Malena, c’est ton nom

Anne-Christine Tinel

Éditions Elyzad, sept 2022, 315 p, 21,50 €

Masse Critique Babelio / Éditions Elyzad

4e de couv. :

Une jeune femme fuit l’Argentine et sa dictature. C’est la France qui va l’accueillir, où, réfugiée politique, elle goûte peu à peu au bonheur avec Arnaud dans le Sud. Mais est-ce le fil de sa vie qu’elle poursuit là ? Pourquoi Malena ne parle-t-elle jamais de son passé ? Quels tourments a-t-elle traversés ? Arnaud tente de percer le mystère de celle qu’il aime. De l’emprise politique à celle de l’intime, il n’y a parfois qu’un pas. Dans ce texte d’une grande force romanesque balayé par le souffle de l’océan Atlantique, Anne-Christine Tinel compose avec brio le portrait d’une femme qui se libère, une héroïne en devenir pour qui l’exil est un chemin vers elle-même, de l’ombre à la lumière.

Mes impressions de lecture :

J’ai découvert ce roman lors de la présentation de la rentrée littéraire par la maison d’édition sur VLEEL.  Quel plaisir de le recevoir pour masse critique Babelio.

Chaque lecteur arrive avec son vécu et ces connaissances. Je fais partie de la génération qui a beaucoup entendu parler dans les années 80 de cette période sombre de l’Histoire de l’Argentine, dans les livres de Langue vivante « Espagnol » dès la 6ième on avait des auteurs et des références à cette période. Je partais donc avec des idées préconçues. Le lecteur qui n’en a jamais entendu parler va avoir un autre regard et faire d’autres découvertes que celles que j’ai faites.

C’est un roman sur l’identité. Qui sommes-nous vraiment ?  Sommes-nous celui que l’autre forge ? Celui dont on donne une image ? De la naissance à la mort on peut avoir plusieurs vies, plusieurs identités… On vit avec des non-dits. On laisse passer suffisamment d’informations  pour qu’on ne nous pose pas trop de questions sur notre jardin secret, ou ce qu’on a refoulé.

La couverture m’avait intriguée, ce tableau célèbre destructuré, reconstruit comme s’il y avait plusieurs arrières plans derrière le premier plan. On retrouve cela dans le texte. Puisque le lecteur va découvrir l’histoire par fragment en essayant de se faire une idée globale de ces vies. L’art jouera un petit rôle dans ce roman…

Dans un premier temps nous assistons au sauvetage d’une femme, cette scène inaugurale interpelle le lecteur, qui se demande qui est cette femme, que lui est-il arrivé, où sommes nous et quand. Nous sommes en 1982 en Italie, puis en France où Malena un argentine a émigré à cause de la dictature en Argentine. L’autrice a choisi d’utiliser le « tu ». Cela continue d’interpeller le lecteur. Ce « tu » est insistant, lancinant, presque accusateur parfois. Ce « tu » dureras sur plusieurs époques tant qu’on est avec le personnage de Malena.

Milena a cloisonné son esprit et refoulé certaines choses, on retrouve cela dans la composition du roman. Lorsque les vannes vont s’ouvrir c’est un véritable raz de marais psychologique.

Lorsqu’on a fini cette longue partie nous avons l’impression d’avoir compris qui était Malena et ce qui lui était arrivé. Mais c’est sans compter sur l’imagination de l’autrice qui a un projet plus complexe.

Nous allons avoir une autre focale et le « tu » disparait pour un il, et découvrir un homme qui n’avait jamais vraiment chercher à savoir qui était sa femme.

Dans une troisième partie un « elle » va apparaitre avec un autre personnage… la clé de l’énigme. Nous allons avoir de nombreuses réponses mais l’autrice a laissé assez de part d’ombre pour que le lecteur comble avec ses connaissances sur cette époque. L’histoire est relancée avec un autre regard. Ce fut une bonne surprise car l’autrice reprend la main. Mais chut !

Chaque lecteur réagira différemment aux  différents rebondissements. Certains comprendront plus ou moins rapidement certaines choses.

C’est un roman poignant sur plusieurs sujets, les sujets qui touchent à la femme sont peut-être plus présents puisque nos personnage principal est une femme.

L’horreur est présente mais c’est parfois plus suggéré qu’explicite c’est donc le lecteur qui va y coller des images et des ressentis. Il y a beaucoup de pudeur, pas de voyeurisme. Par moment on ressent un certain malaise car on nous parle de sujets durs.

Je vous laisse découvrir ce beau roman. J’ai découvert une écriture qui m’a beaucoup plus, j’ai bien envie de découvrir ses autres romans.

En refermant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de penser que le « plus jamais ça » n’est qu’une utopie au regard de l’actualité.

Je remercie Babelio et les Éditions Elyzad de leur confiance.

La forêt ivre

Gerald Durrell

trad Mariel Sinoir révisé par Leila Colombier

Éditions de la Table Ronde, Hors collection, juin 2022, 252 p., 14,50 €

Mes lectures de la Table Ronde

4e de couv. :

Publié en 1956, La Forêt ivre est l’un des premiers livres de Gerald Durrell, qui retrace le voyage du naturaliste-écrivain et de sa femme en Argentine puis dans la forêt du Chaco, au cœur du Paraguay. Après plusieurs mois à observer, capturer et soigner des espèces rares d’animaux, après les défaillances des compagnies aériennes, les nuées de moustiques et autres coups de bec assassins, une révolution les forcera à quitter le pays. Déconvenue qui n’enlève rien à l’aventure, rapportée avec tout le charme et la drôlerie dont Gerald Durrell continuera de faire preuve au fil de son œuvre.

Mes impressions de lecture :

J’avais bien aimé « ma famille et mes animaux » le tome 1 de la trilogie de Corfou alors quand on m’a proposé « la forêt ivre » j’ai eu envie de découvrir cette aventure.

Le titre et la couverture nous plonge dans l’ambiance de ce roman. On y voit Gérald et Jacquie.

C’est un récit dépaysant l’Argentine, le Paraguay… en 1954 c’était toute une autre époque. On suit les mésaventures de l’auteur-narrateur. Il a une façon drôle de présenter les choses. J’aime bien parce qu’il ne se mets pas en avant. « Je peux dire (sans vanité, puisque je n’y suis pour rien) qu’à son arrivée en Angleterre Cai dépassait en force et en beauté tous les douroucoulis des autres zoo. »

Lui et son équipe vont rencontrer des personnages hauts en couleur à chaque étape de ce voyage. Que ce soit l’interprète qui ne pense qu’à dormir, la mère maquerelle qui leur sert de « gouvernante », le menuisier qui semblait vouloir tuer les clous et tant d’autres…

Les moyens de transports sont très exotiques il y a le vieux coucou qui effraie l’interprète (en particulier), l’autovia : des rails étroits et délabrés avec deux vieilles Ford au milieu du Chaco une sorte de marécage…

L’exotisme c’est aussi le vocabulaire local j’ai découvert « el palo borracho » .

Le seul Hic cette expédition a pour but de collecter des animaux pour les zoos, il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Ils s’occupent bien des animaux. J’ai appris des choses à travers les anecdotes que Gerald nous raconte. En fin de volume il y a un message de la fondation Durrell et de ce qu’ils font pour la préservation de la faune. http://www.durell.org

Ce n’est pas un voyage de tout repos pour ces collectionneurs d’animaux.

Un très bon moment de lecture.

Je vous laisse découvrir les multiples péripéties auxquelles ils vont être confrontés.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde de leur confiance.

Challenge 15 k #17. Les mystérieuses cités d’or ; un livre d’aventures, de voyage

Challenge VLEEL « un livre qui invite au voyage et aux vacances »

Challenge #payetonslip

Mille Soleils

Nicolas Delesalle

Éditions Préludes, janv. 2018, 247 p., 15,60 €

Mes lectures Préludes

mille soleils

4e de couv. :

Ils sont quatre, réunis en Argentine par le travail et des passions communes. Vadim le taiseux aime la physique des particules, et le bel Alexandre a installé des panneaux solaires sur les 1 600 cuves de l’observatoire astronomique de Malargüe. Avec ses yeux clairs, Wolfgang est un astrophysicien rêveur, spécialiste des rayons cosmiques d’ultrahaute énergie. Quant au jeune Simon (qui consulte toujours Clint Eastwood avant de se décider), il doit écrire un article sur ces rayons pour le CNRS. Ils ont quelques heures pour parcourir 200 kilomètres de piste et prendre leur avion à Mendoza. Pourtant, en une seconde, leur existence va basculer.
Que faire quand le drame survient et que, du haut d’un volcan, seul le ciel immense de la pampa vous contemple ?

Mon billet :

Il y a un mois je lisais  « le goût du large » du même auteur. J’y découvrais l’auteur et son regard de reporter qui en a trop vu. J’avais aimé sa façon de raconter et de faire avancer sa mémoire et son présent. C’était un mélange de récit et de carnet de voyage.  Alors j’ai eu envie de le découvrir en romancier.

Aujourd’hui, j’ai lu « Mille soleil » et je retrouve ce goût d’ailleurs et de rencontres incroyables. D’hommes et de femmes qui  se surpasse dans des situations extrêmes. Nous avons quatre hommes dans une voiture et une femme sur un vélo qui vont en sens inverse… leur cheminement intérieur aussi est différent. Ils sont tous au milieu de la Pampa argentine. Où un drame les attend !

On a un effet de miroir entre l’espace qui est leur sujet de prédilection et cet espace terrien vaste et dépeuplé.

Chaque chapitre commence avec leur à la minute près ce qui donne d’une part un côté témoignage et d’autre part crée une ambiance anxiogène. Pourquoi cette précision ? Parce qu’il s’agit de scientifiques ? Par que tout est une question de temps ? A quel moment tout va basculer ? Mais sait-on à l’avance que cela va se produire… on guette les indices…

Le fait que l’histoire se déroule sur une journée donne envie de lire le roman d’une traite pour savoir comment tout va se terminer…

Nicolas Delesalle donne la parole à chaque personnage ce qui donne une vue d’ensemble de l’état d’esprit, du caractère de chacun.

Ils ont passé cinq jours ensemble, certains se connaissaient avant, d’autres pas. On ne sent pas une grande sympathie entre eux, chacun a hâte de retourner chez lui.

L’homme est si petit face à l’univers… la couverture nous montre un homme seul au bord du précipice face à l’infinité de la nature… on dirait presque un paysage lunaire.

Qu’est-ce que l’espace et le temps quand un drame survient et  qu’on sort meurtri, blessé ou mort ? Comment survivre ?

Est-ce vrai qu’avant de mourir on voit défiler sa vie ? C’est un peu la sensation qu’on a après l’accident, on entre dans leur tête dans leur intimité…

Ce que j’ai aimé ce sont les digressions de l’auteur qui nous parle des personnages en incluant d’autres comme l’histoire de  Henri Guillemet et St Exupéry, ou  Ernest Shackleton…

Les nombres  viennent parfois rassurer les personnages et donner un aspect concret (ex. p. 97-98).

Il y aura pour certain un avant et un après…  Je vous laisse découvrir la fin de cette longue journée en enfer.

Je remercie les Éditions Préludes pour leur confiance.

Du même auteur sur ce blog :

Le Goût du large

Article précédemment publié sur Canalblog