La fille du chasse-neige

Fabrice Capizzano

Éditions au Diable Vauvert, 2020, 526 p., 22 €

#ChallengedhiverVLEEL

4e de couv. :

« J’ai attendu la tombée de la nuit et je suis allé poser mes feuilles sur les ruches, les unes à côté des autres, et sur chaque feuille j’ai posé une pierre pour ne pas qu’elles s’envolent. « Je veux apprendre à vous aimer, j’ai écrit. » ». C’est un roman dans lequel on plonge pour ne plus le lâcher. Et pourtant il ne raconte que la vie aujourd’hui et l’amour de deux personnages Tom, habité par la musique, et Marie, apicultrice, la très libre « fille du chasse-neige », entourés des leurs. Mais ces vies, par la magie conjuguée d’un style virtuose, d’une empathie humaine débordante et d’un réalisme qui joue de tous les sens, compose une fresque d’aujourd’hui qui nous attrape par tous ses personnages et la justesse des sentiments. Portraits inoubliables de femmes (Marie ; les mère et sœur de Tom) et d’hommes (Tom ; son père ; frère ; l’extraordinaire producteur Franck), fresque sociale et chronique familiale d’une grande sensibilité, La fille du chasse-neige est avant tout un roman d’amour comme il y en a peu. Une voix à découvrir toutes affaires cessantes.

Mes impressions de lecture :

Ce roman avait été remarqué par ma libraire à sa sortie, ne pouvant lire tous les livres dès leur parution j’avais noté le titre dans un coin de ma tête. Et puis… Il y eu la soirée Vleel où Fabrice Capizzano et Nicolas Rey nous parlèrent de leurs romans et de bien d’autres sujets comme Philippe Djian entre autre. Clic Ici pour voir le replay. Là je me suis dit il faut que je commence par son premier roman. Et ça tombait bien le titre cadrait avec bien avec le challenge Vleel dans la catégorie « un titre évoquant l’hiver ».

C’est un roman très prenant où la musique est omniprésente. Tom, le narrateur joue de la guitare et compose des chansons. C’est comme un besoin vital, il ne peut pas vivre sans ça. Il faut que ça sorte. Tout est musicalité autour de lui.

Ce roman est aussi un roman sur la famille sur l’influence positive ou négative sur nos comportements.

J’avoue que le début du roman m’a laissé présager des sujets durs autour de la violence du père et on a un crescendo qui est brisé par un drame. Et curieusement, à partir de là il y a une ouverture vers d’autres possibles. Bien que les sujets douloureux sont toujours là, notre esprit est pris par d’autres choses.

La vie est là avec ses hauts et ses bas. Et là famille peut être d’un grand secours pour s’épauler les uns les autres. On est aussi sur la thématique du changement de vie. On a l’impression que parfois cela implose, puis cela explose, cela crée un mouvement d’expansion.

L’auteur met dans ses personnages une telle intensité que le lecteur est pris dans leurs sentiments et leurs réactions souvent extrêmes, parfois sur le fil du rasoir. Ils sont plusieurs a être à fleur de peau. Tom par son hypersensibilité est si touchant.

Si la famille de Tom est centrale, ce personnage à l’art d’attirer à lui d’autres belles personnes comme Marie libre comme l’air ou Franck l’exubérant. Deux personnages, entre autre, qui vont changer le cours de sa vie.

La nature tient une place importante dans cette narration, elle n’est pas un simple décor, elle entre en résonance avec ce que ressentent les personnages.

Les couleurs aussi font partie du tableau et donnent les tonalités visuelles qui font écho aux sonorités de la musique que ressent Tom.

Je trouve la couverture de ce roman très réussie et en adéquation avec le texte.

J’ai beaucoup aimé ce roman et je pense lire son second roman qui est sorti à la rentrée 22 « le ventre de la péniche ».

Bonne lecture à tous.

La vie indocile d’Achille Le Guennec

Isabelle Renaud et André Mora

Éditions Syros, 12 janv 23, 265 p., 17,95 €

Mes lectures Syros

Chronique jeunesse du mercredi

4e de couv. :

Un roman aussi drôle que brillant porté par un anti-héros irrésistible ! 

Dans la famille Le Guennec, on aime les bonnes notes et l’équitation. Lorsque Achille écope d’un avis de redoublement (avec 3 de moyenne en anglais), c’est un peu l’apocalypse ! Les vacances s’annoncent mal : il va devoir réviser et monter à cheval, lui qui ne rêve que d’air guitar et de festival de metal. Sans compter que toute la famille est en ébullition en prévision de l’arrivée d’Alice, la très distinguée correspondante anglaise de sa frangine…

Mes impressions de lecture :

Je découvre avec cette nouvelle année deux auteurs jeunesse. Ils ont su marier deux univers celui de la guitare et celui des chevaux.

Juste une petite remarque, on ne sait pas quand se déroule cette histoire, mais si c’est aujourd’hui la 3ème est jalonnée d’un tas de rencontres entre le prof principal et les parents, surtout quand ça ne va pas bien, plus les vœux pour l’année suivante… ça c’est juste la maman traumatisée qui a vécu ça en 2022 qui refait surface. AhAhAh !

Revenons à cette histoire…

C’est l’histoire d’un père qui est licencié par qu’il n’a pas su s’adapter à notre époque et ne parle pas anglais. La vie de famille va changer mais pas comme on pourrait le croire… je vous laisse découvrir.

Décidément les éditions Syros aiment les romans qui introduisent l’anglais dans le texte, il y a bien sûr la collection Tip Tongue mais  aussi « Love Song » de Fred Dupouy…

Achille est un ado de presque 15 ans très touchant car il développé une attitude suite à d’événements. Il paraît nonchalant et désinvolte, cependant on va se rendre compte face à certaines situations que cela remonte à plus longtemps et plus profondément que l’on croit. Très vite on nous oriente sur une chute de cheval qui a changé sa vie suite à des conséquences mentales. Quant en fait ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Eloïse la petite sœur est agaçante comme doivent l’être les petites sœurs ! On se rend compte qu’elle aussi  a des fêlures et qu’elle n’est pas aussi sûre d’elle qu’on puisse le croire.

Alice, elle semble entrer de l’autre côté du miroir en débarquant dans cette famille bretonne qui vit dans le Val d’Oise. Cette jeune anglaise a aussi fait une chute de cheval avec des conséquences physiques. Elle a une autre réaction face à l’accident parce qu’au départ elle avait un rapport différent au monde équin.

On va donc avoir ces quatre lignes principales. Le père et les trois adolescents vont faire des choix pour avancer. Chacun porté par se obsessions : être un leader et savoir parler anglais, être fan de Métal et obnubilé par Corinne, être populaire et être la meilleure, vivre dans le monde équin. Sauront-ils évoluer et résoudre leurs problèmes ?

Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est l’humour pour mieux faire passer les souffrances et autres embûches du quotidien. On va bien rire lors de certaines scènes, notamment avec le père qui va parler un anglais mâtiné d’anglais et un savant sabir franco-anglo-chinois.

C’était une bonne idée de faire entrer quelqu’un d’étranger à la famille et au pays pour résoudre des problèmes qui étaient masqués. C’est vraiment une autre façon d’appréhender les choses et rompre la dynamique familiale.

Ce roman aborde aussi un thème que je ne vois pas souvent, celui de la masculinité, qu’est-ce qu’être un homme aujourd’hui, en dehors de l’aspect sexuel. On a le père qui se retrouve à la maison et on a le fils qui ne veut pas remonter en selle… avec ces deux exemples on se rend compte des injonctions de la société face à ce qui peut passer pour des échecs mais en sont-ils ?

On a la tante avec ses méthodes frontales avec la cravache et ces idées de dresser les chevaux, qui fait écho a la façon d’élever les enfants à dure, pour qu’on ne parle pas faiblesse. Elle aussi va recevoir une leçon de la vie et voir une autre façon d’aborder les choses.

Ce que j’ai beaucoup apprécié ce sont les choix des prénoms entre Achille l’anti-héros, Alice la petite anglaise et son univers particulier et Eloïse (une réf aux histoires de Hillary Knight ?) un prénom très classique qui va avec cette bonne élève et cavalière émérite. Sans parler des parents qui s’appellent Camille et Camille ! l’oncle Maurice le métalleux (pas métallo) …

De nombreux rebondissements, des prises de bec, de l’amour et des « dramas » vont tenir le lecteur en haleine. On va aussi avoir des scènes touchantes, pleines d’émotions lorsque les personnages vont ouvrir les yeux.

Ce que je retiendrais de ce roman c’est qu’avec beaucoup de bienveillances ont peu résoudre bien des problèmes existentiels et aller au bout de ses rêves.

Si vous aimé le cheval, l’ air guitar, le métal  et les histoires de familles et de fratrie vous allez vous régaler, amour et amitié.

Je remercie les Édition Syros de leur confiance renouvelée.

Qui en parle ?

Mylène

Sable Bleu

Yves Grevet

Éditions Syros, Hors collection, 26 août 2021, 331 p., 16,95 €

Chronique jeunesse du mercredi

Rentrée littéraire 2021

4e de couv. :

Tess ose à peine y croire : le monde va mieux. La Terre respire depuis qu’une étrange bactérie a contaminé les gisements de pétrole. Et puis il y a ces médicaments, ces aliments nocifs qui disparaissent inexplicablement des magasins. Des hackers de génie à tendance écolo seraient-ils à l’origine de ces phénomènes ? À plusieurs reprises, Tess sent des présences autour d’elle, des frôlements, et se demande si la réponse n’est pas à chercher ailleurs. Alors que la police s’intéresse à son cas, des jeunes gens se mettent à disparaître eux aussi.

Mes impressions de lecture :

Yves Grevet nous présente à nouveau un personnage fort qui n’hésite pas à affronter les épreuves de la vie malgré son jeune âge (16 ans).

Je ne voudrais pas dévoiler l’intrigue mais on peut dire que Tess est le pivot de cette histoire. Il y a plusieurs trames et à chaque fois elle fait la jonction. D’ailleurs, elle se fait tout de suite repérer que ce soit au niveau politique, amoureux ou mystère.

On la découvre dans le cercle familial,  le cercle amical, le cercle intime, le cercle activiste et le cercle mystère. A chaque fois elle doit accepter sa différence et se dépasser et la revendiquer.

A chaque cercle un secret, un mystère… des non dits.

Tout s’enchaîne en fonction de ce qu’elle est, de qui elle est, que ce soit les choix de ses activités et de ses convictions… et on aura la solution qu’à la fin même si on en devine les grandes lignes avant.

Tess n’a pas choisi la voie la plus facile pour avancer dans la vie et devenir adulte. Mais a-t-elle vraiment choisi  ou est-ce que c’est son destin ?

J’ai associé le titre (exotique et intriguant) avec le personnage et je me suis demandé si Tess n’était pas le petit grain de sable qui allait tout en rayer.

Yves Grevet a su jouer avec les variations d’intensités dans une vaste palette d’émotions qui fait vibrer le lecteur.

Il est très difficile pour moi de parler de ce roman qu’on dévore, car je suis allée de surprise en surprises et je voudrai que vous aussi vous puissiez expérimenter cette sensation avec ce page turner qui enchaine les rebondissements.

Ce roman aborde de nombreux sujets très actuels avec des sujets qui n’auraient pas été abordé aussi clairement il y a une dizaine d’années en littérature jeunesse.

Il est beaucoup d’identité dans tous les sens du terme. Yves Grevet en explore plusieurs facettes de ce questionnement important à l’adolescence.

La partie « fantastique » ou futuriste explore plusieurs possibilités.

Je remercie les Éditions Syros de leur confiance

Qui en parle ?

Jangelis ?

NB :

un roman en appelle d’autres, j’ai pensé à plusieurs histoires, en voici quelques exemples

« TerreS » Carina Rozenfeld

« La fille du Futur » Nathalie Stragier

« La fille des manifs » isabelle Collombat

Mots croisés

Fanny Vandermeersch

City éditions, 9 sept 2020, 255 p., 17,90 €

Mes Lectures City

mots croisés

4e de couv :
Elles sont quatre. Quatre femmes de générations et d’horizons différents qui ne se connaissent pas, mais ont des destins étonnamment similaires : les années passent, sans saveur, sans drames ni véritable bonheur. Jusqu’au moment où leurs vies se croisent. Il y a Juliette qui écrit en secret un roman qu’elle n’ose pas envoyer aux éditeurs. Madelaine qui, malgré ses 82 ans, n’a pas renoncé à rencontrer l’amour. Quant à Christina, elle a décidé de prendre une colocataire pour tromper l’ennui. Ce sera l’arrivée de Béatrice, jeune femme au passé tourmenté mais qui est pourtant l’incarnation de l’optimisme. Ce sont autant de tranches de vie que vont partager ces femmes. Elles vont réaliser qu’elles ne sont plus seules et qu’elles ont beaucoup à offrir… De ces amitiés vont naître de nouvelles opportunités et de nouvelles chances de trouver le bonheur, enfin.
Un délicieux roman sur la force de l’amitié et les nouveaux départs.

Ma chronique :

Un petit feel good pour la rentrée ça fait du bien ! C’est un livre pour les week-ends plaid et thé chaud… même si moi je suis plutôt en mode thé glacé et bain de soleil !

C’est une histoire qui se déroule à Lille et autour, mais en fait on pourrait être dans la ville d’à côté, on peut transposer. Les personnages bougent assez peu. Il y a quelques référence à Paris mais sans plus. C’est une histoire qui va se jouer dans un petit périmètre. A part Madelaine qui est une vieille habitante les autres sont des plus ou moins nouvelles habitantes.

Les personnages féminins sont prépondérants, alors que les personnages masculins semblent représenter un ailleurs.

Comme dans tout bon feel good il y a des sujets forts et des sujets légers. De l’humour et de la bonne humeur. Nous allons suivre un instant la vie de femmes à divers âges de la vie. Il y a aussi l’adolescente qui cherche à s’émanciper en bouleversant la vie de sa mère. Justement sa mère qui elle aussi cherche à changer de vie… Il y a celle qui a radicalement changé de vie mais dont les blessures n’ont pas encore cicatrisé… Il y a celle qui a vécu mais qui a encore des envies… Il ya celle qui a transformé ses souffrances en ondes positives… Il y a celle qui n’attendait rien et qui aura une surprise… Il y a celle qui n’arrive pas à exprimer ce qu’elle ressent et se referme…

Et derrière chaque histoire il y a des hommes qui viennent compléter la vie…

J’ai bien aimé le personnage de la bibliothécaire et tout ce qui touche à l’écriture et la lecture.

Chaque chapitre met en avant un personnage, on va donc suivre plusieurs trames. Les histoires sont à a troisième personne. Pas de soucis de repérage.  On essai de voir qui va rencontrer qui et comment, car dans un premier temps on ne voit pas trop ce qui va les unir.

Il va y avoir des scènes touchantes et d’autres qui m’ont bien fait rire. Il y est beaucoup de confiance, confiance en l’avenir, confiance en ses capacités et confiance en l’autre…

Si j’avais un personnage chouchou ça serait Madelaine qui n’en rate pas une ! Mais je vous laisse découvrir…

C’est le premier roman de cette autrice que je lis… il faudra que je découvre ses romans publiés chez les éditions Charleston et les éditions Déliées…

Le week-end approche vous allez peut-être vous poser et vous laisser emporter. Bonne lecture !

Je remercie City éditions de leur confiance.

city éd

À crier dans les ruines

Alexandra Koszelyk

Éditions Aux Forges de Vulcain, sept 2019, 251 p., 19 €

 Lu aussi dans le cadre du challenge « IlEstBienCeLivre »
janvier lire un livre acquis en 2019
Challenge rentrée littéraire 2019

crier

Lena et Ivan sont deux adolescents qui s’aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C’est alors qu’un incendie, dans l’usine de leur ville, bouleverse leurs vies. Car l’usine en question, c’est la centrale de Tchernobyl. Et nous sommes en 1986. Les deux amoureux sont séparés. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu’Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s’éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Lena, quant à elle, grandit dans un pays qui n’est pas le sien. Elle s’efforce d’oublier. Mais, un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver le pays qu’elle a quitté vingt ans plus tôt.

Anecdotes de lectrice :

Ce roman a toute une histoire personnelle donc un petit supplément, je n’ai pas coché une case et il est arrivé… non ! Si vous me suivez sur les réseaux vous l’avez déjà lue, mais je vais le raconter ici pour garder une petite trace écrite.
L’éditeur a la gentillesse de m’envoyer parfois des services presse mais pour celui-ci ça ne s’est pas fait. Alors je décide de l’acheter. Je vois alors que l’autrice allait présenter et dédicacer son livre dans la ville où vit ma fille… j’ai tellement insisté qu’elle est allé me le chercher malgré la fièvre ! Était-ce un signe ? Un lien entre l’histoire et ma propre vie ?
Juste avant de lire ce livre j’ai lu un roman jeunesse « Dix minutes en mode panique » de Jean-Christophe Tixier. A première vue rien ne les reliaient et pourtant il y est question de coquelicots et d’un garçon préférant la vie dans la forêt et la nature (que l’homme détruit) qui va se retrouver séparé de sa bien aimée (moins longtemps), et les héros ont 14 ans et là aussi l’adolescent frôle la mort…
Une dernière petite anecdote… je lisais cette histoire et à un moment donné notre héroïne se retrouve en Roumanie dans les Carpates et j’ai souris car au moment où paraissait ce roman un autre roman de la même maison d’éditions sortait et il y a une partie de l’histoire dans les Carpates !!! Question est-ce que l’éditeur impose des « contraintes littéraires » à ces auteurs ?  Je me suis demandé s’il n’y avait pas d’autres subtilités du même genre que je n’aurais pas repéré puisque je ne lis pas tous les romans parus…

Ma chronique :

Une histoire d’Amour publiée chez Aux Forges de Vulcain ne signifie pas une romance loin de là. Après lecture je vous le confirme. Là on est dans l’Amour Unique, sublime, absolu, inconditionnel d’autant qu’il y a en lui l’exaltation et les illusions de l’adolescence, à la vie à la mort.
On va donc avoir toutes les thématiques universelles de l’adolescence mais bousculées par les événements du 26 avril 1986.
On retrouve toute l’innocence de l’enfance. C’est deux êtres que tout devait séparer vont vivre de manière fusionnelle. A l’âge des premiers émois amoureux ils vont être projetés hors de leur Eden sans avoir coqué la pomme. Deux cœurs purs emportés par l’histoire.
On va découvrir les déchirante séparations et comment ils vont devoir survivre chacun de leur côté. On va avoir toute la thématique des barrières, barrière culturelle, barrière de la langue, barrière es-ouest etc..
En parallèle on a l’Ukraine  déjà éprouvée par l’histoire qui va subir ce drame qui va la faire sortir de son innocence, ignorance, du déni et de l’incompréhension.
Je me suis remémoré cette époque là, j’avais à peine plus que nos héros, j’habitais près d’une centrale et on n’était pas plus informés qu’eux ? Le sommes nous plus aujourd’hui ? Qu’avons nous appris de cette catastrophe ? Les infos, les réseaux sociaux, internet sont des sources plus fiables ?
Ce roman retrace aussi les bouleversements politiques et socio-économiques qui ont suivi. La chute du mur de Berlin, la Pérestroïka etc.
Mais ceci n’est qu’une infime partie du roman. Il développe aussi d’autres sujets comme la culture, la langue, l’Histoire et ses éternels recommencements. Histoire avec un H majuscules et l’histoire familiale avec ces conséquences.
L’exil, un autre traumatisme. On va découvrir comment chaque membre de cette famille va survivre, s’adapter ou pas. Trois générations sous un même toit, trois visions de la vie et de l’histoire. Les non-dits, ces traumatismes refoulés. Qui dit exil, dit départ, déracinement, changement de langue, modification de l’identité, et de manière induite il a ceux qui sont restés. Thèmes de l’abandon, de la trahison, du sacrifice…
Ce que j’ai aussi beaucoup aimé ce sont toutes les références littéraires qui vont servir de substrat. La place des  « passeurs de mots » de contes et légende, on a tous besoin d’une Mme Petitpas.  Complété par la place de l’écrit et de l’oral, les chants et des lettres vont compléter les parts manquantes. Sa rencontre avec une autre âme sœur féminine qui va lui faire découvrir un autre aspect des racines familiale.
De la forêt à la mer, de la terre à l’eau en passant par le feu nucléaire on y retrouve ce qui fait l’âme slave, cette nostalgie, ce côté tragique, ce vague à l’âme entre rire et larmes. Il y  a beaucoup de souffrance et de violence et pourtant c’est l’espoir qu’on ressent, on se raccroche à chaque signe.
Ce roman est un coup de cœur par qu’il est bien écrit, riche et intense, il y a un crescendo dans ce qu’on ressent. Alexandra Koszelyk a su donner un côté universel en intégrant la littérature, les mythes et légendes. Léna aura eu besoin d’un voyage intérieur et une reconstruction de son histoire pour retrouver son Ithaque, mais son « Pénélope » aura-t-il eu la force de l’attendre alors qu’il vit abandonné dans les décombres et les tombes ?

Il y a beaucoup de sujets qui entre en résonance avec ma vie.

L’autre jour je parlais d’un autre roman et je disais qu’il traité de la thématique de  la famille. Pour moi c’est un sujet qui m’accompagne depuis toujours alors c’était une évidence je n’ai pas développé. La personne en face qui ne me connais pas depuis longtemps m’a demandé de développer. Et je lui répondu « la famille est une micro société, on est sensé être protégé et en fait on retrouve dans ce microcosme toutes les grandes sentiments, c’est reflet de l’extérieur, le mensonge, la trahison, la violence pas toujours la sécurité attendue ainsi que l’amour. » Eh bien cela se confirme dans cette histoire.
Si vous croyez que je vous ai dévoilé ce roman vous vous trompez car ce n’est pas forcément ce qui aura retenu votre attention. Certains seront pris par la force d’évocation, le phrasé, les mots,  d’autres cette quête de soi et de l’autre, d’autres c’est l’aspect politique et historiques… allez savoir ce qui vous plaira dans cette intrigue !
Je ne vous ai pas parlé des personnages aux fortes personnalités et à leur intériorité puissante… ni des lieux traversés…
Je comprends pourquoi ce roman est encensé par les libraires et les lecteurs…

Allez-y les yeux ouverts !

vulcain
kokeshi coup de coeur
RL19

Confession amoureuse

Chiyo Uno

Trad. : Dominique Palmé et Kyôkô Satô

Éditions Denoël, coll; Empreinte, janv 2019, 260 p., 16€

Nouvelle éditions.

Mes Lectures Denoël

4e de couv. :

Je vous attendrai demain soir, entre six heures et six heures et demie, à la sortie de la gare Sendagaya. J’aurai dans les cheveux une fleur artificielle, une rose rouge…
Joji, un célèbre artiste japonais, reçoit un matin ces quelques mots d’une inconnue. Il n’y prête d’abord pas attention, mais la même lettre insistante revient chaque jour. Vaguement intrigué et certainement flatté, Joji finit par se rendre au rendez-vous.
Il y rencontre Takao, une jeune femme passionnée et déterminée à passer la nuit avec lui. D’abord effrayé par cette attitude, comparable selon lui à celle d’un homme, le peintre cède à Takao, qui finira par disparaître aussi mystérieusement qu’elle est apparue…
Glissée dans la peau d’un homme, la romancière se joue de notre don Juan pour mieux en révéler les faiblesses et les travers. Publié pour la première fois dans les années trente, cette Confession amoureuse est un roman d’une indéniable modernité.

Ma chronique :

Pauvre homme ! Victime de son cœur d’artichaut !

Ce roman à la première personne m’a agréable surprise. Peut-être ai-je été influencée par la couverture ou le fait que ce soit une femme qui ait écrit cette histoire dans les années 30. Je m’attendais à une histoire et c’est une autre, parfois on à des a priori. Peut-être est-ce le fait que ces derniers temps on a une tendance à voir des hommes prédateurs, allez savoir… On pourrait croire qu’on a affaire à un Dom Juan mais pas du tout, il se définit comme un « coureur à l’occidental » cependant le comportement des jeunes japonaises a changé depuis sont départ.

J’ai parfois souri, car ce personnage à l’art de se mettre dans des situations où il joue le rôle du dindon de la farce. Il est plus souvent qu’à son tour agaçant, imbu de sa petite personne et on a envie de le secouer un peu. Il a un petit côté vaniteux, on lui fait facilement croire qu’il est irrésistible. Il n’a pas de chance en amour, on se joue de lui. Tel une allumette il s’enflamme rapidement et se consume d’un coup. Il y a des scènes assez rocambolesques où là j’ai vraiment rit. Le ton  sarcastique donne à la narration un côté léger alors qu’elle aborde des sujets graves (mariages arrangés, honneur, et suicide).

Chiyo Uno s’est amusée à changer les rôles hommes/femmes habituellement employés. Ici ce n’est pas la demoiselle qui tombe en pâmoison. Quand l’intensité émotionnelle est à son paroxysme il perd conscience et laisse au destin ou aux autres régler les problèmes.

Ce qui a attiré aussi mon attention c’est son côté enfant prodigue. C’est un peintre qui revient d’Occident après des années, il est accueilli par la presse, il est reconnu comme artiste, ce qui vous le verrez lui jouera des tours ou le sauvera au choix. On découvre aussi par là que la presse écrite avait un certain poids. Son côté « étranger » va contribuer à son manque de connaissance des lieux, on a plusieurs scènes où on le sent perdu dans son propre pays et pas seulement dans les jeux amoureux.

Nous sommes dans l’entre deux guerre, mais en même temps il y a un côté intemporel. La place des transports nous montrent un pays avec des infrastructures ferroviaires, routière (voitures, bus et taxi) et maritime. C’est un pays en mouvement qui nous est proposé, un pays moderne avec des activités économiques importantes … et à travers ce personnage et ses aventures on est dans le monde de l’amour courtois et de l’honneur, les filles sont soumises aux diktats familiaux tout en ayant une certaine marge de manœuvre pour le faire tourner en rond.

Le thème de la mort est aussi présent que ce soit le suicide par dépit amoureux, l’accident de voiture ou autre, elle ponctue les événements et correspond souvent à la fin d’une histoire.

Je vous laisse donc découvrir les mésaventures de se séducteur du dimanche…

Je remercie les Éditions Denoël pour leur confiance.

Qui en parle ?

Sur la Route de Jostein

Article précédemment publié sur canalblog

Une petite place sur terre

Hélène Montardre

Éditions Syros, coll. Tempo, sept.  2018, 220 p., 6,95€

Mes lectures Syros

4e de couv. :

L’hommage inoubliable d’ Hélène Montardre à ceux qui n’ont plus rien, sauf leur dignité d’être humain.

Rudi et sa maman sont étrangers. Ils n’ont pas de famille en France et nulle part où aller. Un jour, Rudi entend raconter ce mythe grec : Héra, la femme de Zeus, avait interdit à toutes les terres d’accueillir la déesse Léto. Et pourtant Léto a fini par se réfugier sur une île minuscule, à peine visible sur le bleu de la mer. Les mots résonnent dans la tête du garçon. Il y a forcément quelque part un petit bout de terre où Rudi et sa maman pourraient vivre. Et cet endroit, Rudi va le trouver

Ma chronique

J’avais une petite crainte avant de recevoir ce livre car les sans papiers c’est toujours un sujet délicat. Ce qui m’avait attiré c’est l’introduction de la mythologie Grecque. J’étais curieuse de voir comment cela allait se combiner. J’ai beaucoup aimé car c’est par une passeuse d’histoire…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce roman c’est l’aspect universel. On ne sait pas d’où ils viennent, on ne sait pas où cela se situe. Ce qui est prenant c’est ce lien qui relie cette mère à son fils et inversement, cela permet à beaucoup d’enfants de s’identifier. Ils vont tout faire l’un pour l’autre, ils sont un peuple à eux deux.

J’ai commencé ce livre et je l’ai lu d’un trait, j’ai oublié tout ce qui m’entourait, heureusement je l’ai terminé avant mon rendez-vous (que j’avais oublié !). Une magnifique parenthèse, j’étais dans ma bulle hors du temps.

Le sujet et difficile, mais il est abordé avec un regard si poétique que cela nous permet de prendre nos distance face à la dure réalité.

On va suivre Rudi dans son raisonnement, sa façon de voir la réalité. Rudy va grandir très vite. Entre deux nuits d’orage et de tempête.

Durant le premier, il va avoir une image choc et dans le deuxième il va à nouveau vivre un choc physique et psychologique. On a bien l’image de la boucle qui se ferme, et entre les deux, tout va s’accélérer et changer.

On peut lire ce roman comme un voyage initiatique. Avant le premier choc émotionnel, c’st un petit garçon, et même s’il avait vécu des choses plus dures que les enfants de son âge, il lui restait une part d’enfance. On s’en rendra compte lorsqu’il discutera avec Ionel et ses frères.

J’ai adoré cette rencontre nocturne presque surnaturelle, on voit bien comment un enfant peut être emporté par ses sens et son imagination. C’est très bien raconté.

A partir de là va s’en suivre une sorte de descente en enfer. Plus on avance, plus on les voit dégringoler. Heureusement, ils vont aussi faire de belles rencontres. A chaque étape Rudi va grandir et prendre de l’assurance. On voit aussi comment intérieurement ses sentiments vont changer, sa colère va s’apaiser.

Puis,  vient le point de bascule où c’est lui et son utopie qui vont prendre le dessus. Il va démontrer qu’il est fort, réfléchit et qu’il faut croire en son rêve.

Il va prendre sa mère par la main lorsqu’elle n’en peut plus. Il y a une inversion des rôles. Il a choisi l’amour à la haine. Il ne deviendra pas un délinquant, il choisi une autre voie. Sa mère avait choisi de créer un semblant de vie stable avec une bonne école et un lieu protégé. Cependant c’était une situation qui avait ses limites.

La partie paradis retrouvé est un beau moment qui permet à tous les protagonistes de reprendre son souffle, ainsi qu’au lecteur. C’est le petit moment « fantastique », la réalisation d’une utopie.

Quelques mois ont passé et pourtant on dirait une éternité tant leur vie a été bouleversée. C’est le moment de la renaissance dans ce paradis aquatique.

On se dit que ça ne peut pas durer et en effet une dernière étape est nécessaire …

Je ne vous en dis pas plus…

C’est un coup de cœur, car c’est une belle histoire bien menée.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

1% rentrée 18
kokeshi coup de coeur

 Qui en parle ?

Jangélis

Article précédemment publié sur Canalblog

Nos âmes la nuit

Kent Haruf

Trad. Anouk  Neuhoff

Éditions Robert Laffont, 2016, 168 p., 18 €

coll. Pavillon poche, 2018,  192 p., 8 €

Cercles de lectures

Dans ma médiathèque il y a…

4e de couv. :

Dans la petite ville de Holt, Colorado, Addie, une septuagénaire veuve depuis des décennies, fait une étrange proposition à son voisin, Louis, également veuf : voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour parler, se tenir compagnie ? La solitude est parfois si dure… Bravant les commérages, Louis se rend donc régulièrement chez Addie. Ainsi commence une très belle histoire d’amour, lente et paisible, faite de confidences chuchotées dans la nuit, de mots de réconfort et d’encouragement. Une nouvelle vie apaisée, toute teintée du bonheur de vieillir à deux.
Hymne à la tendresse et à la liberté parcouru d’un grand vent d’humour, Nos âmes la nuit est l’œuvre qui a fait connaître Kent Haruf au grand public, quelques mois après sa mort.

Auteur et œuvres traduites :

Kent Haruf : Ecrivain américain,  1943-2014

Le Chant des plaines

Colorado blues

Les Gens de Holt County

Nos âmes la nuit

Ma chronique :

J’ai découvert ce roman grâce à des libraires enthousiastes. C’était à la rentrée littéraire 2016. J’avais gardé dans un coin de ma tête  ce titre. Je ne connaissais pas cet auteur américain décédé en 2014. Il aura fallu attendre qu’une copine m’en reparle pour son adaptation au cinéma (2017) et le passage dans Netflix pour qu’enfin je le lise. Les acteurs qui jouent les rôles principaux Robert Redford et Jane Fonda, c’est tout dire !

C’est un roman tendre et dur à la fois. Dès qu’on le commence on n’a qu’une hâte c’est de savoir ce qui va arriver à ces deux personnages très attachants.

Depuis quelques temps, il est souvent question de deuxième chance, de vivre pour soi etc. C’est aussi un des propos de ce livre. On peut peut-être s’affranchir du regard de l’autre, du qu’en dira t-on,  mais que faire du  chantage affectif de nos proches ? Peut-on couper tous les liens avec sa famille quand on un être innocent est en souffrance ?

CE roman assez bref traite de ce sujet et bien d’autres. Tout part de l’idée d’une veuve de 70 ans qui demande à son voisin lui-même veuf de conjuguer leur solitude pour retrouver un peu de tendresse et de compagnie surtout la nuit.

Ce qui commence presque comme une boutade va donner une belle histoire. Ensemble ils vont dépasser le qu’en dira t on et les rumeurs. On est dans les années 2000, on se dit que les mœurs ont évoluées, mais en fin de compte pas tant que cela.

Contrairement à ce qu’on  pourrait croire les réticences face à cette aventure ne viennent pas des personnes âgées bien au contraire cela émane des adultes « dans la force de l’âge ». Ils sont plus critiques et rétrograde.

On va découvrir petit à petit qui ils sont puisqu’ils se racontent l’un l’autre. Ils étaient voisins sans plus. Le passé s’invite parfois pour leur jouer des tours et ternis ces moments de bonheur inespéré. Doit-on payer toute sa vie des choix passés ?

Pendant un temps ils vont même reformer une petite famille et transmettre de l’amour et des connaissances. Mais le bonheur semble leur échapper, il aura été de courte durée. Un triste sire vient faire payer l’addition d’un passé mal vécu. Il a une arme pour se venger. Les gens malheureux ne supportent  pas le bonheur des autres.

Lorsqu’on ferme le livre, on espère qu’ils vivront assez longtemps pour que le bonheur mis entre parenthèse puisse s’épanouir.

Ce roman nous fait découvrir quelques facettes de la vie dans le Colorado. Les personnages découvrent qu’ils ont en eux beaucoup de trésors à partager. Il suffit de provoquer les choses ou de les saisir lorsqu’elles se présentent.

En tout cas en tant que lectrice cela ne laisse pas indifférent.

Faut-il être égoïste pour être heureux ? En tour cas je dis qu’il faut être égoïste pour faire du mal aux gens…

La vie est si courte pourquoi l’être humain a t il besoin de détruire les moments de bonheur simple.

 Bonne lecture et à bientôt !

Article précédemment publié sur canalblog

Paris est tout petit

Maïté Bernard

Editions Syros, 1er février 2018, 372 p., 17,95 €

Mes Lectures Syros

Chronique jeunesse du mercredi

paris est tout petit

4e de couv. :

Inès a 17 ans et un objectif : être admise à Sciences Po après le bac. Elle vient de trouver un job de femme de ménage chez les Brissac, dans le 7e arrondissement de Paris, mais elle n’avait pas prévu le coup de foudre intense entre elle et Gabin, le fils aîné de ses employeurs. « Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment, comme nous, d’un aussi grand amour. » Cette phrase de Prévert devient leur credo. Inès et Gabin sont ensemble le soir de l’attentat du Bataclan, quand le pire se produit. Dès lors, leur histoire et la ville qui les entoure prennent d’autres couleurs, celles de l’après.

Mon billet :

En général j’évite de lire des romans qui se basent sur des drames récents. Cependant celui-ci m’avait été chaudement recommandé et à mon tour je le recommande. Et que le mot « roman » « fictions » me permet une certaine distance émotionnelle, quoique…

C’est un roman à la première personne. Je me suis identifié à plusieurs personnages en fonction des situations vécues, les personnages sont crédibles avec la part de fiction  qui donne ce petit plus. On va avoir la vision d’Inès, celle des autres on l’aura grâce aux dialogues.

La première partie traite essentiellement sur la confrontation entre deux classes sociales, entre deux mondes séparés par une heure de RER. C’est très intéressants la façon dont Maïté Bernard met le doit sur des détails. On a plusieurs points de vue dans les différents groupes d’ados. On a d’abord le clivage français de banlieue et français du XV et XVI arrondissement de Paris. On se rend vite compte que les barrières on peut se les créer soi même. On pourrait croire qu’on allait se retrouver avec un Roméo et Juliette version moderne ou au contraire dans une romance adolescente. Mais le destin en a décidé autrement,  puisque le 13 novembre vient tout faire basculer dans la mort et la souffrance. Les répercussions vont être multiples comme on peut le voir dans notre vie de tous les jours.

Maïté a su mettre en mots l’horreur de cette nuit-là. Elle m’a fait pleurer car j’étais avec tous les personnages, aux différents postes. J’ai dû faire une pause avant de reprendre ma lecture.

Avant on était dans des émotions qui touchaient des adolescents après ce climax, les émotions vont former des vagues jusqu’au tsunami. Ce n’est pas larmoyant, c’est fort, intense plein d’énergie, il y a de la colère et l’envie de vivre, il va y avoir des rebondissements, des prises de consciences et des moments d’abattement.

La notion d’un avant et après est omniprésent et pas seulement avec l’attentat. Par exemple : avant ils ne se connaissaient pas et maintenant ils ne peuvent plus se quitter,  et la vie ne pourra plus jamais être la même. Les personnages sont des ados de 17/19 ans, avec eux, c’est tout ou rien.

C’est un roman initiatique. On va suivre des ados dans leur sortie très brusque de l’enfance, de leur certitude et de leur idée de chemin tout tracé.

Comme avec tous les ados il va y avoir des conflits avec la famille, des clashs entre jeunes, il faut qu’ils s’affirment et qu’ils apprennent à penser par eux-mêmes. Ils vont tâtonner  faire des choix, bons ? Mauvais ?

C’est un roman sur la rupture. On peut couper les amarres et quitter la société d’où l’on vient, on peut  rompre ses chaînes intérieures et prendre des décisions qu’on ne soupçonnait pas quelques temps auparavant.

Il est bien évidemment question de deuil. De différents types de deuils pas simplement celui dû aux décès. La perte de l’innocence ? De l’insouciance ? Ils n’étaient pas si insouciants que cela puisqu’ils portaient déjà un fardeau et des souffrances. Je suis moi-même incapable de mettre un mot sur ce que tous ces attentats ont modifié en nous.

C’est un roman sur le corps humain,  celui qui s’éveille à l’amour et celui qu’on enterre. .. celui qu’on cache et celui qu’on dévoile.

Les personnages ne restent pas campés sur des clichés. Le choix des prénoms joue un rôle important. Maïté Bernard donne une belle image de la diversité qui constitue la France et les français… je n’en dis pas plus.

Quand à  la fin, elle laisse libre court à notre imagination. « L’avenir nous le dira » c’est l’idée qui m’est venue en fermant le livre. Que deviendront-ils ?  A 18-20 ans nous nous sommes nous aussi posé ses questions. Bien malin celui qui aurait pu prédire ce que nous allions devenir. J’aimerais dans cinq ou dix ans avoir une suite, en tenant compte de se que nous dit Sekou.

Ce roman soulève des interrogations qui touchent tous les ados, ils s’y retrouveront.

Une chronique difficile à écrire car l’émotion de cette lecture est encore là. En reparler, c’est évoquer certaines scènes… Je vous souhaite une bonne lecture.

Je ne connaissais pas l’autrice maintenant j’ai envie de lire d’autres romans d’elle mais dans quelques temps, car celui-ci est fort émotionnellement.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

syros

QUI EN PARLE ?

Jangelis

Article précédemment publié sur Canalblog

Les lumières de Cape Cod

Beatriz Williams

Trad. Julia Taylor

Éditions Belfond, coll. Cercle Belfond, juin 2017, 400 p.

Lu dans le cadre du Book Club le Cercle des lecteurs Belfond

4e de couv. :
Avec pour toile de fond la bonne société de l’Amérique des sixties, Beatriz Williams livre le magnifique et troublant portrait d’une femme prise au piège de la passion, du pouvoir et du mensonge.
Tiny Schuyler était prédestinée : une éducation dans les meilleures écoles de New York, des fiançailles de rêve avec un beau parti et, aujourd’hui, un chemin tout tracé vers la Maison-Blanche. Car rien ne semble pouvoir arrêter l’ascension fulgurante de son mari, Frank Hardcastle. Bientôt, c’est sûr, la douce et raffinée Tiny sera la nouvelle First Lady.
Mais une série d’événements va venir assombrir le ciel bleu de Cape Cod, où les Hardcastle ont établi leur QG. C’est d’abord l’arrivée de Pepper, la cadette des soeurs Schuyler, écervelée et insolente. Puis une lettre anonyme, accompagnée de photos qui pourraient menacer la réputation de Tiny et de son époux. Enfin, les retrouvailles inattendues avec le séduisant Caspian Harrison, le cousin de Frank. Un homme que Tiny a aimé autrefois…
Combien de temps avant que l’image de l’épouse modèle se fissure ? Dans la course au pouvoir suprême, les sentiments ont-ils une place ?

Mon billet :

Lorsque j’ai vu passer ce roman sur la page du cercle des Lecteurs Belfond, j’ai été attiré par la couverture et sur le fait qu’on avait une femme de la bonne société américaine des années 60 prise dans une spirale infernale. Et je n’ai pas été déçue par la description de cette société. On a forcément l’image de Jackie Kennedy qui nous vient à l’esprit, elle est d’ailleurs mentionnée… La place de la femme dans les imbroglios de la politique.

J’ai beaucoup aimé la structure utilisée pour nous faire vivre les tourments de Tiny.

Le présent est la conséquence du passé et cette manière de progresser dans la résolution de l’intrigue nécessitait plus que des flash back. On vit deux moments clés de la vie de Tiny. Quelques semaines de  1964 et quelques mois de 1966. 1964 le temps des rencontres et des choix. 1966 le temps de la vérité et des conclusions. C’est très bien balisé en début de chapitre. 1964 on est à la troisième personne du singulier.1966 c’est le « je » qui mène la danse.

Je n’ai pas compris à qui elle s’adressait dans la partie 1966, le lecteur ? un journaliste ? …Il ya des passages où elle évoque ses sentiments à un « vous » : « vous me connaissez » « vous croyez que… »

C’est un roman qui traite de la condition féminine dans un certain milieu. Des femmes dans l’ombre des hommes de pouvoir. Celle qui les élève, celles avec qui ils couchent et celles qu’ils épousent. Elles sont très peu solidaires entre elles que ce soit dans la sphère familiale, privée ou dans la sphère publique.

Tout est sous contrôle, Tiny joue le rôle qui lui est imparti, jusqu’au jour où des grains de sables viennent enrayer cette mécanique bien huilée.  Des erreurs de stratégie vont venir blesser une femme vulnérable. On la pousse à bout, on l’isole, on la manipule sauf qu’elle ne va pas réagir comme on s’y attendrait.  Elle a un jardin secret et des alliances inattendues qui vont venir compliquer les choses. On la prend pour un pion mais c’est une Reine !

Le lecteur se laisse capter par des détails que Beatriz Williams met en avant. Elle éclaire un aspect pour mieux nous emmener ailleurs. Prenons par exemple la situation de départ (comme ça je ne dévoile rien) On focalise notre attention sur la deuxième  fausse couche de Tiny (qui a eu lieu un mois avant le début du récit). Elle place le personnage principal dans le clan familial de son mari avec Constance qui fait de beaux enfants les uns après les autres. Elle nous parle de la grand-mère qui a la main mise sur tout. La belle-mère absente car bannie. Tout ça pour bien mettre la pression sur Tiny, la parfaite épouse qui échoue. Et une fois qu’on croit être sur une voie toute tracée Béatriz Williams va développer une intrigue.

Dans un premier temps on pense qu’il ne s’agit que d’une histoire de vernis social qui se craquelle. Puis petit à petit on se rend compte que c’est plus l’image de la chrysalide. Mais qu’abrite ce cocon ?

J’ai bien aimé Tiny car ce n’est pas une oie blanche, ce qui m’a plu c’est qu’elle savait ce qu’elle faisait à quoi elle s’engageait. Elle a un esprit critique qui lui permet d’analyser les événements, ses introspections sont intéressantes, c’est comme si elle faisait son auto-analyse.

Les personnages sont plus ou moins abjects et il faudra attendre la chute pour vraiment découvrir qui ils sont au fond d’eux même. Quand au personnage de Tiny il ne fait que s’étoffer au fur et à mesure qu’on découvre son passé et ces réactions face à l’adversité.

Il y a toute une thématique sur l’image de soi,  sur celle qu’on l’on projette, sur l’image que les autres perçoivent… à travers la presse, la photographie, les mondanités. Le monde des apparences.

Dans la même perspective on a le monde des sentiments. Ce milieu est régit par des codes et il ne faut surtout pas laisser transparaître ses sentiments au risque de se faire manipuler et dévorer.

Le dernier tiers du roman, il y a une accélération des événements. Plus Tiny perd le contrôle de la situation (du moins en apparence) plus elle se met en danger et les masques tombent. Les deux cent premières pages sont intéressantes et les tensions montent jusqu’au climax avant d’entraîner les personnages et le lecteur dans des rebondissements qui le tiennent en haleine. Les sujets sont classiques mais bien menés.

Je remercie Carine Vershaeve et les Éditions Belfond pour cette lecture.  C’est malin, maintenant j’ai bien envie de découvrir « La vie secrète de Violet Grant » !!!

N’oubliez pas il y a une discussion le 27 août sur la page facebook le Cercle des lecteurs Belfond

NB : Ce roman vient compléter mes dernières lectures de romans  sur les femmes américaines des années 50-70 :

vieilles filles
amie très chère

« Les vieilles filles » Pagan Kennedy

« Une amie très chère » Anton Disclafani

Article précédemment publié sur Canalblog