lectrice :

Entre le moment où je choisi mes livres et le moment où je les lis tant de choses peuvent se passer ! Cet été j’ai lu « Le dernier vol » d’une histoire qui se déroulait dans les années 20 roman écrit avant 1930. J’avais été surprise par la présence de gueules cassées et cette jeunesse complètement fracassée par la première guerre mondiale alors qu’on était dans des décors un peu glamour (c’est même devenu un film hollywoodien). Et puis il y a ce personnage lunaire de la « fille de la lune » entre fantôme et dame rêvée… Puis j’ai enchaîné avec des romans où les personnages avaient besoin de croire en leurs rêves pour survivre et de la présence onirique. Et voilà qu’en commençant ce roman j’avais l’impression qu’un fil d’Ariane les reliaient… Bien sûr ce roman m’a fait me remémorer « Au revoir La-haut » de Pierre Lemaître qui nous avait plongé dans cette période trouble. Chaque roman est complémentaire et permet de nous construire une image mentale de ce début de XXe siècle.

Mes impressions de lecture :

Quel plaisir de retrouver la plume de Gilles Marchand et son univers où le passé et les souvenirs ont une place prépondérante. Nous sommes dans les années 1920-30 tout en étant pendant la première guerre mondiale.

J’ai beaucoup aimé le personnage principal et narrateur avec ses troubles, ses émotions, ses fêlures. Chercher la trace des autres c’est un peu se trouver lui aussi et mettre des mots sur ce qu’il a vécu.

Ce que j’aime chez Gilles Marchand c’est ce côté Pierrot lunaire avec la part d’amour et d’onirisme. Il nous parle de belles histoires d’amours qui vont au-delà des apparences.

Gilles Marchand a su nous envouter dans ses éclats de vies éclatées. Comme des milliers de miroirs brises dont les facettes  éclairent des fragments d’existences. Poésie et musique sont toujours là pour sublimer la narration.

Vous l’aurez compris c’est un beau coup de cœur de la rentrée.

J’ai beaucoup aimé découvrir l’histoire du narrateur au fur et à mesure que son enquête progressait. Il n’y a pas de degré de souffrance, elles sont juste différentes.

C’était beau de voir comment les hommes du quotidien peuvent créer des réseaux humains qui vont au-delà des frontières.

Il y a un moment dans l’histoire qui m’a rappelé quelque chose que j’avais ressenti il y a quelques années en lisant « La demoiselle Tic-Tac » de Nathalie Hug (seconde guerre mondiale), un coup français et un coup allemand, les habitants de l’Alsace-Loraine étaient dans une drôle de situation. Ce n’est pas sans rappeler d’autres cas plus récents.

Au moment du centenaire 14-18 j’ai eu plusieurs lectures qui m’ont apporté des éclairages sur cette époque et c’est intéressant d’en retrouver dans ce roman. Par exemple il est fait mention de la consommation de vin pendant las guerre et après. Je vis dans une région où la viticulture a pris un nouvel essor à cette époque avec construction de caves coopératives car il fallait fournir l’armée en vin bon marché.

Gilles Marchand nous propose une petite bibliographie pour aller plus loin des la partie documentée, pour aller aux sources.

Une nouvelle fois Gilles Marchand a su nous proposer une histoire forte au cœur de l’Histoire.

Quand à l’illustration de la couverture elle pose une ombre sur les milliers de tombes aux stèles blanches.

Je vous laisse découvrir à l’aune de votre propre histoire.

Je remercie les Éditions aux Forges de Vulcain de leur confiance.

Sur ce Blog vous pouvez retrouver

Une bouche sans personne

Un funambule sur le sable

Des mirages plein les poches

Requiem pour une apache

CHALLENGE VLEEL SUR INSTAGRAM « auteur réçu »

Désert noir

Adrien Pauchet

Éditions Aux Forges de Vulcain, oct 2020, 540 p., 19 €

4e de couv. :

Paris. Une pilule mystérieuse fait vaciller la capitale. Elle permet, à celui qui la consomme, de revoir les êtres chers qu’il a perdus.
Jocelyn est un jeune flic. Après une intervention désastreuse, il intègre l’équipe qui a pour mission de démanteler le trafic de cette nouvelle drogue. S’engage alors une course poursuite où dealers déchus, policiers, mafieux, assassins et innocents, cherchent la source du produit miracle, qui permet d’ouvrir la porte du royaume des morts.
Mais est-il possible de sauver une société qui ne veut pas l’être ?

Mes impressions de lecture :

J’ai lu il y a plus de 3 ans le premier volet de cette histoire « Pills nation ». Je n’ai pas eu le temps de le relire et je me suis rendu compte au fur et à mesure que je m’en souvenais bien, signe que c’est un roman marquant et celui-ci est dans la même veine.

Peut-on lire directement celui-ci ? je suppose que oui mais il y a beaucoup de subtilités qui vous manqueront. Pour bien faire je vous dirais plutôt d’enchainer les deux volumes.

Ce deuxième épisode fait suite aux découvertes macabres et aux événements tragiques qui ont eu lieu dans le premier roman.
On découvre petit à petit ce qui arrive aux survivants, car en fait tout n’avait pas été résolu dans la première partie.
Ce qui peut surprendre ce sont les différents changements de scènes, pour suivre certains personnages à des moments clés. Certaines scènes « oniriques » intimes, ses voyages intérieurs.
On peut lire ce roman comme un roman policier avec les enquêtes et la vie des différents protagonistes. J’ai été happée par tout ce qu’ils vivent et les conséquences de ce qu’ils ont vécu précédemment. J’ai aimé retrouver certains personnages et découvrir de nouveaux.
Mais il y a d’autres niveaux de lectures. J’ai notamment été intéressé par la place de la ville, Paris en l’occurrence, et de tous les changements qu’elle vit. Les bouleversements et les mutations urbaines, inversions. Le point central qui a attiré mon attention c’est de voir le 36 quai des orfèvres  passer aux Batignoles. Ses nouveaux bureaux et leur toit végétalisé. On retrouve cette idée sur la couverture avec cette chute à l’envers.
Changement d’époque. Changement dans la continuité car le crime continu et la guerre des services aussi.
Il est encore beaucoup question de mort et d’au-delà avec cette impression de vie parallèle ou psychique.
J’ai beaucoup aimé les différentes écritures, article de journal, procès verbal et certains passages avec une mise en page particulière pour encore mieux faire vivre ce que ressentent les personnages.Il y a une part de SF avec le personnage d’Emma et ses pouvoirs.
Je vous laisse découvrir d’autres aspects qui vont attirer votre attention.
Ce roman au rythme effréné. Les seuls moments de pause seraient les « voyages ».
On retrouve aussi la thématique de la famille, puisqu’on est dans la continuité de la première partie, je ne développerais pas.
Vous l’aurez compris j’ai adoré cet univers sombre.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain de leur confiance.

Et j’abattrai l’arrogance des tyrans

Marie-Fleur  Albecker

Éditions Aux Forges de Vulcain, 2018, 199 p., 18 €

Mes lectures aux Forges de Vulcain

tyrans

4e de couv. :

En 1381, la grande peste et la Guerre de Cent ans ont ruiné le royaume d’Angleterre. Quand le roi décide d’augmenter les impôts, les paysans se rebellent. Parmi les héros de cette première révolte occidentale : John Wyclif, précurseur du protestantisme, Wat Tyler, grand chef de guerre, John Ball, prêtre vagabond qui prône l’égalité des hommes en s’inspirant de la Bible. Mais on trouve aussi des femmes, dont Joanna, une Jeanne d’Arc athée, qui n’a pas sa langue dans la poche et rejoint cette aventure en se disant que, puisque l’on parle d’égalité, il serait bon de parler d’égalité homme-femme…

Ma chronique :

« Et j’abattrai l’arrogance  des tyrans » est un titre qui nous indique clairement de quel côté de la barrière va se trouver notre héroïne.  Johanna une femme au moyen âge en Angleterre va se retrouver emportée par sa conscience dans cette révolte des paysans, serfs. La révolte et la soif de justice est déjà en elle.

La narration va de Johanna, donc de l’individu à la collectivité, ce va et vient de particulier au général fait écho au mouvement social et physique. On va suivre cette femme qui se lance dans l’aventure où nul ne se rend vraiment compte de ce qui va advenir, ils vont se laisser déborder par les événements. Cela part d’une injustice qui concerne la liberté d’aller travailler où l’on veut. Au temps du servage c’est inconcevable. Il y a toute une hiérarchie féodale qui gère la vie des hommes et des bêtes. La grogne va toucher aussi les impôts trop importants.

En chemin elle va rencontrer des hommes dont le nom va passer à la postérité comme John Ball. A ce sujet je vous conseille de voir un autre point de vue complémentaire sur cette période dans « John Ball » de William Morris publié aussi aux Forges de Vulcain.

Johanna est un personnage fictif, mais de toute façon aucune femme n’a laissé de trace de cette période là.

Marie-Fleur Albecker ni va pas avec le dos de la cuillère, elle est plutôt du genre incisif, la fourche  est plus appropriée pour symboliser la paysannerie et la révolte. Le langage est plutôt actuel, elle nous plonge dans ces années là avec la langue d’aujourd’hui pour rendre plus parlant les questionnements des ses hommes et femmes. Elle utilise des images très significatives et des expressions très fleuries. Elle emploi une langue acérée mais très travaillée.

C’est un roman dans la lignée de certains romans de la maison d’édition « Aux Forges de Vulcain ». Des gens à la croisée des chemins qui revendiquent leur façon de voir la société en employant les grands moyens.  L’humour provocateur et satyrique renforce le côté iconoclaste.

Je me suis régalée, ce mélange  de provocation par la langue et de travail documentaire qui crée les fondations de cette histoire. Elle donne le droit à une femme du « peuple »  de penser,  sans en faire une copie de Jeanne d’Arc bien  au contraire.

Johanna s’inquiète de cette petite voix intérieure qui la pousse à vouloir une meilleure vie. Une femme qui exprime les pensées est vite taxée de sorcière. Ce roman met l’accent sur les barrières mentales qui cloisonnaient les gens.

Il y a le village puis le chemin,  l’immobilisme et le mouvement, dans tous les sens physique et moral. On passe de l’isolement et la population maintenue dans l’ignorance et dans un lieu retreint vers la sortie de sa « zone de confort  autorisée» pour aller vers l’autre, et vers d’autres façons de penser l’avenir.

Dans la structure de la narration on retrouve ce crescendo  de quelque chose de spontané vers quelque chose de plus structuré. J’ai trouvé intéressant que Johanna fasse le distingo entre la révolte et la révolution.

On découvre aussi la géographie de l’Angleterre de l’époque, c’est très visuel, Marie-Fleur Albecker nous remet dans le contexte avec la place de Londres, de la Tamise et des difficultés pour atteindre le but physiquement. Elle sous resitue aussi le contexte politique et la place de chaque personnage politique de l’époque. Où aller et à qui s’adresser…

Ce que j’ai beaucoup aimé ce sont ces digressions qui donnent un plus à la narration .

Je vous laisse découvrir ce roman passionnant et dynamique qui donne  envie de bouger et de s’exprimer.

Je remercie les Éditions Aux Forges de Vulcain pour leur confiance. Elles viennent de fêter leurs  8 ans d’existence et sont toujours aussi remarquables.

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Article publié précédemment sur Canalblog

Pills Nation

Adrien Pauchet

Éditions Aux Forges de Vulcain, oct 2017, 333 p., 18 €

Mes lectures Aux Forges de Vulcain

Challenge The Black November

Pills nation

4e de couv. :
Paris, de nos jours, la canicule. Une nouvelle drogue, l’Orphée, fait croire à ceux qui la consomment qu’ils peuvent revoir leurs morts. Dealers et flics, jeunes et vieux, riches et paumés vont être embarqués dans une enquête en forme de descente aux enfers dans la moiteur étouffante de la capitale.
Paris, de nos jours, la canicule. Le taux de mortalité grimpe, à mesure que monte l’angoisse : les plus âgés ne sont pas seuls à mourir. Une drogue étrange et hors de prix, l’Orphée, fait croire à ceux qui la consomment qu’ils peuvent revoir leurs morts. L’ensemble de la société s’effondre. Mais un dernier rempart improbable se dresse : Caroline, capitaine de police, elle-même consommatrice de la drogue miracle. Qu’est-ce qu’Orphée ? Qui la fabrique ? Pourquoi ? Dealers et flics, jeunes et vieux, riches et paumés vont tous être embarqués dans une enquête en forme de descente aux enfers dont le rythme effréné est rendu délicieusement douloureux par la moiteur étouffante de la capitale au soleil de plomb.

Bon billet

J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge The black November organisé par Séverine Lenté sur Facebook. Ce petit challenge avec contrainte est très stimulant. Cette semaine, passée, c’était « lire un auteur français », alors autant faire connaître un premier roman !

C’est un roman bien mené qui nous faire nous balader dans Paris. Nous allons suivre des personnages confrontés aux ravages d’une nouvelle drogue. Une drogue qui permet d’entrer en communication avec les morts qui nous sont proches.

Adrien Pauchet ne fait pas dans le manichéisme avec d’un côté les bons et de l’autre les truands. Ce serait plus « nul n’est innocent » et nous sommes tous tributaires de secrets et d’un lourd passé.  Il y a quelques personnages déjà bien « allumés » sans prendre de drogue !

L’intrigue se complique quand on comprend que même les policiers ne sont pas clean. Il y a différents types de zones de non droit. Des morts suspectes, des policiers au comportement douteux, d’autres aveuglés par leur loyauté vont se retrouver dans des situations compromettantes. Des compromis, des arrangements, des associations de malfaiteurs vont se créer. Le souci avec ce genre de problématique c’est qu’on fini par se demander jusqu’à quel niveau les  instances sont impliquées. Ajoutez à cela  des gens de l’est, des serbes et des immigrés africains et on a le côté cerveau brûlé.

Le clan, la famille, les amis et les concurrents tous entrent en rivalité et d’entre tuent dès qu’il y a de l’argent et du pouvoir à la clé.

Chaque personnage à ses forces et ses faiblesses…  on ne peut pas dire que j’ai été touchée par l’un ou l’autre sur tout le roman, mais sur certaines situations on cherche à les comprendre.

On a donc une capitale, de l’alcool et de la drogue, des morts violentes, des morts suspectes, la pression de la presse… De l’action et des rebondissements tiennent en haleine le lecteur, car chaque clan croit détenir des atouts, d’autres savent bluffer… Qui craquera le premier  ?

Si ce roman avait été publié chez n’importe qu’elle maison d’édition, je me serai arrêté au côté récréatif de ce genre de lecture. Se faire peur en restant à l’abri. Se laisser prendre au jeu de l’auteur avec les dialogues et les interactions entre les personnages. Se laisser prendre par les rebondissements et le suspens.

Mais un roman publié Aux Forges de Vulcain cela allume quelques capteurs de signaux d’alarme. C’est leur premier roman dans la catégorie polar/policier/thriller (j’ai du mal avec les étiquettes et les frontières)

Je me suis donc  interrogée sur les motivations plus profondes qui entrent dans la ligne éditoriale de cette maison d’édition indépendante. Cette histoire est un reflet de la société avec le pas de côté de la fiction.

Ceci n’est que mon interprétation, mes déductions n’engagent que moi !

Ce roman montre une société qui a un souci avec la mort. La canicule de 2003 a mis en évidence un dysfonctionnement dans les relations humaines, la société française qui a cultivé l’individualisme à outrance a découvert qu’on pouvait mourir seul dans son appartement sans que personne ne s’en rende compte. Ce qui rendait cela encore plus ironique c’est que c’était pendant les grandes vacances estivales. L’éclatement de la famille et la distance entre les différentes générations on été accusées.

L’ acceptation de la mort dans nos sociétés industrielles/technologiques est in-envisageable. A force de nous parler des avancées médicales et la mise à l’écart (dans des structures) des gens en fin de vie, on a du mal à faire son deuil et à laisser partir nos morts en paix.

Il y a aussi la vieille idée catholique qui dit qu’on retrouvera nos êtres chers dans l’au-delà. On a beau  ne plus être dans une France bigote, les gens on gardé les idées qui les arrangeaient. Alors si dans votre chagrin des premiers temps on vous donnait une gélule qui vous permettrait d’entrer en communication avec les défunts beaucoup feraient l’expérience et plongeraient tête la première dans cette solution chimique. Et le « je voudrais partir avec lui/elle » a de grande chances de se réaliser !

L’aspect eugénisme  et manipulation génétique viennent s’imbriquer dans le côté futuriste des publications  Aux Forges de Vulcain. Que fait-on de la planète et de l’humain ? La couverture de ce roman représente pour moi l’humain a qui ont fait avaler quelques pilules qui sont sensées arranger les choses ou les masquer et pas qu’au niveau médical. Ici l’auteur n’implique pas les laboratoires pharmaceutiques il nous montre un côté marginal, ce qui n’empêche pas le lecteur de l’imaginer.

Ce qui m’a beaucoup intéressé, c’est le thème de la famille (que l’on retrouve dans cette maison d’édition). On y retrouve des variantes sur la trahison et l’éclatement. Toute cette déliquescence ne peut conduire qu’à la violence et la chute. L’amitié à la vie à la mort  une nouvelle fois se conclue assez dramatiquement.

Abus de pouvoir au sein de la famille, des clans ou des institutions judiciaires rien de nouveau sous le soleil. L’argent n’est pas très loin…

Aux Forges de Vulcain ont aussi des sujets qu’ils aiment traiter comme la mixité, les classes sociales et l’intégration du handicap. Les souffrances physiques et morales sont capables de vous faire faire bien des choses.

Ce roman ne nous aide pas à nous améliorer mais il pointe le doigt sur des dysfonctionnements. De la société à l’humain il y a du chemin à faire !

Merci d’avoir lu mes extrapolations…

Je remercie les Éditions Aux Forges qui ont répondu à mon appel…

vulcain
RL 2017

Article précédemment publié sur canalblog