Loveday & Ryder Tome 5 Feu d’artifice mortel

Faith Martin

Trad. Benjamin Kuntzer

Éditions Harper Collins, fév. 2022, 285 p., 14,90 €

4e de couv. :

5 novembre 1961  : la famille Hughes se prépare à célébrer la nuit de Guy Fawkes avec pétards et feux d’artifice. Tous sont rassemblés dans le jardin, quand le cabanon dans lequel sont entreposées les fusées s’embrase, causant la mort du patriarche, Thomas Hughes, enfermé à l’intérieur.
L’autopsie conclut rapidement à la mort par asphyxie et le coroner, Clement Ryder, classe l’affaire sans suite.
Mais le lendemain, Duncan Gillingham, un journaliste ambitieux, publie dans l’Oxford Tribune un article accusateur : la justice aurait bâclé le dossier. Selon lui, la famille cacherait la vérité et le décès serait suspect.
Pour calmer l’opinion, l’inspecteur Jennings confie l’enquête à la jeune policière Trudy Loveday. Très vite, celle-ci se tourne vers Clement Ryder. Ils n’auront pas trop de leurs forces réunies pour tenter de percer les mystères du clan Hughes…

Mes impressions de lecture :

Connaissez-vous la série « enquêtes de Loveday & Ryder » ?  Non ? Je vous conseille de les lire dans l’ordre car bien que les enquêtes soient résolues à chaque fois, elles ont des effets sur notre duo. Cependant si c’est juste un cosy crime pour vous détendre chaque roman à son charme.

L’intrigue se déroule en novembre 1961, quelques mois après la précédente aventure qui a laissé des traumatismes sur notre jeune stagiaire de police. Cela a son importance puisqu’à l’époque policier était un métier d’homme et les jeunes femmes qui entraient dans la polices étaient plutôt cantonnées à des travaux de bureau et à des enquêtes de voisinage.

Trudy Loveday a vingt ans et termine son stage, elle a fait ses preuves malgré les barrières placées sur son chemin au commissariat. Le Coroner, le Dr Ryder, 58 ans, lui s’est rendu compte du potentiel de la jeune femme et prend plaisir à enquêter avec elle.

Dans notre duo pas d’enjeu sexuel ou professionnel, alors pour créer des petites tensions sexuelles Faith Martin place sur le chemin de la jeune fille des séducteurs. De quoi parasiter les perceptions de notre jeune policière. Ce laissera telle prendre dans les filets du beau brun aux yeux bleus ? Saura-t-elle garder son calme face à un gougeât sans foi ni loi ? Et qu’en est-il de ses collègues… Vous l’aurez compris elle va avoir des raisons de s’énerver… Et je ne parle pas des situations où elle va devoir garder son sang froid…

Trudy a quelque chose d’innocent qui fait son charme. Elle n’est pas prude et coincée mais elle représente la jeune fille bien sous tous rapports.

Un nouveau personnage a fait son entrée dans la série, je me demande s’il restera dans les prochaines aventures. Dans cette enquête le journaliste Duncan Gillingham avait des comptes à régler, mais il pourrait avoir sa place pour d’autres enquêtes.

J’aime beaucoup cette série parce qu’elle traite de la place de la femme à cet époque. Faith doit garder les façons de penser de l’époque et ne pas choquer les lectrices d’aujourd’hui. Elle s’en tire bien. Il y a les rapports de force entre les hommes et les femmes, ainsi que le rapport au corps. Elle aborde ici le thème de l’avortement entre autre sujet.

C’est une série qui parle de la société anglaise du début des années 60, et de la famille n’en ai que le reflet. Ce cosy mystery se déroule dans ce petit microcosme.

Les vieilles filles

Pagan Kennedy

Trad.  Philippe Brossaud

Éditions Denoël,  mars 2017, 223 p., 20,90 €

Mes lectures Denoël

4e de couv. :

Dans l’Amérique des sixties, deux sœurs d’une trentaine d’années vivent coupées du monde, seules avec leur père malade. Quand il décède, c’est la libération! Chouette, se dit Frannie, je vais pouvoir passer le reste de mes jours avec ma sœur, une vraie vie de vieilles filles, le rêve!
Extra, je vais enfin m’amuser, rire, découvrir le monde… et les hommes, pense Doris.
Les deux sœurs décident de se lancer dans un road-trip décoiffant à bord de leur Plymouth bien-aimée.

Les Vieilles Filles est un roman au charme fou, que l’on a envie de lire en écoutant Otis Redding, Simon & Garfunkel et les Supremes.

Mon billet :

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en voyant la couverture du livre et sa quatrième de couverture… humour, ironie et exubérance ? En fait c’est un roman tendre et émouvant. Un bonbon acidulé car tout n’est pas rose dans cette histoire… il y a même un soupçon de scandale ! Mais pour cela il faut se remettre dans le contexte, nous sommes en juin 1968.

Au début Frannie, la narratrice, nous raconte comme elle et sa sœur Doris se ressemblent. Comment elle (Frannie) envisage de devenir leur avenir, elle s’imagine qu’elles vont devenir deux vieilles filles douces et calmes. En fait un sent vite que le lecteur est en porte à faux car il n’a que la version de Frannie,  ses interprétations et ses souhaits. Mais qu’en est-il en réalité pour Doris ? Petit à petit on comprend que ce n’est pas du tout ce que Doris envisage, et Frannie  se voile la face.

Par petites touches, on va découvrir leur passé. Leur  vie de famille jusqu’au moment de l’action, juin 1968.

Les deux femmes incarnent deux époques. Le monde change, les Etats unis aussi. Doris qui a toujours était plus intrépide, sort de la coquille qu’elle avait  créée. Elle est séduisante et ouverte à de nouvelles aventures, changer de vie, de vêtements, reprendre sa vie en main.

Frannie est plus réservée, elle est bloquée sur l’ancien temps. Rien ne doit changer. Il faut être posée, raisonnable et mesurée. Il faut être convenable ne toute occasion. Elle est comme figée dans le temps. Elles viennent d’une famille de quaker.

Depuis qu’elles ont quitté la maison familiale après la mort  de leur père en avril 1968, on découvre que cette dichotomie concerne toute la société. Alors qu’à Columbia il y a des révoltes estudiantines, Martin  Luther King est assassiné en avril, on voit que Lety et Tante Katherine ne s’imaginent pas changer leur rôle dans la société.  Elles ont trouvé leur équilibre entre employée et employeur.

D’un autre côté, on a Richard qui est prof de photographie qui accueille des artistes au gré de leurs besoins et de leurs envies.

Les deux sœurs vont ouvrir leur cœur et se parler. Elles vont un peu parler de leurs souffrances. Faire le point sur le passé, le présent et le futur du coup devient incertain. J’ai beaucoup aimé comment est traité  thème du « temps », le rythme de la narration.

Elles ont quitté leur ville où tout le monde les connaissaient ainsi que leurs habitudes. Au fur et à mesure qu’elles voyagent, elles découvrent ce qu’est l’anonymat. C’est effrayant (surtout pour Frannie) et excitant de sortit de leur zone de confort.

Entre liberté et dépendance les deux sœurs cherchent leur équilibre dans la nouvelle donne. A tour de rôle chacune prend l’ascendant sur l’autre en fonction des sujets. On retrouve cette impression à travers la place du conducteur de la voiture. Passage de relais, passage de clé.

La clé est très présente dans une partie du roman : Clé de la voiture (pour conduire surtout), clé du motel, se fermer à clé dans sa tête, verrouiller son cœur, chambre fermée à double tour,  etc…

En arrière plan, nous avons le thème de la guerre. Leur père était objecteur de conscience lors de la seconde guerre mondiale. On découvre les conséquences dramatiques de cet acte politique.

Au moment où les deux sœurs font leur road trip, il y a la guerre du Vietnam, les émeutes, le mouvement des hippies et le sujet est toujours d’actualité… Comment dire non à cette guerre du Vietnam ? Comment échapper au massacre ?

A travers les rencontres les deux sœurs vont parler des non-dits de leur famille, leur célibat, leurs émois, leurs rêves …

Lorsque le roman se termine, quelques semaines ont passé,  rien n’est  vraiment résolu mais elles ont fait du chemin dans leur tête, elles ne sont plus les mêmes… l’avenir est devant elles, elles ont les cartes dans leur mains  à elles de les redistribuer ! Et comme dit l’adage les voyages forment la jeunesse !

C’est un roman qui se lit d’un trait au rythme de leur voyage. Il s’en dégage une certaine musicalité, un certain tempo.

Je remercie les Éditions Denoël pour cette belle histoire d’autant que la publication en français de ce roman est déjà une aventure en soit qui nous est conté par l’éditrice au début du volume.

Article précédemment publié sur Canalblog

Les Choses : version audio

Georges Perec

Lu par Raphaël Personnaz

Éditions Audiolib, 2016, 3h32, CD 19,90 €, audionumérique 17€90

Lu dans le Cadre de Masse Critique/ Babelio

4e de couv. :

La vie quotidienne d’un jeune couple des années soixante issu des classes moyennes, l’idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible – car il est lié aux choses que l’on acquiert, il est asservissement aux choses.
« Il y a, dira Georges Perec, entre les choses du monde moderne et le bonheur, un rapport obligé. Une certaine richesse de notre civilisation rend un type de bonheur possible : on peut parler, en ce sens, comme d’un bonheur d’Orly, des moquettes profondes, d’une figure actuelle du bonheur qui fait, je crois, que pour être heureux, il faut être absolument moderne. Ceux qui se sont imaginé que je condamnais la société de consommation n’ont vraiment rien compris à mon livre. Mais ce bonheur demeure un possible ; car, dans notre société capitaliste, c’est : choses promises ne sont pas choses dues. »

Mon billet :

Perec fait parti de ces auteurs qui ont marqué les lecteurs avertis et  notamment les étudiants en lettre. C’est un incontournable si vous vous intéressez aux mots et aux expérimentations autour de l’écriture. Il est rentré à l’OULIPO en 1967. Si vous êtes auditeur « des papous dans la tête » sur France Culture, alors vous ne pouvez qu’être curieux de ce renferme cette histoire publié en 1965 et qui a obtenu le prix Renaudot.

Il y a une modernité dans la construction du roman, en guise de descriptions on a parfois des inventaires, des énumérations pour montrer combien le matérialisme prend le dessus dans les projets de vie de ses personnages. On est avec les personnages lorsqu’ils rêvent leur vie d’adultes.

Je me suis rendu compte que j’avais plusieurs œuvres de Georges Perec dans ma bibliothèque mais qu’en fait je n’avais lu que des extraits, alors je me suis dit que ce serait une bonne idée de découvrir une version lu. La voix et le rythme de lecture de Raphaël Personnaz ont rajouté un plus au texte qui est si original. Je suis amatrice de livres audio et lorsque l’intonation  du lecteur-acteur épouse le texte son interprétation joue un rôle important. Cela a bien fonctionné pour moi.

Mais quand est-il de cette histoire qui se déroule dans les années 60 ? Je trouve qu’elle n’a pas vieilli sinon par quelques détails subtils. On pourrait retrouver Sylvie et Jérôme autour de nous, en particulier dans le milieu bobo. C’est l’histoire d’un couple qui se rencontre à la fac et qui va planifier, organiser son avenir… les deux veulent les même choses, une vie aisée avec tous les signes extérieurs de réussite mais ils manquent de passion, de réel but. Ils vont s’essayer à toutes sortes de métiers… Cependant ils manquent d’envergure alors ils se lassent et n’avancent pas comme ils l’avaient envisagé… Mais que ce passe t-il lorsque finalement vous obtenez cette vie rêvée ? Ne serait-elle pas trop étriquée ? Vont-ils trouver le bonheur ?

On est dans les années 60 avec tout ce qui touche au modernisme de la vie domestique.  Aujourd’hui vous auriez des personnages avec le dernier smartphone, le dernier ordinateur, l’écran plat etc…  Et c’est là que vous voyez que cette « radiographie » d’une partie de la société française trouverait son équivalent aujourd’hui. Ce que j’ai trouvé drôle c’est qu’ils se croient modernes par rapport à leurs parents et ils ne le sont pas…

Je ne suis pas arrivée à m’attacher aux personnages, mais ce n’est pas vraiment le but recherché par Georges Perec.

Le bonus est très intéressant… et j’en arrive à la conclusion qu’il faut vraiment que je lise les autres ouvrages de Georges Perec ! Quand ? C’est un mystère !

Je remercie les Editions Audiolib et Babelio pour cette écoute très intéressante.