Un homme seul

Antonio Manzini

Trad. : Samuel Sfez

Éditions Denoël, fév. 2018, 348 p., 20,90 €

Mes lectures Denoël

4e de couv. :

Vous la trouverez à la fin de cette chronique car elle spoile le roman précédent !

Mon Billet :

J’attendais ce livre depuis un an. J’aime beaucoup cette série avec son personnage récurrent le sous-prefet Rocco Schiavone et toute son entourage. De l’eau a coulé sous les ponts depuis que j’ai lu « Maudit printemps ». En commençant « un homme seul » tout m’est revenu d’un coup et notamment la terrible fin de «Maudit printemps ». Ce roman est la suite immédiate pratiquement le lendemain de la tragédie. Alors un conseil ayez les deux livres dans les mains et lisez les à la suite, vous aurez un « combo » gagnant !

Le personnage du sous-prefet  Rocco Schiavone évolue d’un roman à l’autre (c’est le quatrième). Il commence à prendre ses marques après 8 mois à Aoste et son équipe commence à faire partie de sa vie. Rome est/fait  encore une partie de lui. Il  y a encore des attaches : amitiés, souvenirs et passif de flic.

J’ai eu le plaisir de retrouver les petits détails qui font que Rocco est Rocco. C’est fameuses clarks, le fantôme de Marina, le café en terrasse et les relations assez crues avec les autres.

J’ai bien aimé quand Italo lui offre une camel, juste pour montrer qu’il s’inquiète pour lui. Chacun lui envoi un petit signal pour lui montrer qu’il peut compter sur eux. Ex. : Le tableau avec les échelles des « emmerdements selon Rocco ».

Dans la partie qui touche à l’affaire liée à Rocco le lecteur en sait plus que lui sur le coupable, on va donc suivre ses recherches en ayant envie de lui dire fait ceci ou cela…

Dans l’autre enquête qui vient se greffer, celle  qui est liée à la grande enquête de « maudit printemps » on en sait autant que les enquêteurs.

On découvre encore des pans de la société italienne actuelle, ça va du petit malfrat au financier véreux.

J’aime beaucoup l’humour grinçant de cette série. Le duo « Intino et Deruta » sera encore la cible de Rocco. C’est méchamment drôle.

Les petits détails qui viennent ponctuer les enquêtes comme la photo de l’épouse du juge Baldie qui selon la place qu’elle occupe dans son bureau indique l’humeur dans le couple et donc les répercussions sur l’état d’esprit du juge. Ce qui renforce le côté drôle cette histoire c’est le juge Baldie fait celui qui n’a rien vu.

Le fait de donner le jour en titre de chapitre nous permet de voir le rythme des avancées. Certaines journées sont plus remplies que d’autres.

Dans chaque chapitre (donc journée) on suit plusieurs scènes, elles sont juste séparées par un saut de paragraphe. On ne peut pas se perdre. C’est très intéressant ce côté bouts de vies qui font penser à des pièces de puzzle.

Nous auront une conclusion  à l’affaire financière.  Mais il reste un petit quelque chose pour que le lecteur soit en attente du prochain épisode !

Vous l’aurez compris je suis toujours aussi fan. Un livre que j’ai dévoré durant un week-end. Et j’attends que le prochain soit traduit…

Je remercie les Editions Denoël de leur confiance.

4e de couv. :

Depuis qu’Adele, la fiancée de son meilleur ami, a été assassinée par erreur, l’inénarrable Rocco Schiavone ne croit plus en rien et s’isole dans une pension sordide. Il décide malgré tout de retrouver l’assassin de la jeune femme et se met à passer en revue tous ceux qui pourraient lui en vouloir : entre Stefania Zaccaria, qu’il a arrêtée pour proxénétisme, et Antonio Biga, malfrat septuagénaire à la retraite, la liste des candidats est longue.
En parallèle, Rocco poursuit son enquête sur la famille Turrini, tous corrompus jusqu’à l’os. Rocco pense qu’ils sont les relais locaux de la ’ndrangheta, la mafia calabraise, visiblement bien implantée dans le Val d’Aoste.
Rocco parviendra-t-il à aller au bout de sa traque effrénée? Trouvera-t-il le meurtrier d’Adele? Et surtout, Rocco ne commencerait-il pas à aimer cet Aoste froid et inhospitalier qu’il prend tant de plaisir à critiquer?

Article précédemment publié sur Canalblog

Maudit printemps

Antonio Manzini

Traduit de l’italien par Samuel Sfez

Éditions Denoël, mai 2017, 292 p., 20,90 €

Mes lectures Denoël

4e de couv. :

Chiara Breguet, héritière d’une riche famille d’industriels du Val d’Aoste, étudiante brillante admirée de ses pairs, n’a plus donné de ses nouvelles depuis plusieurs jours. Persuadé que cette disparition est inquiétante, Rocco Schiavone se lance dans une course contre la montre pour sauver la jeune femme et découvrir ce que dissimule la façade impeccable de ce milieu nanti. Pendant ce temps, la neige tombe sur Aoste en plein mois de mai, et cette météo détraquée ne fait qu’exacerber la mauvaise humeur légendaire de Rocco.

Mon Billet :

Il y a des livres que vous dévorez et ensuite vous devez  attendre le prochain épisode. C’est ce qui fait le charme des romans policiers avec un enquêteur attitré.

L’intérêt de la lecture de ce type de roman, réside dans l’enquête et sa résolution ainsi que dans l’intrigue personnelle des personnages récurrents. Cependant,  ce n’est pas  gênant de lire ce roman avant les autres, l’auteur distille suffisamment d’éléments sur les spécificités de la série.

On apprend très vite les manies et réactions de Rocco. J’aime bien ces petits trucs qu’on attend dans la mesure où on donne un sens symbolique qui forge l’identité du personnage.

On voit si le personnage a évolué ou si certains actes sont devenus une part de lui-même. Il y a aussi une part comique dans les choses qui pourraient à première vue puéril, comme ses obsessions à ne se chausser que de chaussures, des Clark inadaptées à sa nouvelle région. il pleut s’en cesse et vous attendais le moment où il va mettre les pieds dans une flaque et où il devra battre le pavé sous la pluie et la neige détruisant ses chaussures de peau s’en suivent des scènes de mauvaises humeur, de colère, de tristesse voir de douleur physique. Un romain à Aoste qui ne veut pas s’adapter ou qui s’auto-puni au choix… Puis, il y a la quête d’une nouvelle paire pratiquement introuvable et le soulagement lorsque ses pieds blessés (maltraités) chassent les nouvelles Clark taille 44. Ces différentes étapes accompagnent l’enquête et influencent les relations  avec les autres. Ces collaborateurs ont  vite compris qu’elles servent de baromètre dans les réactions de leur chef. Ils tiennent les comptes depuis l’arrivée du sous-préfet neuf mois plus tôt.

Il a un rapport aux femmes très conflictuel. Elles essaient  de le retenir et lui fait tout pour pourrir les situations. Il ne veut pas ou ne peux plus aimer une femme car il n’a pas fait le deuil de Marina dont il retient une sorte de fantôme qui  fait partie de sa vie. Voilà un deuxième exemple d’automutilation le corps (chaussures) et le cœur (Marina). Bien sûr il y a toujours une femme qui s’accroche à lui et cela crée des étincelles dans ses relations conflictuelles.

On pourrait ajouter la cigarette et le cannabis. Encore deux autodestructions qui influent sur ses rapports aux autres. Il fume des Camel et continue à prendre les cigarettes de ses collaborateurs qui fument d’autres marques. Avec le cannabis, on rit de le voir se cacher pour fumer dans son bureau avec la fenêtre ouverte… personne n’est dupe. Cet élément fait partie de son aspect borderline. Il franchit parfois la frontière de la légalité, il s’arrange avec les lois. Il crochète les serrures, casse les vitres,  toujours pour une bonne raison, mais ces actes répréhensibles pourraient porter préjudice dans les enquêtes. Le juge Baldi essaie de rattraper autant que possible ses incartades. Mais heureusement il ne les connait pas toutes.

Je ne vais pas vous dévoiler tous les petites manies, défauts et qualités de Rocco. Rocco le cynique, le sadique, le robin des bois, jaloux et incontrôlable mais fidèle en amitié.  Tout semble se liguer contre lui…

C’est la troisième enquête qu’Antonio Manzini publie. Chaque roman a en dehors des spécificités (dont je viens de vous en énumérer certaines) une trame particulière. Il y a le côté polar avec la description d’une certaine société italienne. On y voit les bas fonds, les malfrats, petites frappes, petites gens dans la détresse, les sans papiers… mais aussi les notables, entrepreneurs, banquiers et notaires, hauts fonctionnaires… La corruption, les petits arrangements…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce roman, ce sont les enquêtes qui viennent s’insérer dans la narration, sans que Rocco soit au courant.  Nous avons donc tout ce quotidien avec les embrouilles « amoureuses », les problèmes de gestion du personnel, une enquête sur un accident avec une camionnette portant une fausse plaque alors que le propriétaire est au volant. Nous avons un texte en italique, la voix d’une jeune fille de 19 ans qui a été enlevée ligotée et abandonnée. Et personne qui semble la chercher. Ce texte en italique joue avec le registre de l’angoisse et de l’émotion. On la voit se battre, essayer de comprendre ce qui lui arrivé et où elle se trouve, mais la déshydratation et la panique font aussi qu’elle souffre et perd conscience…. Va-t-elle mourir ? Il attendre une soixantaine de pages pour voir arriver des informations extérieures.

Les deux enquêtes vont soulever d’autres interrogations. Là, on a l’Italie  dans toutes ses diversités qui s’invite. La place de la famille, la tradition, les règlements de compte, la corruption, la passion latine, clandestins …

Je ne vais pas vous en dire plus sur les enquêtes pour vous laisser la surprise…

Juste un mot pour dire que jusqu’à la fin, il y a de l’émotion et du danger… Cette terrible fin ouvre la porte à un prochain épisode et laisse le lecteur dans l’attente de la prochaine publication.

A chaque nouvel épisode je trouve que les histoires s’intensifient. Antonio Manzini tisse une toile au motif  de plus en plus complexe.

Je remercie les Éditions Denoël pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Piste Noire

Antonio Manzini

Folio, coll. Folio Policier,  fév. 2016, 293 p., 7,10 €

Traduit de l’italien par Samuel  Sfez

Mes lectures Folio

4e de couv. :

Macho, bougon, mal embouché, odieux… tels sont quelques-uns des termes le plus souvent utilisés pour décrire le sous-préfet Rocco Schiavone. Autant dire que, lorsqu’il doit enquêter dans une petite station de sports d’hiver du val d’Aoste, son humeur ne s’améliore guère. Il n’aime pas le froid, ses Clarks résistent mal à la neige et il a les pieds mouillés! Pourtant le cadavre d’un homme écrasé sous une dameuse sur une piste de ski va l’obliger à passer quelques jours à la montagne…

Mon billet :

Le sous-préfet Rocco Schiavonne vit à Aoste. Il y tient à son titre « il n’y a plus de commissaire en Italie » c’est comme un contrepoint car rien ne change vraiment en Italie !

Dans ce premier épisode, on met l’accent sur ses relations désastreuses avec son équipe de bras cassés, de branquignoles…  Il n’est pas tendre avec ses subordonnés notamment « d’Intino et Deruta » sorte de Laurel et Hardy caricaturaux.

Il est depuis quatre mois dans une région qu’il exècre et qu’il ne cherche pas à connaître. Il n’a pas de point de repère ni de relations, il ne cherche pas à s’intégrer comme pour mieux se dire que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, que cela ne peux pas durer ! Tout est froid et moche à Aoste, contrairement à Rome. Comme s’il ne voulait pas se poser vraiment et seulement être de passage. Cet écartèlement se retrouve sur plusieurs facettes du personnage.

Tout le monde est bête comme ses pieds. C’est justement cela il a du mal à trouver chaussure à son pied. Il s’obstine à porter ses Clark par tous les temps. Il a un pied encore à Rome et un à Aoste se qui lui donne un aspect écartelé. Les pieds représentent aussi ses racines. Ses collaborateurs non seulement lui cassent les pieds au figuré mais aussi au sens propre. D’Intino lui a fait tomber  un tiroir sur l’ongle de son gros orteil. Du coup il semble avoir le regard constamment rivé à ses pieds.

Dernièrement on me parlait de musique dans les polars, nous avons ici quelques moments où les personnages chantonnent des chansons de la variété italienne, j’ai ainsi découvert Ligabue, ça nous met dans l’ambiance.

Ceux qui me suivent ont remarqué que je m’intéresse aux thématiques que les auteurs développent. Ici bien sûr ici le titre va jouer un rôle dans mon « accroche ». Le mot « piste » qui renvoi à la piste de ski et à l’enquête ne va pas très loin, quand au mot « noir » va jouer son rôle de déclencheur et bien évidemment on va retrouver  cette couleur  associé au tissu, aux vêtements (indissociable du deuil) au ciel, aux yeux, à la peau, aux cheveux, neige, chien… ce fut l’occasion de découvrir le mot « fuligineux » noirâtre comme la suie.

J’ai aussi noté toute une thématique sur la « bouche ». Rocco semble faire une fixette sur la bouche de ses subordonnés, même le mort a quelque chose dans la bouche… on en vient au message et à la différence de langage. De la découle un problème de communication verbale. Sans parler du langage assez cru qu’il emploi. Le bouche à oreille. Confidence et confession.Tout semble lié.

Dans ce roman nous avons tout ce qui tourne autour de Rocco qui reviendra dans les autres romans. Mais, bien sûr il y a l’enquête en cours. Elle nous permet de découvrir un lieu, la Montagne, un microcosme, la station de ski où a eu lieu le drame. On est vite dans une sorte de huis clos.

J’aime bien sa petite manie de voir les gens comme avec un filtre en jouant avec la zoomorphie, chaque visage lui rappelle un animal et ses caractéristiques.

On va aussi découvrir que Rocco n’est pas « clean » du tout et qu’il a sa propre conception de la justice.

C’est le deuxième roman de la série que je lis et je me suis rendu compte que les deux histoires avaient été traduites par deux personnes différentes, mais cela ne se remarque pas.

Maintenant que j’ai lu les deux premiers épisodes me voilà frustrée en attendant la publication d’une autre enquête…

Je remercie Folio pour cette lecture.

Du même auteur :

froid comme la mort

Article précédemment publié sur Canalblog

Froid comme la mort

Antonio Manzini

Éditions Denoël, coll. Sueurs noires, mars 2016, 256 p.

Traduit de l’italien par : Anaïs Bouteille-Bokobza

Mes  Lectures Denoël

4e de couv. :
Rocco Schiavone a une nouvelle affaire sur les bras, et il est bien décidé à la régler presto.
Ester Baudo est retrouvée morte dans son salon, pendue. Le reste de l’appartement a été saccagé, et ce qui semble à première vue être un suicide se révèle vite un meurtre. On fait appel à Rocco Schiavone, ce drôle d’inspecteur, amateur de joints matinaux et de jolies femmes. Dans la petite ville grise et froide d’Aoste, il croise et interroge les proches de la victime. Il y a Patrizio le mari, Irina, la femme de ménage biélorusse à l’origine de la découverte du cadavre, ou encore celle qui semble avoir été la seule amie de la défunte, Adalgisa. Si la vie de la victime se dessine peu à peu, le mystère reste entier. Qui pouvait bien en vouloir à la calme et tranquille Ester Baudo?
Cette deuxième enquête de Rocco Schiavone, vice-préfet râleur, macho et doté d’un humour cinglant, ravira les amoureux du commissaire Montalbano, de l’Italie et des polars à l’humour grinçant.

Mon billet :

J’adore les titres qui ne laissent pas de place au doute ! Surtout lorsque c’est publié dans la collection Sueurs Froides.

Lors de la sortie du premier épisode des enquêtes de Rocco Schiavone « Piste noire » je n’ai  pu le lire (ce qui ne saurait tarder). Je découvre donc directement le personnage principal, ce n’est pas très gênant, puisque l’auteur nous le resitue dans le contexte.

Ce que j’aime dans les personnages récurrents des séries policières, c’est de les voir se débattre avec les aléas de la vie en marge de l’enquête. Bien sûr, la partie personnelle vient influencer ses déductions puisqu’il n’y pas de barrière entre les deux. Il y a donc une évolution d’où le besoin de lire dans l’ordre. Là sur le deuxième ce n’est pas encore flagrant.

Le coté borderline des garants de la loi donne lieu à des franchissements de la frontière légale. On n’a pas affaire à des personnages lisses. A force de se frotter aux malfrats cela laisse des traces d’autant plus qu’il explique qu’il vient d’un quartier où jouer au gendarme est au voleur ses jouer aux rôles futurs. Lui a choisi la loi mais ces meilleurs amis l’autre bord.

Les relations compliquées avec les femmes vont avoir des répercussions sur son enquête où il est question de femmes et d’amitié.

On est dans un jeu de manipulations dans lequel le lecteur va être emporté par les différents retournements de situation.

Le côté « exilé », « banni » de Rome, avec son problème d’adaptation au climat donne un aspect décalé, comme s’il était au purgatoire pour expier ses fautes, on l’a mis au vert pour qu’il se fasse oublier. Son problème redondant de problème de chaussure est dans la même ligne, une sorte de pénitent, et même temps on ne peut s’empêcher de penser au proverbe Sioux  « Ne juge jamais un homme avant d’avoir marché un mille dans ses souliers. »

La thématique de l’eau est très présente ce qui contribue à me rendre cette série très intéressante.

Rocco est un personnage tourmenté qui me plait bien et que j’espère suivre dans d’autres enquêtes. C’est la première affaire que je lis et  j’aime bien qu’elle se déroule à Aoste et ses environs car je ne connais pas du tout ces décors là. Je l’imagine bien en téléfilm.

Je remercie les Éditions Denoël pour cette découverte.

De la même série :

Piste noire

Article précédemment publié sur Canalblog