Paris. Une pilule mystérieuse fait vaciller la capitale. Elle permet, à celui qui la consomme, de revoir les êtres chers qu’il a perdus. Jocelyn est un jeune flic. Après une intervention désastreuse, il intègre l’équipe qui a pour mission de démanteler le trafic de cette nouvelle drogue. S’engage alors une course poursuite où dealers déchus, policiers, mafieux, assassins et innocents, cherchent la source du produit miracle, qui permet d’ouvrir la porte du royaume des morts. Mais est-il possible de sauver une société qui ne veut pas l’être ?
Mes impressions de lecture :
J’ai lu il y a plus de 3 ans le premier volet de cette histoire « Pills nation ». Je n’ai pas eu le temps de le relire et je me suis rendu compte au fur et à mesure que je m’en souvenais bien, signe que c’est un roman marquant et celui-ci est dans la même veine.
Peut-on lire directement celui-ci ? je suppose que oui mais il y a beaucoup de subtilités qui vous manqueront. Pour bien faire je vous dirais plutôt d’enchainer les deux volumes.
Ce deuxième épisode fait suite aux découvertes macabres et aux événements tragiques qui ont eu lieu dans le premier roman. On découvre petit à petit ce qui arrive aux survivants, car en fait tout n’avait pas été résolu dans la première partie. Ce qui peut surprendre ce sont les différents changements de scènes, pour suivre certains personnages à des moments clés. Certaines scènes « oniriques » intimes, ses voyages intérieurs. On peut lire ce roman comme un roman policier avec les enquêtes et la vie des différents protagonistes. J’ai été happée par tout ce qu’ils vivent et les conséquences de ce qu’ils ont vécu précédemment. J’ai aimé retrouver certains personnages et découvrir de nouveaux. Mais il y a d’autres niveaux de lectures. J’ai notamment été intéressé par la place de la ville, Paris en l’occurrence, et de tous les changements qu’elle vit. Les bouleversements et les mutations urbaines, inversions. Le point central qui a attiré mon attention c’est de voir le 36 quai des orfèvres passer aux Batignoles. Ses nouveaux bureaux et leur toit végétalisé. On retrouve cette idée sur la couverture avec cette chute à l’envers. Changement d’époque. Changement dans la continuité car le crime continu et la guerre des services aussi. Il est encore beaucoup question de mort et d’au-delà avec cette impression de vie parallèle ou psychique. J’ai beaucoup aimé les différentes écritures, article de journal, procès verbal et certains passages avec une mise en page particulière pour encore mieux faire vivre ce que ressentent les personnages.Il y a une part de SF avec le personnage d’Emma et ses pouvoirs. Je vous laisse découvrir d’autres aspects qui vont attirer votre attention. Ce roman au rythme effréné. Les seuls moments de pause seraient les « voyages ». On retrouve aussi la thématique de la famille, puisqu’on est dans la continuité de la première partie, je ne développerais pas. Vous l’aurez compris j’ai adoré cet univers sombre.
4e de couv. : Paris, de nos jours, la canicule. Une nouvelle drogue, l’Orphée, fait croire à ceux qui la consomment qu’ils peuvent revoir leurs morts. Dealers et flics, jeunes et vieux, riches et paumés vont être embarqués dans une enquête en forme de descente aux enfers dans la moiteur étouffante de la capitale. Paris, de nos jours, la canicule. Le taux de mortalité grimpe, à mesure que monte l’angoisse : les plus âgés ne sont pas seuls à mourir. Une drogue étrange et hors de prix, l’Orphée, fait croire à ceux qui la consomment qu’ils peuvent revoir leurs morts. L’ensemble de la société s’effondre. Mais un dernier rempart improbable se dresse : Caroline, capitaine de police, elle-même consommatrice de la drogue miracle. Qu’est-ce qu’Orphée ? Qui la fabrique ? Pourquoi ? Dealers et flics, jeunes et vieux, riches et paumés vont tous être embarqués dans une enquête en forme de descente aux enfers dont le rythme effréné est rendu délicieusement douloureux par la moiteur étouffante de la capitale au soleil de plomb.
Bon billet
J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge The black November organisé par Séverine Lenté sur Facebook. Ce petit challenge avec contrainte est très stimulant. Cette semaine, passée, c’était « lire un auteur français », alors autant faire connaître un premier roman !
C’est un roman bien mené qui nous faire nous balader dans Paris. Nous allons suivre des personnages confrontés aux ravages d’une nouvelle drogue. Une drogue qui permet d’entrer en communication avec les morts qui nous sont proches.
Adrien Pauchet ne fait pas dans le manichéisme avec d’un côté les bons et de l’autre les truands. Ce serait plus « nul n’est innocent » et nous sommes tous tributaires de secrets et d’un lourd passé. Il y a quelques personnages déjà bien « allumés » sans prendre de drogue !
L’intrigue se complique quand on comprend que même les policiers ne sont pas clean. Il y a différents types de zones de non droit. Des morts suspectes, des policiers au comportement douteux, d’autres aveuglés par leur loyauté vont se retrouver dans des situations compromettantes. Des compromis, des arrangements, des associations de malfaiteurs vont se créer. Le souci avec ce genre de problématique c’est qu’on fini par se demander jusqu’à quel niveau les instances sont impliquées. Ajoutez à cela des gens de l’est, des serbes et des immigrés africains et on a le côté cerveau brûlé.
Le clan, la famille, les amis et les concurrents tous entrent en rivalité et d’entre tuent dès qu’il y a de l’argent et du pouvoir à la clé.
Chaque personnage à ses forces et ses faiblesses… on ne peut pas dire que j’ai été touchée par l’un ou l’autre sur tout le roman, mais sur certaines situations on cherche à les comprendre.
On a donc une capitale, de l’alcool et de la drogue, des morts violentes, des morts suspectes, la pression de la presse… De l’action et des rebondissements tiennent en haleine le lecteur, car chaque clan croit détenir des atouts, d’autres savent bluffer… Qui craquera le premier ?
Si ce roman avait été publié chez n’importe qu’elle maison d’édition, je me serai arrêté au côté récréatif de ce genre de lecture. Se faire peur en restant à l’abri. Se laisser prendre au jeu de l’auteur avec les dialogues et les interactions entre les personnages. Se laisser prendre par les rebondissements et le suspens.
Mais un roman publié Aux Forges de Vulcain cela allume quelques capteurs de signaux d’alarme. C’est leur premier roman dans la catégorie polar/policier/thriller (j’ai du mal avec les étiquettes et les frontières)
Je me suis donc interrogée sur les motivations plus profondes qui entrent dans la ligne éditoriale de cette maison d’édition indépendante. Cette histoire est un reflet de la société avec le pas de côté de la fiction.
Ceci n’est que mon interprétation, mes déductions n’engagent que moi !
Ce roman montre une société qui a un souci avec la mort. La canicule de 2003 a mis en évidence un dysfonctionnement dans les relations humaines, la société française qui a cultivé l’individualisme à outrance a découvert qu’on pouvait mourir seul dans son appartement sans que personne ne s’en rende compte. Ce qui rendait cela encore plus ironique c’est que c’était pendant les grandes vacances estivales. L’éclatement de la famille et la distance entre les différentes générations on été accusées.
L’ acceptation de la mort dans nos sociétés industrielles/technologiques est in-envisageable. A force de nous parler des avancées médicales et la mise à l’écart (dans des structures) des gens en fin de vie, on a du mal à faire son deuil et à laisser partir nos morts en paix.
Il y a aussi la vieille idée catholique qui dit qu’on retrouvera nos êtres chers dans l’au-delà. On a beau ne plus être dans une France bigote, les gens on gardé les idées qui les arrangeaient. Alors si dans votre chagrin des premiers temps on vous donnait une gélule qui vous permettrait d’entrer en communication avec les défunts beaucoup feraient l’expérience et plongeraient tête la première dans cette solution chimique. Et le « je voudrais partir avec lui/elle » a de grande chances de se réaliser !
L’aspect eugénisme et manipulation génétique viennent s’imbriquer dans le côté futuriste des publications Aux Forges de Vulcain. Que fait-on de la planète et de l’humain ? La couverture de ce roman représente pour moi l’humain a qui ont fait avaler quelques pilules qui sont sensées arranger les choses ou les masquer et pas qu’au niveau médical. Ici l’auteur n’implique pas les laboratoires pharmaceutiques il nous montre un côté marginal, ce qui n’empêche pas le lecteur de l’imaginer.
Ce qui m’a beaucoup intéressé, c’est le thème de la famille (que l’on retrouve dans cette maison d’édition). On y retrouve des variantes sur la trahison et l’éclatement. Toute cette déliquescence ne peut conduire qu’à la violence et la chute. L’amitié à la vie à la mort une nouvelle fois se conclue assez dramatiquement.
Abus de pouvoir au sein de la famille, des clans ou des institutions judiciaires rien de nouveau sous le soleil. L’argent n’est pas très loin…
Aux Forges de Vulcain ont aussi des sujets qu’ils aiment traiter comme la mixité, les classes sociales et l’intégration du handicap. Les souffrances physiques et morales sont capables de vous faire faire bien des choses.
Ce roman ne nous aide pas à nous améliorer mais il pointe le doigt sur des dysfonctionnements. De la société à l’humain il y a du chemin à faire !